mardi 18 janvier 2011

100 jours de refuge … et après ?

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Demain, cela fera 100 jours que des personnes déboutées de l'asile ont trouvé refuge dans des paroisses lausannoises, cherchant à se protéger d'une expulsion et à mettre en avant de nombreuses situations similaires vécues par des centaines de personnes qui vivent ici mais à qui les autorités refusent pour l'instant de donner un statut légal.


Nous réclamons une entrée en matière sur ces dossiers, dans le but d'obtenir enfin des régularisations. Nous demandons aussi le retrait du régime d'aide d'urgence et le retour à l'aide sociale pour les débouté-e-s, le droit au travail et un moratoire sur les renvois.
Nous nous appuyons notamment sur l'exemple dit "des 523", puisque le refuge des années 2004-2005 avait permis de montrer une réalité méconnue de la population, et poussé les autorités à trouver des solutions humaines pour la quasi totalité des personnes concernées. Aujourd’hui, ces personnes à qui les autorités avaient pourtant juré qu’elles n’obtiendraient rien, ont enfin obtenu gain de cause.
Malheureusement, les temps ont changé et les lois discriminatoires ont progressé. Le sort des hommes, des femmes et des enfants qui subissent le régime contraignant et humiliant réservé aux réquérant-e-s d’asile débouté-e-s laisse de nombreux politicien-nes et médias totalement indifférents.

Une bataille contre l’indifférence, sœur de l’intolérance…
Aujourd’hui, nous ne savons toujours pas si les paroisses lausannoises vont continuer de nous soutenir, alors que nous avons plus que jamais besoin de continuer une lutte juste mais longue. Les deux personnes déboutées que nous soutenons restent menacées de renvoi. Elles n’ont toujours pas non plus d’assurance maladie, alors que le droit suisse l’exige. Les autorités vaudoises n’ont toujours pas donné suite à nos demandes pour une réintégration à l’assurance maladie, et encore moins pour la suspension des menaces de renvoi. Nous connaissons bien D. et T. et refusons d’accepter le traitement de parias que leur inflige le canton. Nous les soutiendrons le temps qu’il sera nécessaire à leur régularisation, ainsi que toutes celles et ceux dont la situation est similaire.
Heureusement, la paroisse St Esprit a accepté de nous ouvrir ses portes plus longtemps que prévu, et nous lui en sommes reconnaissant-e-s. Nous y sommes encore à l’heure actuelle, mais jusqu’à quand ? Malheureusement, notre combat avec l’administration vaudoise et bernoise prend du temps, et il faudra encore protéger les personnes en danger d’expulsion. Pour l’instant seul un jeune homme a gagné un répit et a pu sortir du refuge sans peur d’être expulsé. Aussi nous réitérons notre demande aux paroisses lausannoises de ne pas s’arrêter à des problèmes de logistiques (occupation des locaux), et les encourageons à faire un pas vers ceux et celles qui ont besoin d’être protégés et qui se battent pour leur dignité.

Le collectif Droit de rester - membre de la coordination asile-migration Vaud  

www.droitderester.ch

Le HCR s'alarme du renvoi par la Suède de 25 Irakiens dans leur pays

Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est dit "très préoccupé" mardi par le projet de la Suède d'expulser 25 Irakiens à Bagdad mercredi malgré les problèmes d'insécurité qui les attendent dans leur pays d'origine.

Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est dit "très préoccupé" mardi par le projet de la Suède d'expulser 25 Irakiens à Bagdad mercredi malgré les problèmes d'insécurité qui les attendent dans leur pays d'origine. "Le HCR est très préoccupé par le fait que la Suède projette de renvoyer 25 Irakiens à Bagdad demain", a expliqué une porte-parole du HCR à Genève, Melissa Fleming lors d'un point de presse. "D'après ce que nous savons, une partie de ceux qui doivent rentrer appartiennent à des groupes religieux et ethniques, cibles de violences en Irak", a-t-elle ajouté.

Elle a rappelé qu'un Chrétien irakien avait été expulsé en octobre dans son pays par les autorités suédoises qui sont finalement en train d'accepter sa réadmission en raison d'attaques subies dans son pays. Elle a également estimé que ces personnes avaient droit à une protection en tant que réfugiés, mais aussi en raison de la détérioration des conditions de vie des minorités en Irak.

Les violences contre ces minorités se sont intensifiées récemment en Irak, visant plus particulièrement les Chrétiens. "Nous sommes perturbés par le fait que nos recommandations, notamment sur la situation des minorités en Irak, ne sont pas suffisamment prises en compte par la Suède qui reprend des décisions négatives comme celles prises en 2008 et 2009", a insisté Mme Fleming.

Les autorités suédoises ont annoncé mardi l'arrestation de 70 personnes lors d'une manifestation contre des expulsions d'Irakiens près de la ville de Göteborg (sud-ouest de la Suède). Le HCR a, à de nombreuses reprises ces dernières années, appelé le Royaume-Uni et les pays nordiques à ne pas renvoyer d'Irakiens dans le centre du pays en raison des violences qui y font rage.

AFP

L'annus horribilis du droit d'asile en Suisse

odae rapport 2010L’Observatoire du droit d’asile et des étrangers a présenté hier son rapport annuel à Genève.

L’année qui s’est écoulée aura été marquée, dans le domaine de l’asile et des étrangers, par la mort d’un Nigérian à l’aéroport de Zurich lors de son renvoi forcé. Autant dire que le troisième rapport annuel de l’ODAE (Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers), présenté hier à Genève, a trouvé matière à critiques.

L’organisation fustige l’application «mécanique», par la Suisse, de l’accord de Dublin. Selon celui-ci, le premier Etat européen où un requérant d’asile a été enregistré en est responsable jusqu’à la fin de la procédure. Le requérant ne peut donc aller tenter sa chance ailleurs, puisqu’il sera renvoyé dans le premier pays sans entrée en matière sur sa demande. Or, la Suisse, de par sa position géographique (le requérant aura quasi toujours passé par un Etat tiers avant d’arriver en Suisse), renvoie beaucoup plus de personnes (5090 à la fin de septembre) qu’elle n’en admet au nom de la clause de souveraineté (615), qui lui permet de traiter quand même les demandes de personnes vulnérables. Malgré la tradition humanitaire dont elle se targue, «la Suisse, qui s’est lancée dans une traque sans fin aux abus, abuse elle-même de l’accord de Dublin», dénonce l’ODAE.

En ce qui concerne les sans-papiers, les Cantons font aussi trop rarement usage de la possibilité de régularisation que la Confédération leur laisse (seulement 1985 requêtes de 2001 à 2008, dont 80% venant de Genève et Vaud). Durée de la détention administrative, longueur des procédures, inhumanité des renvois, etc.: les motifs de reproches ne manquent pas à l’ODAE, que le durcissement annoncé du droit d’asile ne laisse pas d’inquiéter. 

Antoine Grosjean dans la Tribune de Genève


Vers le rapport annuel d'observation de l'ODAE: "Les abus de la Suisse dans le domaine de l’immigration"

Accord entre Canberra et Kaboul sur un possible rapatriement obligatoire des demandeurs d'asile

L'Australie et l'Afghanistan ont signé un accord sur l'immigration selon lequel les demandeurs d'asile afghans vivant en Australie pourraient se voir obligés de retourner dans leur patrie d'origine, a déclaré mardi le ministre australien de l'Immigration Chris Bowen.

Signé par Chris Bowen, le ministre afghan des Réfugiés Jamaher Anwary et le Haut-commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), cet accord autorise l'Australie à procéder à des rapatriements obligatoires lorsque les immigrés n'ont pas réussi à obtenir le statut de réfugié.
Pour le moment, l'Australie n'a jamais obligé un réfugié afghan à rentrer chez lui. Seuls trois Afghans sont rentrés chez eux, volontairement, au cours des trois dernières années, sur des milliers de nouveaux arrivants.
Selon Chris Bowen, l'Australie continuerait de demander aux gens de ne pas entreprendre ce voyage dangereux, effectué la plupart du temps avec des passeurs.

Casafree

Ces réfugiés qui hantent l'Europe

tchétchènes réfugiés terespolKarina et Rouslan ont fui la Tchétchénie pour la France, avant d'être expulsés vers la Pologne, leur porte d'entrée en Europe, dont ils ne peuvent sortir. Un itinéraire absurde parmi tant d’autres, dicté par le règlement Dublin II sur le droit d’asile.

Elle se rappelle le marché de Tours sous le soleil d'août 2008. "C'était si joli, si propre." Un rire lui échappe. Elle se rappelle le parc, où ils se sont promenés avec leurs amis, des Tchétchènes comme eux, arrivés en France via la Pologne, quelques années plus tôt. A l'époque, elle était enceinte. Ils se croyaient hors de danger. Las ! Leur bonheur n'a pas duré longtemps, avant que leur vie ne bascule à nouveau. Pas en enfer, non. Dans l'errance ordinaire des rejetés du droit d'asile.

En quelques jours, Karina, 25 ans, et Rouslan, 27 ans, ont rejoint l'armée invisible des zombies de l'Europe. Par leur faute ou presque. Ne sont-ils pas allés d'eux-mêmes à la préfecture de Tours se faire enregistrer – y retournant, quelques jours plus tard, invités à venir "chercher des papiers" ?

La suite, ils s'en souviennent comme si c'était hier : les policiers en civil qui surgissent près du guichet, la nuit au commissariat, les voitures de police où on les fait monter, au matin, menottés, l'aéroport de Roissy, la fin du rêve. Karina ne sourit plus. Varsovie est à une bonne demi-heure d'ici, en voiture. La France, à des années-lumière.

Ce sont les policiers de Tours qui leur ont révélé la cause et le nom de leur malheur : Dublin. La ville irlandaise a donné son nom, en 2003, au règlement dit "Dublin II", qui s'applique à tous les pays de l'Union européenne — dont la Pologne est membre depuis 2004.

"On croyait que le plus dur était de passer la frontière"

Selon ce règlement, le pays d'entrée, c'est-à-dire le premier pays de l'UE où un étranger demandeur d'asile pose le pied (et ses empreintes), est celui où sa demande doit être instruite. Si le demandeur d'asile ne se trouve pas dans l'Etat désigné comme responsable de l'examen de son dossier, il doit y être transféré. "On croyait que le plus dur, c'était de passer la frontière et d'arriver en France. On n'avait rien compris !", sourit tristement Rouslan.

La maison basse, bordée d'un pré, où le couple et leur enfant ont fini par atterrir, est située en pleine campagne, à l'ouest de Varsovie. Ils y louent à prix d'or une chambre minuscule. Deux autres familles tchétchènes habitent la maison. Les "Dublinés", comme on dit dans le milieu associatif, sont plusieurs milliers en Pologne.

Pour avoir tenté de s'installer ailleurs, en Europe de l'Ouest, et s'y être fait pincer, voilà les Dublinés " renvoyés à la case départ. Avec une seule idée : repartir. Car la Pologne, entrée dans l'espace Schengen en 2007, "demeure un pays de transit" pour les migrants, notent Krystyna Iglicka (Centre de relations internationales de Varsovie) et Magdalena Ziolek-Skrzypczak (université Ludwig-Maximilian de Munich), dans une étude sur les migrations en Pologne, mise en ligne, en septembre, par le Migration Policy Institute (MPI).

L'adhésion à Schengen est un "jeu de dupes", qui a surtout servi à un "redéploiement des dispositifs répressifs", estime, de son côté, la chercheuse polonaise Paulina Nikiel, dans le rapport du réseau Migreurop, "aux frontières de l'Europe", mis en ligne début novembre. Les verrous, posés à ses frontières, font de la Pologne un "Etat tampon", appelé à devenir, ajoute Mme Nikiel, un "pays de destination" – à l'instar du Maroc, où sont bloqués de nombreux candidats à l'émigration.

Le régime carcéral des centres de rétention

La Pologne est un pays "pauvre, plus démuni que la France, la Belgique ou l'Allemagne , remarque Anna Kuhn, présidente du comité Pologne-Tchétchénie. Bien que les conditions d'accueil des étrangers, en particulier des réfugiés, se soient sensiblement améliorées, au cours des cinq dernières années, leur sort n'a rien d'idyllique. 

Dans les centres de rétention, un régime quasi carcéral est imposé : "La liberté de se déplacer est durement entravée et réduite à des séjours aux toilettes et à une heure de promenade par jour", note Paulina Nikiel. La majorité des pensionnaires de ces centres fermés, parmi lesquels des "familles entières, mineurs compris", sont généralement des sans-papiers ou des demandeurs d'asile, coupables d'avoir traversé ou essayé de passer la frontière irrégulièrement. A l'issue de leur séjour, de plusieurs mois jusqu'à un maximum d'un an, tout ce petit monde se retrouve à la rue. 

Sur quelque 10 500 demandeurs d'asile enregistrés en 2009, rares sont les "élus". "De 1992 à 2009, seuls 3 113 demandeurs d'asile ont obtenu le statut de réfugié", soit 3,5 % du total des demandeurs, indiquent Mmes Iglicka et Ziolek-Skrzypczak dans leur étude. Moins de 4 % ! Parmi ces miraculés, quelques Tchétchènes, mais aussi des ressortissants de Bosnie-Herzégovine, de Somalie, de Biélorussie, d'Afghanistan, du Sri Lanka et d'Irak.

La France et l'Autriche : premiers pays à renvoyer les Tchétchènes

Quant aux Géorgiens, dont plus de 4 000 ont demandé l'asile à la Pologne en 2009, aucun ne l'a obtenu. Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que beaucoup de migrants préfèrent tenter leur chance plus à l'ouest. Grossissant ainsi, pour les plus malchanceux, les rangs des "Dublinés".

"La France et l'Autriche ont été les premiers pays à renvoyer massivement les Tchétchènes en Pologne", assure Issa Adayev, qui vient d'ouvrir, à Varsovie, au sein de la fondation Other Space, un centre d'accueil pour réfugiés. Selon ce militant tchétchène, les cas de "déportation" de Tchétchènes vers Moscou ne sont désormais "pas rares". Plusieurs de ces "déportés" auraient "disparu", ajoute Issa Adayev.

Varsovie, pas plus que les autres capitales de l'UE, Paris, Vienne ou Berlin, ne souhaite se mettre à dos le régime de Vladimir Poutine. Le temps est loin où, comme l'a rapporté l'association Forum Réfugiés, le ministre français de l'immigration, Brice Hortefeux, indiquait aux préfets qu'"une réadmission vers la Pologne au titre du règlement de Dublin n'était pas souhaitable", compte tenu de la situation en Tchétchénie et des risques, précisément, de renvoi en Russie, via la Biélorussie ou l'Ukraine. C'était en juillet 2007. Un an avant que Rouslan et Karina ne prennent la route. Et que le gouvernement français ne fasse volte-face. 

Catherine Simon dans le Monde

Nyon veut que le canton ferme l'abri des réfugiés

Les bagarres entre requérants d’asile ont renforcé la volonté des autorités nyonnaises de fermer le centre fin janvier. Mais l’EVAM ne sait pas où recaser ces 130 réfugiés.

Depuis plusieurs mois, les habitants voisins de l’abri PCi de Nyon qui accueille des requérants d’asile se plaignent de trafics de drogue, de vols, d’altercations et de nuisances sonores. Ce début d’années, les réfugiés se sont battus entre eux et contre la police venue remettre de l’ordre. Les autorités nyonnaises jugent la situation «intenable» et demandent au canton de fermer ce centre au plus vite. La décision tombera lors d’une rencontre avec Philippe Leuba avant la fin du mois.

Le 1er février, l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants) pourra désengorger l’abri PCi de Nyon, qui loge 130 hommes, en transférant une soixantaine d’entre eux à Lausanne.

Mais la Municipalité de Nyon ne se contentera pas de cette solution partielle. «Nous ne pouvons plus maintenir de réfugiés à cet endroit, a déclaré hier le municipal Olivier Mayor en conférence de presse. Depuis le début, nous avons toujours considéré qu’il s’agissait d’une solution provisoire et inadéquate. Nous attendons du canton qu’il respecte ses engagements en fermant le centre rapidement.»

Le syndic, Daniel Rossellat, rappelle que le bail a été dénoncé. Toutefois, la loi donne au canton l’autorité d’imposer l’ouverture de l’abri. Mais tant du côté nyonnais que de celui de l’EVAM et du canton, il y a bon espoir de trouver un accord à l’amiable. «Si on n’arrive pas à fermer l’abri au 31 janvier, nous réclamerons des solutions concrètes et des délais précis», ajoute Olivier Mayor.

La Municipalité se sent dans son bon droit car elle ne saurait être tenue responsable du manque de place dans le canton. Ce d’autant plus qu’elle a donné un permis de construire un bâtiment pour accueillir 60 personnes en cours de procédure d’asile. Mais deux opposants persistent dans leur démarche, compromettant la solution convenue entre Nyon et l’EVAM.

Avec ce projet de bâtiment, la prolongation de l’accueil dans l’abri et la mise en place d’une structure d’accueil de jour à l’Esp’Asse, les autorités nyonnaises estiment remplir leur rôle humanitaire et leurs obligations légales. «Aussi longtemps que l’ensemble des communes de plus de 2000 habitants qui ont une obligation légale d’accueillir des requérants d’asile ne le font pas, la Municipalité de Nyon ne peut accepter d’être forcée de maintenir son abri PCi ouvert, a argumenté Olivier Mayor. Ce serait même choquant et relevant d’une crasse inégalité de traitement vis-à-vis de ces autres communes. En dernier recours, nous le ferons valoir par voie de justice.»

Directeur de l’EVAM, Pierre Imhof confirme qu’il existe une volonté de négocier. Il rappelle que l’implantation d’un nouveau foyer d’urgence, ainsi que la création d’appartements dans les communes de plus de 2000 sont les priorités.

Enfin, pour répondre aux préoccupations de la population, la municipale Elisabeth Ruey Ray indique que le dispositif de surveillance de la police a été renforcé.

Yves Merz dans 24 Heures

Les mendiants ont quitté la Riviera sans rechigner

Interdits de trottoirs depuis novembre, les miséreux qui tendaient la main à Vevey et à Montreux ne sont plus là.

Ils étaient une vingtaine, assis sur les trottoirs de Vevey, de La Tour-de-Peilz et de Montreux. On les trouvait aux abords des gares CFF ou devant les centres commerciaux. L’un d’eux, unijambiste, gardait même les chiens des clients d’un magasin veveysan. Mi-novembre, les mendiants ont été priés d’aller tendre la main ailleurs par la police. Aujourd’hui, ils ont tous déserté la Riviera, première région du canton à interdire la mendicité sur son territoire.

Une interdiction qui figure noir sur blanc dans le tout nouveau règlement de police intercommunal, entré en vigueur depuis peu. Le thème, sensible, avait fait débat sur la Riviera, avant que le Conseil intercommunal de Sécurité Riviera – constitué d’élus du district – et le canton donnent leur feu vert au document.

«C’est vrai, la présence des mendiants préoccupait certains citoyens, qui nous faisaient part de leur gêne face à ce phénomène. Mais ces miséreux ne constituaient pas un problème de sécurité pour la population, ils n’étaient pas agressifs. Ils arrivaient ensemble le matin et repartaient ensemble le soir. Pendant la journée, l’un d’eux faisait la tournée et vidait les chapeaux. Nous n’avons pas observé, de façon concrète, de comportement de type mafieux», explique le commandant de police, Michel Francey.

Il y a deux mois, les agents avaient distribué de façon systématique un feuillet à tous les mendiants de la région. Le document faisait état de l’interdiction, en six langues: français, allemand, anglais, italien, roumain et slovaque. «Nous avons dû ajouter en vitesse la traduction dans cette dernière langue après nous être rendu compte que plusieurs mendiants étaient originaires de Slovaquie», détaille le capitaine de Police Riviera, Ruben Melikian. De l’autre côté du feuillet, une carte du périmètre interdit et un logo explicite: on y voit un homme à genoux, main tendue, au centre d’un panneau d’interdiction.

Récidivistes amendés

Après avoir pris connaissance du document, les mendiants ont été priés de cesser leur activité, ce qu’ils ont fait sans rechigner. Une poignée d’entre eux, pourtant, sont revenus dans les jours qui ont suivi. «Sur les 28 personnes averties, quatre d’entre elles ont été dénoncées et amendées», calcule le capitaine Melikian. Le montant de l’amende, 100 francs au maximum, était proportionnel au contenu de la coupelle et des poches du contrevenant. «L’un d’entre eux avait, sur lui, plusieurs centaines de francs», note le policier.

Echaudés, les récidivistes n’ont pas réapparu, et depuis plusieurs semaines, seuls les musiciens de rue et les pantomimes posent leur chapeau sur le bitume de la Riviera. «Le départ des mendiants s’est déroulé en douceur, même si quelques citoyens offusqués nous ont écrit. Par ailleurs nous avons eu quelques échanges avec des collègues à Lausanne et à Yverdon, qui souhaitaient savoir comment se déroulait la mise en application du règlement.» Quelques miséreux de la Riviera ont d’ailleurs posé leur coupelle dans la capitale vaudoise.

Raphaël Delessert dans 24 Heures


Débat ce soir à Lausanne

Le Conseil communal de Lausanne se penche ce soir sur la mendicité. Des partis de tous bords ont déposé des textes sur la question ces derniers mois. L’UDC demande son interdiction alors que les Verts estiment que le sujet «mérite un traitement moins réducteur» et proposent de se concerter avec d’autres instances compétentes (canton, police, etc.). Les socialistes s’inquiètent surtout du sort des mineurs roms «placés dans des conditions d’extrême précarité». Ils veulent améliorer la situation des Roms dans leurs villages d’origine, en partenariat avec la Direction du développement et de la coopération (DDC), et envisagent l’envoi d’une délégation municipale sur place.

La Licra propose des tables rondes contre le racisme

Parler de racisme et de violence autour d'un café. Voici la méthode de sensibilisation que propose la section suisse de Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme.

Le lancement de cette initiative aura lieu le 25 janvier, dans le café Les recyclables à Carouge, et portera sur la discrimination envers les Roms et les gens du voyage. «Cette nouvelle formule doit toucher le grand public et plus particulièrement les jeunes Suisses», explique Philippe Kenel, président de la Licra Genève. «Nous avons des difficultés pour recruter des militants parmi les jeunes», ajoute-t-il. L'association a donc décidé de repenser sa communication en mettant en place ces cafés dans l'espoir de diminuer la banalisation des actes racistes, xénophobes ou discriminatoires.
La Licra souhaite ainsi réunir des personnes de différentes origines, générations et professions, qu'elles soient victimes, témoins, acteurs associatifs ou journalistes. Une aide juridique sera proposée si nécessaire. Les débats seront animés par Jean-Philippe Rapp, président de la Licra Suisse. Le premier «café Licra» se concentrera sur les discriminations envers les Roms. Vera Tcheremissinoff, psychopédagogue et membre de l'association lausannoise Opre Rom, sera présente en compagnie de deux Roms originaires de Slovaquie. «La table ronde leur permettra aux Roms de se faire entendre et de modifier le regard qu'on pose sur eux. Ils pourront expliquer la réalité de leur quotidien et chasser la double image qu'ils véhiculent. C'est-à-dire, celle péjorative liée aux vols et à la mafia, mais aussi celle idéalisée qu'on retrouve dans la littérature ou dans le cinéma», explique-t-elle. Eric Roset, photographe et membre de l'association Mesemrom, présentera lui une dizaine de clichés de Roms pris à Genève et en Roumanie. L'objectif restant le même: réhabiliter une image réaliste de cette population.
Pour l'heure, la Licra a déjà programmé trois autres rendez-vous de janvier à mars 2011. A Carouge, le 28 février, sur le thème des médias en tant que vecteurs de racisme. Ensuite, le 16 mars, à Lausanne, sur la discrimination en milieu sportif. Le quatrième, prévu le 24 mars à Onex, concernera l'intégration entre générations et communautés.

Aline Groley dans le Courrier


25 janvier
Café Licra

"De la discrimination envers les Roms et les Gens du voyage"

Soirée animée par Jean-Philippe Rapp, journaliste et Président de la Licra Suisse

Café-Librairie les Recyclables, Genève, 18h.