Nijiati Abudureyimu pourrait bientôt être mis sur un vol spécial.
Retour à Neuchâtel. L’ex-policier chinois, Nijiati Abudureyimu, qui dénonce un trafic d’organes prélevés sur des condamnés à mort dans son pays, a été reconduit vers un centre de requérants d’asile par la police neuchâteloise jeudi en milieu de journée. Plus tôt dans la matinée, il avait refusé de monter à bord d’un avion de ligne à destination de l’Italie. Ne faisant pas l’objet d’un mandat d’arrêt, il était en droit de ne pas obtempérer aux injonctions policières, explique son avocat Philippe Currat. «J’ai dit que je refusais de monter car j’avais trop peur. L’Italie pourrait me renvoyer en Chine où je serais en grand danger», explique l’ex-policier.
Ce retour ne devrait être que temporaire, la police neuchâteloise ayant communiqué au requérant d’asile débouté par Berne qu’il fera l’objet d’un renvoi forcé par un avion spécialement affrété. Cela pourrait intervenir dans une dizaine de jours, estime son avocat qui va continuer à s’y opposer. Un recours contre son expulsion de Suisse a été déposé auprès de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg pour défaut de «procès équitable» en Suisse.
A Neuchâtel de décider
«L’Italie n’offre aucune garantie qu’il soit écouté ou qu’une procédure d’asile soit ouverte, explique Philippe Currat. Elle n’a répondu à aucune sollicitation de la Suisse. Il y a aussi un risque que Nijiati Abudureyimu soit renvoyé vers Dubaï (son pays de transit entre la Chine et l’Europe, ndlr) d’où il pourrait être transféré vers son pays d’origine. Il y a eu des précédents en Italie avec requérants renvoyés vers l’Afghanistan.»
Le siège d’Amnesty International à Londres suit de près l’évolution du dossier. Denise Graf, de la section Suisse de l’organisation, ne conteste toutefois pas la possibilité d’un renvoi vers l’Italie en respect des Accords de Dublin. «L’essentiel est qu’il ait droit à une procédure correcte dans un pays européen», précise-t-elle. Théoriquement, Nijiati Abudureyimu pourrait encore rester trois mois en Suisse au maximum. Berne explique que c’est à Neuchâtel de décider de la prochaine date de renvoi et de sa forme.
Frédéric Koller dans le Temps