mardi 7 février 2006

Fait divers: ouverture du procès d'un requérant d'asile débouté

Lire la dépêche de Romandie News

Généralement ce blog ne fait pas dans les faits divers, mais cette affaire d'attaque au couteau avait eu des conséquences politiques importantes l'an dernier. La fermeture du centre FAREAS d'Yverdon en a été l'une des conséquence. Rappelons donc ce que Claude Ruey nous disait ce matin même: (on ne dénombre qu’environ 7-8% de délinquants parmi les demandeurs d’asile)

Les étrangers du canton de Vaud saluent la gauche et les humanistes

La page 2 du quotidien 24heures est une nouvelle fois mise à profit par une voix provenant des défenseurs d'une politique d'asile plus humaine. Cette fois c'est à Amilcar Cunha secrétaire syndical à UNIA que revient cet honneur.
En tant que parrain d’une des familles de demandeurs d’asile déboutés, c’est avec une énorme satisfaction que j’ai appris la déci­sion du Grand Conseil vaudois, d’accepter d’entrer en matière sur la «Motion Melly».
Bravo Mesdames et Messieurs les députés vaudois qui mainte­nez la tradition d’accueil et de solidarité vis-à-vis des étrangers qui arrivent ici en fuyant la guerre et les régimes peu démo­cratiques qui menacent leur li­berté et leur vie.
En Suisse depuis vingt-six ans, j’ai pu côtoyer dans les associa­tions, les syndicats, les mouve­ments citoyens et les lieux de travail de nombreux étrangers qui ne peuvent toujours pas ex­primer leurs opinions ouverte­ment.
Nous allons bientôt participer au vote communal, et certains d’entre nous hésitent encore à afficher leur couleur politique par crainte de la réaction de leurs collègues et employeurs.
Je me fais pour un bref mo­ment le porte-parole de ceux qui, au long des années, m’ont confié leurs convictions et leurs senti­ments.
Dans Victor le conquérant de Raymond Durous, il est dit que si les maisons, les routes, les ponts et les tunnels pouvaient parler, ils parleraient en italien. Aujourd’hui ils parleraient aussi l’espagnol, le portugais, les lan­gues des Balkans, le turc et quel­ques dialectes africains.
C’est la mondialisation qui le veut et les conséquences de la baisse de la natalité en Europe et en Suisse. Nous aurons de plus en plus d’émigration parce que l’économie en a besoin.
Les lois sur les étrangers, la LEtr, et sur l’asile, la LAsi, obte­nues grâce aux luttes de la gau­che et des humanistes, ont été dernièrement revues par le Parle­ment fédéral et fortement péjo­rées.
Les enfants de plus de 12 ans ne pourront plus rejoindre leurs parents en Suisse qu’à des condi­tions restrictives et la détention pour insoumission peut durer jusqu’à deux ans, ce qui est à la fois injuste, inefficace et coûteux pour les communes et les can­tons.
Nous allons récolter des signa­tures pour les deux référendums, et nous allons mener campagne avec nos amis suisses qui, depuis des années, se soucient de nos droits, de notre intégration et du respect des conventions interna­tionales.
Une autre échéance impor­tante nous concerne en ce mo­ment, la future loi sur l’intégra­tion des étrangers qui est en pré­paration au Grand Conseil. Cette loi a pour objectif d’une part de créer les bonnes conditions pour que les étrangers s’intègrent de manière optimale dans la société vaudoise en respectant les va­leurs qui fondent l’Etat de droit, et, d’autre part, de développer la volonté de la société vaudoise de permettre cette intégration.
Nous saluons ici le travail de la CCCI (Chambre cantonale con­sultative des immigrés) dans la préparation de cette loi qui a aussi pour but la prévention de la xénophobie et du racisme.
Avec les années nous avons ap­pris à apprécier et à aimer ce coin de Suisse qui nous a accueillis, et il est tout à fait naturel que des intégrations réussies donnent lieu par la suite à des demandes de naturalisation voulues.
Nous continuons à oeuvrer avec nos amis suisses au main­tien de l’exception vaudoise en matière d’accueil et d’intégration des étrangers. Nous voulons que les générations futures appren­nent dans les livres d’histoire que les habitants de ce canton ont lutté pour leur laisser une vraie démocratie, où la libre opinion, l’égalité des chances, la dignité et la solidarité, seront des valeurs sûres.

La loi sur l'asile est inadmissible



Lire l'article dans MIGROS MAGAZINE

Dans cet article, Migros Magazine, qui rappelons est la publication qui a le plus fort tirage en Suisse donne la parole à un habitué de ce blog Claude Ruey.

Ci-dessous les extraits consacré à la politique d'asile:
Sur cette question du droit d’asile, justement, vous ne vous sentez pas isolé au sein des députés bourgeois?
Je suis extrêmement déçu par la position prise par un certain nombre de conseillers nationaux radicaux et PDC. Ils auraient dû compter au nombre de ceux qui modéraient cette loi sur l’asile, et ils ne l’ont pas été. Nous ne nous sommes retrouvés que quatre ou cinq du centre droit à voter contre cette loi qui n’est tout simplement pas admissible. Et qui est contre-productive, en termes d’efficacité. Je ne citerai pas de noms, mais franchement, je ne comprends pas ce qui s’est passé.
Vous avez comparé le Parlement à un oiseau en cage. Où voyez vous les oiseaux? Où voyez-vous la cage?
Le Parlement est comme une grande volière. Mais voilà qu’un air de plus en plus pollué s’installe, qu’on se laisse intoxiquer par des gens qui répandent de fausses croyances (on ne dénombre qu’environ 7-8% de délinquants parmi les demandeurs d’asile, il faut le répéter!) L’oiseau (en l’occurrence le parlementaire du centre droit) survit peut-être, mais il ne parvient plus à chanter – c’est ce qui s’est passé quand on a adopté cette loi sur l’asile.
Les parlementaires deviennent parfois des moutons?
Pour certains, oui.
Comment l’expliquez-vous?
Ça fait vingt-cinq ans qu’un marketing systématique et très bien soutenu financièrement est défendu du côté de Zurich par M. Blocher et son parti. Qu’il s’agisse de politique extérieure ou qu’il s’agisse des immigrants et des requérants d’asile, on n’a pas lésiné sur les moyens. Or, comme disait l’autre, calomniez, calomniez, et il en restera toujours quelque chose. J’ai détesté cette affiche, affreusement choquante, où l’on voit le drapeau suisse déchiré en deux, avec un type qui en écarte les pans pour passer une tête basanée et un long nez… Ça, c’est du racisme pur et simple. Lorsqu’on vit en démocratie directe, tout le problème est de rester assez fort pour résister à un courant dominant.
Les démocraties n’y parviennent pas toujours?
Hélas non. Souvenez-vous du film Cabaret, avec Liza Minnelli, qui dépeint la montée du nazisme avant-guerre en Allemagne. Une séquence me reste toujours en mémoire: dans un bistro, au milieu d’une forêt, un jeune Aryen, yeux bleus, cheveux blonds, entonne un chant nazi… Une, deux voix se joignent à la sienne, puis tout le bistro chante avec lui… Je ne dis pas que Blocher c’est Hitler. Pas du tout. En revanche, il y a un phénomène populiste du même ordre qui émerge lorsque les gens, et des parlementaires, se mettent à céder aux sirènes du populisme et n’ont pas des positions suffisamment arrêtées, ancrées, pour résister.