vendredi 8 octobre 2010

Oskar excite sa meute contre les méchants étrangers

La semaine dernière à Lausanne, s'est tenue une "réunion d'information et de formation pour la défense de l'initiative sur le renvoi des étrangers criminels". Vigousse, qui ne recule devant rien, s'y est glissé.

oskar f.

oskar contre les méchants étrangers

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Un article signé Léa Lhiver dans le petit satirique romand Vigousse

“On considère que les Roms sont délinquants de manière innée”

Laurent El Ghozi

Entretien avec Laurent El Ghozi, élu socialiste de Nanterre (Hauts-de-Seine), médecin et président de la Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les gens du voyage (Fnasat), l'une des quatre associations à avoir porté plainte auprès du procureur de Paris pour constitution de fichier non déclaré et conservation "de données à caractère personnel qui font apparaître les origines raciales et ethniques".

Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, a déclaré qu'il ignorait l'existence du fichier de gendarmerie MENS (minorités ethniques non sédentarisés) utilisé par l'office central de lutte contre la délinquance itinérante. Cela vous paraît-il plausible ?

Cette réponse du ministre de l'intérieur me conforte dans ma conviction que le gouvernement ment. Que Brice Hortefeux ne soit pas informé de tout ce qui se passe dans son ministère me semble normal, mais que sur ce dossier politico-médiatique qui fait la une des médias depuis des semaines, il n'ait pas été informé de l'existence de documents hyper sensibles... je ne peux pas le croire.

Cette fable ressemble à celle de Pierre Lellouche (secrétaire d'Etat aux affaires européennes) et d'Eric Besson (ministre de l'immigration) lorsqu'ils ont déclaré récemment qu'ils ignoraient l'existence d'une circulaire du cabinet du ministre de l'intérieur enjoignant les préfets de cibler les Roms. S'agissant de la nouvelle affaire, il est impossible que cette information ne remonte pas jusqu'au cabinet du ministre.

A quoi sert ce type de document qui mêle données personnelles et généalogie ?

Selon le point de vue des enquêteurs, cela sert à repérer des gens potentiellement dangereux. La généalogie est utilisée car ils considèrent que ces populations sont délinquantes de manière innée. Dans leur esprit, un fils de malfaiteur est malfaiteur à son tour. Un cousin de voleur de poules est également un voleur de poules.

L'idée est que l'esprit criminel se transmet, que tout est déterminé. On ne juge pas les gens en fonction de leurs actes mais selon ce que l'on suppose qu'ils sont, selon leur origine. C'est le résultat d'une idéologie raciste.

Qu'attendez-vous de la procédure judiciaire que vous avez entamé ?

Nous attendons qu'un juge d'instruction soit saisi du dossier et qu'il enquête de plus près que ne l'a fait la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) qui ne semblait pas informée de l'existence de ce fichier.

Ensuite, je ne doute pas que Viviane Reding (commissaire européen à la justice) demande des explications à l'Etat français dans le cadre du contentieux ouvert avec Paris pour mauvaise transposition de la législation européenne de 2004 sur la libre circulation.

Enfin nous espérerons une condamnation de l'Etat français et la destruction de ce fichier, même si aujourd'hui le gouvernement est dans le déni et le mensonge le plus complet.

Propos recueillis par Eric Nunès

Tests ADN sur des Roms: l’excès de zèle des gendarmes du Val-d’Oise

Une soixantaine de Roms roumains qui occupent illégalement un terrain de Méry-sur-Oise (Val d'Oise) ont subi jeudi dernier un recensement très poussé, incluant notamment des tests ADN. En toute illégalité, selon Jean-Claude Vitran, animateur de la Ligue des droits de l'homme (LDH) dans le département et membre du bureau national, qui revient sur l'affaire.

Que s'est-il passé sur le terrain de Méry-sur-Oise?

La LDH suit plusieurs campements de manière permanente. On m'a appelé jeudi dernier en me disant qu'un grand nombre de gendarmes se trouvaient au campement de Méry-sur-Oise, au lieu-dit de la butte de Montarcy. Je ne m'y suis pas personnellement rendu, mais on m'a expliqué que toute la population à partir de 18 ans avait subi un recensement très poussé. En tout, une soixantaine de personnes. Des contrôles anthropométriques - avec photos d'identité de face et de profil - ont été effectués. Des empreintes palmaires et des dix doigts ont été prises, ainsi que des tests salivaires. Les gendarmes sont arrivés au lever du jour et sont repartis en fin de matinée.

Ces contrôles sont-ils légaux?

Non. D'ailleurs, on en a eu la confirmation par la procureur de la République du Val-d'Oise, qui a demandé la destruction des échantillons. En effet, un contrôle salivaire ne se fait pas in situ. Il doit être effectué en garde à vue, mais absolument pas lors d'un contrôle sur un campement. Là, on a vraiment l'impression d'un recensement de sinistre mémoire.

Quelle est la situation aujourd'hui sur ce terrain?

Malgré les pressions de la préfecture, les quelque 120 personnes sont toujours là. Il s'agit en majorité de Roms roumains, dont plusieurs ont d'ailleurs l'autorisation de rester en France. Je pense notamment à l'exemple d'une femme qui dispose d'un récépissé de demande de carte de séjour, ce qui lui donne le droit d'être sur le territoire. D'autres sont là depuis dix ans, ils connaissent la culture française, leurs enfants sont scolarisés. Jeudi dernier, on était clairement face à un abus de pouvoir.

Sylvain Mouillard dans Libération

Contactée par Libération.fr, la procureur de la République de Pontoise Marie-Thérèse de Givry a confirmé avoir demandé la destruction des échantillons, car «les gendarmes ont fait une surinterprétation qui ne semble pas conforme à l'article 706.54». Selon elle, l'infraction «d'installation sur terrain d'autrui sans autorisation» ne suffit pas pour effectuer des prélèvements ADN. Ceux-ci étaient destinés au fichier Fnaeg.