samedi 30 octobre 2010

Yvelines: un camp de Roms attaqué

Le commissariat de Poissy (Yvelines) a ouvert une enquête après l'intrusion de plusieurs hommes cagoulés et armés, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans un camp de Roms situé dans la plaine de Triel-sur-Seine (Yvelines), a-t-on appris de source policière.

Selon les témoignages recueillis par les enquêteurs, ces hommes ont fait irruption dans le camp vers deux heures du matin dans une voiture munie d'un gyrophare. Ils ont pénétré dans des caravanes avec des fusils et des matraques, arrachant certaines portes.

Plusieurs personnes du camp ont indiqué avoir été molestées et menacées avec des armes à feu, une femme précisant avoir été obligée de se déshabiller. L'agression aurait duré une demi-heure, les hommes cagoulés tirant en l'air à plusieurs reprises. Les habitants du camp ont précisé que leurs agresseurs "étaient habillés comme des policiers".

"Ces familles ne pourront jamais oublier ce qu'elles ont vécu. Le plus dramatique est que ces hommes sont repartis avec les papiers d'identité de plusieurs personnes du camp", a indiqué à Annick Omond, du Collectif de soutien aux familles roms de la plaine de Triel-Chanteloup.

Une trentaine de familles roms, menacées d'expulsion, vivent depuis plusieurs années dans des conditions précaires sur un terrain privé dans la plaine de Triel-sur-Seine. Elles réclament un autre terrain pour pouvoir vivre dans de meilleures conditions et notamment être raccordées à un réseau d'eau potable.

AFP

Intrusion et intimidation dans un camp de Roms ? L'histoire reste floue

Le commissariat de Poissy, dans les Yvelines, a ouvert une enquête après avoir été saisi de cette affaire : plusieurs individus cagoulés et armés ont fait irruption dans un camp de Roms à Triel-sur-Seine, selon les habitants de ce camp.

Les faits se sont déroulés "jeudi matin, entre 2 et 4 heures du matin", indique une source policière proche de l'enquête au Post. Des individus sont entrés dans le camp à bord d'une voiture munie d'un gyrophare, rapporte 20 Minutes.  Puis, selon plusieurs témoignages, ils sont entrés dans les caravanes avec des fusils et des matraques, arrachant même certaines portes. Des habitants du camp auraient été molestés et menacés avec des armes à feu. Durant cette agression d'environ une demi-heure, des coups de feu auraient été tirés en l'air par ces hommes cagoulés. Les agresseurs "étaient habillés comme des policiers", selon les habitants du camp.

"Ces familles ne pourront jamais oublier ce qu'elles ont vécu. Le plus dramatique est que ces hommes sont repartis avec les papiers d'identité de plusieurs personnes du camp", précise Annick Omond, du Collectif de soutien aux familles roms de la plaine de Triel-Chanteloup, citée par 20Minutes. Une trentaine de familles roms, menacées d'expulsion, vivent depuis plusieurs années dans des conditions précaires sur ce terrain privé dans la plaine de Triel-sur-Seine.

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Une Arménienne de 62 ans raconte son expulsion

Envoyée le 25 octobre par un vol de nuit après sept ans dans le canton de Vaud et affirmant avoir été rudoyée par la police, Sveta Bakhshyan, infirme et désemparée, va devoir apprendre à survivre en Arménie où elle n’a jamais vécu.

sveta bakhshyan

«J’ai été expulsée comme une poubelle.» Dans cet appartement de la banlieue d’Erevan, Sveta Bakhshyan, une veuve de 62 ans, semble dans un état psychologique épouvantable et parle avec difficulté. Lundi 25 octobre, elle était encore en Suisse, où elle a vécu sept ans. Dix jours plus tôt, le 15 octobre, elle a été arrêtée en allant renouveler son droit à l’aide d’urgence au Service de la population (SPOP) à Lausanne. Là, alors qu’elle venait d’obtenir son papier, trois policiers se sont emparés d’elle et l’ont conduite devant un juge de paix, puis à la maison d’arrêt de Riant-Parc à Genève.

«Je n’avais rien avec moi en prison, juste mon sac à main», dit-elle. Une amie lui apporte quelques habits alors qu’elle sombre dans la dépression. «Je ne mangeais rien, j’étais extrêmement mal et j’ai demandé à voir un médecin et à recevoir des médicaments.» Si bien que lorsque d’autres policiers viennent la chercher à 7h30 le lundi 25, elle est convaincue qu’ils l’emmènent à l’hôpital. Mais elle est en route pour l’aéroport de Kloten.

«Jusqu’au dernier moment, je n’ai rien compris, murmure Sveta, en revivant cette expulsion. Deux femmes policières m’ont saisie, j’avais les menottes, l’une m’a même bousculée lorsque j’ai dit que je n’arrivais pas à marcher en me criant «marche» en allemand.» Charriée sur un engin à roulettes, elle passe le portique de détection et comprend enfin qu’elle est bien en train d’être expulsée. Au juge qui l’avait interrogée, à Lausanne, elle avait expliqué qu’elle ne pouvait pas retourner dans la région où elle est née, le Karabakh, théâtre de convulsions à la désintégration de l’Union soviétique à la fin des années 1980, ni en Arménie, pays où elle n’a jamais vécu, dont elle n’a pas le passeport et où elle ne connaît personne.

Au moment de la correspondance à Prague, elle réalise que c’est bien à Erevan qu’elle va se retrouver. Elle y est débarquée dans la nuit, sur un brancard. Prévenue à la dernière minute, la mère d’une Arménienne que Sveta a connue en Suisse l’emmène provisoirement chez elle.

Cela fait 22 ans que Sveta Bakhshyan a quitté le Sud-Caucase. En 1988, pendant la guerre entre Arméniens et Azéris pour le contrôle de l’enclave du Karabakh, majoritairement peuplée d’Arméniens mais rattachées par Staline à l’Azerbaïdjan, elle fuit avec sa sœur leur village de Zournapat. De mère azérie mais de père arménien, les deux femmes se retrouvent à Krasnodar dans le sud de la Russie. Puis, pour gagner leur vie, rejoignent Moscou.

Sveta est couturière, mais dans la capitale russe elle devient vendeuse de rue. En 2003, les policiers qui viennent régulièrement la ra­cketter se rapprochent de leur étal improvisé et Sveta, en voulant fuir avec sa marchandise, tombe et se blesse gravement à la jambe. Un début d’infection fait craindre la gangrène. Bien que malade et faible, Sveta et sa sœur s’embarquent – moyennant 2000 dollars par personne – dans un bus, direction la Suisse.

Là, Sveta est attribuée au canton de Vaud. Elle est soignée à Lausanne et dépose une demande d’asile, laquelle sera plusieurs fois refusée. «Quand on nous a refusé l’asile, ma sœur a disparu du jour au lendemain. J’ai tout fait pour la retrouver, enfin, ce que je pouvais, je ne pense pas qu’elle ait pu quitter la Suisse étant donné que nous étions sans papier.»

Sveta a alors sombré dans la dépression et été soignée en hôpital psychiatrique. Elle reste cependant très fragile, très angoissée, tandis que sa jambe la handicape terriblement et lui rend la station debout presque impossible. L’assistante sociale lui trouve des cours de français et, d’hébergement temporaire en foyer, elle se retrouve à Yverdon à partir de 2005, où elle se fait beaucoup d’amis. Elle survit avec l’aide d’urgence, 280 francs par mois, pour laquelle elle doit se présenter parfois plusieurs fois par mois au SPOP. Là, en entendant une femme parler russe, elle s’approche et tombe sur une jeune Arménienne qui, avec ses deux enfants, essaie elle aussi de reconstruire sa vie en Suisse. Les deux femmes deviennent amies, dans des circonstances difficiles pour les deux: «J’avais tout le temps peur de l’expulsion, explique Sveta. Souvent, cette amie me disait «ne dors pas ce soir ici, mais plutôt là, car nous savons que les expulsions ont lieu à six heures du matin». Cette amie devient un peu sa fille – Sveta n’a jamais eu d’enfants. C’est la mère de cette femme qui a recueilli Sveta à l’aéroport d’Erevan dans la nuit de lundi à mardi.

A Yverdon, Sveta est aussi inscrite aux programmes d’occupation, elle fait des ménages puis des traductions, y compris pour le SPOP, pour le maximum légal de 300 francs par mois, tout en donnant de nombreux coups de main bénévoles, notamment à la paroisse et à la coordination asile et migration du Nord vaudois. Seule ombre au tableau: elle a dérobé en 2007 des sous-vêtements pour 100 francs dans un magasin, un seul réel larcin pour lequel elle sera condamnée à un jour-amende. Mais au lendemain de son expulsion, les autorités vaudoises ont justifié le refus de permis humanitaire en la qualifiant de «délinquante».

Aujourd’hui, Sveta a reçu un peu d’argent que ses amis suisses ont envoyé mais, nerveusement malade et avec une jambe handicapée, dans un pays dépourvu de toute aide sociale, son avenir est des plus incertains. «Je suis couturière, je peux travailler, mais ici, que faire? Comment? Où aller? Où seulement trouver un logement?» Tout ce qu’elle espère pour les déboutés du droit d’asile comme elle, c’est que son témoignage servira au moins à une chose. Que ce qu’elle a vécu, ces dix jours en cellule avant cette expulsion sans ménagement, ne se reproduise pas, «au moins pas de cette manière», soupire-t-elle.

Un article de Laurence Ritter, Erevan, dans le Temps

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