L’initiative antiminarets a inspiré ce dessin au jeune Max Anhorn, 12 ans, de Renens
"Je vis d'aumône et, quand je peux, je me faufile hors du camp pour gagner 10 dollars. Je ne désire qu'une chose: de la pitié pour mes enfants". Comme des milliers d'autres Palestiniens dépourvus du statut de "réfugié", Saïd n'a aucune existence légale au Liban.
La situation de ces sans-papiers, dont héritent leurs enfants et petits-enfants, doit être à l'ordre du jour de la visite lundi du président palestinien Mahmoud Abbas au Liban.
Entre 3.000 et 5.000 d'entre eux vivent dans ce pays, selon des estimations.
Sans statut officiel ni pièces d'identité, ils savent que s'aventurer hors du camp de réfugiés est dangereux. Ceux qui se font prendre risquent la prison. Ils n'ont en outre pas le droit de travailler et aucun accès aux services de santé ou à l'éducation.
"Ces gens sont tout ce qu'il y a de plus vivants mais ils ne sont pas reconnus comme tels", estime Souheil El-Natour, un analyste palestinien basé à Beyrouth.
Le Liban reconnaît seulement comme "réfugiés" les Palestiniens, et leurs descendants, arrivés sur son territoire à la suite de la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Bien que l'ONU chiffre à 400.000 le nombre de réfugiés palestiniens dans ce pays, certains avancent un chiffre plus proche de 250.000 à 270.000, l'ONU n'ayant pas effacé de ses listes ceux partis à l'étranger.
La majorité des sans-papiers sont, eux, arrivés au Liban dans les années 1970, après les événements de "Septembre Noir", lorsque la Jordanie a expulsé l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et ses milliers de combattants.
Mireille Chiha, du Conseil danois des réfugiés basé à Beyrouth, dénonce des conditions de vie "très difficiles".
"Ils n'ont pas de liberté de mouvement, ne peuvent acheter de voiture ou de moto et ne bénéficient pas des services de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens", ajoute-t-elle. "Même à l'intérieur des camps, on les considère comme des étrangers".
Leur sort a commencé à être examiné à la fin de la guerre civile (1975-90) et lorsque nombre d'entre eux ont commencé à avoir des enfants et petits-enfants.
Ali Mahmoud Ahmed Abou Ali est arrivé à Beyrouth en 1973. Comme lui, ses enfants n'ont aucune existence légale.
"J'arrive à la fin de ma vie et je m'inquiète pour mes enfants", raconte cet homme de 62 ans qui vit dans le camp de Bourj el-Chemali, situé à Tyr (sud).
Jamileh Mohammed Salloum, une Libanaise de 40 ans, s'est mariée à un sans-papiers sans réaliser ce qu'elle allait endurer, elle et ses trois enfants. Une Libanaise n'est en effet pas autorisée à transmettre sa nationalité à ses enfants.
"Même dans mes pires cauchemars, je n'aurais jamais imaginé que mes enfants n'auraient aucun droit", confie-t-elle.
Des ONG et des experts soulignent le besoin urgent de se pencher sur le dossier, mettant notamment en garde contre les risques de récupération des groupes extrémistes.
"Il existe un aspect politique et sécuritaire dans tout ça", estime Jaber Abou Hawach, de l'Organisation palestinienne des droits de l'Homme, basée à Beyrouth. "La pression à laquelle ils sont soumis pour survivre peut les pousser à se tourner vers le terrorisme".
Malgré ces avertissements, les gouvernements successifs ont fait la sourde oreille.
Les autorités ont bien commencé en 2008 à remettre des papiers à ces Palestiniens, mais le processus a été interrompu en raison de fraudes.
AFP
Vingt-sept requérants d'asile ramenés de force en avion au Nigeria ont refusé de descendre de l'appareil à Lagos. Il s'en sont pris si violemment aux policiers suisses - pourtant deux fois plus nombreux - qui les accompagnaient, que ceux-ci ont quitté l'avion.
Les faits se sont produits mi-novembre. Attachés par des menottes en tissus, les requérants étaient accompagnés de 61 policiers.
Après un vol sans histoire, l'appareil s'est posé à Lagos. Ses occupants voulant à tout prix éviter d'être remis aux autorités nigérianes, ils s'en sont pris aux agents suisses dès que leurs menottes leur ont été ôtées.
Les policiers ont fini par s'enfuir avec l'équipage. Des forces de sécurité nigérianes ont ensuite pris l'avion d'assaut et maîtrisé leurs compatriotes.
ats
Spécialiste de l’islam en Europe, Stéphane Lathion appelle les musulmans à prendre davantage la parole pour dire que leur façon de vivre leur foi en Suisse n’a rien à voir avec l’intégrisme
Membre fondateur du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (GRIS) rattaché à l’Observatoire des religions de l’Université de Lausanne, Stéphane Lathion a consacré une thèse d’histoire à la question de l’islam en Europe (Les musulmans engagés et l’élaboration d’un nouveau discours). Après avoir été maître-assistant à l’Université de Fribourg à la Chaire de science des religions, il partage actuellement son temps entre le GRIS et une activité d’enseignant professionnel à Genève. Agé de 43 ans, il a commencé par diriger ses recherches vers les Yanomamis, peuple indigène d’Amérique du Sud, avant de s’intéresser, à son retour en Suisse, à l’islam. Ou, plus exactement, aux musulmans: «Je m’intéresse plus à ceux-ci qu’à l’islam.»
Le Temps: Après le scrutin du dimanche 29 novembre sur les minarets, vous avez dit que les craintes des Suisses à l’égard de l’islam étaient légitimes. En quoi le sont-elles réellement?
Stéphane Lathion: Elles sont compréhensibles en ce sens que ce que les Suisses entendent de l’islam depuis 2001, ici comme dans le reste de l’Europe, est rarement positif. En venant se superposer à cet arrière-fonds, la manifestation visible de certains aspects de l’islam a suscité des craintes dont il faut comprendre et reconnaître les causes si l’on veut dépasser les crispations émotionnelles.
– Sur quoi portent donc majoritairement ces craintes?
– Le problème essentiel, c’est la visibilité de l’islam – le foulard, les minarets voire les carrés dans les cimetières –, et la perception que l’on a de cette visibilité. Celle-ci diffère totalement selon que l’on se situe au sein des communautés musulmanes ou dans le reste de la population. Il ne faut pas craindre de placer les musulmans devant ces différences de perception. Faire passer la méconnaissance et le désintérêt pour du respect se paie après coup. Prenez le minaret de Wangen (SO), construit par une communauté derrière laquelle on trouvait les Loups gris, un mouvement turc d’extrême droite. Les autorités auraient pu écouter un peu les réserves des riverains et prendre en compte cet élément pour, éventuellement, refuser l’autorisation.
Marine Le Pen (Sipa)
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«Honte», «holocauste», «islamophobie», «humiliation»… Ce sont les termes qui reviennent dans les médias arabes depuis l’onde de choc du 29 novembre. La plupart des chroniqueurs s’interrogent, d’une part sur ce qui a pu pousser les Suisses à voter contre la construction de minarets et, d’autre part, sur les conséquences de ce vote qui fait de la Suisse un pays montré du doigt par la communauté internationale.
Ainsi, le quotidien quatari «Al-Raya» s’étonne du suffrage de citoyens d’un pays connu pour sa liberté d’opinion et ses principes démocratiques.
Le quotidien tunisien «Al-Sabah» constate: «La stigmatisation de l’islam en Occident n’est plus une question de simple provocation médiatique, elle menace désormais réellement la minorité musulmane».
Pour sa part, le journal «Al-Quods-Al-Arabi» (édité à Londres) fait observer: «Si la Suisse, connue pour sa neutralité, son niveau de vie et d’enseignement très élevé, sombre dans l’islamophobie, alors on ne peut plus blâmer certains pays européens lorsqu’ils se montrent frileux, car étouffés par le chômage et la crise financière».
«Pourquoi nous détestent-ils et que cache l’interdiction des minarets?», se demande «Al Dastour». Pour le quotidien jordanien, le vote des Suisses reflète la montée en puissance de l’extrême droite européenne. Il estime, par ailleurs, que c’est là le résultat d’une campagne menée contre l’islam par les instances politiques et les médias occidentaux, après le 11 septembre 2001.
Au Koweit, le quotidien «Al-Watan» affirme que tout cela témoigne «d’une régression des mentalités européennes, d’un retour au Moyen Age et d’un désir d’élimination d’autrui».
Pour le chroniqueur du journal égyptien «Al-Ahram», tout ce qui se dit sur «l’islam rampant et l’application de la charia relève du fantasme».
Les propos du journal algérien «Al-Shourouq» ne sont guère plus flatteurs. Sous le titre «Quatre minarets ébranlent la Suisse et l’arrachent à sa neutralité», il fait porter la responsabilité du vote à la Confédération qui a autorisé l’initiative anti-minarets. Et de relever la responsabilité des musulmans de Suisse «qui n’ont pas su se rassembler sous une même bannière pour faire entendre leur voix et se sont ainsi laissés défigurer».
Certains organes de presse appellent au boycott de la Suisse, voire à des sanctions. Comme le site palestinien «Dounia Al-Watan», qui exhorte encore les arabes riches à retirer leurs avoirs.
Le journal égyptien «Al-Dastour» compare, lui, islamophobie et antisémitisme et montre comment la haine des juifs s’est infiltrée progressivement dans l’Allemagne nazie, débouchant sur l’Holocauste.
De même, «Alam Al-Akhbar», un site turc d’expression arabe, invite les musulmans à placer leur argent en Turquie avec ce titre: «La Turquie aux musulmans: nos banques en lieu et place des banques suisses».
Même écho du côté du journal lybien «Al-Shams» qui propose aux musulmans de retirer leurs avoirs des banques suisses et de boycotter commercialement et touristiquement ce pays.
A Londres, «Al-Shark-Al-Awsat» fait le lien entre l’interdiction des minarets et les otages suisses retenus en Lybie.
Moins sévère, le site Internet «Ilaf», qui a son siège à Londres, en se demandant si le vote suisse n’est pas finalement lié à la mauvaise image qu’offrent à l’Occident les musulmans dans leurs propres pays.
Autre écho, celui du journal émirati «Al-Itihad» qui demande de ne pas «insulter» un pays démocratique et souverain, libre d’adopter les mesures qui lui paraissent nécessaires. Et d’ajouter: «Peut-on en vouloir à la Suisse parce qu’elle a peur pour sa chrétienté?»
Au Maroc, le quotidien «Al-Alam» demande à l’opinion suisse si le vote du 29 novembre ne remet pas en cause le dialogue entre les religions. Et c’est précisément sur le dialogue qu’insiste, de son côté, le journal koweitien «Al-Watan», lequel propose des conférences pour lutter contre l’islamophobie.
L’appel au dialogue se fait entendre également sur «Islam on line», un site modéré qui reconnaît l’existence d’une grave crise entre l’Occident et les musulmans. Le problème, c’est «l’absence d’une voix raisonnable (…). Il incombe aux Arabes et aux musulmans de prendre leurs responsabilités pour s’épargner les problèmes et protéger leurs croyances et leurs coutumes».
(AFP) – Il y a 20 heures
TRIPOLI — En interdisant la construction de minarets, la Suisse a rendu "le plus grand service à Al-Qaïda" en lui donnant un "argument" pour s'attaquer à l'Europe, a estimé le numéro un libyen Mouammar Kadhafi dans un discours publié dimanche.
"Ils prétendent qu'ils +combattent Al-Qaïda et le terrorisme+ alors qu'ils viennent de (leur) offrir le plus grand service", a déclaré le colonel Kadhafi cité par l'agence officielle Jana.
Les Suisses ont voté le 29 novembre à une large majorité de 57,5% l'interdiction des minarets.
Par ce référendum, la Suisse a fourni un "très fort argument" à Al-Qaïda pour s'attaquer à l'Europe, a estimé M. Kadhafi en marge d'une cérémonie à la Faculté des Sciences religieuse de Zliten (160 km à l'est de la capitale libyenne) ou cours de laquelle il s'est vu décerner samedi un "doctorat honorifique en culture et appel islamiques".
Selon lui, "les militants d'Al-Qaïda disent maintenant: +nous vous avons prévenu qu'ils sont nos ennemis (...) Regardez qu'est ce qu'ils font en Europe. Venez vous joindre à Al-Qaïda et proclamez le jihad contre l'Europe+".
Pour Kadhafi, dont le pays avait déjà dénoncé "un référendum raciste", l'interdiction des minarets en Suisse a donné aussi un argument aux pays musulmans pour interdire les constructions des églises.
Qualifiant la Suisse de "mafia du monde" et d'"entité fabriquée", le colonel Kadhafi a indiqué qu'il y avait "un appel pour le boycott" de la confédération helvétique par le monde musulman, sans autres précisions.
"Nous continuons à leur (les Suisses) dire: vous devez penser à vos intérêts. Vous avez besoin de pétrole, de gaz, de ports, de mer, d'énergie solaire, d'investissements".
"Méfiez-vous avant de perdre ces acquis et ne dépassez pas vos limites", a-t-il prévenu.
Les relations entre la Suisse et la Libye sont tendues depuis l'arrestation musclée d'Hannibal, un fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, le 15 juillet 2008 à Genève.
Le 1er décembre, deux hommes d'affaires suisses retenus depuis juillet 2008 en Libye ont été condamnés à 16 mois de prison ferme pour "séjour irrégulier".
le 06 décembre 2009, 11h08
LeMatin.ch & les agences
Il part du principe que la question des minarets sera également soumise tôt ou tard au TF dans le cas concret d'une demande de permis de construire. Il est possible qu'une partie s'adresse au TF comme dernière instance sur le plan national, précise M. Meyer dans le journal dominical alémanique.
Le banquier genevois Ivan Pictet ne craint pas d'appels au boycot
"La votation est une gifle inutile envers un milliard de personnes et contredit notre tradition d'ouverture", a dit le partenaire de la banque Pictet & Cie dans une interview parue dans la "NZZ am Sonntag". Le banquier juge toutefois rassurant que Genève, avec son importante population étrangère et les milliers de touristes arabes qui viennent chaque année, ait refusé l'initiative.
L'émoi qu'a provoqué la votation demeure cependant exagéré: "En Suisse, les relations avec l'étranger suscitent toujours une réaction disproportionnée". Ainsi, la polémique autour des fonds juifs en déshérence était principalement une affaire entre le Congrès juif mondial aux Etats-Unis et la Suisse, considère le président de Genève place financière.
L'associé de la plus grande banque privée d'Europe s'oppose par ailleurs aux propositions du président de'Association suisse des banquiers, Patrick Odier. Ce dernier ne veut plus tolérer d'argent non déclaré sur des comptes bancaires suisses.
Pour Ivan Pictet, "il est impensable, du moins tant que je serai là, de faire signer à nos clients un texte stipulant qu'ils ont bien déclaré leur argent au fisc". Selon lui, cette proposition demeure totalement irréaliste.
Minaret à Olten, dans le nord-ouest de la Suisse (AFP)
Vingt-sept requérants d'asile ramenés de force en avion au Nigeria ont refusé de descendre de l'appareil à Lagos. Il s'en sont pris si violemment aux policiers suisses - pourtant deux fois plus nombreux - qui les accompagnaient, que ceux-ci ont quitté l'avion.
Les faits se sont produits mi-novembre. Attachés par des menottes en tissus, les requérants étaient accompagnés de 61 policiers.
Après un vol sans histoire, l'appareil s'est posé à Lagos. Ses occupants voulant à tout prix éviter d'être remis aux autorités nigérianes, ils s'en sont pris aux agents suisses dès que leurs menottes leur ont été ôtées.
Les policiers ont fini par s'enfuir avec l'équipage. Des forces de sécurité nigérianes ont ensuite pris l'avion d'assaut et maîtrisé leurs compatriotes.