mardi 30 septembre 2008

Les sans-papiers, un nouveau marché

Derrière les modifications apportées par Hortefeux aux conditions de la rétention administrative, se profile une mise au pas des associations et une «concurrence libérale déplacée» dénoncée par la Cimade.

La suite de cet article de Marianne

L'extrême droite autrichienne a profité de l'europhobie et de l'islamophobie


Jörg Haider et Heinz-Christian Strache célèbrent la percée de leurs partis respectifs. A elles seules, les deux formations d’extrême droite ont recueilli dimanche 29% des voix. (photo: Keystone)
AUTRICHE. Le politologue Jérôme Jamin estime que les électeurs ont voté ce week-end contre le système.

Stéphane Bussard
Mardi 30 septembre 2008


L'Autriche a vécu un séisme politique lors des élections législatives anticipées de dimanche. L'effondrement du parti conservateur ÖVP et le médiocre score des socio-démocrates du SPÖ ont permis une forte percée de l'extrême droite et de ses deux composantes, le FPÖ de Heinz-Christian Strache et le BZÖ de Jörg Haider. A elles seules, elles ont recueilli 29% des voix. Cette débâcle des vieux partis de la coalition a poussé lundi le chef de la droite autrichienne, le vice-chancelier sortant Wilhelm Molterer, à la démission. Politologue et spécialiste du populisme en Europe à l'Université de Liège, Jérôme Jamin décrypte le grand retour de l'extrême droite en Autriche. 

«L’extrême droite autrichienne arrive en tête chez les 16-18 ans!»

Avec près de 30% des voix, les partis de Haider et de Strache font une importante percée. Un article d'Olivier Bot dans 24 Heures.
Le vote sanction à la grande coalition en Autriche s’est porté sur deux formations d’extrême droite. Analyse de Jean-Yves Ca­mus, chercheur associé à l’Insti­tut de relations internationales et stratégiques à Paris.
– Est-on dans le même scénario que celui de la victoire de Haider en 1999?

– C’est en tout cas la même scène politique, à l’offre tou­jours aussi réduite. Avec deux grands partis qui dominent, au­jourd’hui en grande coalition. Les libéraux du Liberales forum par exemple, n’arrivent pas à percer. Les Verts non plus. Cela donne prise à une percée de l’extrême droite.
– Quels sont les électeurs qui se sont portés sur les partis de Haider et de Strache?

– Les premiers sondages de sortie des urnes montraient que 171 000 électeurs des sociaux­démocrates de 2006 ont voté pour le FPÖ de Strache et 75 000 pour le BZÖ d’Haider. 149 000 électeurs conservateurs de 2006 ont préféré le BZÖ et 86 000, le FPÖ. Le discours vi­rulent et les thèmes sociaux mis en avant par Strache sont bien passés dans l’électorat popu­­laire, tandis qu’il effraie les conservateurs catholiques qui se retrouvent mieux en un Hai­der qui s’est policé. Au plan national, les deux totalisent 29% des voix. Mais il reste encore 520 000 bulletins par correspondance qui ne seront dépouillés que le 6 octobre. On constate par ailleurs peu de transfert de voix d’un parti ex­trémiste à l’autre. En Carinthie, le fief de Haider, on arrive à un total hallucinant de 47%. Et l’inquiétant, c’est que pour les 16-18 ans – les citoyens qui se rendaient pour la première fois aux urnes – la première force politique est l’extrême droite avec 25%.
– Une alliance droite-extrême droite est-elle crédible? Et l’Europe peut-t-elle sanctionner l’Autriche comme en 2000?

– L’hypothèse d’une alliance droite-extrême droite semble se confirmer. Je ne crois pas en de nouvelles sanctions. La précé­dente a montré qu’elles avaient eu pour effet de renforcer un électorat prompt à la victimisa­tion et au rejet de l’Europe.
– Comment expliquer cette nouvelle poussée d’extrême droite?

– La question de l’identité euro­péenne est centrale. Comme celle de la redéfinition de la social-démocratie. Quand la gauche s’allie à sa droite, elle perd son électorat populaire et les élections. On constate aussi qu’avec la quasi-disparition des partis communistes, la fonction tribunitienne et protestataire est récupérée par l’extrême droite. OLIVIER BOT

La ville soutient l’intégration des migrants

Le pôle de compétences en matière d’intégration des migrants est désormais officiellement reconnu par les autorités.
Un mois après leur emménage­ment sous le même toit, à la rue du Collège 4 à Yverdon-les­Bains, les représentants de Lire et Ecrire, de Caritas, d’Apparte­nances et du Centre social pro­testant (CSP) ont vécu un autre grand moment, hier après-midi, avec la signature de la conven­tion qui les lie désormais à la ville d’Yverdon.

Le syndic, Rémy Jaquier, et les représentants de Lire et Ecrire, de Caritas, d’Appartenances et du CSP, au moment de la signature de la convention.
OLIVIER ALLENSPACH


Un événement synonyme de reconnaissance officielle du nouveau pôle de compétences en matière d’intégration des migrants, né du regroupement des quatre entités. Un rappro­chement géographique qui, comme l’a rappelé Erika Volk­mar, directrice d’Appartenan­ces, «permet de créer des syner­gies, d’encourager l’information entre les quatre associations et, surtout, de mettre en commun des connaissances en matière d’intégration et de formation.» Tout en garantissant l’indépen­dance de chacune des entités dans la gestion et les presta­tions. A savoir: offrir des cours de lecture et d’écriture pour Lire et Ecrire, enseigner le fran­çais aux migrants pour Caritas, accompagner et suivre la créa­tion de projets dans le domaine de l’intégration pour le CSP et organiser repas, ateliers et ani­mations pour les femmes et les enfants migrants pour Apparte­nances.
Des offres que les quatre as­sociations se sont engagées à fournir en signant hier cette convention de deux ans, recon­ductible d’année en année. En échange, la Municipalité d’Yver­don- les-Bains met à leur dispo­sition les locaux de la rue du Collège 4, dont elle assume le loyer via une subvention, ainsi que les charges de chauffage et de nettoyage. R. M. dans 24 Heures.

La Forteresse

Un chef-d'oeuvre du compromis helvétique: lettre de M. Alain Simon, Lausanne, dans le courrier des lecteurs de 24 Heures

Fernand Melgar déclare faire des films engagés, mais pas militants Le dernier film de Fernand Melgar, qui a gagné le Léopard d’or à Locarno, relate la manière dont les requérants d’asile qui arrivent en Suisse sont traités au centre d’enregistrement de Vallorbe. Cette oeuvre d’une grande sensibilité nous montre un univers carcéral dur, mais elle met avant tout l’accent sur l’humanité de l’ensemble des personnages, tant ceux qui travaillent dans ce centre que les demandeurs d’asile qui arrivent après un voyage souvent très long et difficile.
Il s’agit surtout d’un film remarquable parce que chacun, selon sa sensibilité, pourra se sentir conforté sur la nouvelle politique d’asile en vigueur depuis le début de l’année, quelle que soit son opinion. Si vous êtes partisan du statu quo ou d’un durcissement de cette politique, ou si vous jugez les nouvelles lois sur l’asile franche­ment inhumaines, vous allez y trouver votre compte.
La forteresse peut être consi­déré comme un chef-d’oeuvre du compromis helvétique sur un sujet très polémique. Cette position renforce l’opinion majo­ritaire qui a voté pour l’adoption des nouvelles lois, il y a bientôt deux ans. On peut se demander si c’est une bonne chose puisque ces textes ont été sévèrement condamnés dernièrement par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (ONU); il est tout de même difficile de dire qu’une telle organisation déve­loppe des positions extrémistes…

 

lundi 29 septembre 2008

Des ponts, pas des murs

L’appelation, en elle même, est déjà évocatrice d’un monde que l’on souhaite meilleur, un monde qui bâtirait des ponts de solidarité entre ses composantes, et non des murs d’égoïsme et d’indifférence dont chaque pierre est la seule réponse apportée à des peurs irrationnelles. Aussi, derrière cette proposition, il y a un collectif d’organisations [1] issues de la société civile qui appelle à soutenir et à participer au sommet citoyen sur les migrations qui se tiendra à Paris les 17 et 18 octobre 2008.

EUROPE - IMMIGRATION : LA FORTERESSE EUROPE DRESSE UNE NOUVELLE BARRICADE.


Illegaux: Camer.beLes ministres de la Justice et de l’intérieur européens ont validé le 25 septembre dernier à Bruxelles après des négociations diverses entre les différentes parties le pacte européen de l’immigration. Ce pacte, fruit de dures négociations entre les 27 est qualifié par plusieurs organisations de défense des droits des immigrés de « directive de la honte » durcit un peu plus les conditions d’accès, de séjour et d'éloignement des étrangers en Europe.

Les chefs d’Etat doivent l’entériner officiellement lors du sommet de l’UE du 15 et 16 octobre prochains. Ce pacte  reprend pour partie le concept « d’immigration choisie » du président français Nicolas Sarkozy et comprend cinq grandes règles.

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samedi 27 septembre 2008

Portes ouvertes des foyers d'asile fribourgeois

Lu ce samedi dans La Gruyère

Responsable du suivi et de l'hébergement des requérants d'asile dans le canton de Fribourg, la société ORS Service AG ouvre, aujourd'hui, ses foyers au public. L'occasion de se plonger dans le quotidien de ces migrants, comme au foyer des Passereaux, à Broc. Reportage, hier, lors de la journée des médias.




Sur les hauteurs de Broc, le foyer des Passereaux accueille 60 requérants d'asile. Comme quatre autres établissements du canton, il est ouvert au public ce samedi (photo Claude Haymoz)



Inviter la population à s'immiscer le temps d'une journée dans le quotidien d'une partie des 1300 requérants d'asile du canton, tel est l'objectif de l'opération «portes ouvertes» d'aujourd'hui (de 10 h à 16 h) des foyers de Fribourg, Broc et Estavayer-le-Lac. L'initiative est lancée par la société ORS Service AG, chargée depuis le 1er janvier 2008 par le Conseil d'Etat d'assurer les tâches d'asile du canton de Fribourg. Vendredi matin, représentants des communes, fonctionnaires et médias ont également été conviés à se faire une idée du suivi, de l'encadrement et de l'hébergement des requérants d'asile et de personnes admises à titre provisoire. Avec notamment deux visites en Gruyère.

A Broc, l'ambiance est tendue
au foyer des Passereaux. Devant l'ancienne colonie de vacances construite sur la route menant au Motélon, un requérant kurde s'agite: «Cela fait dix mois que je suis ici, il y a de gros problèmes d'hygiène et de propreté. On travaille depuis trois jours pour que les lieux soient présentables, mais ce que vous allez voir, ce n'est pas la réalité. Nous avons aussi des problèmes avec les douches: si on veut avoir de l'eau chaude, il faut se lever à 4 ou 5 h du matin.»

L'établissement brocois est un des quatre lieux de «premier accueil» fribourgeois: 60 requérants attribués par la Confédération au canton y séjournent, pour une durée minimale de trois mois. Difficile de juger la véracité des critiques, relayées par d'autres pensionnaires et des associations de défense des requérants (voir ci-dessous). Tout au plus, le visiteur peut constater l'exiguïté des chambres - quatre personnes se partagent 15 m2 - et l'aspect sinistre du réfectoire commun. A côté du bâtiment principal, un cabanon en bois destiné à l'enseignement du français et à la préscolarisation des enfants.

«C'est vrai que les locaux sont vétustes et que le confort est minimal, mais il ne faut pas exagérer: ce n'est pas une prison», note Inci Rahmanay, la responsable des lieux, qui souligne que de nombreux résidents se plaignent d'«être perdus en pleine montagne» et préféreraient être logés dans les foyers de Fribourg. Il faut dire que le suicide d'un requérant en mars n'a pas arrangé la situation. «On n'a rien vu venir, l'homme était psychologiquement malade», note-t-elle.

Directeur opérationnel d'ORS pour le canton de Fribourg, Claude Gumy ne s'alarme pas de la mauvaise humeur exprimée par certains pensionnaires. «Cela illustre des problèmes que nous rencontrons tous les jours. Les requérants vivent des situations difficiles, mais il est évident que certains profitent de la présence de visiteurs pour les monter en épingle.»



Bulle, «deuxième accueil»
Après une fin de visite mouvementée, le cap est mis sur Bulle, où est programmée la visite du complexe locatif de la rue d'Essert 2, qui accueille une soixantaine de personnes. Dans le canton, ORS gère quelque 300 appartements de ce type. Pour les requérants, il s'agit d'une étape supplémentaire: après avoir séjourné dans un centre de premier accueil, où ils étaient suivis 24 heures sur 24, ils ne sont plus hébergés dans un logement assurant un encadrement permanent. Dans le jargon, on parle de «phase de deuxième accueil».

La durée du séjour dépend de la procédure. «Certains sont là depuis cinq ans», explique Esed Ahmeti. L'intendant avoue qu'il doit parfois lutter pour que les locataires - tous des célibataires - s'attellent aux tâches ménagères. Chaque appartement est constitué de trois chambres - partagées à deux - d'une cuisine et de sanitaires communs. Sur le seuil de sa chambre, un Guinéen de 40 ans engage la conversation. Arrivé au centre d'enregistrement de Vallorbe, il a séjourné deux mois dans le foyer de Broc, avant d'arriver à Bulle il y a une année et demie. «Dans mon pays d'origine, je travaillais dans l'agriculture. Ici, je fais des petits boulots, en passant par une entreprise de placement temporaire.»



Dernier maillon à la Poya
Pour les visiteurs, la matinée de vendredi se termine par un coup d'oil au foyer de la Poya à Fribourg. Particularité de ce centre d'une capacité de 100 places, il est réservé à l'hébergement de personnes déboutées. «Personne n'a de chambre attribuée, précise le responsable. Les résidents doivent quitter les lieux entre 9 h et 17 h et renouveler leur autorisation de séjour chaque semaine auprès du Service de la population et des migrants.» Dernier maillon de l'assistance aux réfugiés, cette aide est conçue dans le but de répondre à l'article 12 de la Constitution fédérale sur la préservation de la dignité humaine.



Polémique en toile de fond
«ORS marchand de misère». C'est avec cette banderole qu'une dizaine de requérants et quelques membres du Centre de contact Suisses(esses)-immigrés(es)/SOS racisme et du Collectif autonome des immigré.e.s. ont accueilli les visiteurs devant le foyer de la Poya. Sur la base de témoignages recueillis auprès de requérants et de personnes frappés d'une décision de non entrée en matière, les deux associations accusent l'entreprise ORS Service de s'enrichir sur le dos des migrants.

Dans un tract, les manifestants dénoncent la «formation volontai-rement insuffisante et défaillante du personnel d'encadrement des requérants aux fins d'économie» et la «réduction coercitive de l'assistance sociale aux requérants aux fins d'enrichissement d'ORS». Concernant ce dernier point, les deux associations disent avoir la preuve qu'ORS pousse les chefs de centres à prendre des sanctions financières à l'encontre des requérants: «Lorsqu'un résident d'un foyer d'accueil quitte sa chambre en oubliant d'éteindre la lumière ou de fermer la fenêtre, ou si la chambre n'est pas jugée assez propre, il s'expose, après un premier avertissement écrit, à une réduction de l'assistance sociale qui lui est due.»

Des accusations rejetées en bloc et qualifiées de «mensonges» par les responsables d'ORS. En charge de la Direction de la santé et des affaires sociales, Anne-Claude Demierre témoigne également sa confiance en l'entreprise. «Aucun bénéfice ne se fait sur le dos des requérants et l'ORS fait son travail avec humanité.» Interpellée dans le tract des manifestants sur le contrôle d'ORS, la conseillère d'Etat assure que ses services opèrent des contrôles réguliers sur les activités de l'entreprise privée. «Des visites sont faites à l'improviste dans les différents centres du canton», précise-t-elle, ajoutant qu'«il n'est pas question de remettre en cause le travail de notre mandataire».

Active depuis 1992, ORS gère notamment les six centres d'enregistrement de la Confédération et assure le suivi et l'hébergement des requérants pour plusieurs cantons, dont Zurich et Soleure. Dans le canton de Fribourg, elle a repris le 1er janvier 2008 un mandat, jusqu'alors confié à la Croix-Rouge.

LLes musulmans prêts à faire une croix sur le minaret


RÉACTIONS | Le peuple suisse devra se prononcer sur l’initiative antiminarets. Le texte a déjà fait grand bruit. Mais qu’en pensent les principaux intéressés? Réponses de musulmans de la mosquée de Genève et du Centre islamique de Lausanne.
Lire dans 24heures

© PASCAL FRAUTSCHI | En Suisse, on trouve entre 130 et 140 lieux de prières musulmans. Seul deux, dont celui de Genève (photo), ont un minaret.

STÉPHANIE ARBOIT | 27.09.2008 | 00:04

L’incompréhension. Sans animosité, mais presque avec incrédulité. C’est
le sentiment qui domine, face à l’initiative antiminarets, au Centre
islamique de Lausanne. Avant le repas de rupture du jeûne – Ramadan
oblige –, parmi le va-et-vient vers la salle de prière aux tapis
colorés, les hommes se plient volontiers aux questions. Sauf, bien
entendu, ceux qui sont en retard pour leurs oraisons.

L’initiative suscite parfois un «sentiment désagréable», voire de la
douleur. «Ça me fait un peu mal», avoue le Camerounais Idriss, 30 ans.
Mais quelques-uns restent indifférents, comme Hadi, 49 ans, d’origine
cambodgienne, en Suisse depuis trente-cinq ans et converti à l’islam
depuis vingt-deux ans: «Cette initiative ne me fait ni chaud ni froid.»

En cela, Hadi est proche des musulmans interrogés devant la mosquée
de Genève. L’édifice, qui se fond dans le paysage, sert 700 repas
chaque soir pendant le Ramadan. D’où des visiteurs bigarrés. Qui
balaient en riant l’initiative comme un «faux problème».
Mais ne serait-ce pas parce que leur centre possède déjà son minaret,
et ce depuis 1975? «Non, pas besoin de minaret pour prier. L’objet
architectural n’a aucune incidence sur notre foi, qui se trouve dans
notre cœur» est la réponse qui fait l’unanimité, et ce d’ailleurs aussi
bien au bout du lac que dans la capitale vaudoise.

Seul Mourad, 45 ans, soulève une autre explication au «désintérêt»
général pour l’initiative: «Nous ne donnons pas d’importance à ce texte
pour ne pas créer de problème. Pour ne pas offenser les Suisses non
musulmans. De même que nous ne vous demanderons pas de mettre un voile
pour rentrer dans notre centre.»

Cette ouverture qu’ils prônent les fait dénoncer l’argument de
réciprocité, souvent mis en avant dans le débat sur les minarets. «En
Tunisie ou en Syrie où j’ai étudié, cela ne m’est jamais venu à
l’esprit de m’élever contre les cloches des églises! Et les peuples de
ces pays n’y pensent pas non plus!» insiste Wahid, 50 ans, qui essaie
de faire reconnaître en Suisse sa formation de juriste tout en
pratiquant dans l’intervalle le métier d’apiculteur.

Contre les minarets ou contre les musulmans?

«C’est la démagogie du bla-bla»: beaucoup de croyants dénoncent «la
dimension électoraliste de l’initiative, qui joue sur les peurs au lieu
d’essayer de comprendre ce qu’est l’islam» et stigmatise une catégorie
de croyants.

G., 41 ans, d’origine suisse allemande, refuse de révéler son prénom
parce que «la religion relève de la sphère privée» et qu’il ne souhaite
pas que ses collègues de travail apprennent qu’il est musulman. «Les
tenants de l’initiative assimilent l’islam aux Arabes et aux requérants
d’asile, estime-t-il. Pour eux, qu’un Suisse comme moi se soit converti
est incompréhensible. Je votais UDC et il y a encore des choses qui me
plaisent dans le discours de ce parti. Mais sur certains points, il va
trop loin.»

«Moi aussi je suis «Suisse de souche» et ils ne peuvent donc pas me
foutre dehors!» renchérit Christophe, 42 ans, converti depuis 1995.
Confiance dans la démocratie semi-directe

Autre Suisse «depuis toujours», Jérôme, 39 ans, ingénieur civil
converti depuis quinze ans, s’étonne: «Mettre dans la Constitution un
article qui concerne la police des constructions est un abus de notre
démocrate semi-directe, qui n’est pas faite pour régler ses comptes
avec telle ou telle communauté.» Wahid, justement, a foi dans le système suisse: «C’est exclu que
l’initiative passe, car le peuple suisse est un peuple de paix qui
n’acceptera pas ce système de guerre.»

«J’espère qu’en tant que musulmans nous profiterons de l’initiative
pour sortir du bois et montrer notre visage, qui n’est pas mauvais et
extrémiste, contrairement à ce que l’on voudrait faire croire»,
conclut, dans le même élan d’optimisme, Jérôme.



Différents aspects du minaret

«Le fait d’avoir des minarets sur nos lieux de prière n’est pas prioritaire, affirme Adel Mejri, président de la Ligue des musulmans de Suisse. La preuve: il y a environ 130 à 140 centres islamiques sans minarets en Suisse, contre seulement deux mosquées avec.»

C’est que l’islam n’impose pas le minaret, qui n’est en aucun cas sacralisé. «Même dans les pays musulmans, le minaret n’est pas toujours présent dans les villes, sauf sur les grandes mosquées, symboles de beauté et de pouvoir comme ont pu l’être nos cathédrales, explique Stéphane Lathion, historien et chercheur au Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (GRIS). Historiquement, il servait à situer le lieu de culte, comme nos clochers.» L’autre fonction pratique étant l’appel à la prière. «Mais qui peut tout aussi bien se faire depuis le perron de l’entrée du lieu de culte.»

En dernier lieu, il ne faut pas oublier la dimension de mémoire ou d’affectivité: «Le minaret aide certaines personnes à identifier le lieu qu’elles voient comme étant bel et bien une mosquée. Dans une dynamique d’exil ou d’immigration, il peut être rassurant de penser «cela ressemble au pays que j’ai quitté». ST. A.



Non aux minarets et non à leurs détracteurs

L'édito de Nicolas Verdan, rédacteur en chef adjoint

Les minarets n’intéressent pas les musulmans de Suisse. Ils nous le disent. L’initiative visant leur interdiction leur apparaît même surréaliste. Indifférence, volonté de ne pas offenser la culture dominante judéo-chrétienne, inutilité de l’édifice en question, la majorité d’entre eux désamorce la polémique. Pour se distancier d’un débat jugé sans objet.

Prenant à rebours à la fois les adversaires les plus farouches des minarets et ceux qui les défendent la bouche en cœur, au nom d’une «ouverture» empreinte de politiquement correct, la communauté islamique donne même une leçon de bon sens. Pourquoi s’embarrasser de tels édifices, aujourd’hui inutiles à l’équilibre confessionnel? Notre pays offre la liberté de culte aux musulmans. Tous ceux qui ressentent l’envie ou le besoin de prier le savent. Point besoin de muezzin pour les rappeler au bon souvenir de l’imam. L’heure des cultes est connue au sein de la communauté. Les affichettes et les courriels suffisent à l’appel.

Dès lors, pourquoi des tours flanquées aux coins des mosquées? A l’origine, la fonction du minaret, comme celle du clocher, servait de point de repère aux fidèles. Les détracteurs des minarets ne s’en rendent pas compte. Leur initiative vise en fait des moulins à vents. Or, cette croisade qui fait soupirer le musulman de Suisse, l’«ennemi» désigné, n’est pas seulement dérisoire. Elle est aussi bête que dangereuse. En jouant avec des peurs sans fondement, comme celle de nos villes hérissées de tours islamiques, les initiants donnent une fausse image de la Suisse. L’islam y serait bafoué, ses fidèles interdits de prière et
les mosquées bannies de l’espace public. Un portrait peu avantageux, brossé par de «bons Suisses» et qui s’achètera roupie comptante dans les pires souks islamistes. Retours de flamme garantis.

UE: le pacte sur l'immigration est bouclé

Le conseil des ministres européens de la justice et des affaires intérieures, a adopté jeudi 25 septembre 2008, le pacte européen sur l'immigration et l'asile. Cet accord vise à mettre en place une panoplie de mesures, pour conditionner l’entrée et le séjour des étrangers en Europe.
Immigration : les 27 pays membres de l’UE adoptent un nouveau pacteLe pacte, qui sera soumis au sommet européen en octobre prochain, vise notamment à organiser l’immigration légale en tenant compte des priorités, des besoins et des capacités d’accueil déterminés par chaque Etat membre de l’Union Européenne (UE). Il vient également dans le cadre d’une volonté européenne de faire bloc contre l’immigration clandestine, à travers le durcissement des contrôles aux frontières, et l’instauration de nouvelles loi qui limiteraient les flux migratoires, à l’instar de l’Espagne avec son projet de retour volontaire.

D’un autre coté, les ministres européens ont adopté un projet de "Carte bleue". Objectif, satisfaire les besoins en matière de main d’oeuvre qualifiée, tout en mettant en place, une procédure commune entre les pays européens, qui faciliterait d’avantage l’admission des immigrés hautement qualifiés, à l’image de l’immigration choisie lancée par le président Français, Nicolas Sarkozy.

Par ailleurs, bon nombre d’euro-députés n’ont pas caché leurs doutes et leur inquiétude, sur la façon d'appliquer ces lois. Ils souhaitent inciter les états membres à utiliser des moyens incitatifs, plutôt que d'adopter une politique de menaces et de sanctions. Leurs opposants ont estimé quant à eux, qu'il était grand temps de limiter les flux migratoires à travers une stratégie européenne progressive en matière d’asile et d’immigration.

Avec l’adoption du nouveau pacte européen, la forteresse Europe dresse une nouvelle barricade.

Mohcine Lourhzal
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jeudi 25 septembre 2008

La Cimade écartée des centres de rétention


Sans papiers et sans témoins
Le gouvernement a retiré à l'association son monopole d'accès aux centres de rétention. Par qui et comment seront contrôlées les conditions d'enfermement pour étrangers ?


Cette année, un dossier aride et déprimant est en train de devenir l'ouvrage culte, qu'on se passe entre journalistes, politiques ou associatifs. C'est le dernier rapport de la Cimade sur la situation des sans-papiers dans les centres de rétention, où ils attendent leur expulsion. La raison de son succès est aussi sinistre que les 296 pages qui composent l'édition 2007 : ce rapport est le dernier. D'ailleurs, la Cimade, seule association autorisée en France a travailler dans les centres de rétention depuis leur création en 1984, risque elle-même d'en être expulsée l'année prochaine.
Depuis plusieurs mois, en effet, les contestations se multiplient autour de ces centres, qui sont peu à peu devenus un des emblèmes de la politique des «quotas d'expulsion», mise en oeuvre par le ministre Brice Hortefeux. Dans ce contexte, les rapports annuels de la Cimade étaient plus que jamais l'unique lucarne sur la vie quotidienne en ces lieux d'enfermement. Aurait-on su sans elle qu'un bébé de 3 semaines avait été mis en rétention, il y a quelques mois, à Rennes ? Que lacets, ceintures, briquets, stylos sont généralement confisqués, l'accès au téléphone improbable, alors qu'il devrait être libre ? Que le Coran est saisi car «il pourrait servir à allumer un feu» ? Ou bien que, en février dernier à Vincennes, des «étrangers retenus» avaient été forcés de regagner leur chambre, chassés par une soixantaine de policiers, dont un armé de Taser ? Deux ont fini à l'hôpital, une enquête est en cours.

Lire la suite dans le Nouvelobs

mercredi 24 septembre 2008

Expulsion d'une famille vaudoise



Diplômé, bien noté, payant ses impôts, Xavier reste un clandestin

MIGRANTS - En Suisse depuis 1997, un couple d'Equatoriens sans papiers et ses deux filles doivent quitter le territoire à la fin du mois. Fait marquant, le père a obtenu en toute légalité un CFC de sommelier et un titre menant à la patente. Une pétition a été remise hier au Grand Conseil.


MARTINE CLERC

Xavier Guanoluisa ne comprend pas. «Je suis déçu, avec tout ce que nous avons fait pour nous intégrer. Mais je vais continuer à me battre», explique-t-il dans un français impeccable. Accompagné de son épouse et de ses deux petites filles, il a déposé, hier au Grand Conseil, une pétition garnie de 1150 signatures «pour que la famille puisse poursuivre sa vie dans le canton de Vaud».

Xavier Guanoluisa est arrivé en Suisse il y a onze ans. Lui et son épouse ont, depuis, travaillé sans discontinuer, lui dans la restauration, elle comme femme de ménage ou maman de jour. Tous deux avec un casier judiciaire vierge. Aujourd'hui, ils doivent partir, le Tribunal administratif fédéral ayant confirmé, fin 2007, le refus de la Confédération de leur accorder un permis humanitaire. Leur délai de départ est fixé au 30 septembre.

Le Service vaudois de la population avait, lui, donné un préavis positif en 2005, au vu de la bonne intégration du couple. Celui-ci avait déposé une demande de permis. «Plusieurs centaines de sans-papiers du canton de Vaud ont reçu ces mêmes décisions, explique Christophe Tafelmacher, avocat et membre du Collectif de soutien aux sans-papiers. Mais le fait que ce monsieur ait obtenu des titres professionnels en Suisse est bien plus rare. » En effet, Xavier Guanoluisa, a décroché en 2006 son CFC de sommelier en cours d'emploi, accompagné du Prix spécial pour la meilleure note en pratique. Le printemps dernier, il a encore obtenu le certificat cantonal d'aptitudes et de diplôme pour licence d'établissement (ancienne patente), qui lui permettrait d'ouvrir un établissement public). Il a aussi passé son permis de conduire.

«Politique schizophrène»

Comment est-ce possible d'obtenir ces titres officiels sans permis de séjour? Au Service cantonal de la formation professionnelle, Alain Garnier explique: «Ce parcours n'a rien d'exceptionnel. Il est possible de passer un examen de fin d'apprentissage sans être en possession d'un titre de séjour. Cette personne suivait les cours professionnels comme auditeur. » Durant toutes ses années d'activité professionnelle, dans différents établissements publics vaudois, Xavier Guanoluisa s'est acquitté de ses cotisations sociales et a payé ses impôts, lorsque ses employeurs ne s'y opposaient pas. De 2004 à 2007, le temps de la procédure, l'Equatorien a bénéficié «d'attestations de tolérance» cantonales de trois mois renouvelables, lui permettant d'être employé légalement. Il a ainsi travaillé au Café-Restaurant du Raisin, à Lausanne. Antonio Cabido, son patron, est consterné: «Ce n'est pas normal de renvoyer quelqu'un qui a accompli toutes ces formations. Il fait un excellent travail. »

A Lausanne, le nombre d'Equatoriens travaillant sans statut légal est estimé à 500 personnes. Ils seraient de 10 000 à 15 000, toutes nationalités confondues, à vivre et à travailler clandestinement dans le canton. Roger Saugy, député socialiste fustige une politique schizophrène: «Soit on assume les lois et on expulse la centaine de milliers de sans-papiers qui font vivre l'économie suisse, soit on trouve une solution pour les intégrer quand ils sont restés ici si longtemps. »

Un droit des étrangers aseptisé




Paru le Mercredi 24 Septembre 2008 dans le Courrier
MICHEL SCHWERI
Régions MIGRATIONS - Après un an de veille, l'Observatoire romand du droit d'asile et des étrangers tire un bilan catastrophique de l'application des nouvelles lois dans ces domaines.
Deux ans après le scrutin populaire ayant plébiscité les lois sur l'asile et sur les étrangers à deux tiers des votants, les défenseurs des migrants ne baissent pas les bras. L'Observatoire romand du droit d'asile et des étrangers (ODAE) marque à sa façon cet anniversaire en publiant aujourd'hui même son premier rapport annuel d'observation des pratiques des autorités dans ces deux domaines. Il y dénonce une cinquantaine de situations individuelles dramatiques et, généralisant le propos, livre un état des lieux global peu reluisant de la politique helvétique.
Fidèle à sa vocation d'«observatoire», la nouvelle structure des défenseurs des migrants recueille des informations et des témoignages de première main auprès de ses correspondants, secrétaires syndicaux, aumôniers et citoyens actifs, explique Aldo Brina, le permanent de l'ODAE. Il vérifie les cas, les recoupe et ne retient finalement que les dossiers absolument fiables. «Nos dénonciations sont solidement documentées», affirme Yves Brutsch, président de l'observatoire et conseiller juridique au Centre social protestant de Genève, «les autorités n'y ont jamais relevé d'erreur».
Fort de ce matériel, l'ODAE se sent «trompé» par les promesses des autorités formulées avant le vote. Selon le président de l'observatoire, de nombreuses interventions des autorités durant le débat référendaire promettaient une «application modérée» des dispositions les plus controversées.


Promesses non tenues

Dans le droit des étrangers, Thierry Horner, collaborant avec l'ODAE pour le Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs, tire toutefois un bilan très négatif des «régularisations au compte-gouttes» des salariés sans-papiers. Moins d'un millier de personnes en ont bénéficié. Le durcissement des pratiques touche désormais les enfants et les adolescents, critique le secrétaire syndical. «Auparavant, les autorités admettaient qu'une enfance passée en Suisse débouchait sur un permis humanitaire, aujourd'hui, ce n'est plus le cas, mais ces jeunes étrangers ne peuvent souvent pas être renvoyés.» A ses yeux, seule une régularisation collective des sans-papiers est susceptible de débloquer ces situations.
Même chose sur le front de l'asile. Berne promettait une application «différenciée» de l'aide d'urgence en faveur des requérants d'asile les plus vulnérables, rappelle M.Brutsch. «Mais nous connaissons une femme avec quatre enfants qui doit se contenter de 900 francs par mois. De fait, les seules exceptions que nous connaissons ont été obtenues sur recours.» De même pour les requérants se présentant sans papier d'identité, complète Aldo Brina. «Sur six mois, nous avons étudié 121 cas soumis au Tribunal fédéral administratif. Pas une fois les juges n'ont admis l'absence de papiers, tous ces requérants ont été frappés de non-entrée en matière, même en provenance d'Ouganda où les cartes d'identité n'existent tout simplement pas...»

[France] Étrangers : silence on enferme !

http://www.gisti.org/spip.php?article1210

Action Collective

Étrangers : silence on enferme !

Le ministère de l’immigration vient de faire paraître un appel d’offre relatif à « l’information en vue de l’exercice » des droits des étrangers dans les centres de rétention administrative suite à la publication d’un décret en date du 22 août 2008.

Cet appel d’offre intervient dans un contexte très préoccupant, que traduisent notamment :

  • les quotas d’expulsion, qui induisent non seulement des interpellations tous azimuts, mais aussi des dérives scandaleuses de la part des services des préfectures et de la police ;
  • la généralisation des rafles d’étrangers ;
  • la mise en place de fichages de tous les étrangers (fichier Eloi) ou de leurs soutiens (fichier Edvige) ;
  • l’adoption de la directive de la honte dite « retour », le 18 juin 2008, par le Parlement Européen, qui systématise l’enfermement des migrants ;
  • la construction exponentielle des centres de rétention dans toute la France ;
  • l’externalisation des lieux de rétention hors des frontières de l’Union européenne ;
  • des conditions quotidiennes de rétention dénoncées tant par les retenus étrangers, les associations et les parlementaires que par des instances européennes ou internationales,
  • l’arrogance du gouvernement face aux critiques de sa politique d’immigration, qui détruit des familles, expulse des enfants, pousse au désespoir et va jusqu’à provoquer des morts ;
  • la remise en cause du travail de la Cimade, qui permet à des milliers d’étrangers de faire valoir leurs droits devant les juridictions françaises (tant sur leurs conditions d’interpellation, de rétention et de reconduite à la frontière) et de faire connaître ce qui se passe dans les lieux de rétention ;
  • les tentatives (notamment dans le cadre d’une réforme constitutionnelle) de mettre au pas les juges qui sanctionnent les pratiques illégales des préfectures et les violations des droits des étrangers retenus.

Aujourd’hui, le gouvernement veut rendre muettes et dociles les associations qui interviendraient dans les centres de rétention en :

  • divisant en « lots », pour mieux régner, les divers sites d’intervention des associations ;
  • écartant les regroupements d’associations de l’appel d’offres, ce qui rendra très difficile l’élaboration de bilans nationaux sur la situation dans les lieux de rétention ;
  • obligeant ces associations à distribuer la documentation fournie par l’administration ;
  • imposant à ces intervenants – sous la menace financière d’une rupture sans indemnité - un devoir de neutralité et de confidentialité, obligations incompatibles avec la défense effective des droits des étrangers placés en rétention.

En bref, le ministre de l’immigration veut des associations aux ordres, afin que les centres de rétention, loin de tout regard critique, redeviennent des espaces sans contrôle.

Jeudi 11 septembre 2008

Norvège: durcissement des règles d'asile

Le gouvernement norvégien adopte un train de mesures pour limiter le nombre de demandeurs d'asile en Norvège. Cette question délicate soulève la controverse au sein même de la coalition gouvernementale au pouvoir.

Les nouvelles mesures rendent la tâche plus difficile aux demandeurs du statut de réfugié qui arrivent en Norvège avec l'intention d'y rester. Dorénavant, les responsables de l'immigration feront leur évaluation au cas par cas, et les demandeurs qui viennent d'un pays instable ou ravagé par la guerre ne seront plus acceptés d'office sur la base de leur origine, comme c'était le cas jusqu'à maintenant.

La Norvège effectuera par ailleurs un meilleur suivi des réfugiés qu'elle accueille, à l'image des autres pays européens. La réunification familiale des réfugiés ne surviendra que si le réfugié accumule quatre années d'éducation et d'expérience au travail en Norvège. Le gouvernement a aussi l'intention de renvoyer davantage de demandeurs du statut de réfugié dans le premier pays où ils ont fait leur demande. Dans la plupart des cas, les demandeurs d'asile qui aboutissent en Norvège ont déjà vu leur candidature rejetée ailleurs.

Consternation chez les socialistes

La gauche socialiste (SV), qui fait partie de la coalition gouvernementale, est consternée de cette décision. « Il fut malheureusement impossible pour nous de se mettre d'accord avec le reste de la coalition sur deux points, affirme Kristin Halvorsen, chef de la gauche socialiste. Ces deux points sont le traitement réservé aux enfants et la manière dont nous entendons suivre les normes de l'ONU concernant les réfugiés. » Selon elle, le désaccord est "sérieux". Elle précise toutefois que les instances de son parti n'ont pas exigé que la gauche socialiste se retire du gouvernement pour manifester son désaccord.

Les travaillistes (AP) de Jens Stoltenberg (photo) estiment que les modifications sont nécessaires. Ils affirment que la Norvège a accueilli 6500 demandeurs d'asile l'an dernier, et que ce chiffre atteindra 15 000 cette année. Le pays de 4.5 millions d'habitants ne peut tout simplement pas absorber tous ces réfugiés, selon eux.

mardi 23 septembre 2008

Asile : le ton se durcit !

Rapport sur l’asile en Suisse

Rapport sur l’asile en Suisse [©Keystone]


Le ton se durcit dans le domaine de l'asile en Suisse. C'est le constat principal du premier rapport annuel de l'Observatoire romand du droit d'asile et des étrangers, présenté ce matin à Genève. Les étrangers feraient les frais de la révision de la loi sur l’asile. Interview d’Aldo Brina, secrétaire permanent de l'Observatoire, par Floriane Bornet.

Ci dessous la dépêche de l'ATS:

Les lois sur l'asile et les étrangers ont abouti à des pratiques toujours plus rigides de la part des autorités. C'est le constat que dresse l'antenne romande de l'Observatoire du droit d'asile et des étrangers, deux ans après le double oui pour un durcissement des lois.

Le premier rapport annuel de l'ODAE romand, présenté à Genève devant les médias, relève l'absence quasi-totale de voie légale pour régulariser le séjour des sans-papiers. Du côté de la loi sur l'asile, les demandes frappées de non-entrée en matière ont augmenté de 44% entre 2006 et 2007, alors que la loi n'entrait pleinement en vigueur qu'en janvier 2008.

La pratique contredit ainsi les promesses du Conseil fédéral d'une application modérée et intelligente des lois, a souligné le président de l'ODAE romand Yves Brutsch. Le premier rapport a été établi à partir des cas qui lui ont été rapportés par son réseau de correspondants. Une fiche descriptive a été rédigée pour 48 d'entre eux.

Asile: les Kosovars ne rentreront pas tout de suite

Valais dans le Nouvelliste
23 septembre 2008 - 10:31

«Le Kosovo: et maintenant le retour au pays?» Sous ce titre un brin provocateur, le groupe UDC du Grand Conseil, par son chef Jean-Luc Addor, a demandé au Conseil d’Etat si l’accession du Kosovo à l’indépendance et la fin du conflit dans ce pays allaient permettre un retour de ses ressortissants chez eux.
Ce ne sera pas le cas. Du moins pas dans l’immédiat. «L’indépendance du Kosovo ne va pas modifier la situation des personnes séjournant dans notre canton au bénéfice d’une autorisation de séjour ou d’un permis d’établissement», répond le Conseil d’Etat.

Pour les Kosovars qui bénéficient d’une admission provisoire, «la Confédération examinera, probablement en 2009, la situation de toutes les personnes concernées». La Suisse devant laisser «un peu de temps à ce tout jeune Etat pour se construire».

Le Conseil d’Etat note cependant «qu’un grand nombre de ressortissants kosovars ont été admis provisoirement en Suisse en raison de leur appartenance à une minorité ethnique; il s’agit notamment de Roms ou d’Ashkalis. L’autorité fédérale devra examiner dans chaque cas si un renvoi peut être considéré comme possible, licite ou raisonnablement exigible.»

La nouvelle situation internationale du Kosovo ne change donc que peu les procédures en cours, si ce n’est que les demandes de réadmission des Kosovars qui doivent être renvoyés passeront par Pristina et non plus par Belgrade.

Taper dans le ballon pour lutter contre la différence

L’Association des Africains du Nord vaudois organise, samedi, un match de football multiculturel pour lutter contre le racisme.
«Un jour, à l’école, ma fille a fait une faute d’orthographe dans un travail. Tout ce qu’a trouvé à lui dire sa prof, c’est de retourner chez les petits nègres!» C’est, entre autres, pour que ce genre de réflexions acerbes n’arrive plus que Nazaré Agostinho, le président de l’Association des Africains du Nord vaudois (ASA­NOV), a décidé d’agir. «De tenter de faire quelque chose pour dé­noncer le racisme dont sont tou­jours victimes, notamment, les gens de couleur. Et cela, même dans une ville comme Yverdon», explique le secrétaire de l’ASA­NOV, André Lodi, qui, comme le président de l’ASANOV, déplore même, depuis quelque temps, une recrudescence du nombre d’agissements à caractère raciste dans la cité thermale. «Surtout depuis la fameuse rafle antidro­gue de 2007 à Yverdon. Une opé­ration de police durant laquelle de nombreux Noirs ont été arrê­tés injustement, créant du même coup la possibilité pour certains de faire des amalgames aussi faciles qu’infondés entre tous les gens de couleur et la drogue», explique Nazaré Agostinho.
Un triste constat qui a donc poussé l’ASANOV à plancher sur l’organisation d’une manifesta­tion qui réunirait toutes les na­tionalités, tous les sexes et tous les âges autour d’une activité commune. «Histoire de démon­trer que l’on peut très bien colla­borer et vivre tous ensemble», explique André Lodi. «Et c’est comme ça que nous est venue l’idée d’un tournoi de foot multi­culturel où des équipes consti­tuées d’hommes, de femmes, de jeunes et de moins jeunes, tous de différentes nationalités, s’af­fronteraient », poursuit le prési­dent de l’ASANOV.
Avec Philippe Leuba

Un projet qui verra le jour samedi sur le terrain du Centre sportif Aux Iles, à Yverdon. Une journée sportive durant laquelle les matches seront entrecoupés de témoignages et de concerts de musique, «afin de garantir des moments agréables même aux non-joueurs», explique André Lodi. Une initiative réjouissante qui a obtenu le soutien du canton de Vaud et, plus particulière­ment, du conseiller d’Etat Phi­lippe Leuba, qui a accepté l’hon­neur de donner le coup d’envoi de la manifestation. R. M.


Journée culturelle organisée par l’ASANOV. Samedi prochain dès 9 h au centre sportif Aux Iles d’Yverdon. Entrée libre.

dimanche 21 septembre 2008

Nouvel afflux de réfugiés en Suisse


Des réfugiés sur un bateau des garde-côte italiens de Lampedusa. Beaucoup ne survivent pas à la traversée. (Keystone)
Légende photo: Des réfugiés sur un bateau des garde-côte italiens de Lampedusa. Beaucoup ne survivent pas à la traversée. (Keystone) (Keystone)

Depuis deux mois, la Suisse connaît un nouvel afflux de réfugiés. Dans certains cantons, les centres d'accueil sont pleins et la Confédération envisage d'ouvrir des hébergements d'urgence. La plupart de ces gens viennent d'Afrique subsahariennes et transitent par l'île de Lampedusa, en Méditerranée.

«Nous avons un gros problème, déplore Raymond Caduff, le coordinateur pour l'asile du canton de Lucerne. Nous sommes à la limite de notre capacité d'accueil. L'année dernière, la Confédération nous a incités à diminuer notre réserve d'appartements dans la commune. Aujourd'hui, il nous manque une centaine de places.»

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samedi 20 septembre 2008

La prise des minarets

Le quotidien Süddeutsche Zeitung analyse comment la lutte contre les mosquées ? ou contre ce qui est souvent décrit comme la prétention au pouvoir des minarets ? rassemble les nationalistes européens : "De façon très habile, les populistes de droite modernes se revendiquent toujours plus modérés et proches des citoyens. On lit et on entend partout qu'ils seraient pour la liberté de religion. L'argumentation est la suivante : le musulman voulant pratiquer sa religion dans une Europe marquée par le christianisme, peut le faire, mais dans la langue du pays concerné s'il vous plait, après vérification rigoureuse et sans que cela menace la majorité ? sinon menacée de xénophobie. ... Le congrès [contre l'islamisation] de Cologne montrera quel est le pouvoir de persuasion de l'alliance actuelle des nationalistes européens. Si cela dépendait du philosophe politique Carl Schmitt, très estimé dans ces milieux, alors la mosquée controversée d'Ehrenfeld [à Cologne] serait déjà un cadeau aujourd'hui ? car elle représente ce qui rend possible en premier lieu l'existence de leur communauté politique : un ennemi commun."
Süddeutsche Zeitung (Allemagne

Lu dans le Courrier international

La marginalisation des Roms est l'échec le plus cuisant de l'UE

Le financier américain George Soros commente le sommet européen sur les Roms : "L'Union européenne est peut-être le meilleur exemple de ce que peut être une société ouverte. ... Cependant, la marginalisation des communautés roms, la plus large minorité d'Europe, représente l'un des échecs les plus cuisants de l'Union en tant que société ouverte. ... Ce progrès [économique] met davantage en évidence les nettes disparités qui demeurent, et particulièrement celle, flagrante, de la situation des peuples roms. Dans ces nouveaux Etats membres, les Roms n'ont pas bénéficié de l'adhésion à l'UE. De plus, les événements récents en Italie ... nous rappellent [une] triste réalité. ... Les préjugés répandus contre les Roms dans la plupart des pays européens ont mis à mal la volonté des gouvernements nationaux de favoriser leur insertion. De plus, certains politiciens européens aiguisent le problème en exploitant le racisme anti-Roms et en faisant injustement des communautés roms la cible de mesures contre la criminalité."

Lu dans le Courrier International

La Forteresse a la une du Courrier


Comment les réfugiés viendront-ils en Suisse

Tolérance en Europe

Religion et asile, l'union difficile









Ali a quitté l'Iran en 2006. Dénoncé par son beau-père qui n'a pas supporté qu'il ait quitté l'islam, il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt. (photo: Eddy Mottaz)
PROTECTION. Menacé de persécution pour s'être converti, un Iranien risque pourtant d'être renvoyé. Berne campe sur une position dure.

Valérie de Graffenried
Samedi 20 septembre 2008


Ali*, 26 ans, a fui l'Iran en mars 2006. Il a quitté l'islam pour le christianisme alors que la conversion religieuse est mal vue en Iran et même passible de la peine de mort. L'Office fédéral des migrations (ODM) est bien conscient que «la charia prévoit la peine de mort pour apostasie», comme il le souligne noir sur blanc dans un document. Il prend néanmoins le risque de le renvoyer dans son pays. Tentatives d'explications.


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Témoignage d’une arrivée en Suisse via une ambassade


DOCUMENT | Eveline Widmer-Schlumpf propose de fermer les ambassades aux demandes d’asile. L’histoire des Moreno est un moment déchirant de «La forteresse», de Fernand Melgar. L’ambassade de Suisse à Bogotá leur avait ouvert les portes.

© Odile Meylan | Les Moreno dans leur appartement de la banlieue d’Aarau. Ils n’ont qu’un mot à la bouche: espoir.

XAVIER ALONSO / BERNE | 20.09.2008 | 00:00

«A las de Dios…» Les voies du Seigneur sont impénétrables, mais pour une famille colombienne sur laquelle pesait un «contrat», elles ont pris la forme de l’ambassade de Suisse à Bogotá. José Moreno (42 ans) ne peut imaginer ce qu’il aurait fait sans l’entrée en matière de la Suisse sur sa demande d’asile. L’immigration clandestine? «Dieu seul le sait! Des familles se sont embarquées vers le Venezuela sur des barques…»

José Moreno, son épouse Alice (38 ans) et leurs quatre enfants, au bénéfice d’un permis d’établissement B depuis deux mois, sont les «protagonistes» d’un des moments les plus forts du documentaire La forteresse de Fernand Melgar, primé au Festival de Locarno. Au Centre d’enregistrement de Vallorbe, on assiste à l’audition de José Moreno et de son épouse Alice. L’intensité, les silences et les larmes y sont insoutenables. Leur fils John (22 ans) a été assassiné en juin 2007. Ils ne retrouveront de lui que le tronc du corps dépecé.

Les Moreno, cachés depuis plusieurs mois à Bogotá, arrivent à Vallorbe à Noël 2007. C’est là qu’ils croisent la caméra de Fernand Melgar. A Orito, province de Putumayo, José Moreno avait sa petite imprimerie. Bénévole communal, il contrôlait les listes électorales. Pour avoir déclaré non valides des candidatures présentées par un groupement paramilitaire, lui et sa famille ont été menacés. Jusqu’à cette barbarie qui a jeté la famille «en enfer». «J’ai dû tout abandonner pour sauver l’essentiel: mes enfants.»

«Mme Widmer-Schlumpf est sous pression»
A l’Office fédéral des migrations, on ne veut pas se perdre en conjectures sur le cas des Moreno. Pour son porte-parole Jonas Montani, qui a vu La forteresse, la proposition d’Eveline Widmer-Schlumpf de fermer les ambassades aux demandes d’asile n’aurait rien changé à cet épilogue heureux. «Il est évident que pour les cas de danger avéré, les ambassades accorderont leur protection et nous laisserons entrer les gens en Suisse.» Du côté du Département de justice et police, la porte-parole Brigitte Hauser-Süess quittance la proposition d’Eveline Widmer-Schlumpf et renvoie vers l’ODM pour expliquer les possibles économies si cette mesure, à l’étude dans l’actuelle révision de la loi sur l’asile, était acceptée (voir encadré). Au Département des affaires étrangères (DFAE), on ne prend pas position, mais on réfute avoir fait pression pour soulager le travail des ambassades.

L’OSAR (Organisation suisse d’aide aux réfugiés) manifeste son incompréhension: «On ne peut pas dire qu’on supprime cette possibilité et affirmer que s’il y a danger, on accueillera quand même.» Kathrin Buchmann, cheffe du service juridique ad interim, ne décolère pas. Pour elle, l’argument de l’harmonisation de la procédure suisse avec les autres pays ne tient pas. «Rien n’est comparable dans les procédures. Et pour les économies, on a déjà vu ce qui s’est passé avec les décisions de M. Blocher. Les gens viennent quand même, mais n’apparaissent plus dans les statistiques. Ce n’est pas une mesure économique mais politique. Mme Widmer-Schlumpf est vraiment sous pression.»

De la politique suisse, José Moreno ne connaît rien. Sa seule image en est une affiche à Vallorbe. «Des mains qui essayaient d’attraper des passeports suisses. J’ai parfois l’impression que nous ne sommes pas bienvenus. Mais je suis un homme qui veut bien faire, je veux que ma famille retourne à la vie .»




«Situation née sous Blocher»

«Je ne veux pas mettre en exergue le fait qu’Eveline Widmer-Schlumpf s’est dite touchée par mon film et que, aujourd’hui, elle fait une proposition brutale en matière d’asile.» Prudent, Fernand Melgar (photo Olivier Vogelsang/ 2008), le réalisateur lausannois de La forteresse, documentaire sorti en salles mercredi et primé à Locarno (Léopard d’or Cinéastes du présent). En août à Locarno, la conseillère fédérale avait salué le film. «Il montre la réalité telle qu’elle est, avec ses drames qui touchent tant d’innocents. Ce n’est pas un film de propagande.» Fernand Melgar tente une mise en perspective. «Elle hérite d’une situation née sous Blocher. Pendant le tournage, les discussions avec les auditeurs de l’Office fédéral des migrations montraient qu’on leur demandait du rendement, de baisser les coûts, etc. Pas tellement d’appliquer la loi à la lettre. Nous sommes dans une vision économique de l’asile.»

vendredi 19 septembre 2008

Quand la cuisine devient moyen d'intégration

Les femmes des communautés étrangères yverdonnoises ont convié les migrants de la ville à un repas multiculturel.
Les locaux yverdonnois de l’Asso­ciation Appartenances, dont l’un des buts est de favoriser l’autono­mie et la qualité de vie des mi­grants, requérants d’asile et réfu­giés par le biais d’ateliers de dé­couvertes et de créations, avaient hier soir des allures de restau­rant.

cuisine et intégration

Parmi les mets concoctés par les cuisinières d’un soir, les invités ont pu déguster des plats iraniens, chiliens et bosniaques. Photo Joana Abriel


En effet, à l’occasion de la Semaine du goût, plusieurs fem­mes issues des communautés étrangères de la ville ont préparé un repas aux saveurs de leur pays d’origine. Au menu: des spéciali­tés iraniennes, chiliennes et bos­niaques, réalisées en partie avec les légumes du jardin que certai­nes migrantes de l’association cultivent à Chamblon. De quoi largement régaler les convives, parmi lesquels figuraient des élè­ves de l’association Caritas, des représentants de la ville et les collaborateurs d’Appartenances.
De quoi réjouir aussi Lisa Nau­mceski, l’animatrice du lieu, pour qui, au-delà de l’attrait gustatif qu’elles représentent, ces soirées «sont surtout un formidable moyen de faire se rencontrer une multitude de traditions et de con­naissances »

R.M dans 24 Heures

L'aide aux migrants a besoin d'argent frais

L’association vaudoise Appartenances, qui aide à l’intégration des migrants, fête ses 15 ans. Pour assurer ses projets futurs, elle devrait recevoir 400 000 francs supplémentaires de l’Etat de Vaud.
Alors que les cantons et les communes redéfinissent leurs compétences en matière de po­litique d’intégration, l’associa­tion Appartenances souffle sa quinzième bougie.

Appartenances

C’est à l’espace Mozaïk, au Flon, que l’association Appartenances dispense des cours de français aux migrants.


Pour sa présidente ad inte­rim, Anne-Catherine Menétrey Savary, c’est l’occasion de rap­peler les activités de cette orga­nisation d’aide aux migrants, tout en soulignant qu’il reste encore beaucoup à développer: «Depuis 1993, nous sommes passés d’une simple structure militante pour devenir une plate-forme interdiscipli­naire. » Aujourd’hui, Appartenances Vaud compte 40 collabora­teurs. Elle dispense un soutien psychothérapeutique et social, mais intervient également dans de vastes programmes de formation destinés aux jeunes migrants et à leurs parents.
En avril dernier, l’associa­tion lance le projet pilote Mi­grAction qui vise à l’insertion des jeunes migrants dans le monde professionnel. Certes le projet est séduisant et porte ses fruits, mais il manque tou­jours de financement pour as­surer sa pérennité, tout comme les autres activités d’Apparte­nances. «Nous avons besoin de sécurité et de confiance, rap­pelle Anne-Catherine Mené­trey. Nos activités restent fi­nancièrement extrêmement précaires.» Le budget de ces dernières se monte à 6 millions de francs par an, dont 1 million alloué par la ville et 600 000 par le canton. Pas suffisant, selon la présidente.
Un financement cantonal supplémentaire en 2009

Un appel qui vient à point nommé, puisque le conseiller d’Etat Philippe Leuba, présent pour l’occasion, a promis une aide financière supplémentaire de 400 000 francs pour 2009. Une nouvelle qu’Anne-Cathe­rine Menétrey relativise. «Ce crédit doit encore être voté, ajoute-t-elle. La balle est donc dans le camp de M. Leuba.» Quant à l’affectation de cette somme, le conseiller d’Etat reste pour le moment évasif: «Le financement viendra com­pléter les projets d’intégration, mais nous devons toujours ré­partir les budgets en fonction des programmes que nous fi­nançons. » Ceux-ci devraient permettre, entre autres, d’amé­liorer les cours de français dis­pensés aux migrants.
Mehdi Atmani dans 24 Heures.

jeudi 18 septembre 2008

L'Etat de Vaud veut en faire plus pour l'intégration

Bienvenue à Lucerne, voici votre permis de séjour»

LUCERNE. L'Office cantonal des migrations reçoit désormais personnellement chaque étranger en demande de permis. Reportage.

Lire l'article de Catherine Cossy, Lucerne, dans le Temps



Lucerne accueille les étrangers avec le sourire. Depuis le mois de juin, le canton reçoit chaque personne de nationalité étrangère qui s'établit dans le canton pour une entrevue personnelle d'une demi-heure environ. Elle se voit ensuite remettre ses papiers. L'Office cantonal des migrations a engagé spécialement deux personnes pour mener ces entretiens d'accueil. Nous avons pu assister à deux d'entre eux.

Les déboutés ballottés comme une marchandise

ASILE | La politique d’aide d’urgence sous le feu du groupe «Actions» des Etats généraux vaudois de l’asile et de la migration à l’occasion du transfert du centre de Vennes à celui de Bex d’une dizaine de célibataires.

© CHRIS BLASER | Militants et requérants se sont opposés au transfert d’une dizaine de réfugiés africains du centre de Vennes à celui de Bex.

GEORGES-MARIE BÉCHERRAZ et SÉBASTIEN JORDAN | 18.09.2008 | 00:09

Matinée tendue hier au centre d’aide d’urgence pour requérants d’asile déboutés de Vennes, sur les hauts de Lausanne. Le minibus venu chercher la dizaine de pensionnaires, des célibataires d’origine africaine, choisis pour être transférés au foyer de Bex, est reparti presque à vide. Seuls deux hommes ont accepté ce déménagement décidé par l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM). Soutenus par le groupe «Actions», les autres ne veulent pas quitter la région lausannoise.

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Discrimination et racisme dans le système de santé et de prévoyance sociale

Bern (ots) - La Conférence nationale de la Croix-Rouge suisse, qui s'est tenue le 17 septembre 2008 à Berne, a été consacrée à une problématique aussi délicate que complexe.

Si les institutions du système de santé et de prévoyance sociale fournissent bien une aide professionnelle, elles n'en sont pas moins régulièrement le théâtre d'incidents racistes. Les victimes en sont tant les patients et les clients que les collaborateurs eux-mêmes qui, en raison d'une apparence qui les désigne comme « étrangers », de leur langue, de leur nationalité, de leur âge, de leur sexe ou de leur confession religieuse, se heurtent à un rejet ou à un traitement pénalisant. Les auteurs ne sont pas toujours conscients de la portée de leurs actes et les personnes touchées n'osent généralement pas en parler. Souvent, la discrimination n'est pas appréhendée comme telle par ceux qui en sont la cible. C'est notamment le cas lorsqu'elle est ancrée dans les pratiques de l'entreprise, par exemple des modalités de communication qui excluent certains individus.

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mercredi 17 septembre 2008

George Soros prend la défense des Roms

EUROPE. Le premier sommet pour l'intégration des gens du voyage s'est tenu à Bruxelles.

Richard Werly, Bruxelles, Collaboration: Eléonore Seilles
Mercredi 17 septembre 2008


Si l'on mesure l'importance d'un problème à l'aune des promesses faites pour le résoudre et du flou qui entoure leur mise en œuvre, l'intégration des 10 à 12millions de Roms au sein de l'Union européenne demeure un casse-tête majeur.

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La Forteresse par jean-Louis Kuffer et Thierry Jobin

© ODILE MEYLAN | Après "Exit", Fernand Melgar réussit une nouvelle fois à traiter d’un thème délicat, les requérants d’asile, avec une justesse jubilatoire. La forteresse, un film à prendre!

jEAN-LOUIS KUFFER | 17.09.2008 | 00:02

«Ce qui est terrible, c’est que nous ne savons pas d’où ils viennent et qu’ils ne savent pas où ils vont.» Ces mots, confiés à Fernand Melgar par l’une des collaboratrices du Centre d’enregistrement de Vallorbe, illustrent bien la réalité de La forteresse. Le fait de «ne pas savoir» est d’ailleurs au cœur de la question de l’asile qui a permis, avant les votations de 2006, à la propagande de développer deux portraits types du requérant: l’Africain dealer et le Rom chapardeur. La réalité, on s’en doute, est plus complexe. Fernand Melgar, fils d’immigrés espagnols, a vécu le résultat des votations sur l’asile comme une trahison, alors qu’il venait d’obtenir sa propre naturalisation. Autant dire qu’il était personnellement impliqué quand il a pris son bâton de pèlerin pour répondre à cette question: la Suisse est-elle xénophobe? «Tout le monde a tenté de me dissuader de faire un film sur l’asile, commente-t-il aujourd’hui. Mais lorsque j’ai expliqué à Philippe Hengy, l’un des responsables du centre de Vallorbe, que j’entendais y passer deux mois, soit la durée la plus longue d’un séjour de requérant, mon projet a commencé de l’intéresser…»

Lire la suite de l'article dans 24heures


Lire aussi l'avis de Thierry Jobin dans Le Temps

Fernand Melgar signe un chef-d'œuvre au souffle humain.
Thierry Jobin
La Forteresse est le premier documentaire consacré à un centre suisse pour requérants d'asile, celui de Vallorbe. Cet argument pourrait, à lui seul, justifier l'importance du film et la nécessité de le voir. Mais il y a autre chose: ce portrait de groupe capté sur deux mois est surtout le meilleur film du Lausannois Fernand Melgar. Il est l'aboutissement de vingt ans de tours et détours, du début des années 80, où il contribua à la fondation de l'underground Cabaret Orwell de Lausanne, jusqu'au récent et courageux Exit - Le droit de mourir, en passant par le bricolage d'essais expérimentaux dès qu'une caméra lui est tombée entre les mains. De la révolution culturelle Lôzane Bouge à La Forteresse, Fernand Melgar, 47 ans cette année, a suivi un chemin vers l'épure. Parcours logique des grands artistes, mais qui a pris chez lui une tournure bouleversante. La Forteresse en est la preuve éclatante: l'épure, chez Melgar, a autant trait à la forme, notamment grâce à sa complicité exceptionnelle avec Camille Cottagnoud qui signe les images, qu'à sa manière d'observer l'humain.

D'abord, La Forteresse trouve la juste distance entre le sujet, l'œil du cinéaste et, grâce à la modestie et à la justesse de ce dernier, le regard du spectateur: le film ne juge pas davantage son sujet qu'il ne joue au plus malin avec le public. En plus de cet équilibre parfait, générateur de troubles et d'émotions devant les témoignages, sincères ou éhontés, des réfugiés comme de leurs gardiens, Melgar réussit à faire respirer son film au rythme des poumons humains: les séquences de tension n'étouffent jamais le propos.

Sans démagogie

Un mouvement de balancier invisible - le talent de Melgar et rien d'autre, sans doute - apporte toujours un soulagement, un sourire, un sentiment de tendresse lorsque l'orage menace dans le centre de tri. Ici, le retour au bercail de requérants ivres ou le récit d'atrocités commises en Afrique ou dans les Balkans. Là, un moment de prière exubérant, la naissance d'un enfant ou une partie de football dans le froid. Inspirer. Expirer. Espérer, à la manière Melgar, sans démagogie, sans apitoiement, à hauteur d'homme.

Port Folio de la fête multiculturelle de Nyon





Lettre ouverte du groupe action des Etats Généraux de l'Asile et de la Migration



Lettre ouverte à Monsieur Imhof, Directeur de l'EVAM


Nous avons appris avec stupeur votre décision de déplacer au foyer de Bex des célibataires débouté-es, vivant actuellement à Vennes et à Vevey.



Notre préoccupation reste la même que celle exprimée lors de votre projet pour les déménagements du Simplon : les conséquences négatives de ces déplacements sur les personnes déboutées. Il est inacceptable que vous considériez les débouté-e-s à l'aide d'urgence comme des marchandises ballottées d'un centre à un autre au gré des besoins de l'EVAM. Toutes ces personnes, déjà plusieurs fois déplacées (jusqu'à sept reprises !), doivent pouvoir retrouver une certaine stabilité là où elles sont maintenant et profiter du réseau de soins et de contacts qu'elles ont créé à Lausanne et à Vevey. Le seul déplacement acceptable et souhaité est vers un appartement dans la ville qui est leur domicile actuel. Ceci empêcherait aussi la suroccupation prévisible et nuisible du centre de Bex.



Cette décision nous surprend d'autant plus qu'il n'y a pas longtemps, adhérant à la voix de l'extrême droite active à Bex qui criminalisait les célibataires migrants, vous aviez promis aux Bellerins de ne loger que des familles dans le foyer de Bex.

Revenir aujourd'hui sur cette décision, nous semble un aveu d'incapacité ou impuissance à gérer l'hébergement des personnes à l'aide d'urgence.



Vous conviendrez avec nous que le but de la mise à l'aide d'urgence des débouté-es de l'asile, à savoir pousser les personne à un départ volontaire vers leur pays, est un échec et que le moment est venu d'organiser pour elles un lieu de vie adéquat. Les centres d'aide d'urgence, comme leur nom l'indique, sont prévus comme des moments d'urgence et non de séjours de longue durée. Les mois, voir les années pour beaucoup, de survie dans les conditions précaires dans les centres est un aspect honteux de l'aide que vous êtes sensée offrir aux débouté-es.



Dans l'attente d'une réponse positive à notre demande, nous vous prions d'agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.



Lausanne, le 16 septembre 2008





Le groupe Actions des Etats Généraux de l'Asile et de la Migration