Le film de Fernand Melgar a été qualifié de fasciste par le président. Un terme violent pour qualifier un film qui avait pourtant les faveurs des médias.
TSRinfo
Le film de Fernand Melgar a été qualifié de fasciste par le président. Un terme violent pour qualifier un film qui avait pourtant les faveurs des médias.
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On l'appelle la « Bête ». C'est le train de marchandises mexicain qui transporte également les clandestins latino-américains qui veulent tenter leur chance aux Etats-Unis : un « train de la mort [qui] dévore des milliers de voyageurs en provenance d'Amérique centrale et du Sud ». Fragments de vie glanés par notre partenaire Global Voices Online sur les réseaux sociaux latino-américains.
Le 1er août, le blog Espacio Perdido a mis en ligne un billet qui retraçait l'histoire du voyage en train au Mexique :
« En 1999, la gare de Buenavista a fermé définitivement. Au fil du temps, d'autres gares, ailleurs dans le pays, ont également fermé. Avec ses fermetures de gares disparaissait l'une des plus grandes réalisations du XXe siècle au Mexique : le transport de passagers par train.
Il n'existe plus désormais que quelques trains de transport de fret… Ces trains transportent des marchandises mais aussi, hélas, des passagers.
De la ville de Ciudad Hidalgo, au Sud, près de la frontière avec le Guatemala, jusqu'aux grandes villes du Nord, court l'une des plus grandes ignominies du pays. “La Bête”, ou le train de la mort, dévore des milliers de voyageurs en provenance d'Amérique centrale et du Sud, des gens qui voyagent sur le toit des wagons ou entre les wagons et s'exposent ainsi à une série de dangers, dont le plus important d'entre eux : l'homme. »
Le blogueur Eduardo Barraza, qui écrit pour le journal citoyen en ligne Barriozona, jette une lumière crue sur la situation de ces trains de fret vieillissants qui empruntent cette route périlleuse et transportent des passagers qui ne savent jamais s'ils vont arriver à destination ou pas :
« Aux Etats-unis, ces passagers sont qualifiés péjorativement d'“illégaux” par bon nombre de gens. Mais au cœur de l'Amérique centrale, ils représentent des hommes et des femmes sans ressources mais prêts à tout pour quitter leur pays dans l'espoir de réussir aux Etats-unis.
Parce qu'ils ne peuvent s'offrir un autre moyen de transport et cherchent à éviter la police des frontières mexicaines, des milliers de ressortissants de pays comme le Salvador, le Guatemala, le Honduras ou le Nicaragua bravent tous les dangers et montent sur le toit de trains qui partent du sud du Mexique pour les villes du Nord, situées le long de la frontière avec les Etats-unis. »
Il est frappant que les deux blogs, Espacio Perdido et Barriozona, fassent état non seulement de l'histoire récente de la région mais aussi d'une œuvre culturelle inspirée de ces événements : un documentaire qui emprunte son titre au sinistre nom donné aux trains de transport de marchandises par ces voyageurs migrants qui risquent leur vie ou leurs membres en y embarquant.
Avec la Bête, le risque d'être attaqué, volé, racketté ou tué
Le documentaire tourné par Pedro Ultreras, « La Bestia » (« La Bête »), sorti en 2010, raconte le voyage du réalisateur avec ces voyageurs migrants sur le toit des trains de marchandises.
Véritable archive culturelle, ce film raconte un voyage parmi tant d'autres, entrepris chaque jour dans des conditions périlleuses par ces gens désespérés et sans ressources qui s'en vont chercher du travail et de meilleures conditions de vie pour eux-mêmes et leurs familles.
Il offre un témoignage en images de cette situation qui continue d'être peu ou pas traitée dans les grands médias. (Voir la vidéo)
Le documentaire a été projeté cet été dans les villes et villages situés le long du trajet de la caravane « Paso a Paso hacia la Paz » (Marche pas à pas vers la paix), une marche rassemblant plusieurs centaines d'immigrés sans-papiers et leurs familles ainsi que des militants des droits de l'homme, pour protester contre les violations des droits des immigrés et réclamer justice et protection pour cette population vulnérable.
Les réactions au film, à en juger par celles exprimées sur Twitter, ont été positives et favorables. Georgina Cobos a signalé la projection du documentaire au Sénat mexicain. Jessica Ramirez, étudiante en communication à l'université nationale autonome du Mexique (Unam), a exhorté ses suiveurs à aller voir le film :
« Nous devrions tous aller le voir. Le réalisateur l'a tourné avec SES propres fonds, on doit soutenir “La Bestia”. »
Dans son essai intitulé « Migrants as targets of security policies » (« Les Immigrés, cibles des politiques de sécurité »), Christine Kovic, blogueuse et professeur d'anthropologie à l'université de Houston (Texas), fait état d'un groupe d'immigrés kidnappés le 23 juin dernier alors qu'ils tentaient de passer aux Etats-unis sur un train de marchandises :
« Les autorités ne peuvent nier la souffrance et la vulnérabilité extrêmes des migrants qui traversent le Mexique en provenance de l'Amérique centrale.
Ne pouvant payer les “polleros” [les passeurs, ndlr] et cherchant à éviter les contrôles à la frontière, des milliers de migrants voyagent sur le toit des trains ou s'accrochent sur les côtés et s'exposent à la pluie, à la chaleur, à la déshydratation et à l'électrocution. Beaucoup d'entre eux ont perdu la vie ou des membres en tombant des trains.
Voyageant de manière clandestine, les immigrés sont susceptibles d'être attaqués, volés, rackettés ou tués. »
On dispose désormais d'images puissantes du calvaire vécu par les personnes qui risquent leur vie sur le dangereux « sentier du migrant », mais il faut sans doute replacer ces terribles images de « La Bestia » dans une perspective géopolitique plus large.
« Un bouclier autour de l'Alena »
Dans son billet, Christine Kovic souligne que les opérations de police menées pour empêcher le passage des immigrés vers les Etats-unis – quel qu'en soit le coût humain – ont également lieu désormais à la frontière sud du Mexique :
« Les mesures visant à décourager l'immigration sont aussi maintenant mises en œuvre dans le Sud, où les autorités en charge ont renforcé les mesures de sécurité, notamment le long de l'isthme de Tehuantepec, le point de passage le plus étroit du Mexique.
Ces mesures sont soutenues par les Etats-unis pour limiter l'immigration en provenance de l'Amérique centrale. Le plan de coopération en matière de sécurité conclu entre le Mexique et les Etats-unis, connu aussi sous le nom de “initiative de Merida”, apporte au Mexique les fonds nécessaires “à la conception et à la mise en œuvre des mesures contre le trafic de drogue, pour la lutte antiterroriste et la sécurité aux frontières”.
Comme l'a déclaré en 2008 le sous-secrétaire d'Etat américain Thomas Shannon, “d'une certaine manière, nous mettons un bouclier autour de l'Alena” [Alliance de libre échange nord-américain, traité entré en vigueur en 1994 instituant une zone de libre-échange entre les Etats-unis, le Canada et le Mexique, ndlr].
Mais ce que ne dit pas M. Shannon, c'est que ce “bouclier” laisse sans protection les migrants et les travailleurs pauvres. Pire : il en fait des cibles. »
Au mois de juin dernier, la ministre la Justice mexicaine, Marisela Morales, a affirmé que la protection de la frontière sud du Mexique était une question de sécurité nationale, car pour elle :
« Le flux de personnes et de marchandises qui entre illégalement au Mexique et la délinquance que cela génère appelle une coordination renforcée au niveau institutionnel afin d'améliorer la vigilance, la sécurité et le respect des droits de l'homme. »
« Les droits des migrants continuent d'être violés »
Mais Christine Kovic explique ce qu'il faut entendre derrière les mots de la ministre :
« Dire que les immigrés sans-papiers qui passent par la région font partie d'un “flux illégal”, c'est considérer qu'ils n'ont pas de droits, c'est les voir principalement comme des délinquants.
Cette vision des choses explique en partie pourquoi les actions menées par les Etats-unis, le Mexique et les gouvernements des Etats de l'Amérique centrale conduisent à des violations des droits de l'homme.
Ces gouvernements, ainsi que les multinationales, créent les conditions qui poussent les gens à l'émigration clandestine. Les mesures de sécurité, c'est-à-dire les points de contrôle sur les autoroutes ainsi que le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-unis, conduisent les gens à voyager dans des conditions extrêmement dangereuses, ce qui crée un marché pour les passeurs.
Et au final, comme les responsables de ces actes ne sont jamais poursuivis, les droits des migrants continuent d'être violés. »
Deborah Esch, traduit par Ange Pambou en partenariat avec Global Voices sur Rue89
Une jeune Somalienne placée en rétention à Rennes cette semaine avec son bébé de six mois a retrouvé samedi la liberté par une décision judiciaire, même si elle risque toujours une reconduite à la frontière, a-t-on appris samedi auprès de militants des droits de l'homme, et de la préfecture d'Ille-et-Vilaine.
Saisi par la jeune Somalienne, le juge des libertés et de la détention de Rennes (JLD) a considéré que la rétention n'était pas compatible avec la situation de cette jeune femme, mère d'un enfant de six mois, selon ces sources. "Elle a fait valoir à l'audience qu'elle avait du apporter les couches et le biberon", et le juge a considéré qu'une rétention dans ces conditions était "un traitement dégradant" a expliqué Carole Bohanne, une militante des droits de l'homme rennaise. Le parquet n'a pas fait appel de la décision, permettant ainsi à la jeune femme, arrêtée jeudi à Angers (Maine-et-Loire) de recouvrer immédiatement la liberté.
RESF et le MRAP se sont mobilisés pour la jeune femme, rappelant la situation humanitaire catastrophique en Somalie. "Alors que les appels aux dons se multiplient pour tenter de faire face à la crise alimentaire en Somalie, le gouvernement français n'hésite pas à enfermer une mère et son bébé pour les renvoyer dans un pays ravagé par la guerre civile, alors que sa demande d'asile n'a pas fini d'être examinée", ont déploré les deux associations.
La décision du juge des libertés ne change toutefois rien à la situation sur le fond de la jeune femme, arrivée en France en mai 2010, et qui peut à tout moment être reconduite à la frontière. Déboutée en mai 2011 de sa demande d'asile, elle a fait appel de cette décision, selon l'avocate qui l'a défendue samedi, Me Gaelle Le Strat. Mais l'appel n'est pas suspensif. En effet, sa procédure de demande d'asile a été placée en procédure prioritaire, sans droit au séjour pendant l'examen de la demande, du fait de l'impossibilité de l'identifier par une prise d'empreinte, selon les associations qui la soutiennent.
Cette absence d'empreinte est assimilée à une fraude par l'administration. Mais elle résulte du fait que la jeune femme en Somalie vendait du khat, cette plante euphorisante très consommée dans la région, souligne de son côté Me Le Strat. Les feuilles de khat ont un effet très "abrasif" sur les mains de ceux qui les manipulent, a-t-elle expliqué.
AFP
Mme Ben Ahmed Fatiha, 8e adjointe, en charge des questions environnementales au sein de la ville de Lyon, élue à la région Rhône-Alpes et membre du groupe Europe écologie les Verts, a célébré le 9 juin dernier le mariage d’un couple.
Coup de théâtre : la jeune mariée s’est vu refuser par l’élue en question la célébration de son mariage. La cause ? Le voile (le foulard pour être exact) qu’elle portait n’a visiblement pas été du goût de Mme Ben Ahmed Fatiha. Pourtant, il ne s’agissait pas d’un voile intégral (c’était juste un hijab) dans lequel son visage était parfaitement visible. Ecœurée, la jeune femme a fini par céder et retirer son hijab devant l’intransigeance de Mme Ben Ahmed. Néanmoins, la jeune mariée est, depuis, profondément blessée d’avoir vu le plus beau jour de sa vie gâché. Ce jour-là, une autre jeune mariée connaîtra la même mésaventure. En réaction à cette atteinte, les associations «La Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI)», «Cocktail du 9e» et «Peuples d’Ici et d’Ailleurs» ont dénoncé très fortement «l’attitude intolérable et inadmissible» de cette élue. Ne voulant pas en rester là, ces mêmes ONG ont sollicité des personnalités politiques de tous bords de prendre position contre cet acte antirépublicain et faire en sorte qu’une telle atteinte ne se reproduise pas. Plusieurs actions ont été engagées pour soutenir la jeune mariée.
A titre d’exemple, un rassemblement a eu lieu le 22 juin 2011 à 19h devant la mairie du 9e arrondissement de Lyon. L’événement a eu lieu au moment de la réunion du conseil municipal. Face à cela, des personnalités politiques ont tenté d’influencer l’opinion publique et de faire croire que ces dénonciations sont l’œuvre d’organisations islamistes «pro voile». Or, les structures desquelles elles (dénonciations) émanent («La Coordination contre le racisme et l’islamophobie», «Cocktail du 9e» et «Peuples d’Ici et d’Ailleurs») sont foncièrement laïques de par leurs buts et leurs objectifs.
A ce propos, l’on regrette que Mme Ben Ahmed ait bénéficié, particulièrement dans cette affaire, du soutien actif du préfet de région. «La Coordination contre le racisme et l’islamophobie dénonce le dérapage et le soutien inacceptables du préfet de la Région Rhône-Alpes, Monsieur Jean François Carenco, qui a envoyé une lettre de soutien le 27 juin 2011 à l’élue d’Europe Ecologie Les Verts de Lyon 9e, Madame Fatiha Ben Ahmed qui a exigé le dévoilement de deux citoyennes de confession musulmane le jour de leur mariage, en totale contradiction avec la loi (…)», s’indignent les animateurs de la CRI dans un communiqué rendu public quelques jours après le déroulement des faits.
Les associations Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), Cocktail du 9e et Peuples d’Ici et d’Ailleurs préviennent, dans un communiqué adressé hier à notre rédaction, qu’il continueront à lutter contre cette forme d’exclusion et qu’elles se mobiliseront à nouveau dès la rentrée pour reposer le problème de la mairie du 9e arrondissement de Lyon.