Les jeunes délinquants étrangers dans la ligne de mire de Blocher
En croisade
On l’aura compris, le thème est cher à Christoph Blocher. C’est la deuxième fois en une semaine qu’il s’exprime au sujet de la délinquance juvénile. Hier, c’est flanqué de ses nombreux chefs d’offices, rapport et catalogue de mesures à l’appui, qu’il l’a fait. Des mesures en forme de programme électoral, désapprouvent ses détracteurs, déplorant qu’elles soient essentiellement axées sur la répression et très peu sur la prévention.
Si le conseiller fédéral admet que les statistiques des plaintes et des jugements pénaux ne permettent pas de tirer des conclusions précises sur le phénomène – en raison du «chiffre noir» de la criminalité qu’elles ignorent – il n’en constate pas moins une augmentation de la violence chez les jeunes. Selon le rapport présenté hier, le nombre de mineurs arrêtés pour lésions corporelles est passé de 760 à 1525 entre 1999 et 2006.
Etrangers dans le collimateur
Cette augmentation serait plus forte chez les étrangers, en particulier ceux originaires des Balkans. Jugeant que l’on fait habituellement trop de psychologie avec les auteurs de délits, il veut donner un signal clair aux jeunes immigrés qui ne respectent pas nos lois. C’est ainsi que le chef de file de l’UDC remet sur le tapis une idée lancée ilyaun an suite au viol, dans les Grisons, d’une fillette de cinq ans par deux garçons d’origine balkanique: expulser plus systématiquement les jeunes délinquants étrangers.
Pour Christoph Blocher, la famille devrait aussi être renvoyée. Ce dernier point, très controversé et selon certains spécialistes, contraire au droit pénal, ne fait toutefois pas partie du catalogue de mesures. Le patron de Justice et police veut également rendre plus difficile la naturalisation des auteurs de délits. Et enfin, accélérer la procédure pénale applicable aux mineurs. Toutes ces propositions sont mises en consultation jusqu’à fin août.
«Mesures simplistes»
Elles ne feront sûrement pas l’unanimité. «Ce rapport et ces mesures ne sont pas pragmatiques du tout, dénonce le chef de la police de sûreté neuchâteloise, Olivier Guéniat, dont le livre La délinquance des jeunes vient de paraître. C’est de l’idéologie populiste et électoraliste à la Sarkozy. Des mesures simplistes, même radicales, ne résolvent rien. Surtout quand on a affaire à de multiples et complexes facteurs, tels que le statut social, la précarité, etc.» Pour le criminologue, il ne s’agit pas de nier ou de relativiser le phénomène de la violence chez les jeunes. Mais il conteste la façon dont Christoph Blocher tourne les chiffres à son avantage. «On focalise sur les jeunes, mais la violence des adultes augmente dans une plus grande proportion. De même, on stigmatise les étrangers, mais les statistiques des infractions à l’intégrité sexuelle par des mineurs montrent par exemple qu’en 2005, sur 132 cas, 85 concernaient des Suisses. Christoph Blocher définit le degré d’intégration d’après la criminalité. Cela signifie-t-il qu’un Suisse qui commet une infraction n’est pas intégré?» Et de rappeler qu’à l’époque, on tenait sur les Italiens et Espagnols le même discours qu’actuellement sur les ressortissants des Balkans. «L’intégration, cela demande du temps et des investissements. Pas des lois simplistes.»
Un article d'ANTOINE GROSJEAN, dans le quotidien 24 Heures
En croisade
Le conseiller fédéral en charge du Département de justice et police, Christoph Blocher, souhaite expulser plus systématiquement les auteurs de délits étrangers ainsi que leur famille. Pour Olivier Guéniat, chef de la police de sûreté neuchâteloise, «l’intégration, cela demande du temps et des investissements. Pas des lois simplistes.»
Le conseiller fédéral a proposé hier un catalogue de mesures pour lutter contre la violence des mineurs. Sur un air de campagne électorale, il remet sur le tapis son idée d’expulser les jeunes délinquants étrangers et leur famille.On l’aura compris, le thème est cher à Christoph Blocher. C’est la deuxième fois en une semaine qu’il s’exprime au sujet de la délinquance juvénile. Hier, c’est flanqué de ses nombreux chefs d’offices, rapport et catalogue de mesures à l’appui, qu’il l’a fait. Des mesures en forme de programme électoral, désapprouvent ses détracteurs, déplorant qu’elles soient essentiellement axées sur la répression et très peu sur la prévention.
Si le conseiller fédéral admet que les statistiques des plaintes et des jugements pénaux ne permettent pas de tirer des conclusions précises sur le phénomène – en raison du «chiffre noir» de la criminalité qu’elles ignorent – il n’en constate pas moins une augmentation de la violence chez les jeunes. Selon le rapport présenté hier, le nombre de mineurs arrêtés pour lésions corporelles est passé de 760 à 1525 entre 1999 et 2006.
Etrangers dans le collimateur
Cette augmentation serait plus forte chez les étrangers, en particulier ceux originaires des Balkans. Jugeant que l’on fait habituellement trop de psychologie avec les auteurs de délits, il veut donner un signal clair aux jeunes immigrés qui ne respectent pas nos lois. C’est ainsi que le chef de file de l’UDC remet sur le tapis une idée lancée ilyaun an suite au viol, dans les Grisons, d’une fillette de cinq ans par deux garçons d’origine balkanique: expulser plus systématiquement les jeunes délinquants étrangers.
Pour Christoph Blocher, la famille devrait aussi être renvoyée. Ce dernier point, très controversé et selon certains spécialistes, contraire au droit pénal, ne fait toutefois pas partie du catalogue de mesures. Le patron de Justice et police veut également rendre plus difficile la naturalisation des auteurs de délits. Et enfin, accélérer la procédure pénale applicable aux mineurs. Toutes ces propositions sont mises en consultation jusqu’à fin août.
«Mesures simplistes»
Elles ne feront sûrement pas l’unanimité. «Ce rapport et ces mesures ne sont pas pragmatiques du tout, dénonce le chef de la police de sûreté neuchâteloise, Olivier Guéniat, dont le livre La délinquance des jeunes vient de paraître. C’est de l’idéologie populiste et électoraliste à la Sarkozy. Des mesures simplistes, même radicales, ne résolvent rien. Surtout quand on a affaire à de multiples et complexes facteurs, tels que le statut social, la précarité, etc.» Pour le criminologue, il ne s’agit pas de nier ou de relativiser le phénomène de la violence chez les jeunes. Mais il conteste la façon dont Christoph Blocher tourne les chiffres à son avantage. «On focalise sur les jeunes, mais la violence des adultes augmente dans une plus grande proportion. De même, on stigmatise les étrangers, mais les statistiques des infractions à l’intégrité sexuelle par des mineurs montrent par exemple qu’en 2005, sur 132 cas, 85 concernaient des Suisses. Christoph Blocher définit le degré d’intégration d’après la criminalité. Cela signifie-t-il qu’un Suisse qui commet une infraction n’est pas intégré?» Et de rappeler qu’à l’époque, on tenait sur les Italiens et Espagnols le même discours qu’actuellement sur les ressortissants des Balkans. «L’intégration, cela demande du temps et des investissements. Pas des lois simplistes.»
Un article d'ANTOINE GROSJEAN, dans le quotidien 24 Heures
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