mercredi 3 septembre 2008
Belgique : Expulsion du jeune Equatorien débouté
Le sort de Rothman Salazar, 19 ans, un Equatorien expulsé samedi 30 août vers Quito, a relancé, en Belgique, la polémique sur le droit d'asile, une question sur laquelle le gouvernement d'Yves Leterme n'est, après des mois d'hésitation, toujours pas parvenu à trouver un accord.
Le jeune homme était arrivé à Bruxelles il y a six ans avec sa mère, ses trois soeurs et son frère. Tous avaient introduit, en 2006, une demande de régularisation. Elle n'avait été octroyée qu'à la mère, pour des raisons médicales, et plus tard à l'une des soeurs, employée dans une mission diplomatique.
Le jeune homme avait, quant à lui, poursuivi un parcours scolaire jugé exemplaire avec, à la clé, un diplôme de l'enseignement secondaire, la maîtrise de plusieurs langues et la possibilité de devenir électromécanicien après des études supérieures pour lesquelles il était déjà inscrit.
Après avoir épuisé tous les recours, les avocats du jeune homme ont obtenu récemment d'un juge la suspension de l'expulsion en l'attente de l'examen d'une nouvelle demande d'asile, introduite sur la base d'un dossier médical évoquant les difficultés psychologiques du jeune homme. L'Office des étrangers l'a jugée "recevable mais non fondée", ce qui a entraîné, samedi soir, l'expulsion. Encadré par trois policiers, le jeune Salazar a été conduit à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol et embarqué sans résistance dans un avion.
L'affaire avait un caractère éminemment symbolique pour l'Office des étrangers, une administration contestée. En 2007, elle avait, en effet, été contrainte par un tribunal de renoncer in extremis à l'expulsion d'une mère équatorienne et de sa fille, Angelica, 11 ans. La voiture qui les emmenait vers les Pays-Bas avait dû rebrousser chemin, un juge ayant estimé fondée la plainte pour violences déposées par la mère.
"ANCRAGE LOCAL DURABLE"
"L'affaire Angelica" avait entraîné une forte mobilisation médiatique et politique. Elle avait incité des responsables à exiger la définition de critères clairs pour l'octroi du droit d'asile.
A l'issue de la longue crise institutionnelle qu'a traversée le royaume, le dossier semblait réglé : en mars, les cinq partis de la coalition fédérale étaient apparemment d'accord sur un plan retenant la notion d'"ancrage local durable", basée sur le fait que le demandeur a un travail, parle l'une des langues du pays, y séjourne depuis plusieurs années, etc.
Au vu de son profil, Rothman Salazar aurait dès lors pu continuer à séjourner en Belgique. Problème : le gouvernement n'a pas réussi à rédiger la circulaire énumérant précisément les critères retenus, en raison des différends politiques qui persistent sur ce sujet sensible. Les autorités ont ajouté à la confusion en octroyant des autorisations de séjour provisoires, assorties de permis de travail, à des clandestins qui avaient mené des grèves de la faim. Au début de l'été, d'autres ont tenté, en vain, de forcer des décisions en occupant diverses grues, sur des chantiers.
Le refus apparent de la ministre compétente, la libérale flamande Annemie Turtelboom, de mettre au point sa circulaire, irrite fortement le PS francophone, membre du gouvernement, qui la critique désormais ouvertement.
L'irrésolution du premier ministre Yves Leterme, incapable de forcer un consensus en ce domaine comme dans d'autres, est un autre facteur qui amène à penser que le sort des quelque 150 000 clandestins séjournant dans le pays ne devrait pas être modifié à bref délai.
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