mardi 31 août 2010

Expulsion de Roms: Paris enfonce le clou

Le gouvernement français prévoit un projet d'amendement à la loi visant notamment les Roms et permettant de renvoyer des étrangers en cas de "menace à l'ordre public à l'occasion d'actes répétés de vols ou de mendicité agressive", a annoncé lundi le ministre de l'Immigration.

La question de la mendicité "agressive" promet déjà de faire débat. [AFP]La question de la mendicité "agressive" promet déjà de faire débat. [AFP]

Le président Nicolas Sarkozy avait annoncé fin juillet un durcissement de la politique sécuritaire de la France, avec notamment le démantèlement des campements illégaux de Roms dont certains vivent de mendicité et de petits boulots, provoquant de vives critiques en France et à l'étranger.

Renvoyer les mendiants "agressifs"

"Il nous faut élargir les possibilités de prendre des arrêtés de reconduite à la frontière pour menace à l'ordre public à l'occasion d'actes répétés de vols ou de mendicité agressive", a déclaré lundi le ministre de l'Immigration Eric Besson. Un "amendement sera déposé à cette fin", a-t-il ajouté.

Evoquant de nouvelles mesures pour "lutter plus efficacement contre les filières d'immigration clandestine et de traite des êtres humains en provenance de Roumanie et Bulgarie", Eric Besson a annoncé deux autres amendements dans le cadre du projet de loi sur l'immigration qui sera soumis le 27 septembre à l'Assemblée nationale.

Le premier permettra de "sanctionner ceux qui abusent du droit au court séjour (trois mois maximum) afin de contourner les règles plus strictes du long séjour" (avoir un emploi, suivre des études ou justifier de ressources suffisantes, et avoir une assurance-maladie), a-t-il précisé.

Le deuxième permettra "la reconduite dans leurs pays d'origine des personnes qui représentent une charge déraisonnable" pour le système d'assistance sociale.

Entre contrainte et incitation

Le ministre a indiqué que 979 ressortissants roumains et bulgares en situation irrégulière avaient été reconduits entre le 28 juillet et le 17 août, dont 151 "de manière contrainte" et 828 "de manière volontaire".

Cette dernière procédure permet à la personne, obligée de quitter la France, de manifester formellement sa volonté de partir et de percevoir ainsi une aide au retour de 300 euros par adulte et 100 euros par enfant. Au total 8313 Roumains et Bulgares ont été expulsés depuis le 1er janvier, contre 9875 pendant l'ensemble de l'année 2009, selon son ministère.

Lors d'une conférence de presse commune, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a justifié ce tour de vis sécuritaire en affirmant que les actes de délinquance perpétrés par des Roumains, à Paris, avaient augmenté de 259% en 18 mois.

De son côté, le Premier ministre François Fillon, qui jusque là était apparu très en retrait sur ce dossier, a défendu lundi cette "politique qui respecte la loi", tout en fustigeant "la surenchère" parmi ceux qui, dans son camp, se sont "servis" de ce thème "pour des motifs politiques".

Il a affirmé que cette politique n'était "pas nouvelle" et que c'était aussi celle "que conduisent la quasi totalité des pays européens, y compris ceux qui aujourd'hui font des remarques sur la politique française".

Critiques internationales et intestines

Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait, lui, tenu à se distancer de la politique actuelle de son gouvernement à l'égard des Roms, affirmant même avoir songé à démissionner.

Un autre membre important du gouvernement, le centriste Hervé Morin, ministre de la Défense, a lui aussi fait entendre sa différence sur le sujet, appelant à une "société apaisée et de la reconnaissance" et fustigeant les discours de "la haine, de la peur et du bouc-émissaire".

Le gouvernement français a été vivement mis en cause par la société civile, la gauche, les Eglises pour cette politique. Après l'ONU et la Commission européenne, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a fait part lundi de son inquiétude.

TSRinfo

A Neuchâtel, les migrants jettent un pont vers les Suisses

La colonie libre italienne a réussi à fédérer toutes les communautés immigrées du canton. La nouvelle fédération veut dialoguer avec la population.
Canton multiculturel et fier de l'être, Neuchâtel ne pratique pas encore suffisamment l'échange entre ses communautés migrantes et indigènes. La colonie libre italienne est déterminée à y remédier en étant à l'origine de la création de la Fédération neuchâteloise des communautés immigrées (Feneci). La nouvelle structure, qui vise à rassembler les quelque 200 associations de migrants du canton, a été lancée officiellement vendredi 27 août avec l'appui des autorités politiques cantonales.
Fédération indépendante
A l'origine du projet, Gianfranco de Gregorio est établi dans le canton depuis cinquante ans. Il affirme ne pas pouvoir abandonner le lien qui l'unit à l'Italie, son pays d'origine. Cependant, il a fait sa vie ici, et souhaite que les migrants et les Neuchâtelois de souche puissent mieux se connaître et s'apprécier.
«Au début des années 1960, les Italiens étaient souvent les boucs émissaires de tous les maux des Suisses», indique Gianfranco de Gregorio. «Aujourd'hui, ce sont les Albanais ou les Africains qui souffrent de ce genre de phénomène. Nous refusons ces préjugés, tout comme nous sommes opposés à la délinquance. Nous pensons que le dialogue et l'échange ne peuvent que conduire à davantage de reconnaissance sociale. C'est pour cela que la Feneci sera fondée.»
Conférences et débats
Cette fédération se voudra indépendante de toute couleur politique ou religieuse. Elle vise à regrouper les 145 nationalités recensées dans le canton, qui comptait à fin 1999 plus de 50 000 migrants sur 170 000 habitants. «Nous voulons rencontrer tout le monde, autorités, partis politiques, et groupes de tous bords», indique encore Gianfranco de Gregorio.
L'action de la Feneci entend aider tous les migrants dans leurs démarches d'intégration dans la société neuchâteloise. Les communautés africaines font notamment état de quelques cas de discrimination à l'embauche. Les responsables de cette fédération entendent baser leur action sur le respect de la personne et de la législation.
La Feneci s'adressera donc aux Suisses, bien sûr, pour rassembler et aider les migrants établis et leurs enfants, naturalisés ou non, ainsi que les requérants d'asile. Ils pourront évoluer dans un canton qui est souvent cité en exemple pour sa politique à l'égard des communautés immigrées. Gianfranco de Gregorio s'en félicite, même s'il estime que Neuchâtel peut encore faire mieux. En particulier, la Feneci souhaite participer au débat politique, sans pour autant franchir le pas de la création d'un parti, comme SolidaritéS par exemple. Il s'agira en quelque sorte d'établir un partenariat avec les autorités cantonales.
Ces prochaines semaines, la Feneci veut continuer son travail de rassemblement et d'échanges avec l'ensemble de la population. Conférences, débats et activités diverses sont déjà envisagées. Dans l'espoir que la discrimination s'efface définitivement des esprits des Neuchâtelois.

Philippe Chopard dans le Courrier

Peu d’opposition au centre de requérants

nyon opposition centre requérant

Succès pour les cours de français à la plage

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Voile, UDC et “bien-pensance”

Fathi Derder voileFathi Derder, rédacteur en chef de La Télé, est l’invité de la rubrique Réflexions de 24 Heures.

C’est l’histoire d’un aréopage qui aurait dû être sage, voire utile. Mais qui, par son dogmatisme et sa «bien-pensance», se discrédite au fil des mois. A la lumière de la dernière prise de position de la Commission fédérale contre le racisme, il est permis de s’interroger sur sa raison d’être.

Depuis son engagement contre les affiches antiminarets, la commission – et son président Georg Kreis – s’est muée en organisme ouvertement anti-UDC. L’argumentation philosophique, scientifique ou morale – qu’on est en droit d’exiger d’un tel organisme – disparaît au profit d’une artillerie politique contre un parti suspecté de racisme…

Le pire s’est produit la semaine dernière, dans le débat sur le voile à l’école. Quand soudain, sans raison, la commission s’est attaquée à l’interdiction de celui-ci.

Sans raison? Pas tout à fait… En fait, peu auparavant, le canton de Saint-Gall avait invité ses communes à proscrire le port du foulard à l’école. Une prise de position conforme au fonctionnement démocratique du canton.

Les arguments sont connus, et acceptables: le port du voile est une atteinte aux droits de l’homme. Ou, pour être précis, aux droits de la femme. Le droit pour toute fillette de disposer, comme elle le souhaite, de son image et de son visage, dans un Etat libre comme le nôtre.

Or donc le canton de Saint-Gall s’est permis d’interdire ce geste humiliant et dégradant pour des fillettes résidant en territoire suisse. Et cela n’a pas plu à la commission. Pour des questions philosophiques? Non, strictement politiques: le Con-seil de l’éducation saint-gallois est dirigé par un UDC. Ce qui a visiblement agacé le bon Georg Kreis, la haine anti-UDC chevillée au corps.

Le communiqué n’en fait pas mystère, dénonçant «une action principalement dictée par des motifs partisans». Sous-entendu: de sales motifs, ceux d’un parti raciste. Un sous-entendu strictement inadmissible pour une commission fédérale jugeant une instance cantonale représentative de la société civile. Le propos est incompatible avec notre fédéralisme. Il l’est d’autant plus de la part d’une commission censée être neutre et qui cède à la condamnation d’une décision sur la simple évaluation de la carte de parti d’un individu.

Il s’agit d’un dérapage. Ce n’est pas la première fois que Georg Kreis s’attaque à l’UDC. Mais c’est la première fois qu’il méprise l’équilibre démocratique suisse au nom de convictions politiques personnelles. Et se permet de nier des évidences en ce nom.

Une négation irresponsable: le port du voile est un grave obstacle à l’intégration. Dans un milieu – l’école – propice à la discrimination des roux, des gros, ou des petits, le port du voile est l’assurance pour un enfant de ne jamais faire partie du groupe.

La Commission fédérale contre le racisme refuse de voir cette réalité, par dogmatisme. Alors que l’on compte sur sa sagesse, elle se montre aveugle. De campagne en campagne, elle perd en légitimité. Son parti pris et son dogmatisme la discréditent. Pour lui donner un sens, il est urgent de la dépolitiser.

En commençant par la débarrasser de son président .

Un pamphlet raciste fait scandale en Allemagne

Dans un livre qui déclenche une polémique d’enfer, Thilo Sarrazin, 65 ans, membre du directoire de la Bundesbank, met en garde ses concitoyens contre la disparition de «la majorité allemande» envahie par l’immigration musulmane. 

Thilo SarrazinMoustache soignée et regard arrogant derrière ses lunettes d’intellectuel, Thilo Sarrazin, 65 ans, membre du directoire de la Bundesbank, était sur tous les écrans hier à Berlin. Il présentait à la presse son livre L’Allemagne se supprime elle-même (Deutschland schafft sich ab) , qui déchaîne déjà depuis deux semaines une polémique d’enfer et dont le quotidien populaire Bild Zeitung , entre autres, a publié les bonnes feuilles.

Sarrazin y met ses concitoyens en garde: «Je ne souhaite pas que le pays de mes petits-enfants et arrière-petits-enfants devienne pour une bonne part musulman, qu’on y parle turc et arabe, que les femmes portent un foulard, que le jour soit rythmé par l’appel du muezzin. Quand je veux vivre dans un tel environnement, je pars en vacances au Moyen-Orient.»

Statistiques

Membre du Parti social-démocrate (SPD) depuis 1975, ancien ministre des Finances du Land de Berlin, Sarrazin a rassemblé dans son ouvrage les statistiques qui illustrent les conséquences de la panne des naissances en Allemagne depuis les années soixante-dix et celles du développement continu de l’immigration.

«Chaque génération nouvelle est réduite d’un tiers par rapport à la précédente. Si cette tendance se poursuit, avec un solde migratoire de 100 000 personnes par an, la majorité allemande va disparaître, prévient-t-il. En 2100, la moitié des habitants tout au plus seront encore les descendants de familles qui vivaient déjà en Allemagne en 1965.» Il n’y aura plus que «25 millions d’Allemands dans un siècle, 8 millions dans 200 ans».

Une mise en garde d’autant plus stérile que l’immigration sera le seul moyen pour l’Allemagne de conjurer son déclin démographique!

Sarrazin affirme s’en tenir aux chiffres pour mener un débat indispensable. Mais il les assaisonne des arguments de l’extrême droite populiste. La bêtise est congénitale, selon lui. «L’intelligence est à 80% question d’héritage», et les familles immigrées qui font le plus d’enfants sont celles qui en lèguent le moins à leurs rejetons. «Les Juifs ont un gène caractéristique», affirmait-il même ce week-end!

Udo Voigt, le chef du parti néonazi, NPD, se frotte les mains: «Voilà un livre qui rend nos idées encore plus présentables.» Le SPD, lui, veut exclure Sarrazin. Angela Merkel juge ses propos «insupportables» et sa présence à la tête de la Bundesbank «dommageable» pour l’Allemagne. La banque s’est distanciée hier de ses «assertions discriminatoires».

Descendant de huguenots

Détail piquant, Thilo Sarrazin descend d’une vieille famille d’immigrés. Des huguenots fuyant les persécutions religieuses et le sud de la France au XVIe siècle pour se réfugier en Allemagne en passant par la Suisse. Son nom désignait à l’époque les populations musulmanes! Le dirigeant de la Bundesbank est un «modèle d’intégration», ironise le quotidien Die Welt !

Michel Verrier dans 24 Heures