lundi 30 août 2010

“Tu ne craindras point”

C'est ça, la réalité: 111 nationalités vivent bien intégrées à Sion. Comme le dit Céline Maye, préposée à l'intégration de la ville de Sion, il n'y a pas une manière d'être sédunois, mais 30 000. La réalité, ce sont aussi ces 17 stands de nourriture, étrange ou familière, qui ont réuni 4000 humains dans l'acte commun à tous et fondamental de manger. Ces immigrés vivant dans notre région ont offert aux visiteurs ce qu'ils savent faire de meilleur. Ils ont passé des heures dans leur cuisine en dehors de leur travail. La nourriture est universelle, les organisateurs des Rencontres d'ici et d'ailleurs l'ont bien compris.

Quand on obtient le passeport suisse comme seconde nationalité, on sort des statistiques. Les étrangers sont tellement parmi nous qu'ils en deviennent nos frères, ou nos maris. C'est un fait, le monde change. Il y a des gens qui ont de la peine à le supporter. Mettre la faute sur l'autre n'est pas très constructif. C'est une obligation humaine de traiter les étrangers en êtres humains. Personne ne parle de faire de l'angélisme.

Dans les années 60, on stigmatisait les Italiens. Cinquante ans plus tard, ils sont parfaitement intégrés. Il faut absolument veiller à ne pas faire subir leur sort aux communautés qui arrivent maintenant. Ce serait perdre du temps. Ce serait perdre cinquante ans d'humanité.

On ne saura pas tout de suite si une fête telle que l'a vécue Sion ce week-end aura porté ses fruits. Mais elle aura permis, dans l'immédiat, de fournir des arguments pour contrer la méfiance. Plus aucun visiteur qui aura dégusté les plats de Yasin, Nur, Viviane, Fatmira, Bernard, Christina et les autres ne devrait permettre une méchanceté gratuite à l'endroit d'un étranger. La monnaie d'échange, ces deux derniers jours sur la place des Tanneries, était le sourire. Un tel commerce laisse des traces de douceur. Pour longtemps.

La loi sur l'intégration vise la coexistence dans le respect mutuel. Mutuel. Au boulot!

Editorial du Nouvelliste signé Sonia Bellemare

Ici et ailleurs réunis pour mieux se comprendre

Des milliers de personnes se sont retrouvées ce week-end à Sion pour partager avec les communautés étrangères les plats traditionnels de leur pays.Voyage autour du monde.

Tannerie Sion

«Prenez seulement!» dit la dame. Ce romandisme pur sucre ne sort pas de la bouche d'une madame Pahud, mais d'une splendeur africaine du stand du Cameroun aux 3e Rencontres d'ici et d'ailleurs. Si ça ce n'est pas de l'intégration!

Ce qui frappe dans cette manifestation, c'est qu'on est en présence de 17 communautés curieuses des traditions des autres. Par exemple, au stand suisse, une fois que les autres stands n'avaient plus rien à vendre, leurs locataires du monde entier venaient déguster des raclettes. Pour certains, c'était la première fois de leur vie.

4000 personnes à table

Cette fête multiculturelle et multicolore a lieu tous les deux ans à la place des Tanneries à Sion. C'est un projet de la sous-commission des étrangers. Un projet que coordonne Céline Maye, la préposée à l'intégration de la ville de Sion. A l'issue de la fête, hier matin, celle-ci jubilait: «Il y avait à la fête autour de 4000 personnes, un peu plus d'un dixième de tous les Sédunois. Samedi soir, j'ai entendu un visiteur dire «ce soir, c'est régimes de bananes. Il y a des bananes sur tous les visages». C'est vrai que l'ambiance était détendue. Les gens étaient contents. Autant le public que les 17 communautés.» En tout, environ 10 000 portions ont été servies.

Patchwork de musique et de danses

De la musique et de la danse ont agrémenté la manifestation. On y a vu de tout: du violon et de l'accordéon, des guitares manouches, des danses portugaises, du flamenco, des petites filles tamoules qui dansaient en costume, et une guggenmusik. Un ensemble de cors de Alpes s'est produit vendredi soir, à l'issue de la partie officielle, où la conseillère d'Etat Esther Waeber-Kalbermatten et le président de Sion Marcel Maurer ont prononcé des discours.

La météo a causé quelques sueurs froides aux organisateurs. La pluie et le vent ont bien tenté, mais en vain, de jouer quelque peu les trouble-fêtes. Certes, il a fait plus froid qu'il y a deux ans. Mais par 30° C à l'ombre, les appétits se font aussi plus timides. Or, cette édition, il y a eu du monde tout le temps. Des gens mangeaient dans l'après-midi aussi.

Aller vers l'autre, même prudemment

Ces 3e Rencontres sont d'ores et déjà une réussite. Situées dans un lieu de fort passage, il a rendu captif des visiteurs qui n'auraient peut-être pas mis les pieds à une fête muticulturelle.

Les gens ont fait l'effort d'aller vers ce qui les impressionnait un peu. Des gens ont demandé à l'accueil où ils pourraient manger quelque chose de pas trop épicé. «Même si des gens se méfient de la nourriture exotique et qu'ils ne mangent que de la raclette, je suis satisfaite», dit Céline Maye. «Parce qu'ils auront fait le pas de venir se mêler aux communautés. Une fête comme celle-là rend la ville de plus en plus agréable à vivre», conclut-elle.

Sonia Bellemare dans le Nouvelliste

«Il faut contrôler l'ADN des étrangers»

Un conseiller national PLR demande qu’on analyse les liens de sang lors des demandes de regroupement familial.

Philippe Mueller

Le libéral-radical Philipp Müller est outré. La population suisse a augmenté de 84 000 personnes l’année dernière, soit davantage que le nombre d’habitants que compte la ville de Saint-Gall (72 642). Pour freiner cette explosion démographique, le conseiller national argovien préconise de «systématiser les contrôles d’ADN des liens familiaux» afin d’empêcher les abus lors des demandes de regroupement familial pour les immigrés ne provenant pas de l’Union européenne.

C’est en effet là que le bât blesse, selon lui. La moitié de l’accroissement est imputable aux extracommunautaires, et la moitié de cette moitié aux regroupements familiaux de ces étrangers provenant des Balkans ou des autres continents. Bien sûr, les demandeurs doivent jouer le jeu et surtout payer les analyses.

Déjà prévu par la loi
Philipp Müller rappelle que cette mesure est déjà prévue et que les services d’immigration ont une liste qui comprend 34 Etats, principalement africains, où cette démarche peut être entreprise. «Mais nous l’utilisons trop rarement, car cela coûte cher, estime-t-il au téléphone. Cette liste doit en outre être élargie, par exemple à l’ex-Yougoslavie, la Turquie et l’Amérique latine.»

Le politicien bourgeois a estimé que quelque 20 000 personnes pourraient être empêchées de venir vivre en Suisse grâce à sa proposition. Car non seulement l’analyse d’ADN empêcherait les abus, mais une initiative parlementaire que Philipp Müller déposera lors de la session d’automne des Chambres réclamera que le demandeur d’un regroupement familial prouve qu’il est capable de loger son conjoint et ses enfants, et que la famille ne dépendra pas de l’aide sociale. Un bon moyen, selon lui, de décourager nombre de requêtes.

«La densité de la population est déjà à la limite du supportable en zones de plaine et les investissements nécessaires pour permettre un nouvel accroissement démographique seraient énormes», explique l’Argovien. Bref, pour lui la barque est pleine et, pour preuve, il avance les chiffres révélés par Moritz Leuenberger. Le ministre des Transports avait parlé de 200 milliards de francs indispensables pour moderniser les infrastructures du pays, rappelle le libéral-radical.

En 2009, par rapport à 2008, l’immigration nette en provenance de l’UE a reculé de 34%, alors que celle en provenance d’Etats tiers n’a diminué que de 9%», a-t-il précisé dans un message au Conseil fédéral ce printemps.

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Les règles de nos voisins

Italie
L’utilisation de test d’ADN pour prouver une filiation a été mise en place dès 2001. Ces tests sont volontaires et pris en charge par l’Etat.

Allemagne
Pour obtenir un droit de séjour, les étrangers sont tenus de justifier de leur âge et de leur identité. S’ils s’y refusent, ou en cas de doutes très sérieux sur les documents fournis, les autorités peuvent recourir à une analyse d’ADN, entre autres.

Autriche
Le test d’ADN dans le cadre du regroupement familial, pratiqué depuis 2006, est effectué si le candidat ne peut pas fournir les documents prouvant la filiation.

France
Le projet de loi relatif à l’utilisation des tests d’ADN dans le cadre des procédures de regroupement familial, adopté le 23 octobre 2007 au Parlement, a suscité la polémique. Il a été rejeté par le Conseil constitutionnel.

Laszlo Molnar dans le Matin