jeudi 28 avril 2011

Mendiant sous mandat d'arrêt

mendiant arrestation

24 Heures

Une barque suisse trop pleine ?

Des prévisions démographiques à la hausse et une initiative relancent le débat sur la menace de surpopulation. Deux visions de la croissance s’affrontent.

La barque suisse est-elle pleine? Certains l’affirmaient au cours de la Seconde Guerre mondiale, justifiant ainsi une politique d’asile plus restrictive. Aujourd’hui, la question est à nouveau d’une brûlante actualité. D’une part, l’Office fédéral de la statistique a récemment publié ses projections démographiques pour les 25 prochaines années. Selon le scénario moyen, jugé le plus plausible par les autorités, la Suisse passerait de 7,8 millions de résidents permanents en 2010 à 8,8 en 2035, soit une augmentation de plus de 12% ( lire ci-dessous ). D’autre part, le groupe de réflexion Ecopop (Association Ecologie et Population), va lancer l’initiative populaire «Halte à la surpopulation, pour la préservation durable des ressources naturelles». De quoi opposer deux visions de la croissance.

Migrants visés

La récolte de signatures pour l’initiative devrait être lancée la semaine prochaine. L’Association Ecopop, fondée en 1970, «s’engage pour les problèmes provenant de la hausse des activités humaines et ses effets sur l’écosystème», selon Albert Fritschi, son responsable de la communication. Le texte veut limiter la croissance de la population résidante provoquée par l’immigration à 0,2% sur une moyenne de trois ans. Pour mémoire, l’augmentation de la population résidante a été de plus de 1% en 2009 (soit 84 000 personnes, c’est-à-dire plus de trois fois la commune de Montreux), principalement grâce à l’apport des migrants.

En cas de oui à l’initiative, l’augmentation se situerait par conséquent en dessus de 0,4%, car la Suisse a actuellement un solde des naissances supérieur à 0,2% qu’il s’agirait d’ajouter à l’apport migratoire, selon les initiants. «Cette croissance dépasse celle de la plupart des pays européens, précise Albert Fritschi. L’économie disposerait ainsi encore d'une marge de manœuvre suffisante pour recruter.» L’initiative exige également l’attribution de 10% des fonds de l’aide suisse au développement à des projets d’information sur le planning familial, afin de limiter la natalité.

Cette démarche verte n’a-t-elle pas des ressorts xénophobes? «Cette critique était attendue, réplique Albert Fritschi. Pourtant nous n’avons rien à faire avec la droite de la droite comme les Démocrates suisses, ou un parti populiste comme l’Union démocratique du centre (UDC). Nos objectifs sont clairement environnementaux et liés à l’aide au développement. Ce qui n’est vraiment pas la spécialité de l’UDC. Nous sommes pour une Suisse ouverte.» Limiter la population «relève d’une question d’aménagement du territoire», ajoute Benno Büeler, membre du comité de l’initiative.

Pas de tabou démographique

Ces restrictions remettent toutefois en cause l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne. Albert Fritschi: «Il ne doit pas être résilié, mais renégocié.» Avec quels objectifs concrets? «Par exemple un système de green card à l’américaine donnant un droit d’entrée. Il faut aussi négocier une nouvelle clause de sauvegarde en cas d’afflux massif de citoyens européens.»

Pour Albert Fritschi, il est impératif de briser le tabou démographique lié aux migrations. «Des élus de tous bords politiques sont conscients des problèmes, mais n’osent pas en parler. Ce politiquement correct démographique nous conduit droit dans le mur. Sur l’arc lémanique, il n’y a pas de véritable création de richesses, mais simplement l’établissement de directions d’entreprises. Et même les emplois induits, comme par exemple au sein des écoles privées, provoquent la venue de main-d’œuvre enseignante étrangère. Dans les années 1970, le Club de Rome avait déjà souligné que la croissance à tout prix n’a pas de sens, car les ressources comme l’eau ou le terrain sont limitées.» Ce groupe de réflexion réunissait des experts (scientifiques, économistes, fonctionnaires, etc.) réfléchissant à la nature du développement économique.

Le retour du Club de Rome

Une référence qui ne surprend pas Marius Brülhart, professeur d’économie politique à la faculté HEC de l’Université de Lausanne. «La croissance économique se heurte toujours à des limites naturelles comme l’espace ou des matières. Thomas Malthus s’est déjà intéressé à la question démographique à la fin du XVIIIe siècle. Le Club de Rome avait identifié certains dangers réels. En Suisse, la politique d’aménagement du territoire, avec par exemple des zones non constructibles, est née d’une volonté de sauvegarder notre patrimoine naturel face aux pressions de la croissance démographique et économique. Les questions structurelles posées par l’initiative sont donc légitimes.»

Les réponses sont, en revanche, moins convaincantes, estime le professeur. «Se fermer serait contre nos intérêts. En termes d’emplois, de rentrées fiscales et pour le financement des assurances sociales, la vague d’immigration de ces dernières années a été positive. C’est ensuite aux décideurs politiques de déterminer comment ils veulent accompagner cette croissance.»

«Ah, le Club de Rome est de retour, se désole Xavier Comtesse, directeur romand d’Avenir Suisse, le laboratoire d’idées de l’économie. L’initiative d’Ecopop donne l’illusion des bienfaits de la décroissance. Mais comme tous les mirages, on est finalement piégé. On l’a vu dans l’Europe de l’Est de l’après-guerre: en croyant faire le bonheur des gens, on a fait leur malheur.»

Défense de la croissance

Alors comment affronter ces fortes augmentations annuelles de la population? «Arrêtons tout d’abord de peindre le diable sur la muraille, tonne Xavier Comtesse. Il y a encore de la place en Suisse. Les Pays-Bas sont trois fois plus denses. Densifions l’habitat. Pourquoi ne pas construire des gratte-ciel dans nos villes?»

Mais pour celui qui a vécu plusieurs années aux Etats-Unis, c’est en matière de mobilité qu’il y a les plus grandes aberrations. «Non seulement les transports publics sont trop bon marché, mais en plus des arrêts ont été posés tous les 100 mètres. C’est la meilleure manière d’étendre les villes et de grignoter des surfaces vertes. Nous ne devons pas nous transformer en Los Angeles et élargir nos villes à l’infini. A cela s’ajoute que les CFF misent justement sur un réseau très dense, au lieu de la grande vitesse entre les principaux centres. L’étalement est garanti.»

Depuis quelques années, la Suisse a enfin une économie robuste et peu de dettes, analyse Xavier Comtesse. «Dans les années 1970, nous rêvions d’une situation aussi favorable. Ce n’est pas le moment de tout remettre en cause. Assumons ces évolutions réjouissantes, notamment politiquement, au lieu de succomber aux sirènes du repli. Et mettons en place des mesures d’accompagnement en matière de transport, ou encore de logement.»

Avant même le lancement de la récolte de signatures pour l’initiative, le débat politique a déjà commencé, particulièrement en Suisse alémanique. Renégociation de l’accord sur la libre circulation, protection des locataires, mesures renforcées contre le dumping salarial, coup de frein à la promotion économique pour ne plus attirer d’entreprises étrangères, etc. En année électorale, les partis ne sont pas à court de propositions.

Romain Clivaz, Berne, pour 24 Heures  


explosion démographique

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Condamné pour discrimination raciale

condamnation racisme

24 Heures

vendredi 22 avril 2011

Lampedusa: près de 6'000 clandestins entassés sur l'île

Cinq embarcations transportant 291 personnes sont arrivées dans la nuit de lundi à mardi à Lampedusa, portant à près de 6.000 le nombre d'immigrés entassés dans des conditions précaires sur la petite île italienne située au large de la Tunisie.

La situation reste tendue sur ce confetti de 20 km2, qui compte quelque 6.000 habitants où le centre d'accueil pour clandestins normalement prévu pour accueillir 850 personnes, en héberge plus de 2.200. Un navire militaire, le San Marco, a appareillé mardi en fin d'après-midi de Sicile en direction de Lampedusa d'où il doit évacuer quelque 700 immigrés, alors que le maire de l'île Bernardino de Rubeis et le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) ont demandé le transfert immédiat des immigrés vers d'autres centres.

"Lampedusa doit être désengorgée au plus vite: cette situation insoutenable fait monter la tension au sein des migrants et de la population", a déclaré la porte-parole italienne du HCR, Laura Boldrini. "Une situation d'urgence humanitaire de cette importance sur l'île ne s'est jamais vue", a-t-elle ajouté. "La situation est critique: les immigrés dorment par terre et sous les camions. Il faut organiser des transferts rapides (...) Aujourd'hui, Lampedusa donne une image de chaos et de désorganisation", a-t-elle dénoncé.

A l'issue d'une réunion convoquée mardi à Rome, le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, a annoncé avoir eu l'accord de plusieurs régions et provinces italiennes pour accueillir jusqu'à 50.000 immigrés. "Le plan d'accueil est en train d'être finalisé et il sera présenté dans les prochains jours. Dans la répartition des immigrés, nous tiendrons compte du nombre d'habitants dans chaque région", a-t-il précisé.

M. Maroni a également annoncé qu'il se rendrait mercredi à Tunis pour "trouver un accord avec les autorités de ce pays sur les initiatives qui peuvent arrêter le flux d'immigrés vers Lampedusa". "Les personnes arrivées sont toutes des jeunes, des hommes, c'est une génération en fuite. Il faut que l'Union européenne s'implique, la Tunisie est un pays ami et je suis optimiste sur les chances de résoudre le problème", a-t-il déclaré.

Rome demande régulièrement un engagement majeur de l'UE dans le règlement des problèmes de l'immigration clandestine, s'estimant abandonnée par ses partenaires. La Croix-Rouge dénonce depuis plusieurs jours une situation "inacceptable" dans le centre d'accueil, où les immigrés s'entassent dans des conditions indécentes: absence de sanitaires en état de marche et de lits, promiscuité.

"Le comportement de l'Etat est honteux, l'Italie accepte que ces milliers d'immigrés soient traités comme des bêtes et obligés de dormir sous la pluie, toute l'Italie devrait avoir honte", avait aussi déclaré le maire ce week-end. Le total des personnes arrivées depuis le début de l'année sur l'île dépasse désormais les 15.000, soit plus du triple de celles débarquées au cours de toute l'année 2010.

AFP

mercredi 20 avril 2011

Obama veut une réforme de l'immigration

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L’immigration colonise le débat alémanique

 

L’idée  d’une  Suisse à 10 millions d’habitants se fait jour. Elle effraie à gauche comme à droite.

La discussion autour de l’immigration s’apparenterait à celle qu’on peut avoir sur les épinards, selon le journaliste Philipp Löpfe. Les économistes libéraux et les partis bourgeois répètent que «c’est bon pour nous», que cela crée des places de travail. «Or, il s’est avéré que les effets des épinards sur la santé ont été surestimés. Il en serait de même pour ceux de l’immigration.» La bombe est lancée.

Coauteur d’un ouvrage paru récemment sur «la nouvelle immigration» (lire ci-dessous), Philipp Löpfe, ancien rédacteur en chef du Tages-Anzeiger, dénonce certains effets de la libre circulation. Avec 134 000 nouveaux arrivants par an, dont quelque 23% issus en 2010 d’Allemagne, la Suisse serait menacée de «Zugisierung» («Zouguisation»). Comprenez: une hausse des loyers stimulée par la concurrence fiscale, un recul du pouvoir d’achat pour la classe moyenne, qui se retrouve exclue. Malgré la hausse du PIB vantée par le Seco, les salaires réels auraient reculé durant ces dernières années. Et les politiques auraient été dépassés.

A six mois des élections fédérales, le débat sur l’immigration reprend de plus belle en Suisse alémanique, alimenté par le oui du Conseil national à une motion UDC demandant des mesures pour mieux maîtriser l’immigration. «Ça devient étroit», titrait dimanche la NZZ am Sonntag. Pénurie d’appartements, trains bondés, pression sur le marché du travail. Les prévisions dessinant une Suisse à 10 millions d’habitants d’ici à 2035 ont ravivé les appréhensions d’exiguïté, où l’étranger se retrouve bien souvent mis en cause. Le débat dépasse les frontières de l’UDC, qui voit pour sa part dans un frein à l’immigration le meilleur moyen de répondre à la menace nucléaire.

Serait-il donc devenu «salonfähig», soit présentable, même à gauche, d’imaginer des restrictions? Les propos ne touchent pas uniquement les travailleurs peu qualifiés, comme ce fut le cas lors de l’initiative Schwarzenbach dans les années 70. L’arrivée d’Allemands à des postes clés, les conséquences sur les loyers mais aussi les regroupements familiaux font tirer la sonnette d’alarme. A droite, on ne voit pas de problème dans la concurrence fiscale ou l’implantation d’entreprises étrangères. Mais on parle, c’est du moins le cas du conseiller national argovien libéral-radical Philipp Müller, qui a déjà proposé de limiter à 18% la part d’étrangers: «Les gens en ont marre de voir la foule autour d’eux augmenter.» A ses yeux, le problème se situe dans l’immigration venue des pays tiers, «plus de 40 000 personnes» par an, la moitié en raison du regroupement familial.

Au-delà de la crainte de l’étranger, c’est donc aussi la peur de la masse qui stimule les initiatives. Celle de l’association Ecopop (Ecologie et population) en fait partie. Créée en 1971, cette association se veut un groupe de réflexion sur la hausse des activités humaines et ses effets sur l’écosystème. Face à la sensation d’étroitesse ressentie depuis quelques années, elle veut limiter la croissance de la population à 0,2%, contre 1,3% actuellement. Albert Fritschi, responsable de la communication: «Nous n’avons rien à voir avec l’UDC, nous voulons assurer une qualité de vie. Nous laissons le soin aux autorités de choisir les moyens de régulation.» Pour beaucoup, cela rappelle le papier de position en 2009, fort critiqué, des Verts Bastien Girod et Yvonne Gilli dénonçant les affronts à l’environnement causés par la croissance démographique. Surtout, cela semble incompatible avec le principe de la libre circulation.

Des inquiétudes différentes se font entendre chez les socialistes, chez qui l’idée d’une Suisse «trop petite» trouve peu d’écho. Ici, dans les rangs des contestataires figurent des vieux loups comme Rudolf Strahm, ex-Monsieur Prix, et Franco Cavalli, ancien président du groupe parlementaire. Les principales réserves touchent le dumping salarial autour des travailleurs non qualifiés qui, souvent accompagnés de leur famille, se retrouvent, notamment dans la gastronomie, contraints au chômage. Ils deviennent ainsi un poids pour le système social. Or, souligne Rudolf Strahm dans sa chronique du Tages-Anzeiger, ce recrutement de main-d’œuvre bon marché se fait surtout dans des branches proches de l’UDC. Il réclame davantage de règles strictes et des mesures d’accompagnement plus sévères avec les abus. On se défend de remettre en question la libre circulation, mais «il faut cesser ce rêve romantique face à l’UE, qui devient de plus en plus une structure néolibérale», estime pour sa part Franco Cavalli. «La situation actuelle inquiète car elle touche aussi, par exemple au niveau des appartements, la classe moyenne.»

Dans le rang des dirigeants, Christian Levrat se défend d’avoir été trop romantique. «Je me retrouve dans les propos de Rudolf Strahm», assure le Fribourgeois. «Simplement, nous ne focalisons pas le problème sur les étrangers mais sur la manière de cadrer leur arrivée. Malgré nos avertissements, la majorité bourgeoise a trop négligé les mesures d’accompagnement, notamment en matière de droit du travail, d’intégration ou dans le développement d’immeubles à loyers modérés.» Le thème risque d’être récurrent d’ici à octobre prochain.

Anne Fournier dans le Temps

mardi 19 avril 2011

Pas d’afflux massif à la frontière sud de la Suisse

A la frontière italo-suisse de Chiasso, les répercussions des événements qui secouent le Maghreb et Lampedusa ne se font pas véritablement sentir. On est à mille lieues de l’afflux de réfugiés auxquels la Suisse avait fait face lors du conflit des Balkans. Reportage.

«Nous avons effectivement assisté à une légère augmentation des arrivées sur le territoire suisse, que ce soit du point de vue des entrées illégales que sur le plan des demandes d’asile. Mais nous sommes encore bien loin d’une marrée de requérants, comme certains semblent vouloir le croire», précise d’emblée le commandant des garde-frontières au Tessin (Région IV), Mauro Antonini.
Et alors que nous nous entretenons avec ce dernier dans les locaux des agents chargés de surveiller près de 200 km de frontière avec l’Italie, se tient le débriefing de l’après-midi. Une réunion à laquelle participent des garde-frontières dépêchés au Tessin en renfort depuis le reste du pays, sur décision de la Confédération.
«Les chiffres actuels ne reflètent pas une situation d’urgence. Nous enregistrons une centaine d’entrées illégales et une soixantaine de demandes d’asile par semaine. A titre de comparaison, durant la guerre des Balkans, près de 200 réfugiés affluaient ici quotidiennement», souligne le commandant Antonini.

Septembre... en avril

«La situation de ces dernières semaines à la frontière sud est très proche de celle que l’on observe habituellement en automne», ajoute-t-il. En septembre et en octobre, les tentatives d’entrées illégales et les demandes d’asile augmentent généralement, alors qu’elles diminuent durant l’été, lorsqu’il est plus facile de trouver un quelconque emploi temporaire en Italie», explique le chef des garde-frontières.
Suite à la légère recrudescence de ces dernières semaines «le nombre d’entrées restera vraisemblablement stable pour le reste de l’année. Mas je le répète, la situation n’a rien de préoccupant. Par ailleurs, il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte qu’il n’y a aucun signe d’état d’urgence.»
De fait, à la gare de Chiasso et dans ses environs, aucun signe de surpopulation de réfugiés n’est visible. Pourquoi dès lors avoir dépêché des renforts sur place? Et dans quelle mesure?
«Nous ne pouvons pas fournir de chiffres, mais nous pouvons dire que le commandement a décidé de déplacer temporairement du personnel d’une région à l’autre, à titre préventif», dit Mauro Antonini.

Tâches facilitées

Et davantage que de gérer un éventuel afflux de réfugiés en provenance de Tunisie, d’Egypte ou de Libye, «les renforts dépêchés au Tessin offrent une aide très précieuse dans l’amélioration de la qualité de l’exécution des tâches administratives, liées aux procédures de réadmission simplifiées avec l’Italie pour ceux qui séjournent illégalement en Suisse», relève pour sa part Davide Bassi, responsable de la communication des garde-frontières au sud des Alpes.
Et les résultats sont visibles: «Presque toutes les demandes de réadmission, à l’exception d’un seul cas, ont été acceptées par l’Italie», tient-il à préciser.
«Des preuves ou des indices concrets, qui attestent qu’un réfugié provient d’Italie sont nécessaires. A cela s’ajoute le fait que ce dossier constitue aussi une trace indélébile au cas où la personne arrêtée devait, par la suite, tenter de revenir en Suisse. Ce qui accélère le déroulement des procédures.»

Conditions différentes

En l’occurrence, la décision des autorités italiennes d’octroyer des permis de séjour provisoires d’une durée de trois mois dans l’espace Schengen n’influence que très peu cette situation «parce que pour obtenir ce permis, les réfugiés doivent de toute manière être enregistrés par les autorités de la Péninsule. Leur provenance est donc de ce fait attestée», veut rappeler le commandant.
De plus, le permis à lui seul ne suffit pas. Il faut que d’autres conditions soient remplies, comme la possession de documents d’identité valables et des moyens financiers suffisants pour garantir le financement du séjour de la personne (soit une centaine de francs par jour). Dans le cas contraire, la procédure de réadmission s’enclenche automatiquement, comme le fait la France en ce moment.

Longue attente

Dans la pièce d’à côté, les agents interrogent une famille. Le petit groupe vient d’être intercepté à bord d’un train provenant de la Botte et demande l’asile à la Confédération.
«Il s’agit de ressortissants afghans. Lorsque nous aurons terminé les contrôles et vérifié qu’ils ne portent pas d’armes ou d’objets dangereux, nous les accompagnerons au centre d’enregistrement pour requérants d’asile. Dès cet instant, et à condition que ces personnes n’aient pas déjà déposé une demande d’asile dans l’un des pays de l’espace Schengen, débute la procédure de l’Office fédéral des migrations. La décision de l’ODM est communiquée dans les soixante jours», explique encore Mauro Antonini.
«Dans l’hypothèse où cette famille devait décider de ne pas déposer de demande d’asile, c’est la procédure de réadmission vers l’Italie qui se mettrait alors en marche. Une Italie qui devrait à son tour évaluer leur cas», précise aussi Davide Bassi.

Un problème humanitaire

Le centre d’enregistrement – d’une capacité de 130 personnes – est situé à quelques enjambées de la gare et du poste frontière. L’édifice est protégé par de grands portails de fer. A l’intérieur, une aire de jeux, entourée elle aussi d’un enclos. Hormis le babillage de quelques enfants, l’endroit est calme. Seuls deux adultes se sont installés dans la cour.
Pensant aux conséquences des évènements qui se déroulent plus au sud, le commandant lâche une dernière remarque: «La situation actuelle à la frontière peut être considérée comme normale. Mais cela pourrait changer, et dans ce cas, il faut comprendre qu’un flux migratoire ne se traite pas comme un simple problème d’ordre public, mais bien comme un problème humanitaire.»
De fait, «il s’agit de personnes qui fuient des zones à risque, à la recherche d’une vie meilleure. Et notre devoir – en coordonnant les efforts au niveau suisse et européen – est de leur venir en aide».

Andrea Clementi, swissinfo.ch

Le ton monte entre la France et l'Italie

La fermeture provisoire de la frontière à Vintimille provoque l’ire du gouvernement de Silvio Berlusconi, qui dénonce le manque de solidarité de la France sur le dossier des immigrés tunisiens.

Convocation des ambassadeurs, appel au boycott des produits français, fermeture provisoire de la frontière à Vintimille… Le ton monte entre Rome et Paris faisant oublier le temps où au lendemain de l’élection présidentielle française, Silvio Berlusconi s’enorgueillissait que Nicolas Sarkozy l’ait pris comme «modèle» en politique.

Dimanche soir, le ministre transalpin des Affaires étrangères, Franco Frattini, a une nouvelle fois critiqué le manque de solidarité de la France sur le dossier des immigrés tunisiens auxquels le gouvernement Berlusconi a délivré un permis de séjour temporaire. Il a par ailleurs exprimé «une ferme protestation à la suite de la suspension du trafic ferroviaire», pendant quelques heures, entre la France et l’Italie au motif officiel qu’un groupe de militants de gauche envisageait de prendre le train pour protester contre le blocage des étrangers à la frontière.

Pour sa part, le ministre (Ligue du Nord) de l’Intérieur, Roberto Maroni, qui réclame un partage au niveau européen du «fardeau» de l’immigration après l’arrivée d’environ 28 000 personnes sur la petite île de Lampedusa depuis le début de l’année, ne s’est pas contenté de soutenir l’initiative diplomatique. Il a appuyé la proposition de boycotter les produits français, en représailles aux contrôles aux frontières effectués par Paris. Ni camembert, ni vin de Bourgogne ou autre bien tricolore. «C’est une position forte et juste en réponse à une position injuste et erronée», a-t-il avancé après avoir suggéré, il y a quelques jours, la sortie de l’Italie de l’Union européenne: «Mieux vaut être seuls que mal accompagnés.»

Francophobie

A quelques semaines d’importantes élections municipales, le leader de la Ligue, Umberto Bossi, qui a en substance exhorté les immigrés «à se tirer pour ne pas (nous) casser les couilles», a lui aussi approuvé l’idée d’un boycott, même si celui-ci n’est pour l’instant pas suivi d’effets concrets.

Reste qu’au-delà de la question de l’immigration, une partie de la classe politique et de la presse transalpines stigmatise depuis plusieurs semaines l’attitude présumée «hostile» de la France, considérant que les deux pays sont pratiquement en guerre économique et politique. La décision de ­Nicolas Sarkozy d’intervenir rapidement en Libye en ignorant ostensiblement les réserves de Silvio Berlusconi, jusqu’au bout très proche du colonel Kadhafi, a déclenché une véritable et soudaine francophobie dans une frange de l’opinion publique.

«A eux le pétrole, à nous les clandestins», a renchéri, fin mars, sur cinq colonnes, le quotidien populaire Libero, accusant la France d’être intervenue en Libye uniquement pour des questions énergétiques aux dépens de l’Italie. Et cela, à un moment ou plusieurs groupes français lorgnent sur des entreprises transalpines. Après le rachat du joaillier Bulgari par LVMH, la tentative de prise de contrôle d’Edison par EDF, l’activisme de l’homme d’affaires breton Vincent Bolloré au cœur du système financier italien, l’appétit du groupe laitier Lactalis envers Parmalat a provoqué une réaction immédiate du ministre de l’Economie, Giulio Tremonti. Alors que le quotidien de gauche L’Unita s’alarmait – «Alimentation, mode, énergie et finance, les Français sont en train de nous bouffer» –, ce poids lourd du gouvernement Berlusconi a décidé de créer un fonds financé en grande partie par la caisse des dépôts italienne pour contrer les futurs assaillants. «Nous ne ferons que traduire en italien les normes françaises», a ironisé le ministre.

Stigmatisant l’attitude des gouvernements français et italien, placés respectivement sous la pression politique et électorale du Front national et de la Ligue du Nord, l’éditorialiste du quotidien (centre gauche) La Repubblica Bernardo Valli a dénoncé hier, à la suite de l’affaire de Vintimille, «deux populismes qui depuis quelques semaines s’affrontent en Europe offrant un spectacle misérable». Une rencontre de clarification est prévue à Rome, le 26 avril prochain, entre Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy.

Eric Jozsef dans le Temps

Paris fait pression sur Rome

Les critiques pleuvent au lendemain de la suspension par la France des trains entre Vintimille et Menton pour empêcher une manifestation de soutien aux migrants. Rome est ulcérée par la décision et les adversaires de Sarkozy montent au créneau.

Claude Guéant a envoyé le signal à Rome dès hier matin. Paris ne souhaite pas que les rapports franco-italiens s'enveniment. «Nous travaillons naturellement avec l'Italie [...] pour trouver des solutions durables, conformes au droit et à la dignité des personnes, aux tensions migratoires» actuelles, a assuré le ministre de l'Intérieur.Cette annonce intervient au lendemain de la décision spectaculaire - et rarissime - de la préfecture des Alpes maritimes d'interrompre pendant six heures le trafic ferroviaire entre Vintimille et Menton, afin d'éviter l'arrivée en France du «train de la dignité» transportant des Tunisiens et les activistes les soutenant. Les migrants qui, dimanche, avaient été empêchés par les CRS d'accéder au territoire français étaient porteurs de ces permis de séjour provisoires, valables six mois, que Rome a délivrés à 20 000 Tunisiens arrivés à Lampedusa.

Passeport pas suffisant

Pour l'Italie, ces permis auraient dû leur permettre de circuler librement dans toute l'Europe, et donc en France y compris. Mais à Paris, où l'on assurait lundi faire «une application à la lettre et dans l'esprit des accords» de Schengen, l'on exige des intéressés, outre un permis, un passeport et des ressources financières suffisantes.Pour la Commission européenne, la France avait effectivement «le droit» d'agir de la sorte, la veille. N'en déplaise à la presse italienne qui, lundi matin, vouait aux gémonies la décision hexagonale, renvoyant dos à dos «deux populismes qui s'affrontent»: les majorités Berlusconi et Sarkozy. N'en déplaise aussi au chef de la diplomatie italienne. Hier, celui-ci s'est arc-bouté sur son raisonnement. «Les permis accordés par l'Italie aux migrants tunisiens sont valables et reconnus par la France», a insisté Franco Frattini. Pour qui «l'Europe ne va nulle part si on érige des murs» entre ses Etats.Cela n'empêche pas la majorité sarkozyste de camper sur ses positions. Pour La Droite populaire (l'aile la plus à droite de l'UMP), l'attitude de Rome envers les migrants tunisiens est «une nouvelle fois ambiguë», dixit le député des Alpes maritimes, Eric Ciotti. Pour cet autre proche de Nicolas Sarkozy qu'est le député-maire de Nice Christian Estrosi, il est «un peu facile», voire «pas acceptable», que l'Italie soit «généreuse aujourd'hui avec le territoire des autres».Ces visas temporaires octroyés aux migrants tunisiens, c'est «un incroyable appel d'air de l'autre côté de la Méditerranée, en direction du périmètre de Schengen». C'est «un signe qu'on donne aux mafias, aux criminels et aux passeurs», a renchéri la députée européenne, et ex-garde des Sceaux, Rachida Dati.Mais tout le monde, en France, n'est pas de cet avis. Dans la presse d'hier, y compris dans certains médias de droite, le ton était à la sévérité envers la «mesure panicarde» de dimanche: une «gesticulation d'un gouvernement électoraliste».L'opposition, tout autant, dénonce l'initiative du ministre Guéant. Pour le FN, ce ne sont que des «gesticulations électoralistes», d'une majorité UMP «qui cherche encore à manipuler l'opinion, en montrant ses gros bras devant les caméras, mais qui, dans les faits, laisse la situation pourrir». Aux yeux de Marine Le Pen, «Nicolas Sarkozy et son équipe ont définitivement perdu toute crédibilité dans la gestion de l'immigration».

Un gest «écoeurant»

«Les nationalistes n'arrivent pas à grand-chose» en Europe, «y compris Sarkozy», considère le PS. Pour qui ce blocage dominical de la frontière ferroviaire n'était qu'une «posture», une «décision arbitraire». C'était même un geste «écoeurant», pour les Verts: emblématique du «braconnage de la droite (sarkozyste) sur les terres du FN».L'incident tendra-t-il l'atmosphère au prochain sommet franco-italien, le 26 avril à Rome? La rencontre Sarkozy-Berlusconi était déjà rendue un peu délicate par, outre la vieille controverse autour du sort de l'ex-brigadiste Battisti, quelques contentieux industriels franco-italiens (Bulgari ou Parmalat-Lactalis). «Une ombre plane sur les relations franco-italiennes», a carrément diagnostiqué Franco Frattini. Qui espère bien que, lors de ce sommet, sera réaffirmée «la volonté de l'Italie et de la France de travailler ensemble». Sur les thématiques migratoires y compris.

Bernard Delattre, Paris, pour la Liberté

lundi 18 avril 2011

Vaud: ouverture de nouveaux abris

vaud accueil requérants

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Des changements dans la politique d’asile en Suisse

La presse dominicale alémanique montre que la politique d'asile en Suisse est en pleine mutation. Les changements toucheraient tant l'aide au retour que les procédure.

Des changements se profilent dans la politique d’asile de la Suisse. Ils portent aussi bien sur des modalités pratiques comme l’aide au retour que sur une révision en profondeur de la loi et des procédures, comme le montrent des informations parues dans la presse dominicale alémanique.

Actuellement, l’aide au retour accordée aux requérants d’asile déboutés peut atteindre l’équivalent d’un an de salaire. Interrogé par "Der Sonntag", l’Office fédéral des migrations (ODM) a répondu qu’elle consiste en un versement de 1.000 francs en liquide et d’un montant jusqu’à 3.000 francs pour des projets professionnels, le soutien au logement ou des mesures de formation. Or, en Tunisie, cela représente l’équivalent d’un salaire annuel de 70.000 francs en Suisse, selon les calculs du journal.

Incitations financières

L’aide au retour s’adresse à toutes les personnes du domaine de l’asile demandant à rentrer volontairement dans leur pays. Or, l’ODM étudie si des incitations financières supplémentaires ou d’autres prestations de conseil devraient être mises en place pour les requérants déboutés qui refusent de partir.

En 2010, la Suisse a versé 1,8 millions de francs au titre de l’aide au retour, selon les chiffres de l’ODM publiés par "Der Sonntag". Les bénéficiaires provenaient de 70 pays. Le montant le plus important, 184.388 francs, a été versé à des ressortissants serbes. Ils sont suivis des Sri-Lankais avec 175.443 francs, des ressortissants de Bosnie-Herzégovine avec 165.117 francs. Les ressortissants des dix premiers pays de la liste sont au nombre de 550 et ont reçu 460.000 francs en liquide, ainsi que 640.000 francs d’aide matérielle et 33.500 francs de prestations médicales.

Le journal dominical observe que des Etats voisins de la Suisse veulent aussi résoudre ce type de problème par des incitations financières. C’est le cas de l’Autriche qui verse une aide forfaitaire de 480 francs, soit un montant nettement inférieur à la Suisse.

Pour sa part, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga veut sérieusement réviser la procédure d’asile en Suisse, selon la "NZZ am Sonntag". Des experts sollicités par la ministre de la justice ont établi un catalogue de mesures visant à raccourcir et à simplifier la procédure. A plus long terme, c’est un changement en profondeur du domaine de l’asile qui se profile avec, à l’étude, des tribunaux rapides, une police fédérale de l’asile et l’exclusion de l’aide d’urgence pour les requérants déboutés. La conseillère fédérale a préparé un rapport qui sera traité en mai prochain par la Commission des institutions politiques du Conseil des Etats.

Le Matin

Le racisme baisse, l'islamophobie monte

Le rapport de la commission nationale consultative des droits de l’homme est sans ambigüité : les Maghrébins sont toujours la cible privilégiée du racisme, la tolérance recule, les actes racistes sont en baisse, l’islamophobie n’a jamais été aussi prononcée.

Après les polémiques sur les Roms, l’immigration (légale et illégale), l’identité nationale, la burqa, l’Islam, les Quick hallal, le nombre de musulmans, il n’est pas étonnant de voir l’islamophobie progresser en France. Le rapport de la Commission nationale des droits de l’homme (CNCDH) dresse une photographie sur le racisme en France. Ainsi, le nombre global des actes à caractère raciste et antisémite a marqué un «net recul» en 2010, mais ceux visant la communauté musulmane ont connu une hausse, ainsi que les «sentiments xénophobes». D’après le rapport annuel de la CNCDH  qui s’appuie sur les statistiques du ministère de l’Intérieur, 886 faits à caractère raciste et xénophobe ont été dénombrés en 2010, dont 165 actes violents et 721 menaces ou actes d’intimidation, soit une baisse de 13,6% par rapport à 2009.

En tête des régions concernées, figurent l’Ile-de-France, Rhône-Alpes et le Nord-Pas-de-Calais. L’année 2010 a également été marquée par une «forte baisse» (-43%) des violences et menaces à caractère antisémite, après leur très nette augmentation en 2009 liée à «l’offensive israélienne sur la bande de Gaza». Les Maghrébins sont restés la cible privilégiée du racisme (36% du volume global des démonstrations racistes). «L’année 2010 a été marquée par une hausse des atteintes à la communauté musulmane», affirme la commission, avec 22 actes et 87 menaces recensées.
Treize mosquées ou lieux de culte musulmans ont notamment subi des actions violentes, contre six en 2009.

«Je ne suis pas raciste, mais je comprends les racistes»

«La fin de 2009 et l’année 2010 ont été ponctuées par des débats de société sur la construction de minarets, le port du voile intégral et l’identité nationale, ce qui a pu alimenter un sentiment antimusulman au sein d’une certaine frange de la population», commente la commission. Ainsi, malgré la tendance à la baisse, en 2010, des manifestations de racisme et d’antisémitisme, «la tolérance recule, les sentiments xénophobes se diffusent et le lien entre immigration et insécurité est considéré comme avéré pour beaucoup, alors que perdure l’image de l’étranger parasite», s’inquiète la CNCDH .

Un sondage CSA réalisé en janvier et publié dans le rapport en témoigne : 48% des personnes interrogées estiment que les musulmans forment un groupe à part dans la société (+4 points à rapport à 2009) et 56% des sondés jugent qu’il y a trop d’immigrés en France (+9 points sur un an). «Nous nous sommes aperçus qu’il existait une forme de banalisation du racisme, ainsi qu’une forme de décomplexion dans le discours politique», déplore Martine Brousse, vice-présidente de la CNCDH.
Selon Pierre Fournel, directeur général de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), la décision d’évacuer les campements illicites de Roms et le fameux discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy ont marqué «une vraie rupture», avec une «ethnicisation des problèmes sociaux qui engendre forcément une libération de la parole raciste», de pair avec «la résurgence de l’extrême droite en France». Le racisme explose littéralement sur Internet avec une augmentation de plus de 74% en un an. Le rapport relève que le nombre de personnes se déclarant «non racistes mais comprenant très bien que les autres le soient» est très alarmant.

Walid Mebarek, correspondant à Paris pour El Watan

Pression migratoire à la frontière tessinoise

La pression migratoire à la frontière entre la Suisse et le Tessin a augmenté ces dernières semaines avec les événements en Afrique du Nord. 159 migrants tunisiens sont arrivés en mars contre 48 au mois de février. Mais selon les autorités tessinoises, la situation est sous contrôle.

Extrait du Journal de la TSR

dimanche 17 avril 2011

Amnesty déplore une poussée xénophobe en Suisse

La section suisse d'Amnesty International déplore la montée d'un climat xénophobe et hostile aux droits humains dans le pays. Les 200 membres réunis en assemblée générale à Soleure samedi et dimanche ont aussi lancé les festivités des 50 ans de l'organisation.

amnesty minarets

Amnesty International lance un appel à "tous les partis et tous les politiciens à abandonner tout discours xénophobe et discriminatoire lors des "campagnes électorales à venir". Une telle orientation caractérise de plus en plus l'agenda politique suisse, alors que les fédérales approchent, s'est inquiétée l'organisation dimanche.

"La démocratie s’est opposée aux droits humains"

"Par l'interdiction des minarets et l'initiative sur le renvoi, des dispositions discriminatoires ont même été inclues dans notre Constitution". De cette manière, la démocratie s'est opposée aux droits humains "alors que ce sont justement ces droits qui garantissent notre liberté", a souligné Manon Schick, directrice générale de la section suisse d'Amnesty.

Suite au printemps arabe, il faut que la Suisse accorde "une protection temporaire aux réfugiés de guerre libyens", a exigé Manon Schick. Amnesty a lancé un appel dans ce sens au Conseil fédéral. L'organisation demande aussi au gouvernement de "soutenir activement les processus de démocratisation en cours en Afrique du Nord et au Moyen-Orient".

Au-delà des évènements actuels, il est nécessaire que la Suisse "remette en question de manière fondamentale ses relations économiques avec les régimes autoritaires", réclame Amnesty. Il s'agit notamment de "renoncer à livrer des armes à des gouvernements qui, tôt ou tard, les utiliseront contre leur propre population".

Dans le reste du monde aussi

Faisant écho aux propos de Manon Schick concernant la Suisse, le secrétaire général d’Amnesty Salil Shetty a déploré samedi la montée du populisme dans les pays développés. "En Amérique du Nord et en Europe de l'ouest, des gouvernements populistes, souvent orientés à droite, utilisent la récession et le risque sécuritaire comme de puissants outils pour rabaisser le niveau des droits humains".

"Même les partis centristes et de gauche sont dès lors contraints de relativiser leur position sur la migration pour être seulement entendus et ne pas perdre les élections", a ajouté

RSR

Amnesty s’inquiète d’un climat hostile aux droits humains en Suisse

L'ONG Amnesty international appelle les politiciens suisses à renoncer aux déclarations xénophobes et discriminatoires durant l'année électorale.

Amnesty International s’inquiète d’un climat hostile aux droits humains en Suisse. A l’occasion de son assemblée générale ce week-end à Soleure, elle a lancé un appel aux membres de tous les partis et aux politiciens afin qu’ils renoncent aux déclarations xénophobes et discriminatoires durant cette année électorale. L’ONG demande également au Conseil fédéral de soutenir la protection des réfugiés de guerre libyens.

Devant quelque 200 délégués, les responsables d’Amnesty ont déploré que de plus en plus de propositions violant les droits fondamentaux dominent l’agenda politique suisse. Avec l’interdiction des minarets et l’initiative sur le renvoi des criminels étrangers, des dispositions discriminatoires ont été inscrites dans la Constitution fédérale, ont-ils déploré.

La démocratie est utilisée contre les droits humains alors que ce sont ces droits fondamentaux qui garantissent notre liberté, a relevé Manon Schick, directrice d’AI Suisse. L’ONG, qui fêtera ses 50 ans le 28 mai prochain, entend stopper cette escalade en lançant un appel au monde politique.

Les membres de la section suisse demandent également au Conseil fédéral de soutenir activement le processus de démocratisation en Afrique du Nord et au Proche-Orient. La Suisse ne sera crédible que si elle oriente sa politique étrangère sur les droits humains. Il en va également de la politique des réfugiés. En outre, la Suisse doit également se poser la question de ses relations avec des régimes autoritaires et ne plus leur livrer d’armes car elles vont se retourner, tôt ou tard, contre leurs populations.

Le Matin

L'équivalent d'un an de salaire

S’ils décident de retourner de leur propre gré dans leur pays d’origine, l’Office fédéral des migrations (ODM) est prêt à débourser 4000 francs par migrant.

L’ODM accorde un montant de 4000 francs par migrant qui décide de retourner chez lui. «1000 francs en cash et jusqu’à 3000 francs pour des projets professionnels individuels, des mesures de formation ou des problèmes de logement», confirme l’ODM dans «Der Sonntag». Cette aide au retour peut bénéficier à toutes les personnes dans le domaine de l’asile qui souhaiteraient retourner volontairement chez elles. Les requérants d’asile déboutés pourraient également bénéficier d’une aide financière de Berne à l'avenir.

Une somme qui correspond à un salaire d'un an en Tunisie

4000 francs suisses correspondent en Tunisie à un salaire équivalent à 70 000 francs en Suisse, un montant largement supérieur à un salaire moyen. Les Etats voisins de la Suisse appliquent des méthodes similaires pour inciter les migrants à retourner dans leur pays d’origine. L’Autriche, par exemple, met à disposition 480 francs par migrant, une somme largement inférieure au montant de l’aide fournie par la Confédération.

Les pays qui en profitent le plus

Pour la première fois, l’ODM a procédé à un examen détaillé du montant financier des incitations au retour ainsi que les pays qui en bénéficient le plus. En 2010, l’ODM a déboursé 1,8 million de francs pour aider des migrants à retourner dans leurs pays d’origine. Des citoyens de 70 pays ont profité de cette aide. Les Serbes viennent en tête avec une aide financière de 184 388 francs. On trouve le Sri Lanka (175 443 francs) en deuxième position et la Bosnie-Herzégovine (165 117 francs) en troisième. Sur les dix pays dont les citoyens ont le plus profité, 550 personnes ont bénéficié d’une incitation au retour pour un montant de 460 000 francs en cash et d’une aide matérielle une fois sur place de 640 000 francs. Des frais médicaux pour 33 500 francs ont également été payés.

20minutes.ch

Regard suisse sur les élections finlandaises

tom biaudet finlandeCandidat aux élections législatives finlandaises de dimanche, Tom Biaudet, d’origine suisse, se désole de la percée annoncée des «Vrais Finlandais», un parti populiste et nationaliste qui exploite la crise financière. Portrait et analyse du scrutin.

Tom Biaudet est un candidat à moitié engagé. Impliqué, ce Finlandais d’origine suisse l’est pleinement puisqu’il a mené campagne à Helsinki.
Mais après une bonne vingtaine d’années passées hors du pays nordique, il porte un regard très distancié sur la scène politique locale. Ce recul, s’il est loin de lui assurer une place dans le prochain parlement finlandais (Eduskunta), fait de cet homme de 60 ans au parcours varié un observateur avisé en cette période un peu particulière de l’histoire politique finlandaise.

Une affection particulière

Tom Biaudet est un arrière-arrière-petit-fils d’un pasteur originaire de Rolle, une commune située entre Lausanne et Genève. Il est arrivé à Helsinki en 1872 pour y enseigner le français à l’Université. La Finlande était alors encore un grand-duché de l’empire tsariste.
Tom Biaudet a gardé la double nationalité. «Ma culture est d’ici, de Finlande, mais on n’oublie pas ses racines», sourit-il lors d’une rencontre dans un café à l’ancienne des beaux quartiers de Helsinki, spacieux et haut de plafond.
«Le fait est que j’ai gardé une affection particulière pour la Suisse. D’ailleurs, ma femme a acheté pour nos enfants un appartement à Lausanne. Et à Rolle, on fait un bon petit vin!»

Au nom de la minorité suédophone

Tom Biaudet a passé une grande partie de sa vie active loin du Nord. D’abord à Rome et au Kenya pour le compte de la FAO, l’agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Puis, après trois années comme trader à Helsinki, départ pour la Normandie. Lui et son épouse y font l’acquisition d’un haras. Ce n’est que l’an dernier, après le décès de sa femme, qu’il s’est décidé à rentrer au pays.
Il a rejoint les rangs du Parti populaire suédois (SFP), qui représente la minorité suédophone de Finlande (6% de la population). Car les ancêtres du candidat avaient vite intégré cette minorité, héritage de six siècles de domination suédoise. La langue natale de Tom Biaudet est donc le suédois, la seconde langue officielle du pays.
Aujourd’hui, le statut de cette minorité et l’enseignement obligatoire du suédois dans toutes les écoles de Finlande sont de plus en plus contestés. En particulier par un parti populiste et nationaliste, les «Vrais Finlandais», qui en a fait un de ses arguments de campagne. Or ce parti a le vent en poupe.

Une campagne ultrapopuliste

Emmenés par le charismatique Timo Soini, 49 ans, les «Vrais Finlandais» sont crédités de plus de 15% des intentions de vote par les sondages, voire de 18%. Au scrutin de 2007, ils n’avaient obtenu que 4% des suffrages.
« Ce parti a fait une percée grâce à une campagne ultrapopuliste et un discours très conservateur sur les valeurs», fait remarquer Tom Biaudet. «Son chef, estime-t-il, n’a guère d’idées constructives, il se contente de critiquer dans tous les sens».
De fait, Timo Soini tranche sur le discours consensuel – «grisâtre et uniforme», selon lui – de la classe politique traditionnelle. Pour cet eurosceptique élu au Parlement européen en 2009, les plans de sauvetage montés en urgence par l’Europe pour sauver la Grèce et l’Irlande de la faillite «prouvent que le système marche sur la tête». Les Grecs, en particulier, en prennent pour leur grade: « Ils nous ont menti sur leurs comptes, qu’ils se débrouillent tout seuls!»
Tom Biaudet reconnaît qu’«une vague de mécontentement traverse la Finlande». «Avant la crise financière de 2008, le pays se portait bien, sa dette publique était réduite, sa balance commerciale excédentaire». Depuis, le chômage a augmenté, le climat social s’est tendu, des appels à la grève sont lancés.

Les étrangers…boucs émissaires

«Les gens, ajoute le candidat suédophone, ont besoin d’exprimer leur frustration d’une manière ou d’une autre et les partis politiques au pouvoir ont sous-estimé ce phénomène.»
Comme ailleurs en Europe, les étrangers servent de boucs émissaires, même s’il y en a proportionnellement moins qu’ailleurs. En Finlande, environ 3% d’une population totale de 5,4 millions d’habitants est née à l’étranger. On compte environ 40’000 musulmans, arrivés essentiellement depuis la fin des années 1980. Cela suffit pour inquiéter des Finlandais nullement habitués à l’immigration.
« Les Vrais Finlandais se créent des ennemis pour se faire des amis», regrette Tom Biaudet. Les réfugiés somaliens, en particulier, sont dans le collimateur de ce parti, qui compte dans ses rangs une frange ouvertement xénophobe.
Que faire des «Vrais Finlandais» s’ils réalisent la percée annoncée dans les sondages ? Faudra-t-il les intégrer à la prochaine coalition gouvernementale, comme l’envisagent les têtes de liste de quasiment tous les autres partis en lice? Timo Soini l’espère, lui qui rêve déjà d’un poste de ministre. A titre personnel, Tom Biaudet est contre. «Je ne pense pas que ce parti est là pour durer». Mais il n’aura sans doute pas son mot à dire car, il le sait, il n’a que très peu de chances d’être élu dimanche, étant donné la faible audience du parti suédophone.

Antoine Jacob, swissinfo.ch, Helsinki

samedi 16 avril 2011

Un foyer d'accueil pour requérants prend feu

Un foyer d'accueil pour requérants d'asile a été détruit par un incendie vendredi soir à Zurich. Les 50 personnes présentes ont pu quitter les lieu par leurs propres moyens. Deux d'entre elles ont été légèrement intoxiquées par la fumée, une troisième a été blessée à la tête et hospitalisée, a précisé la police cantonale zurichoise.

Les transports publics zurichois ont acheminé les 74 résidents du foyer vers un abri de la protection civile (PC). C'est le personnel de la PC qui les a pris en charge. Une enquête a été ouverte afin d'établir l'origine du sinistre.

20minutes.ch

vendredi 15 avril 2011

L'immigration zéro est un mythe

Le député européen Jean-Luc Bennahmias (Modem) critique la position, favorable à un rétablissement provisoire des frontières intérieures de l'Union européenne, défendue par la France, l'Allemagne et l'Autriche, à l'issue de la réunion des ministres européens en charge de l'immigration qui s'est tenue le 11 avril 2011: «les utopistes d'aujourd'hui sont ceux qui prétendent vouloir éradiquer toute immigration!»

Avec environ 200 millions de migrants de part le monde, la question de la gestion des flux migratoires est un des grands défis mondiaux. A l'échelle de l'Union européenne (UE) la politique migratoire est aujourd'hui restrictive quand elle n'est pas dans l'impasse. Dans tous les cas, elle manque d'ambition et reste dans le court terme quand il faudrait s'appuyer sur le co-développement, promouvoir les allers-retours pour les migrants, élaborer une véritable politique d'immigration commune à l'échelle de l'UE démocratique et humaniste et enfin construire une véritable union pour la méditerranée.

Lampedusa, cette petite île italienne, située à mi-chemin entre la Sicile et la Tunisie, est devenue, en l'espace de quelques semaines, le symbole de l'impasse dans laquelle se trouve la politique migratoire européenne. Les révolutions qui secouent en ce moment les pays arabes provoquent des déplacements de population. Instabilité, incertitude et répression parfois violente et arbitraire, conduisent des milliers de tunisiens, égyptiens et libyens à fuir direction l'Europe. Sur leur chemin, l'île de Lampedusa n'est, pour la plupart d'entre eux, qu'une étape vers d'autres pays européens. Plus de 20 000 migrants auraient ainsi débarqué sur l'île depuis la mi-février, suscitant les cris d'alarme du gouvernement italien et la réaction plus que réservée de ses partenaires européens. La frilosité européenne est dénoncée par l'Italie, l'Union ayant pour le moment seulement déployée des moyens limités par l'intermédiaire de Frontex, son agence de gestion des frontières extérieures, tandis que les Etats membres -en premier lieu la France- font la sourde oreille après avoir «sous traité» pendant des années la gestion des flux migratoires aux pays de la rive sud de la méditerranée (dont la Lybie et le Maroc).

Un paquet législatif relatif à la politique d'immigration et d'asile est bien en cours d'élaboration au sein de l'UE mais les négociations sont bloquées. Le règlement Dublin II qui régit le droit d'asile est quant à lui dénoncé par les pays européens riverains de la méditerranée qui demandent sa révision pour un rééquilibrage de la politique d'asile. L'attitude de certains pays envers l'immigration, dont la France, n'arrange rien. Loin d'adopter une approche fondée sur la solidarité entre Etats membres, chaque Etat commence à se replier sur ses frontières -le jeu de «ping pong» entre l'Italie et la France est emblématique de l'inexistence d'une politique d'immigration commune ou même d'une volonté d'avoir une approche partagée. M. Berlusconi, seul face à la gestion de la crise, a agit par provocation en annonçant qu'il allait octroyer des visas Schengen aux personnes arrivées à Lampedusa leur permettant de voyager dans l'espace Schengen pour 6 mois, mettant ainsi en lumière le caractère européen du problème. Et c'est une évidence qu'un pays ne peut à lui seul faire face à la crise. Loin de déclencher une réaction de solidarité, sa décision a accentué le repli sur soi. M. Guéant, ministre français de l'intérieur en charge de l'immigration, a déclaré que la France n'avait pas vocation à accueillir ces immigrés et qu'elle les bloquerait à la frontière en vérifiant s'ils satisfont aux conditions relatives aux visas Schengen. Durcissant chaque jour sa position, M.Guéant institutionnalise le repli national au lieu d'œuvrer à une gestion commune de la crise.

A l'issue de la réunion des ministres européens en charge de l'immigration à Luxembourg le lundi 11 avril, on ne peut que constater l'échec des ambitions européennes en matière de politique d'immigration, quelques Etats membres (France, Allemagne, Autriche) ayant ainsi annoncé leur souhait de rétablir provisoirement les frontières! Une telle décision remettrait en cause la libre circulation des personnes, une des libertés fondamentales de l'Union européenne. La désinvolture avec laquelle ces Etats portent atteinte à des libertés fondamentales de l'Union montre le peu de cas qu'ils font de l'acquis européen et des droits fondamentaux.

M. Guéant -mais il n'est pas le seul- semble croire qu'il est non seulement désirable mais possible d'éliminer toute immigration (jeudi 7 avril dernier, il a ainsi annoncé vouloir réduire l'immigration légale). Si la gestion -la plus humaine possible- des flux migratoires est une nécessité et même une urgence absolue, il n'existe pas de frontière qui soit étanche, complètement imperméable aux influences extérieures. Les utopistes d'aujourd'hui sont ceux qui prétendent vouloir «éradiquer» toute immigration! L'immigration zéro est un mythe.

Sans rentrer dans le débat du besoin ou non de l'immigration pour des raisons économiques dans nos sociétés vieillissantes, pour combler la pénurie de main d'œuvre dans les secteurs dits en tension, et les métiers pénibles, il est assez facile de voire que dans un monde globalisé, dans lequel les technologies de l'information et de la communication rendent le monde entier connecté, ceux qui aspirent à une plus grande sécurité physique, politique mais aussi économique trouvent vite leur eldorado dans les territoires les plus «favorisés» -le monde globalisé rend visible l'extrême pauvreté des PMA, les tensions voire conflits politiques et les violences dans certains pays dits du sud et de l'autre côté les pays riches, industrialisés, démocratiques et prospères...parce que le fossé entre pays riches et pays en développement s'offre aux yeux de tous, les moins favorisés et les plus menacés tentent, et c'est parfois un instinct de survie, d'aller là où ils pensent avoir une chance. Paradoxalement, pour atteindre cette nouvelle chance, ils mettent souvent leur vie en danger.

N'oublions pas que les candidats à l'émigration sont souvent prêts à faire des voyages dantesques, à traverser la mer méditerranée ou un continent entier dans des conditions terribles, au péril de leur vie -l'actualité nous en a donné un dernier triste exemple: début avril, une embarcation a coulé au large de Lampedusa entrainant plus d'une centaine de disparus. Ces gens, désespérés et déterminés, ne sont pas du genre à se laisser dissuader par quelque loi que ce soit.

Arrêtons donc de disserter sur de prétendues solutions miracles et d'élaborer des politiques uniquement fondées sur l'expulsion et le renforcement des frontières extérieures comme le propose M.Guéant pour qui l'unique politique consiste à renforcer les patrouilles en mer méditerranée et les contrôles sur le territoire français (il a annoncé le 11 avril la création d'une compagnie républicaine de sécurité supplémentaire de la police pour aider les forces de l'ordre à contrôler les tunisiens arrivant en France). Ces politiques sont à sens unique, indignes du respect des valeurs européennes, sans parler du respect du droit (cf expulsions collectives et discriminations interdites par le droit européen -la France a été mise en cause dans la gestion de la minorité Rom) et elles sont, de surcroît, condamnées à l'inefficacité.

Se replacer rapidement dans un contexte historique permet de réaliser que les migrations ont toujours existé. La France comme d'autres pays européens ont toujours été des territoires d'immigration. Il est donc complètement artificiel de dénoncer aujourd'hui de prétendues vagues -et encore plus de «tsunamis» selon le terme du ministre italien de l'intérieur- d'immigration. Il ne faut pas non plus oublier que la majorité des flux migratoires a lieu entre pays de la même catégorie de développement: 60 % des migrations ont lieu entre pays développés ou entre pays en développement et 40% entre pays en développement et pays développés selon le rapport mondial sur le développement humain 2009(1).

De plus, aujourd'hui les chiffres, notamment sur l'asile, relativisent la générosité de la politique d'accueil de la France. Si en chiffres absolus, la France est bien le pays européen qui reçoit le plus de demandes d'asile, lorsque l'on pondère les chiffres en fonction de la population, c'est-à-dire en fonction de la capacité d'absorption des Etats, la France est derrière la Suède, la Belgique ou encore le Danemark (elle émerge en 9ème position (2)). Surtout, la France est un des pays qui rejette le plus les demandes d'asile qui lui sont faites: 86.4 % des demandes sont rejetées (10% au dessus de la moyenne UE); le taux d'octroi du statut de réfugiés en France est ainsi inférieur à celui de l'Allemagne ou au Royaume-Uni(3). M. Guéant a alors beau jeu de clamer que la France est championne de l'accueil en Europe. La France comme pays d'accueil est une idée qui a bien vécue. Et les chiffres sont là pour le prouver. En 2010, au total, la France a ainsi accordé l'asile à moins de demandeurs que l'Allemagne ou le Royaume-Uni.

Dans le débat actuel c'est la confusion générale, en partie entretenue par les responsables politiques, à la fois sur les chiffres et sur les procédures d'accueil. M. Guéant mélange tout: immigration légale, illégale, réfugiés...on retombe dans le clivage nationaux/étrangers! La procédure d'asile ne concerne pas tous les migrants. Ces derniers ne se déplacent pas tous pour les mêmes raisons, tous ne viennent pas des mêmes pays et tous ne rentrent donc pas dans les mêmes catégories. Il faut bien voir que l'asile qui octroie le statut de réfugié à des personnes fuyant leur pays en guerre ou parce qu'ils sont sous une menace politique ou religieuse reste une procédure spécifique, dont ne bénéficient au final que très peu de migrants (les chiffres ci dessus montrent que 2/3 des demandes échouent). L'Union doit pourtant protection à ces populations menacées. C'est pour cette raison que, face à la crise de Lampedusa, la Commissaire européenne, C. Malmstrom, a lancé un appel à la solidarité pour que les Etats membres accueillent les réfugiés en provenance de Lybie notamment - car si certains sont déjà arrivés, essentiellement à Malte -l'Union peut s'attendre à une augmentation des flux dans les semaines à suivre. Sur cette question il faut être clair: l'UE doit accueillir tous ceux qui répondent aux conditions de demande d'asile, sans exception -n'en déplaise à M. Guéant et Mme Le Pen, ces réfugiés doivent être protégés, c'est une exigence humaine.

Il nous faut aussi réviser cette procédure d'asile, qui pose à l'heure actuelle de nombreux problèmes notamment parce qu'elle fait porter le poids de la migration sur les pays européens de la rive méditerranée (le règlement Dublin II prévoit que l'Etat membre compétent pour traiter de la demande d'asile est l'Etat par lequel le migrant est entré sur le territoire de l'UE) mais aussi parce qu'il est toujours difficile de définir précisément (en dehors des pays en guerre) qui est menacé, qui ne l'est pas. Les migrants arrivant sur l'île de Lampedusa en provenance de la Tunisie sont principalement des migrants économiques argumentent la Commission européenne et la France, et ne sont donc pas éligibles à l'asile. Seules les menaces politiques et religieuses sont prises en compte, ce qui pose des problèmes d'application: comment prouver qu'on a été torturé, violé, comment traiter les dissidents politiques dont ceux qui sont issus des pays d'apparence démocratique...mais ce qui soulève aussi des interrogations sur les critères pris en compte. Il n'existe pas d'autres critères, type économique, qui pourraient servir de base à l'asile. Or il est parfois difficile de distinguer entre un migrant économique et politique et la migration de type économique peut très bien relever elle aussi de la survie.

Les chiffres le montrent, l'asile est accordé à une minorité de demandeurs. La politique française en matière d'immigration est parfois à la limite de la légalité (expulsions de Roms), souvent inhumaine et moralement inacceptable: il est inacceptable de renvoyer les afghans en Afghanistan et les personnes malades au mépris du droit d'asile, inacceptable aussi d'aller chercher directement les enfants dans les écoles, inacceptable de faire des centres de rétention des prisons...Le respect des droits des personnes, l'accueil des associations et des avocats doivent être assurés en permanence au sein de ces centres, centre de détention n'est pas prison!  Nous sommes aujourd'hui dans une logique de contrôle et de répression qui l'emporte sur une gestion humaine des problèmes.

Alors que faire? L'immigration, qui sous entend le passage de frontières, est un sujet européen par excellence. La gestion des flux migratoires ne peut donc se faire qu'à l'échelle de l'Union. En l'absence de frontières intérieures dans l'espace Schengen et dans l'objectif d'une intégration européenne plus approfondie dans le domaine des affaires intérieures, la gestion doit être concertée. Elle ne peut être supportée par un seul Etat membre, a fortiori une île, ni même par quelques Etats. Il nous faut un plan européen, mais un plan qui apporte une valeur ajoutée. Une politique européenne qui est restrictive comme la directive retour, surnommée la directive de la honte, ou discriminatoire comme s'annonce la directive sur le permis unique en cours de négociation, n'a aucun intérêt et a même un impact négatif sur les politiques nationales, les Etats membres s'en servant pour aller plus loin dans les politiques restrictives et discriminatoires. Pour pallier l'urgence, le plan doit partager la pression que subit l'Italie aujourd'hui, et à plus long terme, il doit rééquilibrer le règlement Dublin II. La clause de solidarité qui existe dans le traité (article 80 TFUE) doit être activée: elle prévoit le partage des charges entre tous les Etats membres dans le domaine de l'asile et de la politique migratoire. Et au delà de l'asile, il nous faut engager la réflexion sur la politique d'immigration que nous voulons. Sur le fond, on ne le répétera jamais assez, il est primordial d'agir avant tout sur les causes de l'immigration. Stopper la politique du tout répressif et renforcer le co-développement.

Le co-développement c'est la gestion partagée et l'action à la source pour améliorer les conditions de vie. Cela parait évident, et pourtant ce n'est pas du tout le chemin de nos politiques actuelles. Il nous faut accompagner les nouvelles autorités issues de la révolution en Tunisie et en Egypte vers le développement démocratique et économique. Les politiques européennes doivent se concentrer sur les projets qui visent à créer de l'emploi et dynamiser l'économie. De manière plus générale, le co-développement doit à la fois se concentrer sur le rétablissement d'une agriculture de proximité car il faut en finir avec la monoculture et l'agriculture d'exportation qui ont produit des dégâts irrémédiables dans les pays en développement et promouvoir un développement économique auto centré, destiné aux populations locales.

Il s'agit aussi d'améliorer la gestion de l'aide au développement; de nombreuses études mais aussi les milliards «retrouvés» récemment chez Z.Ben Ali et H.Moubarak nous confortent dans l'idée qu'une partie des fonds accordés par l'UE et d'autres instances ne parviennent pas jusqu'à leurs destinataires. Il est extrêmement difficile d'assurer le suivi concret des aides et encore plus d'apparaître en donneur de leçons alors même qu'à cet égard les pays africains n'ont pas le monopole du détournement des fonds et de la corruption (les exemples sont nombreux en Europe). Le suivi des aides reste cependant une tâche essentielle, que l'UE s'efforce de réaliser sur son propre territoire, et qui doit être une réalité partout où des fonds sont accordés sur des projets précis.

Pour développer une gestion plus «apaisée» des migrations, l'autre priorité selon moi est de permettre les allers-retours entre les pays d'émigration et d'immigration. Il nous faut organiser ce droit à l'aller-retour pour ceux qui le désirent; une telle politique permettrait à ceux qui veulent de venir pour quelques mois, de repartir et de revenir ensuite ; elle enlèverait la pression sur les migrants qui ne seraient plus obligés de faire un choix définitif, de payer très cher des passeurs, d'entreprendre des voyages dangereux au péril de leur vie, et de se voir, en cas d'échec, perçus comme la honte de leur entourage. En étant encadrée, une telle politique permettrait une gestion apaisée des flux. La Commission européenne a fait une proposition allant dans ce sens pour les travailleurs saisonniers venant de pays tiers mais elle a suscité une levée de boucliers dans plusieurs Etats membres et il n'est pas sûr qu'elle puisse voir le jour.

Bien sur cela ne règle pas tout; on le voit en situation de crise, comme les révolutions arabes nous le montrent, les personnes arrivent par milliers de Tunisie, de Lybie et d'autres pays d'Afrique en situation de grande vulnérabilité: nous faisons face à une situation humanitaire de grande ampleur. De plus, dans un futur lointain, mais certain, il nous faudra penser à la gestion des flux migratoires dus au réchauffement climatique -les réfugiés du climat- et cela demande une réflexion qui va au delà du réflexe d'expulsion comme but en soi et du manque de solidarité entre les pays de l'UE. La crise de Lampedusa met ainsi en lumière les menaces qui pèsent sur l'Union en tant que communauté: menace sur la libre circulation des personnes, un des acquis fondamentaux de l'UE, et menace de repli sur soi devant le manque de solidarité et de partages des charges. Accompagner les révolutions dans les pays arabes, ce n'est pas juste se féliciter de la chute d'un dictateur, c'est aussi gérer «l'après» et notamment les déplacés, les réfugiés...en ayant une vision coordonnée et une réflexion sur le futur, notamment sur la question de savoir quelles relations l'UE souhaite établir sur le long terme avec ces nouveaux régimes. Il s'agit en clair de réfléchir sur la création d'une vraie Union pour la méditerranée. Bref tout le contraire de ce que font aujourd'hui les Etats membres, notamment français, qui institutionnalisent le repli national au lieu d'ouvrir les perspectives et de chercher une solution commune en fédérant tous les pays européens.

Jean-Luc Bennahmias, député européen, sur MediaPart

(1) Rapport mondial sur le développement humain 2009 intitulé «lever les barrières: mobilité et développement humain»

(2) Chiffres Eurostat 2010- 1. Chypre, 2. Suède, 3. Belgique, 4. Luxembourg, 5. Autriche, 6. Danemark, 7. Grèce, 8. Pays-Bas, 9. France

(3) Chiffres Eurostat 2010- France: sur 37 620 décisions, 5 115 réponses positives- Allemagne: 45 310 décisions rendues, 10 445 étaient positives - Royaume-Uni: 26 690 décisions, 6440 positives

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Entre juin 2010 et février 2011, de nombreuses personnalités (démographes, économistes, juges, policiers, syndicalistes, représentants du patronat, militants) ont été interrogées par le collectif Cette France-là, dans le cadre d'un cycle d'audit organisé à l'Assemblée nationale sur les différents aspects de la politique migratoire. Ces auditions sont rassemblées sur Mediapart sous forme de vidéos: Immigration: la contre-expertise.

Le cycle se poursuit désormais avec des contributions écrites. Celle de Jean-Luc Bennahmias, que nous publions, s'inscrit dans ce cadre.

mercredi 13 avril 2011

Islamophobie: des discours aux actes

La commission des droits de l’homme pointe une hausse des atteintes contre les musulmans.

Les propos du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur «l’accroissement» des musulmans en France vont-ils provoquer une nouvelle flambée d’islamophobie ? D’après des chiffres que Libération s’est procurés, les agressions antimusulmanes sont en hausse. Alors que 109 actes visant les fidèles de l’islam avaient été répertoriés par la sous-direction de l’Information générale (ex-Renseignements généraux) pour 2010, le chiffre est déjà de 45 pour le premier trimestre : essentiellement des inscriptions, tracts, courriers et dégradations. Mais pas d’atteintes aux personnes.

«Débats»

Ces données sont probablement sous-estimées. Pour que ces actes soient répertoriés, il faut que les victimes portent plainte, que le commissariat enregistre ces faits comme «antimusulmans» et qu’il les fasse remonter au ministère.

Elles confirment en tout cas la tendance relevée par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dans son rapport 2010, rendu public hier : «une hausse des atteintes à la communauté musulmane». Treize lieux de culte musulmans ont été visés contre six en 2009. Explication de la CNCDH : «La fin 2009 et l’année 2010 ont été ponctuées par des débats de société sur la construction de minarets, le port du voile intégral et l’identité nationale, ce qui a pu alimenter un sentiment antimusulman.»

Cette augmentation des actes islamophobes est d’autant notable qu’elle s’inscrit dans un contexte de baisse des actes racistes. Alors que «l’année 2009 avait été marquée par une augmentation importante des actes et menaces à caractère raciste, 2010 marque un recul», relève la CNCDH. En baisse de 13,6% par rapport à 2009, 886 faits à caractère raciste et xénophobe ont été dénombrés. L’antisémitisme a diminué alors qu’il avait très fortement augmenté en 2009 après l’offensive israélienne sur la bande de Gaza.

Comme chaque année, le rapport comprend un sondage. Les résultats sont inquiétants. Alors que la CNCDH soulignait dans son rapport 2009 que «les préjugés racistes n’augmentaient pas en France», l’analyse des enquêtes des instituts Sofres (1) et CSA (2) montre, «pour la première fois depuis plusieurs années», une hausse de l’intolérance. La méfiance envers les musulmans augmente, comme le rejet des étrangers, et le sentiment que l’intégration est un échec.

«Décomplexion»

Et les politiques n’y sont pas pour rien. Martine Brousse, vice-présidente de la CNCDH, déplore «une forme de décomplexion [du racisme] dans le discours politique». Pour Régis de Gouttes, de la CNCDH, «il faut que les hommes politiques prennent conscience de l’impact de leurs déclarations sur la cohésion sociale».

Catherine Coroller dans Libération

(1) Etude qualitative portant sur 30 entretiens réalisés entre le 9 et le 14 décembre.

(2) Réalisé en face à face, du 11 au 14 janvier, auprès de 979 personnes.

Retour au racisme pur et dur

mouton noir vlaams belangUne politique dure fonctionne" : tel est le nouveau slogan officiel que le parti flamand Vlaams Belang a présenté dimanche 10 avril à Anvers à l'occasion de son congrès annuel. La crème des partis européens ouvertement racistes étaient invités à l'occasion : le FPÖ autrichien, la Ligue du Nord italienne, le Parti du Peuple danois, les Démocrates suédois, et l'UDC suisse. "Une manière de se profiler comme un parti s'inscrivant dans un courant international radical", écrit Le Soir. Et pour mieux montrer sa proximité idéologique avec le parti xénophobe suisse, le Belang a repris la célèbre affiche de l'UDC où des moutons blancs expulsent du territoire suisse un mouton noir. La brebis galeuse à expulser, rouge cette fois, porte les symboles des drapeaux turc et marocain.

En recentrant son discours sur le racisme et la lutte contre l'immigration (son premier cheval de bataille, le second étant l'indépendance de la Flandre), le Vlaams Belang "tente de sauver sa peau" à l'approche des élections communales d'octobre 2012, explique le quotidien bruxellois. Après avoir été pendant 15 ans le parti gagnant de toutes les élections, le parti extrémiste flamand a commencé à stagner et même à reculer depuis 2006, l'essor de partis indépendantistes, et notamment de la N-VA de Bart de Wever l'ayant vidé peu à peu de son électorat indépendantiste. Et alors qu'en 2004, il obtenait un score historique de 24% des voix aux élections législatives, il avait chuté à 12% en 2010

Parmi les propositions entendues dimanche à Anvers : la fin du regroupement familial, la fin des allocations de sécurité sociale pour ceux qui ne peuvent justifier d'au moins 7 années de résidence belge et de 3 années de cotisation et, cerise sur le gâteau de la xénophobie, stimuler chez les immigrés "le mal du pays" avec un programme "de rapatriement énergique"...

Trouvé sur presseurop

Durcissement en matière d'immigration

La Suisse devrait serrer encore plus la vis en matière d'immigration. Par 96 voix contre 59, le National a transmis mercredi une motion du Conseil des Etats demandant de nouvelles mesures. En ligne de mire de la majorité: la libre circulation et le regroupement familial.

TSR

lundi 11 avril 2011

L'Italie demande une meilleure répartition des réfugiés tunisiens

Simonetta Sommaruga participait à la réunion des ministres de l'Espace Schengen sur l'immigration. Les Italiens ont demandé à leurs partenaires une répartition des réfugiés tunisiens de l'île de Lampedusa. Un vœu fraîchement repoussé.

TSR

Entrée en application de la loi contre le voile intégral

Après des mois de polémique, la loi contre le voile intégral est entrée en application dès ce lundi. Cette loi concerne entre 500 et 2000 femmes en France, mais sera très difficile à appliquer.

TSR

vendredi 8 avril 2011

mercredi 6 avril 2011

Le Pen relaxé

Le président d’honneur du FN accusé par le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) d’incitation à la haine raciale pour avoir diffusé, lors des élections régionales, des affiches offensantes à l’encontre des musulmans, a été relaxé hier par le tribunal correctionnel de Nanterre.

le pen affiche

L’affiche, qui avait suscité des protestations jusqu’en Algérie, représentait une femme voilée à côté d’une carte de la France recouverte d’un drapeau algérien et de minarets en forme de missiles. Le tout intitulé « non à l’islamisme ». Visiblement pas assez pour établir l’incitation à la discrimination.

Un « déontologue » à l’Assemblée

Un groupe de travail mis en place par le président UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, sur « la prévention des conflits d’intérêts » des députés, devra nommer demain un « déontologue » chargé de régler ces litiges. L’UMP est pour le moins divisée sur la pertinence du projet : il s’agit de la nomination d’une personnalité extérieure à l’Assemblée. Alors que le vice-président du groupe UMP, Jean Leonetti, qualifie cette nomination d’« indispensable dans le monde d’aujourd’hui », Lionnel Luca, député UMP, la trouve « ridicule ». Aujourd’hui, ces conflits sont réglés par les députés eux-même    

L'Humanité

Important flux migratoire vers l'Italie

Une embarcation a chaviré avec plus de 200 réfugiés à son bord, au moins 150 personnes sont portées disparues. Au petit matin dans le port de Lampedusa, ramenés par les gardes-côtes italiens, 48 rescapés débarquent.

TSR


Les politiques et les experts ne sont pas d'accord entre eux sur l'ampleur de la migration à attendre mais d'ores et déjà l'Italie se sent abandonnée par l'Union européenne. Les politiques et les experts ne sont pas d'accord entre eux sur l'ampleur de la migration à attendre mais d'ores et déjà l'Italie se sent abandonnée par l'Union européenne.

TSR


Analyse de Valérie Dupont, correspondante de la TSR en Italie

TSR

mardi 5 avril 2011

Intégration des Roms: Bruxelles accroît la pression sur les pays de l'UE

La Commission européenne a demandé mardi aux pays de l'UE de s'engager clairement à mieux intégrer les Roms, notamment via la scolarisation des enfants, estimant que le conflit avec la France en 2010 avait permis de "réveiller" l'Europe sur le sujet.

"La situation en France à l'été dernier a été un appel nécessaire à se réveiller, car à ce moment-là, tout le monde en Europe a repris conscience du fait que les citoyens européens ont des droits et que ces droits doivent être appliqués", a souligné la commissaire à la Justice, Viviane Reding, en présentant des propositions sur une meilleure intégration des Roms.

A l'automne 2010, un conflit virulent avait opposé Mme Reding au gouvernement français au sujet des renvois chez eux de Roms roumains et bulgares venus en France, la commissaire allant jusqu'à faire une comparaison avec les persécutions nazies contre les juifs.

Paris avait au final accepté de modifier sa loi nationale, afin de mieux tenir compte de règles européennes encadrant les renvois chez eux de citoyens de l'UE, et avait échappé à une procédure pour discrimination. Dans son projet présenté mardi, l'exécutif européen demande aux gouvernements de l'UE de lui présenter "d'ici fin 2011" des stratégies nationales spécifiant comment ils comptent mieux intégrer leurs communautés roms, en matière d'éducation, de logement, de santé et d'emploi.

Un accent particulier est mis sur la scolarisation. Bruxelles souhaite que tous les enfants de la communauté rom "achèvent au moins l'école primaire", alors que 42% le font aujourd'hui, contre 97,5% en moyenne pour les autres enfants européens. Pour cela, les gouvernements sont appelés à retrousser les manches. Mais la Commission attend aussi des Roms qu'ils fassent un effort. "Il appartient aussi à la communauté rom de vouloir sortir de la pauvreté", a dit Mme Reding. Il est prévu de former un millier de "médiateurs" roms pour discuter avec les familles.

Un mécanisme de surveillance des progrès sera mis en place, avec l'implication de l'Agence européenne des droits fondamentaux et des rapports annuels de la Commission. Le commissaire aux Affaires sociales, Laszlo Andor, un Hongrois, s'est dit "préoccupé" par les violences racistes visant la communauté des Roms en Europe, notamment dans son propre pays qui assure jusqu'à fin juin la présidence semestrielle de l'Union européenne. "Nous recevons presque quotidiennement des informations parfois alarmantes de divers pays" sur des agressions, a-t-il dit. "L'augmentation de tendances xénophobes et parfois explicitement racistes ces dernières années, comme en Hongrie, est un très grand sujet de préoccupation", a-t-il reconnu. "Il ne peut y avoir de tolérance pour le racisme", a-t-il ajouté.

Un procès vient de débuter à Budapest contre quatre hommes accusés d'avoir tué six Roms, dont un enfant de 5 ans et son père, au cours d'une série d'attaques racistes. Ils sont soupçonnés d'avoir perpétré entre juillet 2008 et août 2009 neuf attaques à la grenade, au fusil et au cocktail Molotov, qui ont fait six morts. Parmi les meurtres commis il y a en particulier ceux d'un père et de son fils de cinq ans, ou celui d'une femme dans son sommeil. En Hongrie, la minorité rom, souvent appauvrie et marginalisée, représente près d'un dixième des 10 millions d'habitants du pays. Près de 70% des Roms sont au chômage.

AFP

dimanche 3 avril 2011

Sexe et violence, ces informulés du racisme que le FN manipule

Les scores élyséens de Marine Le Pen doivent être combattus dans le jardin secret de l'extrême droite : le racisme physique, un non-dit qui inhibe tous les débats sur l'immigration.

marine le pen

Marine Le Pen arrive à une conférence de presse à Hénin-Beaumont, le 24 mars 2011 (Pascal Rossignol/Reuters).

Le procès d'Eric Zemmour et les sondages favorables à Marine Le Pen ont remis en selle notre plus vieil ennemi, cette chose qui paraît-il sommeille dans un cerveau que les neurologues qualifient de reptilien, appelons-le reptile cervical.

De quoi s'agit-il ? C'est un animal que tous les Français issus de l'immigration connaissent parfaitement car ils l'ont rencontré dans les cours d'école ou à l'entrée des boîtes de nuit. En marge des passes d'armes sur la compatibilité de l'islam avec la laïcité, le reptile tortille ses anneaux dans l'ombre et prospère dans les sources véritables de la haine raciste : la crainte physique, la violence, le sexe et l'humiliation.

Les Noirs ont une odeur spéciale, les Arabes sont violents

Quels sont les impensés de cette montée de l'extrême droite qui tétanise nos instituts de sondages ? Les informulés du racisme, ces choses que l'on cache comme indignes de figurer dans le débat, nous les connaissons tous : les Noirs ont une odeur spéciale, les Arabes sont violents par nature, globalement l'Africain est « physique », ses capacités intellectuelles se déploient idéalement sur un terrain de football.

Récemment, une chaîne de télé nous a gratifié de 120 mn d'« enquête exclusive » sur la communauté africaine en France. Vous savez… les Noirs. Les coiffeurs mafieux du Xe arrondissement, les miss black qui s'affrontent lors de joutes obscures et, pour finir, les prostituées du Ghana qui officient dans le XVIIIe arrondissement. Un grand moment de fierté pour la négritude.

Le reptile cervical est à la manœuvre dans notre subconscient, il se délecte de notre actualité identitaire. Emeutes des banlieues, élection d'Obama, révoltes aux Antilles, débat sur l'identité nationale… Comme un cousin éloigné du Belzébuth qui venait chatouiller les bigotes, il s'invite au détour d'un regard furtif, d'une émotion soudaine ou d'une frayeur incontrôlée.

Marine Le Pen et la caverne des brigands

A ce jeu, Marine Le Pen est forcément gagnante. Son refuge, c'est la caverne des brigands, la peur de l'autre matérialisée par le dégoût ou l'obnubilation, l'idée que les Noirs et les Arabes sont inassimilables parce que nos quatre sens les perçoivent comme différents.

Les penseurs de la droite extrême ont compris que le « racialisme » – c'est le terme consacré – a tout intérêt à rester un non-dit au service de la petite entreprise des vrais Francais. La dimension physique du racisme est un sujet tabou.

Nos bons militants de gauche, naguère conquis par Mandela, aujourd'hui séduits par Obama, refusent le combat. Ils ne voient rien, n'entendent rien, craignent de devoir sonder l'esprit de nos compatriotes lorsqu'une jeune fille catholique de bonne famille est assassinée par un psychopathe noir dans le RER après une tentative de viol.

La caverne des brigands est un lieu interdit à l'antiraciste militant. Vouloir s'y engouffrer revient à jouer les passagers d'un train fantôme où des spectres viennent vous tirer les cheveux. Tout fonctionne comme si l'universalisme de nos aïeux nous enfermait aujourd'hui dans un légalisme benêt qui nous fait agiter la condamnation d'Eric Zemmour comme un talisman ridicule.

Le racisme anti-Blanc, la réponse spontanée des victimes

Le pire, c'est l'émergence d'un racisme symétrique, le fameux racisme anti-Blanc qui lui aussi prospère sur les non-dits. Oui, le racisme anti-Blanc est un véritable racisme, authentique. Comme l'autre, il puise aux sources du machisme débridé, au fantasme de virilité exacerbé par la frustration.

Le racisme anti-Blanc n'est pas une invention de l'extrême droite, il est la réponse spontanée des victimes, exprimée sur le terrain de l'adversaire, avec tout son appareillage ignoble. Il surgit dans une cour d'école, ou un couloir de métro à l'encontre d'un petit Blanc, considéré comme faible ou efféminé. Le sexe et la violence, encore et toujours…

Frantz Fanon en son temps a pressenti tout l'intérêt de la psychanalyse pour appréhender la haine raciale. La société antillaise et son substrat esclavagiste marqués par une ritualisation du viol et de la soumission lui a servi de terrain expérimental. Notre belle France, patrie de Jacques Lacan, aurait dû poursuivre dans cette voie afin de nous débarrasser de nos pudibonderies ethniques.

Le métissage comme outil de reconquête

Comment lutter contre le reptile cervical ? C'est tout simple, il faut proposer à Marine Le Pen un gendre Dioula, un petit-fils aux traits wolofs, le mélange de son ADN celtique avec celui d'un descendant des montagnards kabyles.

Au-delà des sentiments personnels de la fille, c'est au legs ontologique du père que l'on s'adresse. Tout ou partie de la crédibilité de Jean-Marie fut édifiée sur sa capacité à évoquer constamment cette dimension physique du racisme, bannie de l'espace politique officiel. Sur ce terrain, il fut le roi, et la fille n'a pas renoncé à cet héritage.

Peine de mort, prison, reconduction aux frontières par des moyens militaires, mais surtout hantise de la mixité. Le cœur du sujet reste celui-là. Pour attaquer la droite extrême dans son bastion le plus cadenassé, il faut mettre les pieds dans le plat : de quoi a-t-elle peur, sinon de voir ses enfants en faire d'autres avec les Bougnoules ?

Le fond de l'affaire, c'est la phobie du mélange. C'est d'ailleurs une question qu'il faut savoir poser aussi aux communautaristes de l'autre bord. Notre performance mondiale en matière de mariages mixtes, évoquée du bout des lèvres par quelques intellectuels, doit devenir le cœur de la rhétorique anti-raciste. Il est le seul argument qui porte le fer dans la plaie.

Fabrice Olivet sur Rue89