lundi 22 novembre 2010

Trois semaines de répit pour les requérants de Lausanne

Cet après-midi, les requérants d’asile accueillis d’abord dans les locaux de la paroisse réformée de la Sallaz-les Croisettes, ensuite dans ceux de la paroisse catholique de St-Joseph, ont trouvé refuge dans l’Eglise réformée de St-Paul – toujours à Lausanne.

Aujourd’hui, une troisième paroisse a ouvert ses portes – pour trois semaines – à deux des quatre personnes qui ont demandé refuge le 12 octobre dernier. Durant les dernières semaines, le dossier de chaque requérant a été examiné par les médiateurs des Eglises en collaboration avec le SAJE Lausanne (Service d’Aide Juridique aux Exilés) et leurs avocats répondants.

Pour l’un d’entre eux, réfugié en Suisse depuis 1996, il n’est pas possible de faire une demande de réexamen : toutes les possibilités légales pour faire valoir ses droits ont été épuisées. Une délégation des Eglises l’a rencontré pour lui annoncer la décision de mettre un terme à son refuge. Les deux Eglises lui ont toutefois proposé d’autres formes d’aide.

Pour deux autres, la demande de réexamen est liée à un certificat médical qui doit parvenir ces prochains jours.

Le dossier de la quatrième personne, quelque peu différent, concerne une jeune femme menacée de renvoi « Dublin » dans un pays où elle a vécu des expériences très dures. Suite à des évènements familiaux, elle est rentrée ces derniers jours dans son pays.

Paroisses lausannoises sollicitées

Des paroisses lausannoises, tant réformées que catholiques, ont été interpelées pour envisager l’ouverture d’un autre refuge, après le 13 décembre si nécessaire. C’est une recherche difficile, car les locaux adaptés sont rares et les bonnes volontés des paroisses se heurtent à des réservations faites de longues dates et à des activités qui ne peuvent pas être déplacées.

Les deux Eglises restent toutefois confiantes. Malgré le tragique des situations de vie des personnes accueillies, les paroisses qui ont ouvert un refuge rapportent que cette expérience donne de nouvelles dimensions à la foi en Jésus-Christ. Tant les personnes qui soutiennent les refuges, que les paroissiens, se rendent compte de la portée de cette expression de solidarité.

Eglise catholique dans le canton de Vaud

Querelle de minaret à Langenthal

Il y a un an, le verdict du peuple suisse pour l’interdiction des minarets faisait les gros titres du monde entier. Et voilà que la petite ville bernoise de Langenthal réveille l'intérêt des médias étrangers avec une polémique autour d’un minaret.

Langenthal, avec son design et sa porcelaine, fait régulièrement la une des médias depuis 2006 à cause d'un minaret qui n'existe pas (encore). Non seulement cette petite ville industrielle d’environ 15’000 habitants se trouve au centre géographique de la Suisse, mais aussi dans l’exacte moyenne des sondages de consommateurs alémaniques.
Ainsi, de nombreuses entreprises testaient volontiers ses habitants lorsqu’elles voulaient introduire un nouveau produit: ce qui pouvait y être vendu avait de bonnes chances de pouvoir l’être ailleurs en Suisse alémanique.
Par contre, le projet de construction d’un minaret passe moins facilement la rampe à Langenthal: en 2007 la communauté musulmane a déposé une demande de permis de construire pour agrandir son centre religieux.
Depuis la votation fédérale contre la construction des minarets, la petite ville ne cesse d’occuper la scène médiatique à cause de cette demande de permis, même si ce n’est pas cette affaire qui est à l’origine de l’initiative populaire. Mais les autorités cantonales s’en sont mêlées.

Publicité problématique

Le maire Thomas Rufener n'est pas content du tout de cette publicité, mais rappelle que, lors de la votation populaire de 2009, «les citoyen de Langenthal ont voté exactement comme la moyenne des Suisses».
Il n’y a pas eu dans sa ville plus de oui ou de non qu'ailleurs! Et voilà que différents partis politiques voudraient faire croire que la publicité faite à sa ville est à l’origine du plébiscite pour l’interdiction des minarets.
Dans les médias aussi, l’image de Langenthal est désormais associée à la droite conservatrice et hostile à l'islam. Thomas Rufener s’en défend, lui qui est pourtant membre de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) à l’origine de l’initiative populaire. «De nombreux médias internationaux s'intéressent tout à coup à Langenthal, qui est montrée comme le centre de la querelle sur les minarets, alors qu’elle n’a rien à voir avec tout ça», dit-il.

Projet de mémorial

La mosquée de la discorde se situe dans la zone industrielle de la périphérie de Langenthal. De l’extérieur, la grande salle de prière du centre religieux n’a rien d’une mosquée orientale, mais ressemble plutôt à une halle de gym.
A moins de cent mètres de là, dans une des salles ultramodernes du nouvel Hôtel du Parc, le comité d'action «Halte au minaret» s’est réuni pour présenter la maquette d’un mémorial qu’il projette de réaliser.
Le monument qui devrait être installé à un carrefour du centre-ville représente la forme d’un tire-bouchon à l’envers de la taille d’un homme, et est censé rappeler les persécutions dont sont victimes les non-musulmans des pays islamiques. Le comité mentionnait l’attentat terroriste qui a récemment touché une église à Bagdad.
Le conseiller national (député) UDC Walter Wobmann s’est aussi exprimé, évoquant l’«arrogance incroyable» des autorités du canton de Berne, qui autorisent la construction du minaret de Langenthal malgré le résultat de la votation de 2009. Entre temps, le conseil municipal de Langenthal a refusé la requête du comité de mettre un emplacement à sa disposition, selon son communiqué.

«Paradoxe politique»

Si le comité table sur les peurs de la population suisse chrétienne, de leur côté, les membres de la communauté musulmane de Langenthal ont tout aussi peur. Ils sont majoritairement albanais de Macédoine, explique leur porte-parole Mutalip Karaademi, lui-même originaire de cette région.
Il déplore ce triste paradoxe qui veut que des musulmans européens, qui ont eux-mêmes vécu sous la terreur, soient mis dans le même panier que des terroristes arabes.
«En ex-Yougoslavie, il n'y avait aucune liberté de religion. L'imam devait obligatoirement être membre du Parti communiste. La guerre des Balkans des années 1990 a été spécialement dure pour les musulmans», explique-t-il.
«Et quand nous nous sommes venus nous réfugier en Suisse, pays démocratique qui garantit la liberté de culte, voilà que nous sommes de nouveau pris pour cible par la propagande politique.»
En outre, un Albanais n’est pas automatiquement musulman, ajoute-t-il. «Mais nous avons le sentiment de former une même communauté culturelle, même si les Albanais se répartissent entre trois religions, car c’est normal pour nous de vivre ensemble». Et cela vaut aussi pour les Suisses.

«Jusqu’au Tribunal fédéral»

Cependant Langenthal est encore très loin d'une solution, relève Daniel Kettiger, conseiller juridique de la communauté religieuse. Il estime qu’il était évident dès le départ que les adversaires du minaret poursuivraient la lutte jusqu'au Tribunal fédéral, soit jusqu'à la dernière instance judiciaire.
Mais le juriste est convaincu que l’interdiction des minarets n’a aucune chance à long terme, car «ce sera la Cour européenne des droits de l'homme qui aura le dernier mot».
Tout autre son de cloche du côté des partisans du mémorial: Walter Wobmann lui aussi invoque la cour de Strasbourg, qui seraient bien inspirée «de ne pas condamner la décision claire d’un Etat souverain».
Si une interdiction des minarets était considérée comme une violation des droits humains, on pourrait se demander si le Coran dans son ensemble n’en est pas une: «il faudrait aussi juger sur lapidations, mariages forcés, châtiments corporels sur des femmes et des enfants», a lancé le député au public.

Alexander Kuenzle pour swissinfo, traduit de l'allemand par Isabelle Eichenberger

Belgique: des expulsions plus rapides et plus fermes

Notre premier ministre Yves Leterme souhaite rendre les expulsions de demandeurs d’asile plus rapides et plus fermes lorsque ceux-ci ont été déboutés.

Le premier ministre démissionnaire Yves Leterme entend suivre personnellement et de très près dans les prochaines semaines l'exécution de la politique d'expulsion des demandeurs d'asile déboutés, a-t-il indiqué lundi dans une interview accordée au quotidien De Standaard. "Il faut être plus ferme également concernant les flux entrants. Les chiffres doivent à nouveau refléter une situation normale", a-t-il précisé.

En finir avec l’image d’un pays permissif
Selon le premier ministre, la Belgique a depuis dix quinze ans l'image d'un pays permissif où "tout est possible, et tôt ou tard on pourra bénéficier d’une régularisation". Il faut "en finir avec cette image", a indiqué le premier ministre, appelant à une "indispensable politique d'expulsions, plus rapides et plus fermes, des demandeurs d'asile déboutés".

Suppression du visa pour les citoyens albanais
Yves Leterme a également rappelé que la suppression de visas deviendra une réalité pour les citoyens albanais à partir du 15 décembre. Il a assuré que l'effet de cette mesure sera étudié de très près. "Si on constate un afflux important, nous agirons directement. La décision politique est de soutenir l'intégration des pays des Balkans en Europe, mais en cas d'abus, nous freinerons des quatre fers. S'il y a des abus au départ de l'Albanie, nous réintroduirons le visa", a-t-il averti.

Publié par RTLinfo.be

Les réfugiés de Teteghem prennent la route

teteghemUn camp installé près d'une aire d'autoroute a brusquement pris des airs de « jungle ».

Ils ont bouclé leurs valises à roulettes et rangé les duvets. Les migrants installés dans la « jungle » de Téteghem ont commencé à démonter leur campement de fortune, hier. Dans la matinée, ils avaient reçu la visite de la police pour des contrôles d'identité. « Cela ressemble à la destruction de la jungle de Calais (en septembre 2009) », note Mathieu Quinette, coordinateur de Médecins du monde sur le littoral. Quelques jours plus tôt, devant l'afflux de migrants, le maire Franck Dhersin (UMP) avait tiré la sonnette d'alarme. « Je n'ai jamais demandé l'évacuation du camp, j'ai toujours réclamé que l'on partage la misère », assure l'élu. D'une quarantaine, le nombre de clandestins était passé à près de 200 et entre 150 et 180 ce week-end : la fermeture de l'aire d'autoroute voisine, d'où ils partaient vers l'Angleterre, a transformé le camp en impasse

Un scandale pour les bénévoles
Ce dimanche, les bénévoles qui aident les migrants ont tenté de parer au plus pressé. Deux familles, quatre jeunes enfants en tout, ne retourneront pas sur la route, mais seront hébergés par Emmaüs Dunkerque. « Même s'ils sont clandestins, ils ont le droit d'être traités comme des êtres humains », enrage Marc, un bénévole. « Personne n'en veut, c'est scandaleux », renchérit François Braure, le président de l'association de Terre d'errance Flandre-littoral.
La veille, Médecins du monde avait constaté la disparition de la citerne d'eau de 3000 litres, fournie par la mairie, lors de la distribution d'un repas et d'un kit de survie.« On a eu un problème technique, elle devrait être remise en place dès lundi », assure encore Franck Dhersin. Ce lundi, la grande majorité des migrants devrait déjà être repartie. Vers Calais, Grande-Synthe, ou même Paris. « J'y serais dans trois ou quatre jours, lâche un migrant. De toute façon, je ne sais pas où aller ».
Dans un coin de la jungle, des irakiens et des afghans se préparent au départ. Regards durs. Un peu plus tôt, les bénévoles assurent avoir vu les hommes pleurer après ce nouveau coup du sort. « Nous ne sommes pas des criminels, juste des victimes de la guerre », insiste Ahmed, un migrant originaire du Soudan. En fait, seuls ceux qui n'ont plus d'argent devraient rester à Téteghem. Dans l'impasse.

Gabriel Thierry dans 20minutes.fr