mercredi 1 avril 2009

Les coûts de l'asile explosent


52 millions de francs pour couvrir les surcoûts dus à la hausse imprévue des demandes d'asile. C'est le plus gros poste des 144 millions de nouveaux crédits supplémentaires que le Conseil fédéral (gouvernement) demande au Parlement, après avoir déjà obtenu 710 millions pour la stabilisation de la conjoncture.

Les prévisions budgétaires pour 2009 avaient été faites sur la base de 10'000 demandes d'asile. Or l'Office fédéral des migrations table désormais sur 15'000 requêtes.

Les ressources inscrites pour couvrir notamment les charges administratives et l'aide sociale des cantons, la rétribution du personnel, les dépenses d'exploitation des centres d'enregistrement et les charges de procédure ne suffiront donc pas

Durban II : Manifestation nationale et internationale contre le racisme le 18 avril


La conférence mondiale contre le racisme débute à Genève le 20 avril 2009. Près de huit ans après celle de Durban, elle fera le point sur le racisme dans le monde. Migrants, minorités, peuples autochtones, peuples vivant l’occupation ou d’autres formes de discriminations, peuples victimes du colonialisme et de l’esclavage, réfugié·e·s et Roms sont-ils aujourd’hui plus respectés qu’alors ?
a déclaration et le programme d’action de Durban se tournaient en 2001 vers toutes les victimes des différentes formes du racisme. Les milieux concernés constatent que leur condition a empiré. Dès le 17 avril, le Forum de la société civile se réunira à Genève. Il transmettra à la Conférence les conclusions de ses travaux, ses préoccupations, ses attentes.

Le racisme hier
Les idéologies racistes sont nées au 19e siècle. Elles sont nées du nationalisme, qui mythifie les Etats nations et s’impose aux peuples en proclamant leur génie racial ; de l’antisémitisme, qui ajoute à la judéophobie chrétienne la haine moderne des Juifs accusés d’être sans-patrie; du colonialisme qui justifie la civilisation de la « race blanche » ; de l’élitisme des classes dominantes qui nourrit le ressentiment des classes opprimées.
Le monde a changé. Les anciennes colonies ont acquis le statut d’Etat indépendant et une représentation au sein de l’Organisation des Nations Unies. A marche forcée, la mondialisation de l’économie redessine la carte du monde. Elle bouscule les Etats nations et avec eux les identités nationales et culturelles.

… et aujourd’hui
Le monde a peu changé. À l’offensive, le capitalisme s’est attaqué à la gauche avec laquelle il négociait au cours des « Trente glorieuses ». Il démantèle les acquis des ressortissants des anciennes puissances coloniales et occidentales.
Ses anciennes colonies subissent elles aussi son pillage. Certaines l’imitent en développant un capitalisme qui profite des bas salaires qu’il impose. Sur la terre entière, les migrants suivent les richesses volées à leur pays et cherchent un travail ou un refuge dans les pays qui ruinent les leur ou qui y entretiennent la guerre.
L’illusion que les inégalités sociales et internationales auraient une cause naturelle ou raciale dissimule l’aggravation de ces inégalités. Aux racismes anciens, produits de malheurs passés qui n’ont pas connu de réparations, s’ajoutent des formes nouvelles de ce fléau.

Le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde
Au cœur des anciennes puissances coloniales émerge un racisme identitaire et victimaire pour combattre le soi-disant affaiblissement de la race blanche. Parmi les régions qui avaient été soumises aux anciennes puissances coloniales s’étendent des idéologies, nationalistes et racistes qui veulent elles aussi imposer leur influence. Elles confortent la croyance en un « choc des civilisations » et contribuent à désinhiber le racisme occidental contemporain. Avec le départ de Bush, la lutte contre l’axe du mal est peut-être terminée. L’alliance contre le terrorisme, ce dangereux fourre-tout, a encore de beaux jours devant elle.
Contre de telles conditions, contre le capitalisme et les pouvoirs qu’il impose n’existerait-il aucune communauté d’intérêts qui unisse tous les peuples de la Terre, au-delà des frontières nationales, raciales et religieuses qui les divisent ?

Mobiliser contre le racisme
La Suisse accueille la Conférence mondiale contre le racisme. Applique-t-elle la Convention de l’ONU contre la discrimination qu’elle a ratifiée il y a 15 ans ? Après avoir examiné le rapport de la Suisse, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale formulait, le 11 août 2008, de sévères conclusions.
Il relevait que la législation suisse ne définit pas la discrimination raciale conformément à la Convention. Il notait la protection inadéquate du droit de se marier et de fonder une famille pour les étrangers originaires d’un État non membre de l’Union européenne. Il regrettait le recours au profilage racial et le manque de progrès pour combattre les attitudes racistes et xénophobes contre certaines minorités, notamment les Noirs, les musulmans, les gens du voyage, les immigrants et les requérants d’asile ainsi que les allégations d’usage excessif de la force. Il s’inquiétait de ce que nous savons toutes et tous :

• La sélection raciste des bénéficiaires d’une autorisation de séjour qui contraint des centaines de milliers de « sans-papiers » à vivre sans statut légal et dans la peur.
• La Loi sur l’asile, inhumaine pour les réfugiés qu’elle déboute, est à nouveau révisée : les guerres poussent à l’exil de nouveaux malheureux.
• Mais aussi la loi genevoise contre les mendiants que les autorités ont adoptée en sachant que les Roms fuient le racisme contre leur communauté dans leur pays d’origine.
• Ainsi que les récentes décisions du Conseil national : ne pas invalider l’initiative antiminarets, durcir le Code civil « afin que les étrangers séjournant illégalement en Suisse ne puissent plus se soustraire par mariage à l’obligation de quitter le pays ».

Solidarité avec le peuple palestinien
Au cœur des préoccupations de la Conférence mondiale, le soutien aux Tamouls, aux Tibétains aux Palestiniens en lutte pour la reconnaissance de leur droit à l’existence !
La demande des Palestiniens que leurs droits soient reconnus, que le droit international s’impose contre l’apartheid qu’ils subissent constitue un enjeu majeur de cette réunion.
L’Etat d’Israël et ses partisans mobilisent avec acharnement contre la Conférence. Ils invitent la Grande-Bretagne, la France, la Suisse, l’Union européenne à imiter le Canada, les Etats-Unis, l’Italie, Israël et à boycotter elles aussi la conférence. Pensent-ils éviter que l’indignation qu’a soulevée le massacre de Gaza ne soit entendue à Genève ?

Karl Grünberg

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Les ONG dénoncent les conditions de détention de Fahad Khammas

Les ONG dénoncent les conditions de détention de Fahad Khammas

Paru le Mercredi 01 Avril 2009 dans le Courrier
   FABIO LO VERSO    

SuisseASILE - Amnesty International et l'Organisation mondiale contre la torture jugent inacceptable que le protagoniste de «La Forteresse» soit traité «comme un criminel». 
Depuis six jours, il est enfermé en isolement dans la prison de l'aéroport de Zurich. «Comme s'il s'agissait d'un dangereux criminel», déplore Denise Graf, coordinatrice des réfugiés auprès de la section suisse d'Amnesty International. Pour Fahad Khammas, requérant irakien refoulé, les espoirs de retrouver un semblant de paix en Suisse tournent définitivement au cauchemar. A 25 ans, après un parcours juridique semblable à celui d'une balle de flipper, le jeune protagoniste du film La Forteresse est en passe de sombrer dans la déprime. «Son état de santé tant physique que mental se dégrade fortement», affirme Orlane Varesano, du secrétariat international de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Les deux ONG ont vertement protesté, hier, contre les conditions de détention du requérant d'asile débouté. 


Quelle base juridique?

Placé dans une cellule minuscule, témoigne Denise Graf, Fahad Khammas a été «privé de sortie quotidienne en plein air et, entre autres, de l'usage de ses pantoufles». Le témoignage livré par l'OMCT a de quoi susciter une profonde inquiétude: «Il a cessé de se nourrir, il est extrêmement affaibli physiquement et présente des signes de profonds traumatismes psychologiques.» Vraisemblablement à l'origine de ces souffrances, les restrictions imposées au jeune Irakien par la direction de la prison ne semblent pas avoir de base juridique. «Jusqu'à aujourd'hui, aucun règlement ne nous a été montré, malgré nos demandes répétées», accuse Denise Graf. «Il n'a pas accès au téléphone et s'est vu limiter dans son droit à recevoir des visites», surenchérit Orlane Varesano. Des visites que le détenu reçoit derrière une épaisse paroi vitrée empêchant le contact physique. 
Dans une lettre adressée à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, Amesty International détaille et dénonce ces violations. Elle est rejointe dans cette démarche par l'OMCT, qui «rappelle à la Suisse ses obligations internationales». Début mars 2009, cette organisation s'était déjà adressée en ces termes au secrétaire général de l'Office fédéral des migrations. Cette démarche est à ce jour restée lettre morte. Demain, le responsable de la prison de l'aéroport, Ernst Rohner, en déplacement hier tout la journée et donc injoignable, devrait rencontrer l'émissaire d'Amnesty International. «Nous attendons une clarification quant à l'utilisation disproportionnée des mesures de restriction, déclare Denise Graf. Jusqu'ici, on nous a laconiquement dit qu'elles étaient motivées par des raisons de sécurité. Mais ce jeune Irakien n'a jamais constitué et ne constitue un danger pour personne.» 


Respect des standards ONU

De son côté, l'OMCT relève que, dans son rapport 2008, le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a rappelé que «les immigrants clandestins placés en rétention administrative ne sont ni des criminels ni des suspects». Ce type de détention prévoit «des standards ad hoc», étaie Denise Graf. Ont-ils été respectés? Les deux ONG réclament une réponse à cette question. 
Arrêté le 23 mars dernier, Fahad Khammas était à deux doigts d'être renvoyé en Suède, dernier pays où sa demande d'asile a été enregistrée. Mais son embarquement a été interrompu in extremis par une intervention fédérale. Dans le pays scandinave, il est «menacé de renvoi sur Bagdad, rappelle Denise Graf, où il a travaillé comme traducteur pour les forces américaines, raison pour laquelle il risque sa vie». Depuis le début du conflit, environ trois cents interprètes pour l'armée étasunienne ont été tués. Au moins autant ont fui le pays comme Fahad Khammas

Lettre de Fernand Melgar aux pétitionnaires

CherEs signataires,

Fahad K., le réfugié irakien menacé de mort dans son pays par des milices
islamistes, est enfermé depuis le vendredi 23 mars dans une cellule dite
« sécuritaire » de la prison de l¹aéroport de Zurich. Dans cette cellule
minuscule, appelée communément le bunker, il est en isolement complet,
surveillé 24/24 heures par un gardien. Il n¹a accès ni au téléphone, ni à sa
mandataire juridique ni à sa famille. Il ne peut ni se doucher (il n¹y a
même pas de lavabo), ni lire un livre ni regarder l¹heure (on lui a
confisqué sa montre). On lui a même supprimé la promenade et il reste
confiné depuis bientôt 4 jours dans cet endroit complètement vide, mis à
part un lit, une couverture et des WC. Fahad K. a perdu 4 kilos et son état
physique et psychique est alarmant (communiqués d¹Amnesty International et
de l'Organisation Mondiale Contre la Torture ci-dessous).

Lundi après-midi 30 mars, une amie de Fahad K. a pris rendez-vous à la
prison pour le rencontrer. Arrivée sur place, il lui a été dit que Fahad K.
venait de partir il y a cinq minutes avec des policiers et qu¹il ne se
trouvait plus dans la prison. La visite a alors été annulée. Nous savons
pourtant avec certitude que Fahad K. se trouvait dans la prison et qu¹il a
même vu, par la fenêtre de sa cellule « sécuritaire », son amie repartir de
la prison.

Pourquoi l¹Office fédéral des migrations traite-t-il Fahad comme un criminel
en lui infligeant ces traitements dégradants, à la limite de la torture,
pourquoi s¹obstine-t-il à le couper totalement du monde extérieur ? De quoi
a-t-il peur pour se livrer à de pareilles maltraitances ?

Des milliers de citoyenNEs suisses (plus de 6000 à ce jour) ont signé la
pétition demandant à ce que Fahad K. puisse rester en Suisse. Parmi eux de
nombreuses personnes nous ont fait part de leur émotion, et ne comprennent
pas que notre pays puisse attenter pareillement à la dignité humaine. Elles
ont raison : le traitement réservé à Fahad est tout simplement scandaleux et
les atteintes à ses droits humains sont inacceptables. Elles doivent cesser
immédiatement.

Pour faire part de votre indignation, écrivez directement par courrier
postal  (ils ont bloqués leur boîte de courriel) au plus vite aux adresses
suivantes pour demander la libération immédiate de Fahad K.:

> Madame la Conseillère fédérale
> Evelyne Widmer-Schlumpf
> Palais fédéral ouest
> CH-3003 Berne
> Monsieur Eduard Gnesa,
> Directeur de l'Office fédéral des migrations
> Quellenweg 6
> CH-3003 Berne-Wabern

Merci pour votre aide,

Fernand Melgar