mercredi 10 novembre 2010

Golfe d'Aden: 38 Africains émigrés clandestins meurent noyés

Nairobi, Kenya - Au moins 38 émigrés clandestins sont morts noyés en tentant de traverser le Golfe d'Aden pour se rendre au Yémen tandis que 62 autres ont été sauvés par la marine américaine, annonce l'Organisation internationale des migrations (OIM) dans un communiqué publié mardi à Nairobi.

'Les migrants étaient en route vers le Yémen, depuis plus d'un mois, quand leur bateau a eu des problèmes mécaniques, les obligeant à dériver pendant huit jours', précise l'OIM. «Certains migrants auraient sauté du bateau pour mettre fin à leurs souffrances après des jours passés sans boire ni manger' ajoute la même source.

Un bateau de la marine américaine qui effectuait une patrouille de routine dans le Golfe d'Aden était venu à leur secours, mais l'opération a tourné au tragique quand les migrants se sont précipités d'un côté du bateau pour recevoir de la nourriture, faisant chavirer l'embarcation. Le bateau de la marine américaine avait pris en charge les migrants jusqu'à ce leur transfert au Kenya, pays qui a accepté de les accueillir.
Parmi les survivants figurent 12 jeunes femmes et deux enfants mineurs non accompagnés. Ils ont été remis au Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

PANA relayé par Afrique en ligne

Etrangers: le sondage de l'UDC fait lever l'orage

Avec un taux de près de 2% de réponses reçues à la consultation populaire sur la politique d’asile et les étrangers, l’UDC s’est dite satisfaite. Les résultats et la méthode ont été accueillis avec scepticisme.

Les résultats de la consultation populaire de l’UDC «Quelle politique étrangère souhaitez-vous?» ont fini par allumer un feu qui n’avait pas réussi à prendre lors du lancement du questionnaire, au creux de l’été. Il fallait s’y attendre: à vingt jours de la votation sur l’expulsion des criminels étrangers, la thématique est on ne peut plus brûlante. On en veut pour preuve l’irruption, lors de la conférence de presse de l’UDC mardi à Berne, de l’artiste Alois B. Stocher, qui s’était déjà fait remarquer le week-end dernier (LT du 05.11.2010).

L’incident n’a pas déstabilisé Toni Brunner. Le ton conquérant, le président du parti agrarien s’est dit ravi du taux de participation à la consultation, qui portait donc sur l’asile, les naturalisations, l’accord de libre circulation des personnes, les assurances sociales, l’islamisation et la criminalité. Au vu des 3,9 millions de tous-ménages distribués, les 70 123 réponses reçues (1,8%) paraissent pourtant bien maigres. Mais il est impossible de qualifier l’opération d’échec ou de succès – à l’exception peut-être des 1500 demandes d’adhésion arrivées à l’UDC.

Plus douteuse est l’impossibilité d’en savoir plus sur les répondants: leur âge, sexe, localité, sans parler de leur appartenance ou non au parti agrarien, resteront un mystère. Autant d’inconnues qui suffisent à décrédibiliser la démarche. «Ce qu’il faut se demander, c’est pourquoi l’UDC n’a-t-elle pas voulu savoir qui répondait. Ce n’est pas innocent. Avec ces données, la consultation aurait peut-être perdu en crédibilité, mais telle qu’elle a été menée et présentée aujourd’hui, elle n’en a aucune», estime ainsi la directrice de l’institut de sondage M.I.S Trend SA, Marie-Hélène Miauton.

Crédibilité scientifique ou non, les réponses montrent bien, a assuré Toni Brunner, l’exaspération de la population devant «l’égarement et le laxisme de la politique actuelle d’asile». Bref, que son parti est en phase avec le peuple. Pour en donner la preuve, le conseiller national a bombardé les journalistes d’une succession de chiffres issus de l’analyse du tous-ménages. Ils ont appris que 67,2% des participants se sont prononcés pour l’expulsion systématique des étrangers criminels, 63,9% pour celle des clandestins, 63,8% pour une naturalisation à l’essai, 58,3% pour la résiliation de l’accord de libre circulation des personnes, etc. Par ailleurs, sans compter les suggestions farfelues ou «extrémistes» (lire ci-dessous), 13 380 propositions de particuliers ont été recensées. Citons en vrac: «durcir les interventions contre les abus dans le droit d’asile», «supprimer la double nationalité», «permettre l’expulsion de délinquants naturalisés» ou, pour tous les étrangers, «instaurer un impôt à la source de 50%» et «interdire l’achat d’immeubles».

Dans la matinée, c’est sur le mode ironique que les Jeunes Verts ont dénoncé la manœuvre. Lors d’une conférence de presse délibérément débitée en suisse-allemand – «essentiel à l’intégration», ont-ils insisté –, ils ont présenté des chiffres farfelus sur une consultation «parfaite, puisqu’elle a donné les résultats que nous attendions».

Autre initiative, celle d’Antonio Hodgers. Le conseiller national (Verts/GE) a lancé un site internet* pour dénoncer la «manipulation massive» des 24 pages du tous-ménages. Il a, dit-il, consacré des heures à en vérifier les chiffres, alléché par le fait que «l’UDC avait sorti tous ses boucs émissaires d’un coup». Verdict: «Même si plein de chiffres sont justes et que les étrangers sont indéniablement surreprésentés dans les statistiques sur le chômage et la criminalité, je ne m’attendais pas à autant de manipulations.» Il a ainsi relevé que le questionnaire omettait certaines statistiques pour mieux en faire ressortir d’autres, ou que les naturalisés et les frontaliers devraient, selon l’UDC, être comptabilisés comme étrangers. «Nous n’avons pas fait un site pour les Verts», a rétorqué Toni Brunner, en assurant que si des chiffres avaient été omis, c’est qu’ils n’étaient pas encore disponibles au moment du sondage. «Ce qui me frappe, c’est à quel point l’UDC prétend être le seul parti légitime à aborder ces thèmes, s’insurge Antonio Hodgers. Face à des statistiques aussi alarmistes, le peuple ne peut qu’abonder dans son sens. Mais je continue à croire que la raison l’emportera sur la passion, même si elle ne lutte pas à armes égales.»

Albertine Bourget dans le Temps

"Envoyons nos délinquants en Russie"

Les propositions farfelues ou extrémistes sur la politique d’asile que devrait appliquer la Suisse ont été écartées, a assuré l’UDC hier.

Les propositions farfelues ou extrémistes sur la politique d’asile que devrait appliquer la Suisse ont été écartées, a assuré l’UDC hier. Impossible de dire si ces perles, relevées en français et en allemand sur le blog du site www.consultation-populaire.ch, en font partie. Et si leurs auteurs n’ont pas parfois fait preuve d’une ironie grinçante…

«Un étranger qui part en emportant le montant de sa caisse de pension ne devrait pas être autorisé à revenir, sauf s’il rembourse.»

«Faire signer à tous les étrangers un pacte social de durabilité qui les oblige à ne pas jeter de déchets n’importe où, à faire des efforts d’économies, etc. [La Suisse] devient une vraie poubelle.»

«Déplacer le contrôle des passeports à la sortie de l’avion pour renvoyer rapidement les immigrés ayant opportunément perdu leur passeport durant le vol.»

«Trouver un accord avec un pays tiers pour sous-traiter la détention de nos délinquants de moyenne et longue durée, par exemple la Fédération de Russie, pays qui a de très grandes compétences en matière de détention. Cela libèrera nos prisons locales pour héberger les locataires de courte durée.

«L’opération pourrait être financée par le budget de l’aide au développement.»

«Interdire aux immigrés de parler leur langue maternelle entre eux.»

«Tous les étrangers qui vivent ici et profitent d’un véritable pays démocratique devraient envoyer chaque année une carte de remerciements à Berne. Les très jeunes étrangers notamment doivent apprendre respect et savoir-vivre.»

Un article d'Albertine Bourget dans le Temps

Des militants contre le racisme battus sauvagement

Deux hommes violemment battus dans une invasion de domicile, lundi à Calgary, estiment avoir été victimes de néo-nazis.

Il était 1 h 15 du matin, lundi, lorsque cinq hommes masqués sont entrés au domicile de Jason Devine. Sa femme et ses trois enfants étaient endormis, mais lui et un ami ont été sérieusement malmenés par les individus. M. Devine a subi plusieurs blessures, dont des coupures à la tête. Son ami a une fracture au bras.

Jason Devine est un membre très actif du groupe «Anti-racist Action» de Calgary, qui a souvent affronté des associations de suprémacistes blancs lors de manifestations. «Il est évident qu’il s’agit d’un message», a-t-il déclaré. «Ils n’ont pas été capables de me démolir la tête, de faire de sérieux dommages, mais c’était quand même un message : tais-toi, abandonne.»  Même si l’enquête ne fait que débuter, les policiers explorent actuellement quelques pistes, et une attaque de suprémacistes blancs est effectivement parmi les hypothèses soulevées.

«C’était définitivement une attaque ciblée», a indiqué le sergent Brad Moore, de la police de Calgary.  Il n’y a pas encore eu d’arrestations dans ce dossier, mais les policiers ont un certain nombre de suspects en tête, à commencer par un suprémaciste blanc particulièrement actif, membre de la «Aryan Guard». Le groupe «Anti-racist Action» fait d’ailleurs obstacle à ce genre d’associations, en utilisant l’internet pour dénoncer leur présence.  «En nous basant sur l’identité des victimes et ce qu’ils font dans la communauté, on ne peut ignorer cette hypothèse», a ajouté le policier.

Cette attaque n’est pas la première que subit Jason Devine. Son ancienne maison a été la cible d’une attaque au cocktail Molotov, une croix gammée a été peinte sur une fenêtre, et quelqu’un a déjà lancé un bloc de ciment dans une autre fenêtre.  «Après tout ce qui m’est arrivé dans les dernières années, je ne vois pas qui d’autre aurait pu m’attaquer cette fois-ci», a conclu Jason Devine.

Agence QMI, Michael Wood

Il faut que la Hongrie mène une enquête exhaustive sur les attaques contre des Roms

Le gouvernement hongrois doit mener une enquête exhaustive sur les violentes attaques à caractère raciste menées contre des Roms et il doit rendre justice aux victimes, affirme Amnesty International dans un nouveau rapport publié le 10 novembre.

Ce rapport, intitulé Hungary: Violent attacks against Roma in Hungary: Time to investigate racial motivation, met en évidence les répercussions des crimes à caractère raciste sur les personnes et les communautés qui en sont victimes, ainsi que sur la société en général. Il montre également que les carences de la justice hongroise empêchent de prévenir et de lutter efficacement contre ces attaques.
Entre janvier 2008 et août 2009, en Hongrie, les Roms ont été victimes d'une série de tirs et d'attaques au cocktail Molotov au cours de laquelle six personnes ont été tuées : un couple d'une quarantaine d'années, un homme âgé, un père et son fils de quatre ans et une mère célibataire dont la fille de 13 ans a été blessée.

« Les autorités hongroises ont le devoir d'empêcher les discriminations et de veiller à ce que justice soit rendue pour les victimes de crimes haineux. Ce devoir comprend l'obligation d'enquêter afin de déterminer si ces agressions, entre autres, ont été motivées par des préjugés ou des sentiments racistes ou de haine à l'égard d'une ethnie », a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International.

Lire la suite de cet article d'Amnesty International

Les idées fleurissent …

réformateurs tous étrangers

Trouvé sur le site des Jeunes Socialistes de Genève

Une initiative pour les renvois des Confédérés dangereux dans leur canton d'origine

initiative jeunes socialistes genèveLes jeunes socialistes lancent une fausse initiative pour faire réagir les Genevois.

«Pourquoi seule l’extrême droite aurait le droit d’être bête et méchante?» questionnait Romain de Sainte Marie, président des jeunes socialistes, devant le Mur des Réformateurs ce matin.

Pour faire preuve du «même niveau d’intelligence et de pertinence» que leurs opposants politiques, les jeunes socialistes lancent une initiative «pour le renvoi des criminels suisses confédérés dans leur canton d’origine». Leur action vise à dénoncer l’initiative de l’UDC pour le renvoi des criminels étrangers.

Pour l’occasion, chaque figure de la Réforme a été revêtue d’un panneau indiquant son nom, ses années de vie et la mention étranger. «Genève a mis en statue quatre étrangers alors considérés comme des criminels, explique Romain de Sainte Marie. Nous voulions montrer qu’une Genève sans étrangers serait impensable».

Les jeunes socialistes ont également rajouté l’évasion fiscale à la liste des crimes justifiant le renvoi du canton. Une manière de souligner ce qu’ils qualifient ironiquement d’«oubli malheureux de l’UDC». Le conseiller municipal socialiste, Pascal Holenweg, a profité de l’occasion pour lancer une initiative municipale pour «le renvoi des criminels suburbains dans leur commune d’origine».

A noter que ces deux textes sont des parodies de initiative sur le renvoi des criminels étrangers et de son contre-projet votés par le peuple le 28 novembre prochain.. Les politiciens ne comptent aucunement recueillir des signatures.

Le sondage de l'UDC est une jolie pub, mais un bide scientifique

Sur les 3,9 millions de tous-ménages envoyés cet été, 70 000 réponses sont revenues. Mais elles ne sont pas représentatives.

toni brunner et les chiffres ...

Hier, à Berne, Toni Brunner affichait une mine réjouie. Le président de l’UDC s’est félicité du «succès remporté par le grand sondage lancé cet été». Rappelez-vous: fin juillet, le parti envoyait un questionnaire de 24 pages sur la politique d’immigration aux 3,9 millions de ménages du pays. Présentés hier, les résultats indiquent que les sondés souhaitent un durcissement de la politique d’asile. Mais, pour les experts et les partis politiques, la démarche de l’UDC est «truffée d’erreurs» et «aucunement représentative de la population».

L’UDC a reçu 70 123 réponses. 55,1% d’entre elles ont été renvoyées par courrier et 44,9% ont été enregistrées sur internet. «C’est plus que ce que nous attendions, constate Toni Brunner. Et les résultats confirment nos actions politiques.» Ainsi, l’initiative «Pour le renvoi des étrangers criminels» recueille 67,2% des voix. 63,9% des réponses signalent qu’il faudrait également expulser systématiquement les sans-papiers. Et 63,8% seraient favorables à une naturalisation à l’essai, avec une période probatoire de cinq ans. De quoi donner des idées au parti.

Résultats «manipulés»

«Sauf que tout cela n’est guère représentatif, signale Georg Lutz, politologue à l’Université de Lausanne. Appeler ce questionnaire «sondage » est usurpé. Il n’y a aucun échantillon représentatif de la population, comme l’exigent les enquêtes scientifiques. L’information sur la provenance, l’âge ou la préférence politique des personnes n’existe pas. On peut dès lors partir du fait que les gens qui y ont répondu sont partisans de l’UDC. Ces résultats ne m’étonnent pas.»

Le moins surpris est le Vert Antonio Hodgers. Pour prouver l’«absurdité» de la démarche, le conseiller national genevois a ouvert un site internet intitulé cequeludcvouscache . ch . Il y démontre que le parti a «omis» des informations et «joué avec les chiffres». «Nous avons découvert 52 manipulations, soit 14 trucages, 19 mensonges et autant d’omissions, dit-il. Les questions sont donc orientées. C’est dommage parce que le thème est important et l’UDC aurait pu réaliser une enquête sérieuse.»

Combien cela a-t-il coûté?

Même son de cloche à droite, où l’on refuse de commenter des résultats «bricolés», comme l’indique Isabelle Moret, conseillère nationale libérale-radicale (VD). «Cette démarche n’est rien d’autre qu’une façon habile de faire campagne pour les élections», ajoute Christophe Darbellay, président du PDC.

Mais combien l’opération a-t-elle coûté? «Je ne vous le dirai pas», répond fermement Toni Brunner. Les experts estiment qu’au moins 1 million a été investi. «Pour une campagne qui touche 3,9 millions de ménages, c’est rentable», sourit Georg Lutz. Si bien que même Toni Brunner a fini hier par avouer que «l’enquête n’a pas pour vocation d’être représentative», mais mobilisatrice.

Elle a ainsi permis de récolter 13 830 nouvelles propositions, dont un durcissement des interventions contre les abus dans l’asile. Ces idées seront évaluées par un groupe dans le but de lancer d’éventuelles initiatives. L’opération a aussi rapporté 1500 nouveaux membres, 200 000 francs de dons et un joli coup de pub.

Nadine Haltiner, Berne, dans le quotidien 24 Heures


fausser questionnaire udc en ligne

Réflexions à propos des votations du 28/11

Johan Rochel et Josiane Aubert sont les deux invités de la rubrique Opinion du 24 Heures, dans laquelle ils livrent leurs réflexions sur les votations du 28 novembre prochain.

Aux urnes, patriotes: l’avenir du pays est en jeu!

johan rochelLoin d’offrir une plate-forme adéquate, la discussion actuelle sur l’initiative des «moutons noirs» est menée à coups d’arguments juridiques, assénés comme autant de vérités inébranlables. La qualité du débat politique ne profite pas de ce recours constant à des règles prétendues immuables. Par son vote sanction, le citoyen veut alors montrer qu’il est au-dessus de ces règles. Plus que jamais, il importe donc de retourner au cœur de ces principes, afin de nous convaincre que l’initiative de l’UDC menace nos valeurs les plus profondes et nos intérêts les plus directs.

Que signifie, par exemple, le principe de proportionnalité, et pourquoi pourrait-il empêcher l’expulsion d’un étranger criminel? Très concrètement, il signifie que n’importe quelle action de l’Etat doit chercher le meilleur équilibre entre un but légitime à atteindre (la sécurité de tous) et les moyens pour y parvenir. Ce principe ne prescrit aucun résultat! Il exige simplement que tous les éléments en présence soient pris en compte au moment de décider. En ordonnant un renvoi automatique, l’initiative exclut toute marge de manœuvre. La mère de famille avec enfants à charge sera renvoyée exactement de la même façon que le jeune homme de 19 ans. Cela est-il compatible avec notre conception de la justice?

De manière similaire, le droit international est de plus en plus présenté comme un élément étranger, imposé d’ailleurs. Il devient urgent de se rappeler pourquoi nous avons souscrit démocratiquement à ces engagements. En ordonnant le renvoi, quelle que soit la situation dans le pays, l’initiative entre en conflit direct avec le principe de non-refoulement. La Suisse devrait-elle renvoyer vers son pays une mère de famille ayant perçu abusivement de l’aide sociale, si elle est menacée de torture? L’initiative répond oui à cette question: le renvoi est automatique, traitements inhumains ou pas. Le respect de la dignité humaine nous empêche pourtant de renvoyer quelqu’un vers la torture. Loin d’être une obligation imposée à la Suisse, voilà l’expression de nos principes éthiques les plus profonds!

Il en va de même pour notre accord avec l’UE sur la libre circulation des personnes. En confirmant démocratiquement par trois fois cet accord, nous avons pris un engagement: le renvoi d’un ressortissant européen n’est possible que si la personne met véritablement en danger la société et que le principe de proportionnalité est respecté. Ces deux conditions ne peuvent être remplies par l’initiative UDC. L’initiative entre donc en confrontation directe avec cet accord et avec nos choix démocratiques. Cela pourrait mettre la Suisse dans une position très inconfortable à Bruxelles, avec désavantages économiques majeurs à la clé!

Que les patriotes se mobilisent pour aller aux urnes: il faut repousser vigoureusement une initiative contraire à nos principes et dangereuse pour nos intérêts.


Le piège trop bien connu du bouc émissaire

josiane aubertLes assauts continus contre l’Etat social créent une situation d’insécurité. AVS, chômage, AI, 2e pilier sont soumis à des diminutions de prestations par une droite musclée qui vole au secours des grandes banques sans leur demander de comptes, refuse toute règlementation de la finance ou des salaires des grands managers, accepte sans sourciller une flexibilisation accrue des conditions de travail, parle de caisses vides de l’Etat et de projets d’économie.

Pour endormir le bon peuple pendant que ces basses œuvres sont entreprises, offrons-lui des boucs émissaires! La méthode ne date pas d’hier: Juifs dans les années 30, Italiens et Espagnols dans les années 70 avec les initiatives Schwarzenbach, musulmans en 2009 et, en 2010, criminels étrangers ici ou Roms en France. Ne soyons pas dupes!

Les crimes doivent être punis. Mais, si l’on considère les individus comme égaux, on ne peut pas appliquer pour le même crime un droit différent parce qu’un individu est de nationalité différente. Développer un droit parallèle basé sur la nationalité est inadmissible, je voterai deux fois non. Seule concession: préférer le contre-projet dans la question subsidiaire, pour le cas où les deux projets devraient être acceptés, permet d’assurer que chaque crime sera jugé pour lui-même.

L’initiative dite «des moutons noirs» a été l’instrument de campagne de l’UDC lors des élections fédérales 2007. Depuis, les responsables de la crise financière s’en sont sortis sans grand dommage, mais l’Etat social reste attaqué!

Les assurances sociales permettent à chacun de vivre décemment lorsque l’âge, un accident, une maladie, une invalidité, ou encore un manque d’emploi ne lui permet plus de travailler. Elles contribuent à une meilleure répartition des revenus et développent la solidarité, dans le respect de la dignité et de la liberté. L’Etat doit garantir un financement pérenne des assurances sociales, et assumer ses tâches, aussi par des rentrées fiscales justes et équitables.

C’est là qu’intervient l’initiative fiscale touchant ceux qui déclarent 250 000 fr. de revenu imposable par an, ou une fortune imposable de plus de 2 millions. Elle vise à stopper les abus de la concurrence fiscale entre les cantons et les communes qui se disputent les multimillionnaires à coups de cadeaux fiscaux, entraînant des pertes de recettes dont les revenus inférieurs paient la facture; elle veut aussi en finir avec des taxations dégressives absurdes et assurer plus de justice entre les revenus élevés et ceux qui le sont moins, entre les cantons et les communes; la spirale de la sous- enchère fiscale sera interrompue.

En 2004, 4% des contribuables détenaient 54,5% des richesses, mais depuis quinze ans le pouvoir d’achat des bas et moyens revenus n’a fait que baisser, et les conditions de travail se précarisent: le nombre de travailleurs intérimaires a passé de 70 000 à 210 000 personnes…

Ne nous trompons pas de combat, votons pour plus de justice et de solidarité.

Tiré de 24 Heures

Tragédie reconnue après seize ans

Révérien Rurangwa, miraculé du génocide rwandais, obtient enfin un permis B humanitaire.

La nouvelle s'est répandue hier comme une traînée de poudre parmi les défenseurs des migrants. Révérien Rurangwa, qui réside à Neuchâtel, peut enfin bénéficier d'un permis B humanitaire. Ce miraculé du génocide rwandais de 1994 voit ainsi s'achever un long combat pour que l'administration fédérale lui procure un droit de séjour durable et lui redonne sa liberté de mouvement. Tout le monde se réjouit de l'issue de cette affaire. En particulier le conseiller aux Etats neuchâtelois Didier Berberat, qui constate que l'Office fédéral des migrations a attendu l'échéance légale de cinq ans de séjour pour octroyer le permis. En l'espèce, ce formalisme a tout de même fait traîner les choses un peu trop longtemps, a estimé le parlementaire socialiste sur les ondes de la radio neuchâteloise.

Michel Gakuba, président de l'association Ibuka Suisse, qui aide les survivants du génocide rwandais, est aussi heureux pour son compatriote. «Mieux vaut tard que jamais, indique-t-il. Nous sommes encore intervenus en faveur de Révérien en avril dernier, à l'occasion du 16e anniversaire du génocide. Cette procédure était la seule possible, vu que sa demande d'asile risquait d'être rejetée faute d'éléments suffisants. Vous savez, Révérien était condamné à vivre dans une situation de quasi-clandestinité. Il devait toujours recourir à un tiers, ne serait-ce que pour téléphoner.»

Avril 1994: comme les autres Tutsis, Révérien Rurangwa, alors âgé de 15 ans, est victime de la pire vague de massacres qu'ait connu le Rwanda. Il perd 43 membres de sa famille et doit son salut personnel à l'organisation Sentinelles pour être évacué, d'abord à Bruxelles, puis en Suisse où il dépose une première demande d'asile. Il n'arrive pas indemne: les massacres lui ont fait perdre un bras et un oeil, et son corps est aujourd'hui couturé de cicatrices. Il aboutit à La Vue-des-Alpes, où un hôtelier le prend sous son aile. Révérien Rurangwa retourne au Rwanda deux ans plus tard, mais fuit à nouveau son pays sous la menace de ses anciens tortionnaires qu'il a dénoncés. De retour en Suisse en 2000, il y dépose une nouvelle demande d'asile, rejetée en 2006. Il publie la même année un livre, Génocidé, où il raconte son histoire poignante. Ce qui lui vaut une très grande célébrité. Deux chaînes françaises de télévision l'invitent sur leur plateau littéraire, et les membres neuchâtelois du parlement, tous partis confondus, se mobilisent aux côtés de son avocate et de nombreux amis. Le statut de Révérien Rurangwa était alors particulier. Au bénéfice d'une admission provisoire, il ne risquait pas d'être renvoyé tant qu'il était en procédure. Il était par contre astreint à rester en Suisse, ne pouvant ainsi pas honorer les nombreuses invitations que les médias étrangers lui adressaient. Le jeune Rwandais a toujours manifesté sa détermination à s'intégrer. Son nouveau permis lui redonne une liberté de mouvement et lui facilitera l'accès à une formation et à un emploi. Et cela réjouit particulièrement Michel Gakuba.

Philippe Chopard dans le Courrier