vendredi 12 janvier 2007

Face à la délinquance des étrangers, Bâle prône la tolérance zéro

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A gauche comme à droite, tout le monde s’arrache les recettes du «gourou»
de l’intégration, qui fait de Bâle le pionnier dans le domaine.

Une série de faits divers sordides, impliquant des jeunes immigrés, a réveillé les consciences. A gauche comme à droite, on veut agir. Une fois n'est pas coutume, les deux camps semblent d'accord sur les moyens à appliquer. La recette qui a séduit le Parti radical suisse puis le Parti socialiste a été concoctée à Bâle, pionnier en matière d'intégration.

Elle repose sur un principe éprouvé de longue date, la carotte et le bâton, et se résume en deux mots «fördern und fordern» (n.d.l.r.: qui signifient «encourager et exiger»). «Nous passons un contrat avec les immigrés: nous leur offrons le moyen de s'intégrer socialement et professionnellement. En retour, nous exigeons d'eux un respect total des lois en vigueur», explique Thomas Kessler, «gourou» de l'intégration de Bâle-Ville.

En cas de non-respect des règles, la sanction est sans appel: l'an dernier Bâle-Ville a expulsé pas moins de 90 personnes en ne renouvelant pas leur permis.

Le problème: les enfants des migrants des années 80

«Pour être crédible, il faut être conséquent, dit Thomas Kessler. Ni le romantisme de la gauche et ni la paranoïa de la droite n'ont pu résoudre les problèmes liés à l'immigration.» En matière de délinquance, le délégué à l'intégration prône la tolérance zéro.

La politique bâloise, qu'il qualifie de réaliste et pragmatique, s'appuie sur des faits. «Les chiffres le montrent, ce ne sont pas les nouveaux migrants qui posent problèmes, mais plutôt une petite minorité de jeunes gens dont les parents sont venus en Suisse dans les années 80-90.» Thomas Kessler précise qu'il s'agit de familles peu éduquées originaires des Balkans, d'Anatolie ou du Portugal. «5 à 10% d'entre eux rencontrent des problèmes scolaires, de chômage et de délinquance.»

Contrat obligatoire

La solution bâloise consiste à repérer les faiblesses de ces gens et de les obliger à suivre l'un ou l'autre des 80 projets d'intégration mis sur pied depuis quelques années. Il s'agit pour la plupart de cours de formation et de perfectionnement professionnel. C'est ce que Thomas Kessler appelle «l'intégration offensive».

Parallèlement, tous les nouveaux arrivés à Bâle sont convoqués à un entretien de bienvenue. «C'est l'occasion de leur expliquer ce qu'on attend d'eux et d'essayer de déterminer leur niveau d'intégration.» Les personnes signent ensuite un contrat, qui est lié à l'obtention du permis de séjour, dans lesquels elles s'engagent à suivre un cours d'allemand si elles ne savent pas la langue, d'intégration sociale si elles sont isolées, d'orientation professionnelle si elles n'ont pas de travail, etc.

Appliquée depuis 5 ans cette méthode porte ses fruits, estime le délégué à l'intégration. Dès ce printemps, les deux demi-cantons bâlois feront un pas supplémentaire: ils instaureront ce type de contrats avec des étrangers déjà établis dans la région depuis un certain temps. Ainsi il sera possible d'expulser facilement, en ne renouvelant pas leur permis de séjour, ceux qui ne se tiennent pas aux règles fixées.

La politique d'intégration bâloise a convaincu de nombreuses villes: Berlin, Vienne, Hambourg, Cologne, et plus près de chez nous Olten ou Ostermundigen.

Manque d'humanité

Courrier de lecteurs de 24heures
Il ne se passe pas une semaine sans qu’un cas dramatique de réfugiés ne fasse l’actualité. Cela devient indécent. Comment les responsables de l’asile peuvent-ils faire preuve de tant d’irresponsabilité et de manque d’humanité? Les dossiers présentés par les journaux sont représentatifs du drame que vivent nombre de ces gens que nous côtoyons dans nos quartiers et qui sont souvent bien intégrés. Quelle injustice faudra-t-il exposer pour que nos autorités réagissent?
Pierre Tharin,
Chailly-sur-Montreux