La semaine passée, la police cantonale a arrêté 13 ouvriers clandestins dans la banlieue lausannoise. Mais le problème reste entier, s’irrite le syndicat Unia.
Ce 8 septembre à 6 heures, les premiers clients de la Brasserie de Malley, à deux pas du centre ville lausannois, ont assisté à une descente de police. Sur le trottoir, des policiers de la Sûreté vaudoise ont effectué des contrôles d’identité auprès de trente-trois ouvriers en quête de travail. Originaires du Kosovo et du Portugal, treize étaient clandestins, dont un faisant l’objet d’un mandat d’arrêt.
Première du genre dans le quartier, l’opération a permis de constater un fait bien connu dans tout le périmètre de Malley. A l’aube, des ouvriers s’y regroupent par dizaines avant d’être amenés sur les chantiers vaudois. En novembre 2009, L’Hebdo avait rendu compte de ce manège. A nouveau, ce sont des travailleurs du ferraillage et du coffrage qui se trouvent les premiers concernés.
L’opération marque-t-elle une avancée dans la lutte contre le travail au noir? «Non», tranche Pietro Carobbio, syndicaliste d’Unia. «La répression des ouvriers n’est pas du tout une bonne mesure. Le problème reste l’organisation structurelle de la construction.»
En clair, le système de sous-traitance qui veut que, depuis l’entreprise générale opérant sur un chantier, une cascade de sous-traitants apparaît avec, au final, de petites sociétés prêtes à engager des clandestins et autres travailleurs au gris.
Plusieurs travailleurs interpellés à Malley se rendaient le matin même sur un important chantier du quartier de Beaulieu, à Lausanne. Pour l’heure, au moins deux sociétés de ferraillage sont concernées par l’enquête. «L’une d’elles, Art Net Sàrl, et son patron, ont fait l’objet de précédentes dénonciations par l’inspection des chantiers», jure Pietro Carobbio. Une société que L’Hebdo n’a pas été en mesure de joindre.
Yves Steiner dans l’Hebdo