mardi 2 novembre 2010

Les étrangers sans papiers devront payer pour être soignés

Les associations le redoutaient: l'Assemblée nationale a restreint ce mardi l’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME), couverture médicale gratuite prévue pour les étrangers en situation irrégulière aux faibles ressources, les députés UMP instaurant notamment un droit d’entrée de 30 euros!

Les élus de la majorité ont également exclu du panier de soins pris en charge les actes «au service médical rendu faible», comme les traitements de la stérilité et les cures thermales, dans le cadre de l’examen des crédits «santé» du projet de budget pour 2011.

L’amendement instaurant le forfait a été déposé par plusieurs députés UMP, dont Dominique Tian, Thierry Mariani, Dominique Door et Jean Léonetti. Le principe d’un forfait avait été évoqué en juillet par la ministre. Il prévoit également de limiter les ayants droit «aux conjoints et enfants, en excluant les ascendants, les descendants (sauf enfants) et les collatéraux jusqu’au troisième degré».

Plusieurs associations avaient mis en garde contre l’offensive de députés UMP pour restreindre l’AME, estimant qu’il s’agissait de stigmatiser les étrangers.

Sonnette d'alarme

Jeudi dernier, les associations membres de l’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) ont tiré la sonnette d’alarme. Si l’accès à l’AME se réduit trop, les sans-papiers vont attendre pour se faire soigner : «[Ils] seraient donc pris en charge à un stade plus avancé de leur pathologie, au risque d’arriver quand [ils] ont besoin de soins urgents, toujours plus lourds et compliqués à mettre en œuvre.»

La gauche a estimé que la restriction touchant l’AME allait porter atteinte à la santé publique car «les personnes concernées souffrent plus que la moyenne de maladies infectieuses graves», a expliqué Marisol Touraine (PS). Le montant du budget de l’AME s’établit à 588 millions pour 2011.

Des organisations de médecins s'inquiétaient également de cette restriction de l’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME). Cette contribution «condamnerait de nombreux malades à rester sans soins», alertait cet après-midi le Syndicat de la Médecine générale et le Comité des Médecins généralistes pour l’Accès aux Soins. L’association France Terre d’Asile s’est également émue de cette proposition qui, selon elle, «constitue une aberration politique» et «une grave erreur du point de vue de la santé publique».

Un article de Libération

Pétition pour une famille menacée d'expulsion

pétition famille lausanne

24 Heures

Un requérant en grève de la faim libéré

Le requérant d'asile turc détenu à Frambois qui faisait une grève de la faim depuis vingt-trois jours a été libéré vendredi dernier.

«La décision a été prise sur la base de son état de santé», explique Henri Rothen, chef du Service vaudois de la population. «Son vol spécial était prévu dans les prochains jours mais il a été jugé intransportable.» En vertu des accords de Dublin, les autorités fédérales avaient refusé d'entrer en matière sur sa demande d'asile, car il avait transité par la Grèce avant d'arriver sur le sol suisse (notre édition du 14 octobre). Une pétition réclamant sa libération circulait, argüant qu'un renvoi vers la Grèce serait synonyme d'un retour forcé vers la Turquie, où le requérant a été condamné à trois ans de prison pour des raisons politiques.

Pour Denmir Sönmez, président de la Maison populaire et initiateur de la pétition, cette libération occasionne «une immense joie». M. Rothen tempère: «Le requérant n'a pas reçu d'autorisation de séjour et la procédure n'est de loin pas terminée.» Puisque le délai dans lequel il peut être renvoyé vers la Grèce arrive à échéance dans un mois, sa demande d'asile devra très probablement être examinée par la Suisse. «Au cas où elle était refusée, le ressortissant turc serait renvoyé vers la Turquie, ce qui serait une situation encore plus défavorable pour lui.» M. Sönmez se dit lui «confiant à 100% que l'asile lui soit accordé», puisque son avocat en Turquie a transmis son avis de condamnation aux autorités suisses.

Un article signé Isaline Thorens dans le Courrier

La prison de l'aéroport, dernière étape avant l'expulsion des requérants

Actuellement, 95 personnes en voie d’expulsion séjournent à la prison aéroportuaire. Motif? Leur volonté de rester malgré tout en Suisse. Visite des lieux.

prison kloten

«Je m’appelle Sora, je viens d’Algérie.» Les mots sont à peine lisibles. Ils sont gravés sur le mur d’une sinistre cellule de la prison de l’aéroport de Zurich et se perdent parmi des centaines de témoignages en allemand, en anglais ou en arabe. Sous l’infime rayon de soleil qui traverse les barreaux de la fenêtre, ces inscriptions apparaissent comme une dernière trace laissée en Suisse. Qui était Sora? Qu’est-il devenu? Ici, on ne se rappelle plus vraiment. Il a sans doute été expulsé depuis longtemps. Un sort qui attend les 95 personnes actuellement détenues dans les six étages de la section «refoulements».

«Disons-le de suite, ici, il n’y a presque pas de criminels étrangers, précise Thomas Manhart, chef de l’Office cantonal de la justice. Ces derniers purgent leur peine dans des établissements pénitenciers, puis sont expulsés sans forcément passer par cette prison.» Entre ces murs surmontés de barbelés, il y a surtout des requérants d’asile déboutés ou des immigrés en situation irrégulière. Agés de 30 ans en moyenne, ils ont pour point commun leur refus de quitter le pays et leur placement en «détention administrative».

prison kloten celluleEnfermer des gens, pour être sûr qu’ils partent plus vite, la démarche peut sembler paradoxale. Mais elle est permise depuis 1995, moyennant un régime carcéral «allégé». Les détenus doivent ainsi être séparés des délinquants condamnés. Ils peuvent téléphoner à leur guise, se balader dans les couloirs et recevoir de fréquentes visites. Les gardiens les surnomment d’ailleurs les «résidents». Mais il ne faut pas se leurrer. Ce sont bien des prisonniers. Enfermés par groupe de deux dans des cellules de 12,5 m2 avec une toilette, une table et deux lits, ils se parlent le plus souvent en criant par les fenêtres. Ils sont épiés par des caméras. Ils font des petits travaux payés 5 à 16 francs et peuvent se promener 1 h 30 par jour dans une cour cernée de murs de cinq mètres qui font résonner le vacarme des avions.

prison kloten résidente«Je n’ai commis aucun crime, aucun délit, pourtant on me prive de ma liberté, s’étonne un Tunisien d’une trentaine d’années rencontré dans la salle de prière (qui fait aussi office de salle de fitness). J’ai passé quatorze ans en Suisse, j’y ai travaillé et payé des impôts. C’est injuste.» Un étage au-dessus, dans la section des femmes, une Kenyane de 34 ans peine, elle aussi, à comprendre sa situation. «Il y a six mois, j’ai payé 1500 euros pour venir travailler en Suisse, dit-elle. Mais j’ai été arrêtée et j’attends mon renvoi depuis cinq mois.»

«Attendre, sans savoir ce qu’il va advenir est sans doute le plus difficile à vivre», reconnaît Victor Gähwiler, directeur des prisons zurichoises. Alors qu’une personne condamnée pour un délit connaît la date de sa sortie de prison, les migrants frappés d’un renvoi ne savent pas quand ils vont être expulsés. «En moyenne, ils restent 74 jours, explique-t-il. Durant ce temps, l’administration recherche leur identité et prépare leur retour dans leur pays. Mais elle n’avertit pas les détenus quand la date est fixée. La police arrive un matin et les emmène. Cela faciliterait le renvoi.»

Si ce n’est que l’attente peut durer deux ans, comme le permet la loi. Et lorsque les documents ne sont pas réunis durant ce laps de temps, les détenus sont relâchés dans la nature. Une situation de plus en plus fréquente. D’une part parce que la moitié des détenus sans papiers sont d’origine africaine et qu’il est difficile de prouver leur identité. D’autre part parce que les vols spéciaux pour Nigérians sont suspendus suite au décès d’un de leur compatriote (lire ci-contre ). Or, la prison compte 32% de Nigérians.

30 arrivées par semaine

«Nous accueillons une trentaine de personnes par semaine et n’avons que 106 places, une hausse des effectifs est à prévoir», redoute Victor Gähwiler. Outre le coût de la détention qui avoisine les 160 francs par jour et par détenu, l’homme craint une dégradation des conditions de détention. «L’ambiance est déjà beaucoup plus tendue qu’ailleurs, car les migrants ne savent pas ce qui les attend. La situation peut vite devenir difficile.»

Dans ces moments-là, les détenus n’ont que leur imagination pour s’évader. Sur un mur, ils ont peint Obélix et Astérix, ces irréductibles Gaulois, sur un autre des oiseaux qui s’envolent et, sur une table, l’un d’eux a posé l’autobiographie de Nelson Mandela: Un long chemin vers la liberté .

Nadine Haltiner, Zürich, pour 24 Heures

Photos de Martin Ruetschi / Keystone


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24 Heures


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Une centaine de personnes attendent leur expulsion au centre de renvoi de Zurich

Le centre de renvoi de l’aéroport de Zurich ne devrait pas voir le nombre des détenus augmenter en cas de l’acceptation de l’initiative UDC qui réclame l’expulsion des étrangers délinquants. La centaine de personnes enfermées en bordure des pistes n’ont plus le droit de séjour en Suisse. Un quart en moyenne sont remis en liberté, lorsque la procédure traîne trop en longueur.

La jeune femme aux petites tresses est arrivée il y a six mois en Suisse en provenance du Kenya, et s’est retrouvée enfermée après un mois déjà au centre de renvoi de l’aéroport de Zurich-Kloten. «J’essayais de survivre à Zurich quand j’ai été arrêtée. C’est vraiment dur. L’endroit est confortable, mais c’est une prison. J’avais le rêve de pouvoir rester et gagner de l’argent, j’ai une fille de 12 ans au pays.» Son seul crime est de n’avoir pas de papiers en règle pour séjourner en Suisse. Comme la quasi-totalité des 92 personnes actuellement en détention administrative dans la prison de l’aéroport en vue d’une éventuelle expulsion.

Assailli par les demandes des médias avant la votation sur l’initiative de l’UDC qui demande le renvoi des étrangers criminels, le Département de justice du canton de Zurich a organisé lundi une visite du centre de renvoi de la prison de l’aéroport. Demandeurs d’asile déboutés, immigrés sans papier qui tentaient leur chance, les détenus font partie des quelque 20% d’étrangers qui n’ont plus le droit de séjourner en Suisse et qui refusent de quitter le pays d’eux-mêmes.

«Ces détenus sont là le temps que l’on puisse établir leur identité avec certitude et leur fournir des documents de voyage. Ils ont été arrêtés pour empêcher leur disparition dans la nature», explique Victor Gähwiler, directeur de toutes les prisons du canton. Ils sont soumis à un régime ouvert de détention. Droit de visite cinq jours par semaine, possibilité de téléphoner et écrire à l’extérieur sans surveillance, cellules ouvertes pendant la journée. En 2010, 32% des détenus provenaient du Nigeria, suivis par l’Irak (16%) et la Chine (9%).

Un «oui» à l’initiative UDC réclamant l’expulsion des étrangers délinquants ne changerait probablement pas grand-chose à la composition de la population de cette prison ouverte en 1996 en bordure des pistes. Victor Gähwiler précise: «Dans le cas d’un détenu condamné pénalement qui serait frappé d’une mesure d’expulsion, il est possible d’organiser les papiers et son retour pendant sa réclusion. Même si la décision d’expulsion ne tombe pas tout de suite, car elle est aussi liée au comportement en prison.»

Victor Gähwiler insiste: «Nous sommes seulement responsables de la prise en charge de ces détenus. La décision de l’expulsion est prise par l’Office cantonal des migrations, la police cantonale est responsable d’exécuter cette mesure.»

Inutile donc de poser des questions sur les conditions qui ont conduit à la mort d’un Nigérian de 29 ans en mars dernier ( LT du 19.03.2010) alors qu’il allait être emmené de force sur un vol spécial. Le Département cantonal de la sécurité, qui est compétent, n’a pas voulu être représenté.

Arrachés à leur cellule en pleine nuit

Victor Gähwiler confirme quand même que les détenus, dans la plupart des cas, sont arrachés à leur cellule en pleine nuit. «Est-ce mieux de leur annoncer leur expulsion plusieurs jours à l’avance? Les avis sont partagés», reconnaît-il. Pour le moment, les détenus n’ont pas à craindre d’être réveillés par surprise. Depuis mars dernier, les renvois forcés ont été suspendus. Une situation qui pourrait encore durer avec l’arrivée d’une nouvelle cheffe à la tête du Département fédéral de justice et police. Simonetta Sommaruga voudra certainement prendre le temps de faire le tour de la question avant de donner son feu vert à une procédure très contestée. Dès janvier 2011 (LT du 13.10.2010 ), les vols spéciaux affrétés par la Confédération pour expulser les étrangers récalcitrants devront être accompagnés par des observateurs indépendants. Une exigence à laquelle doivent se plier les Etats Schengen. Jusqu’à maintenant, seule l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) s’est dite prête à accepter un tel mandat.

Si la situation devait se prolonger, la prison de l’aéroport de Zurich, comme les autres centres de renvoi en Suisse, dont celui de Frambois à Genève pour les cantons romands, pourraient bientôt déborder. Une partie devrait alors être libérée. Maintenant déjà, toutes les personnes arrêtées en vue d’un renvoi ne sont pas expulsées. Un quart environ des détenus sont remis en liberté (116 sur 299 en 2010). Parce que leur pays d’origine fait des difficultés pour les reprendre. Ou parce qu’un renvoi dans un délai raisonnable n’est pas possible. Car la limite maximale de détention est fixée à 24 mois, bientôt 18 mois. Ces six dernières années à la prison de l’aéroport, la durée moyenne de détention était de 74,2 jours. Soit en moyenne des coûts de 13 000 francs par personne.

Catherine Cossy dans le Temps

Voyages à l'intérieur d'une Europe marginale

Programmés dans le cadre du Festival Cinéma Tous Ecrans, qui se tient à Genève du 1er au 7 novembre, les deux films «Der Albaner» et «Vespa» traitent de l’exclusion sociale au sein d’une Europe indifférente au sort des défavorisés.

Outre les nombreuses séries TV et productions web, le festival Cinéma Tous Ecrans (CTE), qui se tient à Genève du 1er au 7 novembre, met à son affiche 14 longs métrages. Lesquels sont programmés en «Compétition internationale», offrant une plongée fantasque ou risquée au cœur de l’humain et de l’Europe.

[…]

Intégration

Deux longs métrages qui, sans être militants traitent de l’exclusion sociale au cœur d’une Europe que l’on croirait au-dessus de tout soupçon, alors qu’elle laisse courir l’injustice dans les rangs de sa population. Population marginalisée comme les Roms en Hongrie («Vespa»), ou démunie comme les travailleurs immigrés en Allemagne («Der Albaner»).
Heureux hasard dans le choix de ces deux sujets qui recoupent l’actualité. Car à ceux qui l’auraient oublié, on rappellera que 2010 est officiellement «Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale». Cela n’aura pas échappé à Claudia Durgnat, la nouvelle directrice du festival Cinéma Tous Ecrans, qui dans sa sélection «Longs métrages», accorde une place privilégiée à la question de l’intégration.
Question brûlante sur laquelle l’Europe achoppe. «Vespa» et «Der Albaner» montrent, chacun à sa manière, comment en l’absence d’une véritable politique européenne d’insertion, c’est le système D qui fonctionne. Un comble! La solidarité contre la précarité. Solidarité entre défavorisés à l’intérieur d’une même ville ou d’un même quartier, ou encore d’une frontière à l’autre de l’Europe.

Amour et exil

Europe de l’Est et Europe de l’Ouest. Les deux s’opposent comme le jour et la nuit. Pauvreté de l’Albanie et richesse de l’Allemagne où Arben, un jeune Albanais beau et plein de bonne volonté, va se rendre clandestinement pour gagner vite de l’argent.
Raison de cet exil clandestin? Une jeune paysanne qu’il aime, qui porte son enfant, et qu’il ne peut épouser que s’il fournit à sa famille la somme de 10.000 euros.
L’histoire d’amour, qui s’appuie sur un cliché éculé, est un prétexte qui permet au réalisateur Johannes Naber de faire avancer «Der Albaner» dans les bas-fonds de Berlin où la police fait de la représentation. Où la pègre asservit les travailleurs sans papiers. Où les sans papiers s’entraident au mépris de leur vie.
Remise en cause, l’intégration sociale d’Européens par d’autres Européens passe ici par Coca-Cola, Mac Donald, le téléphone portable et Internet. Produits de consommation qui sont les seuls à rapprocher les deux bords de l’Europe dans «Der Albaner».

Voyage initiatique

Dans «Vespa», on retrouve ces diables de produits, expédients pour une vie meilleure dont rêve le héros du film, Lali, un jeune Rom de 12 ans qui vit avec sa mère, non loin de Budapest, dans une banlieue qui ressemble à une décharge publique.
Ce qui le relie à la réalité, c’est le portable, la cigarette, le Coca… et ce bon gagnant pour une Vespa qu’il a trouvé dans une tablette de chocolat.
Pour obtenir son scooter, il lui faut se rendre dans la capitale. Commence alors un voyage initiatique au bout duquel le petit garçon perd ses forces et son innocence, et grâce auquel la cinéaste parcourt le quotidien des Roms. Une communauté à la lisière de la Hongrie, confrontée à l’indifférence de ses compatriotes nantis, et poussée dans ses derniers retranchements. Exactement comme Lali.

Pour lire l'intégralité de cet article de Ghania Adamo, swissinfo.ch, Genève

Frontex à la rescousse de la Grèce

L’aide réclamée par la Grèce pour lutter contre l’immigration clandestine est arrivée. 175 garde-frontières venant de 24 pays membres de l’Union Européenne sont ainsi déployés le long de sa frontière avec la Turquie.

Ils font partie du dispositif “Rabit” pour “Rapid Border Intervention”, géré par Frontex l’Agence européenne de surveillance des frontières extérieures. Certains de ces gardes-frontières sont spécialisés dans les auditions des migrants pour déterminer leur nationalité et leur parcours ou dans l’analyse de papiers d’identité. Aujourd’hui trois quart des clandestins qui entrent dans l’Union par la Grèce, ont transité par la Turquie.

euronews

« Le Maroc doit rapatrier les centaines de corps gisant dans des cimetières anonymes en Espagne »

Bien que son travail le mette au contact direct avec les morts, cet Espagnol avait le cœur qui ne vibrait que par la recherche du profit. Voyant dans le rapatriement de dépouilles d’immigrants clandestins un bon moyen de se faire de l’argent, il se lance dans l’aventure. Mais au lieu de l’argent, le thanatopracteur gagna quelque chose d’autre de plus précieux…

Il s’appelle Martin Zamora, tout juste âgé de 50 ans. Profession : croque-mort  à Los Barrios, un bourg  de la ville portuaire du Sud de l’Espagne, Algésiras. Depuis 12 ans, Martin y tient les pompes funèbres, mais c’est en 1999 que sa vie prit une tournure logique mais inattendue : 16 immigrants clandestins marocains font naufrage et échouent sur une plage proche d’Algésiras - morts. Martin y voit « un bon business » qui peut lui rapporter 4 000 euros par cadavre si jamais il  arrivait à « retrouver leurs familles » confie t-il dans le journal suisse «Le Temps» . Car autrement ils allaient tous finir dans des tombes anonymes.

Le jeu en valait la chandelle. Ce père de 7 enfants décide alors de se lancer à la recherche des familles des victimes. Au volant de sa fourgonnette, il prend la direction de Beni Mellal, dans l’espoir de retrouver les parents des naufragés. Armé de sa cupidité, il parcourt pendant des semaines, marchés et villages en exposant les effets des disparus (vêtements, montres, papiers..). Par chance, il atterrit dans un village d’où était partie une des victimes. Le bouche à oreille faisant le reste, Martin réussit à retrouver les familles des 16 cadavres !

De l’avidité à l’humanisme

Mais, c’est de là qu’une sorte de miracle se produit pour ce businessman de la mort : « Et là, ce fut un choc ! Je pensais faire du fric mais ces gens étaient misérables, avec juste de quoi manger jusqu’au lendemain ». Il espérait repartir avec des liasses de billets mais « finalement, j’ai mis 30 000 dirhams de ma poche!». A partir de ce jour, confie Martin, « quand je vois un naufragé ou un type en danger, je me vois à sa place, alors il faut que je l’aide, c’est plus fort que moi. »

De l’avidité, il est passé à la philanthropie (surtout envers les immigrés). En dix ans, il a transporté près de 600 dépouilles d’immigrants clandestins. Et ce n’est pas tout, Martin, bien qu’il conserve son nom, devient musulman (pas très accro certes à la prière et se réjouit d’un diabète qui l’empêche de faire le ramadan). Il se décarcasse à chaque naufrage pour récupérer les corps qu’il prépare pour ensuite se lancer à la recherche de leurs proches. Une véritable bataille du combattant pour ce thanatopracteur.

La fin justifie les moyens

En effet, reconnait cet homme qui a eu 7 enfants avec trois femmes : « Cela exige de la ténacité, jusqu’à six mois d’attente. Sans test ADN, par exemple, les juges retiennent le corps. » Pour récupérer un quelconque corps, Martin est obligé de faire avec les lenteurs administratives, ces fameux tests ADN, les tractations consulaires, en plus de l’autorisation du juge.

Mais c’est comme si Martin a fait du rapatriement des victimes de l’immigration son raccourci vers le Paradis. Les va-et viens interminables entre Algésiras et le Royaume lui ont fait connaitre « le Maroc comme [sa] poche, les routes en asphalte comme les pistes en terre ». Le bien finissant toujours par payer, Martin est aujourd’hui très sollicité par la communauté marocaine d’Espagne. Il est le recours dès qu’il s’agit de rapatriement de dépouille de Marocains morts sur la péninsule ibérique. Il estime à 3 000 le nombre de dépouilles d’immigrés qu’il a eu à acheminer vers le Royaume.

Les derniers vœux de Martin

Toutefois, la crise financière qui force de nombreux Marocains résidant en Espagne à regagner le bled impacte également les activités de notre businessman de la mort. Les barques de clandestins atterrissent de moins en moins sur les plages espagnoles (45,7% de moins en 2009, comparé à 2008). Un tout qui ne fait pas les affaires de Martin qui pense immigrer lui aussi vers le Brésil, le pays de son actuelle femme.

Avant de partir, il espère tout de même voir un de ses plus grands rêves se réaliser : « obtenir que les 300 ou 400 cadavres de clandestins qui gisent, anonymes, dans des cimetières espagnols, soient rapatriés, avec le financement de l’Etat marocain. » A bon entendeur…

Oumar Baldé sur yabildi.com


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La Suède cesse de renvoyer les demandeurs d'asile en Grèce

La Suède a décidé mardi de cesser de renvoyer les demandeurs d'asile vers la Grèce en raison des conditions difficiles de détention des migrants clandestins dans ce pays, a déclaré le directeur général des services d'immigration suédois.

"Depuis aujourd'hui (mardi) 17h00, nous nous abstenons de renvoyer les demandeurs d'asile vers la Grèce", malgré l'accord Dublin-II qui prévoit qu'un Etat membre renvoie les immigrés clandestins dans le pays où ils ont fait leur entrée dans l'Union européenne, a déclaré Dan Eliasson. Les raisons de cette décision sont que "la situation des demandeurs d'asile en Grèce se détériore constamment" et que "la Cour européenne des droits de l'Homme a demandé aux Etats membres de l'UE de se retenir de renvoyer les demandeurs d'asile en Grèce", a-t-il précisé.
D'autres pays, comme la Norvège et l'Autriche, ont pris ce type de décision. Actuellement en Suède une centaine de personnes sont concernées par la décision prise mardi, selon M. Eliasson. "Pour le moment, nous avons pris cette décision, nous n'avons pas encore décidé de ce que nous allions faire avec ces personnes", a-t-il ajouté en estimant qu'il faudrait aux autorités suédoise quelques jours de réflexion avant de se prononcer sur ce sujet.
Le 20 octobre, l'ONU a dénoncé les conditions de détention "inhumaines" réservées en Grèce aux migrants ayant illégalement franchi la frontière. L'UE a déployé 175 garde-frontières en Grèce pour aider ce pays à lutter contre un afflux de migrants clandestins venus de Turquie.

AFP relayée par 7sur7.be

Irak: les chrétiens préparent leur valise pour éviter le cercueil

Bassam Youssef n'avait jamais pensé quitter l'Irak mais après avoir échappé dimanche au massacre dans une cathédrale au coeur de Bagdad, il a décidé de rejoindre l'exode de dizaines de milliers de ses coreligionnaires et d'abandonner son pays qu'il aimait tant.

"Maintenant, c'est décidé je pars. Je vais faire une demande d'asile aux Etats-Unis le plus tôt possible. C'est clair qu'ils ne veulent plus de nous dans ce pays qui est le mien", affirme cet employé au service clientèle d'une compagnie de téléphonie mobile.
Dimanche, il s'est rendu à la cathédrale syriaque catholique Sayidat al-Najat (Notre-Dame du Perpétuel secours) pour assister à la messe, dans le quartier de Karada, quand l'inimaginable s'est produit.
"Un quart d'heure après le début de la messe, nous avons entendu des explosions et des bruits d'arme automatique, puis les terroristes ont pénétré par la porte principale dans l'église", raconte ce jeune de 21 ans rencontré lundi sur le lieu de l'attentat.
"Le père Athir a interrompu son sermon, et le père Wassim a tenté de mettre dans une pièce une cinquantaine de fidèles, dont moi. Il a ensuite essayé de parlementer avec les assaillants mais ils l'ont immédiatement abattu, ainsi que le père Athir", a-t-il ajouté.
Selon lui, les attaquants, armés de kalachnikovs, de grenades et vestes d'explosifs, ont immédiatement ouvert le feu. "C'était la panique. Les terroristes ont jeté une grenade sur sept fidèles qui tentaient de s'échapper".
En ce jour de Toussaint, la fête des morts, la majorité des chrétiens réunis près du lieu de l'attaque pensent qu'il vaut mieux préparer ses valises pour éviter le cercueil.
La communauté chrétienne d'Irak, l'une des plus anciennes au monde, ne compte plus que 500.000 âmes contre 800.000 avant l'invasion de 2003.
"Nous n'avons plus notre place ici. Qu'est ce qu'ils veulent de nous? Que leur a-t-on fait? Ils ont tué des innocents qui priaient. Ils désirent nous voir partir, et que fait le gouvernement? Absolument rien", s'élève plein de douleur Mgr Pios Kasha, le vicaire épiscopal syrien catholique de Bagdad.
Selon lui, "tout le monde va partir. Ils attendent la fin de l'année scolaire et partiront". Il n'y a plus que 20.000 syriaques catholiques en Irak contre 60.000 avant 2003.
La cathédrale ressemblait lundi à un champ de bataille. Des balles ont criblé le fronton où est inscrit "Gloire à Dieu au ciel et paix sur la terre". Un bas relief de la Vierge est égratigné par des éclats. Le sol et les murs sont maculés de sang et des morceaux de chair étaient visibles.
"Ils nous chassent du pays. Ils ne nous veulent plus ici. C'est un désastre. Pourquoi toute cette haine?", s'indigne Athir Adam, un fonctionnaire de 28 ans.
"C'est notre fin. Nous allons quitter le pays. Le gouvernement sera content puisqu'il ne fait rien pour nous protéger".
Même sentiment d'amertume chez Aymane George, un étudiant de 23 ans qui ne pense plus qu'à partir: "Je vis avec mon père et mon frère. J'étais attaché à ce pays mais c'est fini. Nous allons le quitter comme l'ont fait les autres".
L'attaque de dimanche a été revendiquée par l'Etat islamique d'Irak, branche irakienne d'Al-Qaïda, qui a indiqué dans un communiqué qu'elle visait "l'un des repaires obscènes de l'idolâtrie qui était toujours utilisé par les chrétiens d'Irak comme quartier-général pour le combat contre (...) l'islam".
Le 12 octobre, à l'occasion du synode sur le Moyen-Orient au Vatican, l'archevêque de Kirkouk s'était inquiété de l'"exode mortel" des chrétiens d'Irak, affirmant que ceux-ci veulent "vivre en paix et en liberté au lieu de survivre".

Un article trouvé dans le Progrès

Attaque d'une église à Bagdad: la France propose d'accueillir 150 chrétiens irakiens

Le ministre français de l'Immigration Eric Besson a indiqué lundi qu'à la suite de l'attaque contre une église à Bagdad, qui a fait plus de 50 morts, la France était prête à accueillir 150 personnes, en priorité des "personnes blessées dans l'attentat et leurs familles".

"A la suite de l'initiative prise par le président de la République (Nicolas Sarkozy), à l'automne 2007, d'accueillir en France des Irakiens appartenant à ces minorités religieuses vulnérables, la France a reçu à ce jour 1.300 personnes, dans le cadre d'une opération conduite en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et l'Association d'Entraide aux Minorités d'Orient (AEMO)", selon un communiqué du ministre.

"Dans le cadre de ce programme, et à la suite de l'attentat du 31 octobre 2010, Eric Besson a demandé à ses services d'accueillir 150 personnes supplémentaires, en accordant la priorité aux personnes blessées dans l'attentat et à leurs familles", ajoute le texte.

Les réfugiés accueillis bénéficient ensuite en France d'un accompagnement social et administratif par les services de l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration.

Une messe au coeur de Bagdad, la veille de la Toussaint, s'est terminée en carnage après une attaque d'Al-Qaïda qui a fait 46 morts parmi les fidèles, en majorité des femmes et des enfants. Sept membres des services de sécurité et cinq assaillants ont aussi trouvé la mort lorsque les commandos irakiens ont donné l'assaut pour mettre un terme à la prise d'otages dans la cathédrale syriaque catholique.

"Avec cette décision, la France est fidèle à sa tradition républicaine de l'asile, et à son héritage de solidarité avec les minorités religieuses présentes en Orient depuis deux millénaires, et qui sont aujourd'hui les victimes d'une violence abjecte et inhumaine", ajoute M. Besson.

AFP

"Quand on fait sa pub, comme l'UDC, on se moque de la vérité"

Fulvio Pelli refuse l’arbitraire de l’initiative UDC. Interview Xavier Alonso, Berne, pour 24 Heures.

Le président du PLR est déçu d’EconomieSuisse. Il ne le cache pas. Le contre-projet – soutenu par le Conseil fédéral, le PLR, le PDC et le PBD – manque d’argent pour faire campagne contre l’initiative sur l’expulsion des étrangers criminels. Fulvio Pelli estime que quelque 150 000 à 180 000 f rancs seulement ont été récoltés pour affronter la puissante machine UDC. Mais «même avec peu de moyens on peut faire une bonne campagne. Surtout quand on a raison», pense le Tessinois.

Le contre-projet est à la peine dans les sondages. Pourquoi?

La campagne UDC sur son initiative a commencé il y a longtemps. Celle sur notre contre-projet vient de démarrer. Je suis confiant. A la fin, les Suisses comprendront et préféreront les avantages du contre-projet.

Votre slogan est «Ferme, mais juste!». Que doit-on retenir, ferme ou juste?

Tout d’abord «ferme». Le problème des étrangers criminels existe. Les textes de loi qui en traitent ne sont pas très connus. Et le principe de l’expulsion existe comme possibilité, mais pas comme règle. Nous sommes convaincus que le principe de l’expulsion est approprié. Mais la justice pour s’appliquer correctement doit respecter certaines règles. Comme la proportionnalité, qui doit tenir compte de la gravité des jugements prononcés. Ça, c’est le «juste».

Ce contre-projet est-il un texte vraiment motivé pour le PLR ou une réaction à la votation sur les minarets l’automne dernier?

Notre texte est une tentative pour avoir une règle claire. Qui permettrait à la Suisse de ne pas être en contradiction avec plusieurs principes du droit national et international. Car, si l’initiative va dans la bonne direction, elle est manichéenne. Et inapplicable. Par rapport à l’initiative, le contre-projet est une opération parallèle – car ferme – mais contraire – car elle respecte la loi et les principes du droit national et international .

La campagne animée par l’UDC est émotionnelle. Vous répondez par des arguments juridiques. Est-ce suffisant?

No us le verrons le jour de la votation… Il y a effectivement une tendance à l’émotionnel qu’exploite l’UDC. Mais notre réponse – le contre-projet – est meilleure et correcte. C’est le devoir et la responsabilité du PLR de la proposer. Nous l’avons fait au parlement aussi, mais l’UDC et le PS l’ont refusée: le résultat, c’est deux ans de retard!

Les chiffres des expulsions d’étrangers criminels commencent seulement à être disponibles. Ils démontrent que la loi actuelle est suffisante lorsque les magistrats font leur travail. N’est-ce pas dommage?

Les informations sont données dans la mesure où elles sont demandées. L’UDC a lancé son initiative pour capter un climat bien davantage que pour répondre à un problème. Quand on fait sa pub, comme l’UDC, on se moque de la vérité. Nous pensons tout de même qu’il est dommage que la possibilité de l’expulsion soit cachée dans les textes. La Suisse a besoin de cohérence et de visibilité sur cette thématique sécuritaire.

Le PS reste sur sa position de deux fois non, mais fait savoir qu’entre les deux textes il faut choisir le moindre mal: le contre-projet. C’est bon pour vous?

Evidemment, le peuple pourrait dire deux fois oui: à l’initiative et au contre-projet! Et la troisième question, la subsidiaire, sera la plus importante. Je suis donc satisfait de constater que le PS donne une indication raisonnable à ses membres.

Mais, quoi qu’il arrive, l’UDC n’a-t-elle pas déjà gagné et imposé le thème?

L’UDC est spécialiste dans l’activité de poser des questions auxquelles on doit répondre par oui! Mais elle l’est beaucoup moins quand il faut apporter des réponses applicables. Nous essayons de transformer cette initiative en quelque chose de constructif.

Demain dans nos colonnes: Christoph Blocher défend l’initiative de l’UDC.

Xavier Alonso Berne