mardi 28 juin 2005

Pourquoi l'Eglise réformée vaudoise s'engage

Dans son journal mensuel "bonne nouvelle", distribué à tous les ménages vaudois, l'EERV s'explique sur son engagement auprès des requérants déboutés.
Lire ci-dessous l'intégralité de l'article de Martine Pavia
Les Eglises vaudoises sont en train d'organiser à grande échelle des structures d'hébergement dans les paroisses. Rappel des faits. Au cours de l'été 2004, 523 requérants d'asile, résidant dans le canton de Vaud depuis quatre à dix ans, voire plus, se voient signifier leur renvoi par les services fédéraux du département de Christoph Blocher. Le tout assorti d'un programme d'aide au retour. Une aide financière étalée sur trois ans, afin de permettre de retrouver logement et travail. Parmi ces personnes, on trouve de nombreux Kosovars qui ont tout perdu pendant les massacres de Srebrenica. Le 24 août de cette même année, une majorité de députés se prononce contre ces renvois prévus par le Conseil d'Etat. Septembre 2004, 15 000 Vaudois signent une pétition pour manifester leur opposition à ces renvois. Trois mois plus tard, l'Eglise protestante exprime clairement son opposition aux expulsions, sauf exceptions. Le Conseil d'Etat maintient les renvois mais il s'efforce de désamorcer la crise en annonçant, le 23 janvier 2005, renoncer aux mesures de contrainte pour les familles, les femmes seules et les victimes de Srebrenica. Enfin, le 20 mai dernier, le conseiller d'Etat Jean-Claude Mermoud annonce la fin de ce moratoire sur le renvoi des requérants déboutés. Motif: «Ce moratoire est un échec. Les personnes concernées ne sont pas venues s'inscrire au programme d'aide au retour.»
Désobéissance civile?
Unies dans une même volonté de préserver les plus faibles de notre société, quelle que soit leur nationalité ou religion, les Eglises protestante, catholique et la Communauté Israélite de Lausanne (CIL) ont décidé de s'engager aux côtés des requérants d'asile déboutés. Comment? En participant aux travaux du Groupe d'analyse mis en place par le Conseil d'Etat en janvier dernier. Mais également en faisant la promotion en faveur d'une Charte du partenariat solidaire (voir ci-dessous). Cependant, face à la détermination des pouvoirs publics et au renvoi par la force de plusieurs requérants, les Eglises protestante et catholique ont décidé, en collaboration avec les paroisses, de mettre en place des lieux d'hébergement et de refuge aux personnes directement menacées d'expulsion.
Pour le pasteur Antoine Reymond: «Ce n'est pas vraiment de la désobéissance, nous disons aux gens concernés par les mesures du Conseil d'Etat: chez nous, il est normal que vous puissiez trouver un asile.» Le conseiller synodal de l'EERV nourrit également l'espoir que cela permettra au Grand Conseil et au Conseil d'Etat de reconsidérer un certain nombre de positions, de manière à pouvoir régler le problème des «523» de manière digne et juste.


Charte de partenariat solidaire

Les représentants des Eglises et des élus ont convenu solennellement et d'un commun accord d'assurer les engagements consacrés dans cette charte, qui a été rendue publique le 20 mai 2005 par le Conseil d'Etat. Ils invitent les citoyens et les associations à se joindre à cette action. Cette charte énonce notamment que:
Le partenariat solidaire est une formule durable entre un requérant d'asile débouté, avec ou sans famille, et deux personnes dont une représentant les Eglises. Son objectif est d'offrir un accompagnement aux requérants dans le processus de
séjour en Suisse, et de les soutenir dans leurs démarches administratives et juridiques.
Le partenaire solidaire œuvre de manière personnelle et désintéressée, il offre conseil et soutien en apportant un regard extérieur et neutre. Le requérant s'engage à exposer sa situation clairement, en toute sincérité et en toute confidentialité. Le Conseil d'Etat soutient cette Charte et les personnes qui s'engagent dans ce cadre.
Lire la Charte dans son intégralité

Les bénévoles, victimes du durcissement de la loi


En vigueur depuis 15 mois, la nouvelle loi complique la mission des aumôniers du centre d'enregistrement de Vallorbe (CERA), des bénévoles de l'ARAVOH et du SAJE.

A lire le texte complet de l'article de 24heures

Les mesures d’allégement visant les personnes frappées de non-entrée en matière (NEM) suscitent peur et incompréhension de leur part. Conséquences: les auditions des aumôniers du CERA et les consultations du Service d’aide juridique aux exilés (SAJE) augmentent, alors même que le nombre de requérants régresse. La fréquentation du local de l’ARAVOH — l’Association auprès des requérants d’asile Vallorbe œcuménique et humanitaire — est aussi en hausse.


Un soutien important



Franca Talenti est l'une des 40 bénévoles qui oeuvrent au service d'accueil de l'ARAVOH.



24heures suit un débouté rentré volontairement en Serbie


Lundi 13 juin, Senad Suljovic a quitté la Suisse, préférant à un renvoi forcé le départ volontaire avec aide au retour. L’homme de 35 ans, musulman de Serbie, fait partie des 523 requérants déboutés pour qui le Canton de Vaud avait présenté une demande à Berne. Jour après jour, 24 heures a suivi Senad sur sa terre natale et mesuré le soutien sur place.
Lire l'article complet
Les impressions de Roger Saugy, le député qui a suivi Senad,

La vie de Senad en 200 mots
Senad Suljovic est né le 10 février 1970 dans un village de la région de Sandjak, partagée entre la Serbie et le Monténégro, et où se concentre une partie de la minorité musulmane de Serbie. En 1975, les parents et leurs quatre fils déménagent à Belgrade où les conditions de vie sont meilleures. Les enfants passent toute leur scolarité et formation professionnelle dans la capitale yougoslave. C’est au début des années 90 que la situation se détériore: la guerre rend de plus en plus difficile le quotidien des musulmans à Belgrade. Alors que deux de ses frères demandent l’asile en Suisse, et l’obtiennent, Senad part en 1992 pour la Turquie où il pratique son métier de tailleur-couturier durant six ans. En 1997, retour à Sarajevo, où son père et son quatrième frère se sont installés. Il songe alors à répondre à l’appel de ses deux autres frères, toujours en Suisse. Après quelques tentatives de passage par l’Adriatique, il arrive dans le canton de Vaud où il demande l’asile. Senad travaille dans une entreprise de nettoyage; mais celle-ci ferme, il se retrouve au chômage et suit une formation de carreleur. D’autres petits boulots suivront. En 2004, notre homme fait partie du groupe des 523 requérants d’asile vaudois pour lesquels le Canton avait présenté une demande de régularisation en application de la circulaire Metzler. Berne refuse plusieurs fois son dossier. Plus d’autre issue: il faut partir.
Sept cents francs pour commencer
Afin d’éviter de partir menottes aux poignets, il opte pour le départ «volontaire» avec aide au retour. A
savoir 700 francs suisses pour subvenir aux besoins les premiers temps sur place (dans ce pays en pleine transition, le salaire moyen est de 300 à 375 francs par mois). Ensuite, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) met sur pied avec la personne un programme de réinsertion professionnelle, concrétisé en liquide ou en nature.

António Guterres appelle les gouvernements à ne pas céder à la tentation « populiste »


Le nouveau Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a appelé aujourd'hui à New York les gouvernements à respecter le droit international concernant les réfugiés et les demandeurs d'asile et à ne pas adopter une approche « populiste » qui consiste à mélanger la question de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme avec la question des migrations, des réfugiés et des demandeurs d'asile.
Lire le communiqué de l'ONU
Voir la conférence de presse

Ils marcheront à Serbrenica


Le 11 juillet 1995, les forces serbes attaquaient l’enclave de Srebrenica. Une colonne de 15 000 hommes fuirent la ville dans une longue marche pour rejoindre Tuzla. La moitié d’entre eux furent tués. On estime à environ 8000 le nombre de victimes du massacre. Aujourd’hui, des marcheurs de Suisse et d’ailleurs s’apprêtent à parcourir, en sens inverse, le trajet suivi par la colonne.
Lire l'article de Martine Clerc dans 24heures
Extraits:
Srebrenica. Le mot sonne comme un cauchemar. Un grand-père mort pendant la guerre, des amis disparus, un village détruit. Et cette volonté d’y retourner «pour nous libérer». Pour Mevludin Gobeljic, c’est une évidence. Il participera à la marche de commémoration dont le point d’orgue devrait réunir, le 11 juillet, quelque 40 000 personnes au Mémorial de Potocari. C’est là, à quelques kilomètres de Srebrenica, que sont enterrées les dépouilles retrouvées du massacre