Lire l'article du Matin Le Matin - Blocher relance la polémique
Pour rendre la Suisse moins attractive et éviter les abus, le ministre UDC veut museler les requérants. Une proposition qui irrite une partie du monde politique
samedi 3 février 2007
Réaction de l'OSAR aux dernières manoeuvres de Blocher
Lire le communiqué de l'OSAR
Lors de sa conférence de presse d’aujourd’hui, le Conseiller fédéral Blocher a une fois de plus tenté de dramatiser la situation que connaît le domaine de l’asile. C’est la Commission suisse de recours en matière d’asile (CRA) qui en a fait les frais. Il semble très désagréable à notre ministre de la justice qu’un tribunal corrige des décisions de son office des migrations et accorde protection à celles et ceux qui en ont besoin. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) critique le fait que de la propagande électorale soit fait sur le dos de personnes persécutées.
Environ 74% demandes d’asile traitées durant l’année 2006 ont abouti à l’octroi d’une protection de la Suisse (l’asile dans 19,4% des cas, une admission provisoire dans 54,5%). Il ne saurait donc être question d’une situation d’abus – pourtant si souvent dépeinte durant la campagne de votations sur la révision de la loi sur l’asile. Mais le thème de l’asile doit manifestement continuer à servir des fins électoralistes. C’est la seule explication qu’on peut trouver à l’assaut frontal entrepris contre la CRA par le ministre de la justice. Conformément à son devoir, l’instance de recours en matière d’asile (désormais remplacée par le nouveau Tribunal administratif fédéral) a corrigé durant l’année passée des décisions mal fondées de l’Office fédéral des migrations et ainsi assuré le respect du droit.
Lors de sa conférence de presse d’aujourd’hui, le Conseiller fédéral Blocher a une fois de plus tenté de dramatiser la situation que connaît le domaine de l’asile. C’est la Commission suisse de recours en matière d’asile (CRA) qui en a fait les frais. Il semble très désagréable à notre ministre de la justice qu’un tribunal corrige des décisions de son office des migrations et accorde protection à celles et ceux qui en ont besoin. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) critique le fait que de la propagande électorale soit fait sur le dos de personnes persécutées.
Environ 74% demandes d’asile traitées durant l’année 2006 ont abouti à l’octroi d’une protection de la Suisse (l’asile dans 19,4% des cas, une admission provisoire dans 54,5%). Il ne saurait donc être question d’une situation d’abus – pourtant si souvent dépeinte durant la campagne de votations sur la révision de la loi sur l’asile. Mais le thème de l’asile doit manifestement continuer à servir des fins électoralistes. C’est la seule explication qu’on peut trouver à l’assaut frontal entrepris contre la CRA par le ministre de la justice. Conformément à son devoir, l’instance de recours en matière d’asile (désormais remplacée par le nouveau Tribunal administratif fédéral) a corrigé durant l’année passée des décisions mal fondées de l’Office fédéral des migrations et ainsi assuré le respect du droit.
Asile: un bilan fragile
Lire l'édito de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura
Pas besoin de commentaires! Le bilan de Christoph Blocher en matière d'asile parle de lui-même. En 2003, on comptait plus de 21 000 nouvelles demandes d'asile. En 2006, leur nombre a diminué de moitié. En 2003, on comptait quelque 64 500 personnes dans le processus d'asile. Il y en a 20 000 de moins. En 2003, plus de 17 000 personnes devaient quitter le territoire. Elles sont moins de 8000. Même succès en matière de recherche d'identité. De 10 800 en 2003, le chiffre est réduit de moitié en 2006. Particulièrement réjouissant enfin, le taux de décisions positives passe de 6,7% seulement en 2003 à 19,5% en 2006. Cela signifie qu'il y a de moins en moins d'«abus» au sens de la loi sur l'asile.
Ce bilan est néanmoins fragile. Christoph Blocher en est conscient. Depuis que la Commission de recours en matière d'asile (CRA), aujourd'hui intégrée au Tribunal administratif fédéral, a reconnu l'objection de conscience comme motif d'asile, les demandes des Erythréens ont connu une progression vertigineuse: de 159 en 2005 à 1201 en 2006. On sent le ministre de la justice préoccupé par cette évolution. Elle est susceptible de remettre en cause son bilan, et par là même de ternir l'image que veut se donner l'UDC dans cet épineux domaine. Du coup, il sort ses griffes, et pas seulement en direction des objecteurs et déserteurs de l'Erythrée!
On comprend les requérants d'asile. En quête d'un avenir plus humain, ils utilisent les failles des Etats. Dès lors, quiconque baisse la garde est menacé d'un afflux de demandes d'asile. Cette situation explique le soin mis par Christoph Blocher à rechercher les points faibles à y remédier. Dans son collimateur, les mariages par procuration (susceptibles de favoriser les mariages blancs, les mariages forcés et la traite des femmes), la non-reconnaissance des décisions rendues par un Etat de l'UE, les manifs exercées par les requérants en Suisse en vue de créer une situation dangereuse pour eux et d'éviter ainsi leur renvoi. Sans doute Christoph Blocher met-il à sa tâche assez de zèle pour éblouir les électeurs de l'UDC. La présentation de son projet en juin prochain montrera la véritable pertinence de ses projets. En attendant, force est d'admettre qu'il met autant d'ardeur à concrétiser aussi, avec le soutien des cantons, des mesures d'intégration au pragmatisme prometteur. Seul un quart des réfugiés reconnus travaille. Sa volonté d'intégrer également les autres en améliorant leurs connaissances, notamment linguistiques, devrait être partagée. Mais seul l'avenir dira si les échéances électorales peuvent être propices aux projets constructifs.
Pas besoin de commentaires! Le bilan de Christoph Blocher en matière d'asile parle de lui-même. En 2003, on comptait plus de 21 000 nouvelles demandes d'asile. En 2006, leur nombre a diminué de moitié. En 2003, on comptait quelque 64 500 personnes dans le processus d'asile. Il y en a 20 000 de moins. En 2003, plus de 17 000 personnes devaient quitter le territoire. Elles sont moins de 8000. Même succès en matière de recherche d'identité. De 10 800 en 2003, le chiffre est réduit de moitié en 2006. Particulièrement réjouissant enfin, le taux de décisions positives passe de 6,7% seulement en 2003 à 19,5% en 2006. Cela signifie qu'il y a de moins en moins d'«abus» au sens de la loi sur l'asile.
Ce bilan est néanmoins fragile. Christoph Blocher en est conscient. Depuis que la Commission de recours en matière d'asile (CRA), aujourd'hui intégrée au Tribunal administratif fédéral, a reconnu l'objection de conscience comme motif d'asile, les demandes des Erythréens ont connu une progression vertigineuse: de 159 en 2005 à 1201 en 2006. On sent le ministre de la justice préoccupé par cette évolution. Elle est susceptible de remettre en cause son bilan, et par là même de ternir l'image que veut se donner l'UDC dans cet épineux domaine. Du coup, il sort ses griffes, et pas seulement en direction des objecteurs et déserteurs de l'Erythrée!
On comprend les requérants d'asile. En quête d'un avenir plus humain, ils utilisent les failles des Etats. Dès lors, quiconque baisse la garde est menacé d'un afflux de demandes d'asile. Cette situation explique le soin mis par Christoph Blocher à rechercher les points faibles à y remédier. Dans son collimateur, les mariages par procuration (susceptibles de favoriser les mariages blancs, les mariages forcés et la traite des femmes), la non-reconnaissance des décisions rendues par un Etat de l'UE, les manifs exercées par les requérants en Suisse en vue de créer une situation dangereuse pour eux et d'éviter ainsi leur renvoi. Sans doute Christoph Blocher met-il à sa tâche assez de zèle pour éblouir les électeurs de l'UDC. La présentation de son projet en juin prochain montrera la véritable pertinence de ses projets. En attendant, force est d'admettre qu'il met autant d'ardeur à concrétiser aussi, avec le soutien des cantons, des mesures d'intégration au pragmatisme prometteur. Seul un quart des réfugiés reconnus travaille. Sa volonté d'intégrer également les autres en améliorant leurs connaissances, notamment linguistiques, devrait être partagée. Mais seul l'avenir dira si les échéances électorales peuvent être propices aux projets constructifs.
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Christoph Blocher attaque les juges chargés de l’asile
Lire l'article de 24heures :
Christoph Blocher est-il réellement attaché à la séparation des pouvoirs, comme il l'affirme régulièrement? De plus en plus d'observateurs en doutent. Il s'était déjà immiscé dans les affaires du ministère public de la Confédération. Hier, il a remis ça en s'attaquant à un autre organe judiciaire: la Commission de recours en matière d'asile (CRA), qui depuis le début de cette année est intégrée au Tribunal administratif fédéral. Son discours est sans équivoque: la Suisse est confrontée à de nouveaux problèmes «fabriqués» par la CRA.
Erythréens dans le viseur
Une décision le fâche particulièrement: l'octroi du statut de réfugié aux déserteurs et objecteurs de conscience érythréens. Selon Christoph Blocher ce jugement, qui date pourtant déjà de décembre 2005, pousse de nombreux ressortissants de ce pays à venir en Suisse déposer une demande d'asile. D'autant que selon l'Office fédéral des migrations (ODM), les autres états européens seraient moins généreux. Autre reproche, la CRA a fixé des conditions beaucoup trop élevées pour renvoyer au Kosovo, en Serbie ou en Bosnie des requérants admis provisoirement. Le chef du Département fédéral de Justice et Police reproche aussi à la commission de recours de ne pas reconnaître une décision de refus de l'asile rendue en Allemagne.
Porte-parole de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés, Yann Golay se dit choqué: «Il semble très désagréable à notre ministre de la Justice qu'un tribunal corrige des décisions de son office des migrations et accorde protection à ceux qui en ont besoin.» Pour Yann Golay, la CRA ne fait qu'appliquer le droit.
Christoph Blocher rejette l'accusation de ne pas respecter la séparation des pouvoirs. Selon lui, rien ne l'empêche de critiquer les décisions de la CRA. Il dit aussi espérer que son rattachement au Tribunal administratif fédéral modifierait ses pratiques. La Commission de recours, elle, n'a pas souhaité s'exprimer sur les critiques du ministre de la Justice
«Propagande électorale»
Quatre mois seulement après l'acceptation par le peuple des nouvelles lois sur l'asile et les étrangers, le conseiller fédéral UDC et ses services annoncent déjà des durcissements supplémentaires. Ils veulent notamment limiter les activités politiques des exilés vivant en Suisses. Certains organiseraient des manifestations pour rendre «dangereux» leur retour dans leur pays et ainsi éviter un renvoi. Les mariages conclus à l'étranger par procuration devraient eux aussi être interdits. Eduard Gnesa, directeur de l'ODM, s'est encore exprimé sur l'intégration, en soulignant que seuls 25% des réfugiés travaillaient: «Si l'intégration est mauvaise cela engendre des coûts élevés.»
Toutes ces déclarations fâchent profondément l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés. Son porte-parole dénonce: «de la pure propagande électorale faite sur le dos des personnes persécutées.»
Christoph Blocher est-il réellement attaché à la séparation des pouvoirs, comme il l'affirme régulièrement? De plus en plus d'observateurs en doutent. Il s'était déjà immiscé dans les affaires du ministère public de la Confédération. Hier, il a remis ça en s'attaquant à un autre organe judiciaire: la Commission de recours en matière d'asile (CRA), qui depuis le début de cette année est intégrée au Tribunal administratif fédéral. Son discours est sans équivoque: la Suisse est confrontée à de nouveaux problèmes «fabriqués» par la CRA.
Erythréens dans le viseur
Une décision le fâche particulièrement: l'octroi du statut de réfugié aux déserteurs et objecteurs de conscience érythréens. Selon Christoph Blocher ce jugement, qui date pourtant déjà de décembre 2005, pousse de nombreux ressortissants de ce pays à venir en Suisse déposer une demande d'asile. D'autant que selon l'Office fédéral des migrations (ODM), les autres états européens seraient moins généreux. Autre reproche, la CRA a fixé des conditions beaucoup trop élevées pour renvoyer au Kosovo, en Serbie ou en Bosnie des requérants admis provisoirement. Le chef du Département fédéral de Justice et Police reproche aussi à la commission de recours de ne pas reconnaître une décision de refus de l'asile rendue en Allemagne.
Porte-parole de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés, Yann Golay se dit choqué: «Il semble très désagréable à notre ministre de la Justice qu'un tribunal corrige des décisions de son office des migrations et accorde protection à ceux qui en ont besoin.» Pour Yann Golay, la CRA ne fait qu'appliquer le droit.
Christoph Blocher rejette l'accusation de ne pas respecter la séparation des pouvoirs. Selon lui, rien ne l'empêche de critiquer les décisions de la CRA. Il dit aussi espérer que son rattachement au Tribunal administratif fédéral modifierait ses pratiques. La Commission de recours, elle, n'a pas souhaité s'exprimer sur les critiques du ministre de la Justice
«Propagande électorale»
Quatre mois seulement après l'acceptation par le peuple des nouvelles lois sur l'asile et les étrangers, le conseiller fédéral UDC et ses services annoncent déjà des durcissements supplémentaires. Ils veulent notamment limiter les activités politiques des exilés vivant en Suisses. Certains organiseraient des manifestations pour rendre «dangereux» leur retour dans leur pays et ainsi éviter un renvoi. Les mariages conclus à l'étranger par procuration devraient eux aussi être interdits. Eduard Gnesa, directeur de l'ODM, s'est encore exprimé sur l'intégration, en soulignant que seuls 25% des réfugiés travaillaient: «Si l'intégration est mauvaise cela engendre des coûts élevés.»
Toutes ces déclarations fâchent profondément l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés. Son porte-parole dénonce: «de la pure propagande électorale faite sur le dos des personnes persécutées.»
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Asile: Blocher veut plus de fermeté
Lire le dossier de Swissinfo swissinfo - Asile - Blocher
Le ministre de la Justice rend la Commission de recours en matière d'asile (CRA) responsable de divers problèmes en matière d'asile.
Sur le même sujet l'article du Temps
Ecoutez l'interview de Blocher sur Forum
Ecoutez les élucubrations de Yvan Perrin dans le débat avec Jacques-Simon Eggly dans le débat de forum
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