samedi 12 mars 2011

Les étrangers, des électeurs comme les autres à Genève

C’est la deuxième fois que les étrangers sont appelés aux urnes pour désigner les autorités municipales. Rien n’indique qu’ils exerceront dimanche une influence propre à bouleverser le verdict des urnes. En raison de leur participation moindre, et de leurs choix électoraux, qui ne semblent guère diverger de ceux des Suisses.

77 000 suffrages potentiels. C’est ce que représentent les électeurs étrangers qui peuvent prendre part aux élections municipales genevoises. Dotés du droit de vote – mais pas d’éligibilité – depuis l’adoption de l’initiative «J’y vis, j’y vote» en 2005, ceux qui sont installés en Suisse depuis huit ans participent pour la deuxième fois à la désignation des autorités communales. A ce jour, les enseignements tirés de leur première participation au scrutin, en 2007, restent sommaires, mais, sur cette base, rien n’indique qu’ils exerceront dimanche une influence propre à bouleverser le verdict des urnes. En raison de leur participation moindre, et de leurs choix électoraux, qui ne semblent guère diverger de ceux des Suisses.

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Abstention portugaise

Même s’ils représentent plus d’un quart de l’électorat potentiel, les étrangers votent moins que les Suisses. «Leur taux de participation a atteint 27,2% il y a quatre ans, ce qui est conforme à la moyenne enregistrée dans les autres cantons qui ont également accordé le droit de vote aux étrangers», relève Andé Castella, le délégué à l’Intégration. A titre de comparaison, celui des Suisses frôlait les 40%.

D’importantes variations sont apparues entre les différentes communautés. Ainsi, les Portugais, qui représentent la première communauté étrangère du canton avec quelque 34 000 ressortissants, ont affiché le taux de participation le plus bas: 15,3%. Celui des Espagnols atteint 21,2%. Les Français et les Italiens, en revanche, ont voté presque autant que les Suisses, avec des taux respectifs de 35,9% et 35,3%.

Pour expliquer ces différences, Pascal Sciarini, professeur de sciences politiques à l’Université de Genève, avance plusieurs hypothèses. «On sait que les Portugais et les Espagnols sont davantage représentés dans les catégories socioprofessionnelles inférieures, où, traditionnellement, le taux de participation aux scrutins est faible.» Autre piste: les ressortissants de ces communautés viennent fréquemment en Suisse avec le projet de repartir, ils chercheraient donc moins à s’intégrer. Le fait qu’il s’agisse de vagues d’immigrations plus récentes que celle des Italiens, qui ont davantage eu le temps de s’intégrer, constitue aussi un facteur à prendre en compte.

Au final, l’impact du vote des étrangers n’est pas de nature à modifier profondément celui des électeurs suisses, estime Pascal Sciarini. Le politologue souligne un soutien global plus fort aux partis de gauche, plus ouverts aux étrangers, et évoque certains réflexes liés au contexte politique d’origine: les personnes originaires d’ex-pays communistes auraient par exemple tendance à voter plus à droite. Rien cependant qui détonne dans le paysage politique. De la part d’électeurs majoritairement européens, culturellement proches et bien intégrés, aucune révolution électorale ne semble à l’ordre du jour.

Sandra Moro dans le Temps

Berne débloque 12 millions pour l'Afrique du Nord

Pour soutenir la transition en Afrique du Nord et au Proche-Orient, le Conseil fédéral a débloqué vendredi 12 millions de francs dans le cadre de l'aide d'urgence. Il a aussi décidé de renforcer l'engagement de la Suisse par d'autres mesures concrètes. L'engagement de 14 personnes du Corps suisse d'aide humanitaire est prévu.

migrants maghreb

La Suisse a intérêt à voir s'installer la stabilité et la démocratie dans cette région du monde après les soulèvements populaires, relève le gouvernement. Les intérêts suisses portent sur la politique de sécurité, la politique migratoire, l'économie et la politique énergétique.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) consacrera dans un premier temps 12 millions de francs de son budget à des projets et des actions dans ces domaines. Pour la coopération au développement dans la partie sud de la Méditerranée, le budget de la Direction du développement et de la coopération (DDC) prévoit 20 à 30 millions de francs annuellement pour 2011 et 2012.

Soutien aux migrants

Outre le détachement de nouveaux experts, par exemple en soins médicaux, la Confédération prévoit des projets concernant l'utilisation de l'eau ainsi que l'hébergement et le soutien aux migrants à la frontière entre la Libye et l'Egypte. Un soutien aux organisations internationales présentes sera poursuivi et une antenne de l'aide humanitaire de la Confédération sera installée à Benghazi.

Le Conseil fédéral a aussi l'intention d'encourager le développement de structures démocratiques en Egypte et en Tunisie. La Suisse est prête à envoyer des observateurs ainsi qu'un expert en vue de la préparation d'élections libres. Et pour lutter contre la pauvreté et promouvoir l'économie, elle concentre ses efforts sur l'encouragement au secteur privé, aux PME en particulier, et au secteur financier.

La DDC soutient la formation professionnelle, alors que le Secrétariat d'Etat à l'économie, qui soutient cette région à hauteur de plus de 9 millions annuels, va poursuivre son engagement, notamment dans le domaine des infrastructures.

Enfin, sur le plan judiciaire, la Suisse examine dans quelle mesure un soutien pourrait être apporté aux pays d'Afrique du Nord. Le but est de voir progresser rapidement les procédures pénales visant la restitution d'avoir acquis illégalement. Le Conseil fédéral avait décidé le blocage de ces avoirs déposés en Suisse par des personnes politiquement exposées.

ATS et RSR

Enfin une aire d'accueil !

Après une saga de sept ans, la décision est tombée hier. Le Conseil fédéral a donné son feu vert au projet d'aire multifonctionnelle de la Joux des Ponts sur l'autoroute A12, où pourront s'arrêter les gens du voyage et les poids lourds. C'est une victoire pour le conseiller d'Etat Georges Godel qui a réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué.

Georges Godel l'avait clamé haut et fort: «Ce sera ça ou rien!» Ça, c'était la création à Sâles, dans le prolongement de l'aire de repos autoroutière de la Joux des Ponts, d'une place de stationnement pour les gens du voyage. Une solution à laquelle personne ne croyait vraiment. A l'exception du conseiller d'Etat... qui a bien fait d'y croire! Hier, le Conseil fédéral a en effet accepté l'agrandissement proposé, dans le cadre d'une augmentation des aires de repos pour poids lourds le long des routes nationales.Il a le triomphe modeste, Georges Godel. Il prend garde à ne pas trop se glorifier. Il sait bien pourtant que ce dossier qui empoisonne les directeurs des travaux publics fribourgeois depuis des lustres, c'est grâce à sa ténacité qu'il trouve aujourd'hui une issue (voir chronologie en page suivante).C'est l'Office fédéral des routes qui achètera et aménagera la parcelle où s'épanouira l'aire d'accueil. L'opération immobilière a d'ailleurs d'ores et déjà été déléguée par l'OFROU au Service des autoroutes. «Nous avions signé un droit d'emption pour ce terrain, nous l'avons cédé à la Confédération», signale Georges Godel, qui espère que les choses pourront se concrétiser rapidement. Reste que la maîtrise du calendrier des travaux appartient à Berne.

Le préfet partagé

Au-delà de la satisfaction d'aboutir, le conseiller d'Etat se dit surtout content «parce que l'accès à cette place se fera uniquement par l'A12, et pas par les routes communales et cantonales. C'était important pour les habitants.» Une des rares sources de satisfaction pour les syndics des communes voisines de Sâles et Vaulruz... «Nous devons bien admettre que nous n'avons pas grand-chose à dire, nous n'avons pas de moyens d'action, ce qui est frustrant», témoigne ainsi le Sâlois Jean-Marc Piguet.Le préfet de la Gruyère - et candidat radical au Conseil d'Etat - est quant à lui partagé. Cette place sécurisée, accessible par la seule A12, proche d'un centre de la police est, d'un côté, une bonne chose. «Le bémol, c'est que la Gruyère est seule à assumer le poids de l'accueil des gitans dans le canton», déplore Maurice Ropraz, qui souligne que les gens du voyage s'arrêtent la plupart du temps dans le Grand Fribourg ou dans la Broye. Il redoute les nuisances découlant d'une présence plus régulière à la Joux des Ponts: «Leur objectif est de commercer, ils iront donc visiter les localités alentour. Cela induit de potentiels problèmes de sécurité et de troubles à l'ordre public.»Georges Godel sourit: «Les préfets connaissaient bien cette solution, la moins mauvaise possible... Et tous étaient enchantés, y compris celui de la Gruyère!» Ceux qui ne le sont pas, enchantés, ce sont les Routiers suisses. Bernard Stähli, leur président central, se fait fataliste. «Une décision du Conseil fédéral, je suppose qu'on ne peut que s'y plier... Nous n'avons rien contre les gens du voyage, mais une chose est sûre: il sera impossible de s'arrêter avec son camion lorsqu'ils seront là aussi. Il n'y aura aucune garan- tie sécuritaire pour nous et nos marchandises.»

«C'est bizarre»

En revanche la décision du Conseil fédéral satisfait le chef de la gendarmerie fribourgeoise, le lieutenant-colonel Pierre Schuwey. «Pour nous, c'est un moyen de répondre aux reproches que nous adressent les gens du voyage en affirmant que Fribourg ne propose aucune solution pour eux. Cette place sera aussi un levier d'action pour les obliger à se conformer à nos exigences.»Et du côté des principaux intéressés, que pense-t-on de la solution trouvée? «Je ne peux pas dire qu'elle est bonne ou mauvaise, je ne suis pas au courant», rapporte May Bittel, considéré comme le porte-parole des gens du voyage en Suisse. «Je trouve dommage que l'on prenne ce genre d'initiatives sans nous en parler!» Georges Godel explique de son côté avoir eu un contact avec Arnold Moillen, connu sous le nom de «Capitaine Gitan», répondant de la gendarmerie vaudoise pour les gens du voyage: «Il a soumis nos propositions au patriarche de la famille Demeter - l'une des plus importantes à sillonner la Suisse - qui lui a indiqué que l'emplacement de la Joux des Ponts était le plus favorable.» Un point de vue que ne semble pas partager May Bittel: «Obliger des gens à s'installer au bord d'une autoroute, c'est... bizarre!»

Patrick Pugin et Aurélie Lebreau dans la Liberté