Les associations le redoutaient: l'Assemblée nationale a restreint ce mardi l’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME), couverture médicale gratuite prévue pour les étrangers en situation irrégulière aux faibles ressources, les députés UMP instaurant notamment un droit d’entrée de 30 euros!
Les élus de la majorité ont également exclu du panier de soins pris en charge les actes «au service médical rendu faible», comme les traitements de la stérilité et les cures thermales, dans le cadre de l’examen des crédits «santé» du projet de budget pour 2011.
L’amendement instaurant le forfait a été déposé par plusieurs députés UMP, dont Dominique Tian, Thierry Mariani, Dominique Door et Jean Léonetti. Le principe d’un forfait avait été évoqué en juillet par la ministre. Il prévoit également de limiter les ayants droit «aux conjoints et enfants, en excluant les ascendants, les descendants (sauf enfants) et les collatéraux jusqu’au troisième degré».
Plusieurs associations avaient mis en garde contre l’offensive de députés UMP pour restreindre l’AME, estimant qu’il s’agissait de stigmatiser les étrangers.
Sonnette d'alarme
Jeudi dernier, les associations membres de l’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) ont tiré la sonnette d’alarme. Si l’accès à l’AME se réduit trop, les sans-papiers vont attendre pour se faire soigner : «[Ils] seraient donc pris en charge à un stade plus avancé de leur pathologie, au risque d’arriver quand [ils] ont besoin de soins urgents, toujours plus lourds et compliqués à mettre en œuvre.»
La gauche a estimé que la restriction touchant l’AME allait porter atteinte à la santé publique car «les personnes concernées souffrent plus que la moyenne de maladies infectieuses graves», a expliqué Marisol Touraine (PS). Le montant du budget de l’AME s’établit à 588 millions pour 2011.
Des organisations de médecins s'inquiétaient également de cette restriction de l’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME). Cette contribution «condamnerait de nombreux malades à rester sans soins», alertait cet après-midi le Syndicat de la Médecine générale et le Comité des Médecins généralistes pour l’Accès aux Soins. L’association France Terre d’Asile s’est également émue de cette proposition qui, selon elle, «constitue une aberration politique» et «une grave erreur du point de vue de la santé publique».
Un article de Libération