dimanche 17 janvier 2010

Human Rights Watch s'inquiète du sort des demandeurs d'asile érythréens en Libye

La Libye a laissé des membres de l'ambassade d'Erythrée rencontrer en prison des demandeurs d'asile érythréens, a affirmé Human Rights Watch (HRW) qui craint que le personnel diplomatique ne les force à retourner dans leur pays où ils risquent la torture.libye carte

"Les autorités libyennes ont donné à des responsables érythréens l'accès à des migrants érythréens, dont de nombreux demandeurs d'asile détenus en Libye", indique vendredi dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York.

"Les Erythréens qui cherchent l'asile par peur de persécution chez eux bénéficient du droit à la confidentialité pendant l'étude de leur cas", estime Bill Frelick, directeur de la politique des réfugiés à HRW.

"En invitant des responsables érythréens à les rencontrer, et peut-être à les intimider, en détention, la Libye viole gravement leurs droits d'asile", ajoute-t-il.

Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a recommandé aux gouvernements accueillant des demandeurs d'asile érythréens de s'abstenir de les rapatrier par la force parce qu'ils risquent d'être arrêtés et torturés dans leur pays.

Selon HRW, "ces deux dernières semaines, des responsables de l'ambassade d'Erythrée se sont rendus dans plusieurs centres de détention pour migrants (...) Ils ont pris en photos des détenus, et des responsables érythréens et libyens les ont contraints à remplir des formulaires".

Les détenus pensent que ces formulaires vont servir à leur déportation, selon HRW.

L'organisation rapporte en outre que des Erythréens du centre de détention de Sorman (Libye) ont affirmé début janvier que ceux qui refusaient de se faire prendre en photo avaient été battus par des gardiens libyens.

Mi-janvier, d'autres Erythréens détenus dans les centres de Misratah et Garabule ont indiqué que des membres des forces de sécurité les avaient battus lorsqu'ils avaient refusé de remplir les formulaires, et les avaient menacés de les priver de nourriture, toujours selon HRW.

En avril 2009, le ministre libyen de la Justice Mustapha Mohamad Abdeljalil avait affirmé à HRW que son pays ne déporterait pas les Erythréens ni les Somaliens.

"La Libye devrait adopter une loi (sur le droit) d'asile pour protéger les réfugiés", indique HRW. "Elle devrait signer et ratifier la Convention (de Genève) sur les réfugiés de 1951".

Avec ses 1.770 km de frontières maritimes, la Libye qui partage plus de 4.000 km de frontières avec ses six voisins africains, est un pays de destination et de transit d'immigrés originaires notamment de l'est et du sud de l'Afrique, vers Malte ou Lampedusa (Italie).

AFP

Le vote minarets en Suisse, une aubaine pour Le Pen


Marine et Jean-Marie Le Pen, lors du défilé du 1er mai 2009 à Paris.
Marine et Jean-Marie Le Pen, lors du défilé du 1er mai 2009 à Paris. (Keystone)

Le Front national remonte dans les sondages, à deux mois des élections régionales. Le parti français d’extrême droite surfe sur l'effet «minarets» et profite de la mauvaise cote du président Nicolas Sarkozy.


«Pas de nouveau minaret !» Ce programme, inventé par la droite conservatrice (UDC) et accepté par le peuple suisse, fait florès chez les dirigeants du Front National.

Le vote helvétique du 29 novembre est tombé à pic pour un parti à court d'idées, à bout de souffle et en pleine crise de succession. Référendum, minarets, culture chrétienne: ces quelques mots ont trouvé tout naturellement preneurs en terres lepénistes.


En Haute-Normandie

Prenez Canteleu, petite ville de 15’000 habitants en Haute-Normandie. La communauté musulmane prévoit d'y construire un centre islamique, avec un minaret, projet avalisé par le maire. Tollé au Front National.

Nicolas Bay, tête de liste pour les prochaines élections régionales, s’indigne sur le site du FN: «Canteleu est réputé pour le clocher de son église Saint-Martin construite au XVIe siècle, ainsi que pour son couvent Sainte Barbe. Ces deux monuments témoignent des racines profondément chrétiennes de la France et de notre région.»

Le jeune trentenaire tempête contre le projet islamique jugé «monumental» et, «cerise sur le loukoum», contre le minaret de 12,5 m de haut. Il réclame l'organisation d'un référendum local.


Une opposition revigorée

Ailleurs, à Bayonne, à Bordeaux ou à Marseille, la construction de nouvelles mosquées se heurte à l'opposition de la droite dure. Une opposition souvent antérieure au vote du 29 novembre, mais que le «non» helvétique revigore.

Début décembre, Marine Le Pen demandait la tenue de «consultations locales» dans les villes où doivent se construire de nouvelles mosquées. La fille et probable dauphine de Jean-Marie Le Pen exigeait même un «référendum sur l'immigration et le communautarisme», «car le problème est plus profond et plus grave que celui du simple minaret». «Les élites doivent cesser de nier les aspirations et les craintes des peuples européens», ajoutait la députée européenne.


Remontée dans les sondages

Le bon sens du peuple face à la «dégénérescence» des élites: un vieux thème cher au Front national, rappelle Jean-Yves Camus, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteur de «Extrémismes en France: faut-il en avoir peur ?» (Editions Milan).

Depuis quelques mois, le FN remonte légèrement la pente dans les sondages. D’après les dernières enquêtes, il passerait la barre des 10%. «Le FN est en phase de reconquête», veut croire Marine Le Pen.

«Le parti est sorti des dernières législatives (4,3% des voix) et européennes (6,3%) ruiné et divisé, note Nonna Mayer, spécialiste de l’extrême droite au Centre d’études européennes de Sciences Po. C’est vrai qu’il se redresse légèrement, même s’il est encore loin des scores des années 1995-2004.»


En résonance avec le débat sur l’identité nationale

L’effet «minarets» ? En partie. «Le vote sur les minarets rentre en résonance avec le débat en France sur l’identité nationale, constate Nonna Mayer. Ajoutons le débat sur l’interdiction du voile islamique intégral et cela fait trois thèmes qui pourraient renforcer le vote frontiste.»

«Nicolas Sarkozy subit un mouvement de désamour, ajoute Jean-Yves Camus, ce qui est assez naturel à mi-mandat. Une partie des électeurs qui avaient déserté Le Pen pour Sarkozy en 2007 sont tentés de faire marche arrière. L'ouverture à gauche et l'affaire Jean Sarkozy [le fils du Président qui, à 23 ans, a failli prendre la tête de l’organisme gérant la Défense, ndlr] ont dérouté une portion de l’électorat du chef de l'État», estime le politologue.


Le test des ‘régionales’

Test décisif en mars prochain: les élections régionales. Le Front National peut difficilement faire mieux qu'en 2004 (14,7 %). Mais il pourrait dépasser le score de Le Pen aux dernières présidentielles (10,4%).

Dans une douzaine des 22 régions, le Front pourrait se maintenir au second tour et provoquer des «triangulaires», souvent fatales à la droite. «C’est dans la région Nord-Pas-de-Calais et en Picardie que le FN devrait réaliser ses meilleurs scores», estime Nonna Mayer; dans ces terres ouvrières du nord, où le parti d'extrême droite obtient régulièrement jusqu'à 45% des voix.

«On suivra aussi de près l'élection en région Rhône-Alpes, particulièrement en Haute-Savoie et dans l’Ain, départements voisins de la Suisse, où le FN détient quelque bastions», note Jean-Yves Camus.

La frontière n'empêche d’ailleurs pas les hommes de circuler. Olivier Wyssa, avocat d’affaires à Genève, sera tête de liste du Front national dans l’Ain.

Interdiction des minarets : Des religieux manifestent devant l’Ambassade de Suisse à Dakar


Près de deux mois après la votation suisse portant interdiction de nouveaux minarets en Suisse, le Forum des chefs traditionnels, des Cheikhs et notables du Sénégal a manifesté contre une telle décision, ce vendredi, devant l’ambassade de Suisse à Dakar.

La devanture de l’ambassade de Suisse au Sénégal a été, hier vendredi, le lieu de contestation des membres du Forum des rois, Cheikhs, et chef traditionnels du Sénégal. Dirigés par l’actuel Serigne de Dakar, El Hadj Massamba Koki Diop, ces religieux avaient brandi une banderole sur laquelle on pouvait lire : ‘Non à l’interdiction des minarets en Suisse’. Cette manifestation, à l’issue de laquelle un mémorandum a été déposé, s’est déroulée dans l’après-midi vers 16 heures.

En effet, la Suisse a déjà voté un projet de lois interdisant l’érection de nouveaux minarets dans le territoire helvétique. ‘Pour autant, la Suisse compte au moins 450 mille musulmans. Et en tant que musulmans, nous protestons contre ce vote portant interdiction d’érection de minarets. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici pour déposer un mémorandum devant l’Ambassade de la Suisse au Sénégal’, souligne El Hadj Ousseynou Dieng, porte-parole dudit Forum.

Dans le mémorandum remis à la représentation diplomatique suisse, les manifestants ont fait savoir, suivant la logique de la déclaration du Forum de Thiès, leur refus catégorique de cette décision du gouvernement helvétique qu’ils jugent ’raciste’. Les membres du Forum des chefs traditionnels, des Cheikhs et notables du Sénégal interpellent les organisations des droits de l’Homme, le monde civilisé, ainsi que les organismes luttant pour la paix pour qu’elles mettent la pression sur la Suisse. Ces derniers, qui estiment que cette interdiction va à l’encontre de la stabilité et de la cohabitation pacifique entre citoyens d’un même pays, exigent une invalidation de ce projet de loi.

Ainsi, les religieux du Sénégal ne manquent pas de lancer un appel à l’endroit de la communauté musulmane, notamment de l’Organisation pour la conférence islamique (Oci) afin qu’elle puisse intervenir et mettre la pression sur la Suisse pour que ce pays revienne à de meilleurs sentiments. Et en cas de refus du gouvernement helvétique, le Forum des chefs traditionnels, des Cheikhs et notables du Sénégal invite les Etats arabo-islamiques à procéder à un embargo économique et politique contre la Suisse.

En outre, le Forum de ces chefs traditionnels et autres notables du Sénégal invite les Imams du pays à aborder continuellement dans leurs sermons cet évènement ‘grave’ qui impacte sur l’avenir de la paix dans le monde.

La manifestation de ce vendredi devant l’ambassade de la Suisse au Sénégal, a été autorisée par le préfet de Dakar, informe El Hadj Ousseynou Dieng. Ce dernier précise, toutefois, qu’aucune demande d’audience n’a été introduite auprès des autorités helvétiques à Dakar.

Issa NIANG

Des tags "anti-minarets" sur le domicile du maire de Strasbourg


LEMONDE.FR avec AFP | 11.01.10 | 16h00 • Mis à jour le 11.01.10 | 16h03

e domicile du maire socialiste de Strasbourg Roland Ries a été tagué ce week-end d'inscriptions à caractère islamophobe, et notamment "anti-minaret", une affaire qui suscite l'indignation de la classe politique locale.Les inscriptions "Non aux minarets" et "Ries connard" ont été découvertes dimanche matin sur la façade de la maison où M. Ries est locataire d'un appartement, a précisé le vice-procureur Laurent Fabre.

"Il y avait également, en guise de signature, une croix celtique", symbole couramment utilisé dans les milieux d'extrême droite, a-t-il ajouté, précisant qu'une enquête avait été ouverte."Les voisins n'ont rien vu et il n'y a pas de vidéo-surveillance dans cette rue", a observé le magistrat. Les inscriptions ont été rapidement effacées par les services municipaux.

En novembre, suite à la polémique qu'avait suscitée en France la "votation" suisse sur l'interdiction des minarets, M. Ries avait déclaré publiquement qu'il ne voyait "aucune raison"d'interdire aux musulmans de Strasbourg de doter d'un minaret leur future mosquée, actuellement en construction. Le chantier en cours de réalisation, approuvé par la précédente municipalité UMP, ne prévoit pas de minaret.

"ON PEUT ESPÉRER QUE CE SOIT UN ACTE À CARACTÈRE ISOLÉ"

Selon son directeur de cabinet, Patrick Pincet, M. Ries, qui n'était pas chez lui ce week-end, devrait déposer plainte. "Il était à la fois gêné pour ses voisins et un peu inquiet quant à la tournure que peut prendre un débat sur une question certes sensible, mais qui vient le chercher jusque chez lui, ce qui n'est pas dans la tradition politique française", a déclaré M. Pincet."On peut espérer que ce soit un acte à caractère isolé, même s'il y a une signature politique."

Roland Ries a reçu le soutien de plusieurs élus municipaux et notamment du tandem UMP auquel il a succédé à la tête de la municipalité.
L'ancienne maireFabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin, a qualifié d'"inadmissible" l'inscription de ces "tags insultants". L'ancien maire adjoint et actuel chef de file de l'opposition, Robert Grossmann, a condamné "avec la plus extrême fermeté (cette) agression par tags".