mardi 29 mars 2011

Un Ouïghour de Palau souhaite obtenir l’asile en Suisse

Un autre ancien détenu ouïghour de la prison américaine de Guantanamo pourrait peut-être bientôt rejoindre la Suisse après les deux hommes arrivés en 2010 dans le canton du Jura.

Cet homme, accueilli sur l’île de Palau après sa libération, a fait recours contre le rejet de sa demande d’asile en Suisse. Un recours est pendant devant le Tribunal fédéral administratif, a indiqué mardi une porte-parole de l’Office fédéral des migrations (ODM), confirmant une déclaration de l’ambassadeur américain en Suisse, Donald S. Beyer. M. Beyer a affirmé dans un entretien à la «Neue Zürcher Zeitung» que deux Ouïghours établis à Palau souhaiteraient venir en Suisse et ont déposé une demande d’asile. La porte-parole de l’ODM a elle indiqué ne pas avoir connaissance d’une seconde demande. Selon l’ambassadeur américain, un ou deux autres détenus de Guantanamo auraient personnellement demandé à pouvoir gagner la Suisse. Interrogé sur la question de savoir si des efforts étaient menés pour transférer d’autres détenus en Suisse, il a ajouté qu’aucun projet officiel n’est prévu sur ce sujet.

Critique

La Suisse avait accueilli l’an dernier deux Ouïghours de Guantanamo. Ils vivent à Delémont (JU). Un collaborateur de l’ambassade américaine se renseigne toutes les deux semaines sur le fonctionnement de leur établissement, a précisé M. Beyer. «Nous espérons qu’ils vont s’intégrer en Suisse», dit-il. M. Beyer a aussi évoqué les relations entre les Etats-Unis et la Suisse depuis la diffusion des câbles diplomatiques américains par WikiLeaks. «La publication de ces documents constituait un test pour le bon fonctionnement de ces relations. Nous avons clairement réussi le test», a estimé l’ambassadeur de 61 ans. Il s’est plaint uniquement de la protection des données «très forte» en Suisse. Si les Etats-Unis disposaient d’informations sur la présence en Suisse d’un terroriste, les autorités n’auraient pas le droit selon la loi de mener une surveillance téléphonique ou une filature, selon lui. «C’est précisément comme ça», a déclaré M. Beyer. Il a aussi décrit la coopération avec la Suisse dans la lutte contre le terrorisme comme «merveilleuse». Les Etats-Unis ont deux agents du FBI depuis cinq ans en Suisse. Ils travaillent actuellement à l’ambassade. Un autre agent avait précédemment eu l’accord pour travailler dans l’administration fédérale.

Calmy-Rey louée

M. Beyer s’est aussi distancé des déclarations de son prédecesseur Peter Coneway. L’ancien ambassadeur avait écrit dans un câble révélé par WikiLeaks que la Suisse était «une démocratie alpine frustrante». Il se plaignait aussi du rôle actif de Micheline Calmy-Rey à la tête de la diplomatie suisse. «La présidente de la Confédération Calmy-Rey veut changer quelque chose dans ce monde. Je suis heureux de vivre dans un pays qui souhaite changer le monde», déclare au contraire de son côté M. Beyer. La Suisse joue un «rôle utile» dans les relations avec l’Iran, ajoute l’ambassadeur en poste en Suisse depuis 2009. «Nous avons vu que l’Iran a tendance à faire confiance à la Suisse», dit-il. La Suisse représente les intérêts américains en Iran et a fonctionné comme médiatrice dans le différend nucléaire. «De nombreuses rencontres ont eu lieu en Suisse et ont été organisées par la Suisse», rappelle-t-il aussi.

Le Matin

lundi 28 mars 2011

Le nombre de demandeurs d'asile en baisse partout dans le monde

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCNUR) conclut, dans un rapport rendu public lundi, que le nombre de demandeurs d'asile à l'échelle mondiale a diminué de 5 % par rapport à l'an dernier et de plus de 40 % au cours de la dernière décennie.

Selon les données compilées par le HCNUR, en 2010 358 800 personnes ont déposé des demandes d'asile dans 44 pays industrialisés. En 2001, ils avaient été plus de 620 000 à le faire - un seuil historique.

« La dynamique mondiale de l'asile est en train de changer. Le nombre de demandes d'asile dans les pays industrialisés est beaucoup plus bas qu'il y a dix ans, tandis que les niveaux augmentent d'une année sur l'autre dans un tout petit nombre de pays », a déclaré Antonio Guterres, haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés.

« Nous devons étudier les causes profondes pour déterminer si ce déclin est dû à la diminution des facteurs de départ dans les régions d'origine ou aux contrôles migratoires plus stricts dans les pays d'asile », a-t-il ajouté.

Le rapport du HCNUR comptabilise les demandes, mais ne montre pas combien de demandeurs ont obtenu une réponse favorable.

Les pays d'accueil

Le « rêve américain » exerce toujours son pouvoir d'attraction sur une majorité de migrants : ce sont les États-Unis qui accueillent le plus grand nombre de demandeurs d'asile, soit plus de 55 500 en 2010.

C'est ni plus ni moins une demande d'asile sur six dans le grand compte mondial. Et ce sont surtout les Chinois qui veulent s'implanter en Amérique : 12 850 d'entre eux ont voulu vivre aux États-Unis, loin devant les 4 225 Mexicains.

La France est le deuxième pays de prédilection pour les demandeurs d'asile. Le nombre des demandes qu'elle a enregistré a connu une hausse de 13 % en un an, pour atteindre 47 800 demandes. Les demandeurs d'asile viennent principalement de la Serbie, de la Russie et de la République démocratique du Congo.

Parmi les pays d'accueil, la France est suivie par l'Allemagne, la Suède et enfin, le Canada. Ces cinq pays reçoivent à eux seuls plus de la moitié (56 %) de toutes les demandes d'asile comptabilisées dans le rapport du HCNUR.

Si les demandes d'asile augmentent non seulement dans ces pays mais aussi au Danemark, en Australie et en Nouvelle-Zélande, elles ont diminué dans plusieurs pays de la Méditerranée, dont la Grèce, l'Italie, Malte, l'Espagne et la Turquie.

Outre le fait qu'ils aient adopté des mesures rigoureuses pour lutter contre l'immigration clandestine ces dernières années, certains de ces pays ont connu de graves difficultés économiques lors de la dernière crise, ce qui les a peut-être rendus moins attrayants.

Les pays de départ

La hausse des demandes enregistrée en France et en Allemagne serait attribuable à la levée de l'obligation de visa d'entrée dans l'Union européenne pour les ressortissants de Serbie et de Macédoine, en décembre 2009.

Cette mesure a provoqué une hausse radicale du nombre des demandes d'asile provenant de ces deux pays. Avec 28 900 demandeurs d'asile provenant de la Serbie, ce pays trône au sommet de la liste des pays de départ, en nombre absolu. Le nombre de Serbes demandeurs d'asile est en hausse de 57 %.

Quant à la Macédoine, elle se situe au 10e rang des pays de départ. Mais en passant de 749 demandeurs d'asile, en 2009, à 6522 un an plus tard, elle a fait un bond peu flatteur de 671 %.

Les Afghans sont deuxièmes dans la liste des demandeurs d'asile, suivis des Chinois, des Irakiens et des Russes. Pour la première fois depuis 2005, l'Irak ne figure pas parmi les deux principaux pays d'origine des demandeurs d'asile.

Pression accrue sur les pays pauvres

Bien que la majorité des demandeurs d'asile fuient vers des pays industrialisés en Europe, en Amérique ou en Océanie, le rapport du HCNUR met en évidence la pression croissante exercée sur les pays limitrophes de pays en guerre ou en crise.

Citant en exemple la Côte d'Ivoire, avec ses milliers de réfugiés qui se replient sur le Libéria, et la Libye, avec ses ressortissants qui se replient sur la Tunisie ou l'Égypte, le haut-commissaire Guterres observe que « ce sont toujours les pays en développement qui se taillent la part du lion en matière de responsabilité pour l'accueil des réfugiés. Malgré les nombreux autres défis qu'ils rencontrent, des pays comme le Libéria, la Tunisie et l'Égypte ont ouvert leurs frontières aux personnes dans le besoin ».

La situation au Canada

Le Canada demeure un pays de prédilection pour les personnes qui soumettent des demandes d'asile, mais de 2009 à 2010, il a reçu 30 % moins de demandes.

En 2008, le pays se situait au deuxième rang des pays les plus sollicités. Deux ans plus tard, il avait glissé au cinquième rang.

Le rapport du HCNUR soulève l'hypothèse que l'imposition d'un visa par le Canada à tous les visiteurs mexicains et tchèques depuis 2009 pourrait expliquer ce glissement.

Depuis l'instauration de cette mesure, le nombre de demandeurs d'asile de ces deux pays a chuté de façon draconienne (-84 % pour les Mexicains, et presque aucune demande de la part des Tchèques).

Radio-Canada avec Agence France Presse et Associated Press

Baisse des demandes d'asile dans les pays riches en 2010

Le nombre de demandeurs d'asile dans les pays riches a baissé en 201O, notamment dans le sud de l'Europe où le nombre d'arrivées de candidats à l'asile en provenance d'Afrique et d'Asie a diminué d'un tiers, a annoncé lundi le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).

Selon les derniers chiffes du HCR, 358.800 personnes ont déposé une demande d'asile dans 44 pays industrialisés en 2010, soit 5% de moins qu'en 2008 et 2009 et plus de 40% de moins qu'il y a dix ans. "La dynamique globale de l'asile est en train de changer. Le nombre de demandes d'asile dans les pays industrialisés est beaucoup plus bas qu'il y a dix ans tandis que les niveaux augmentent d'une année sur l'autre dans un tout petit nombre de pays", a déclaré Antonio Guterres, Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés. "Nous devons étudier les causes profondes pour déterminer si ce déclin est dû à la diminution des facteurs de départ dans les régions d'origine ou aux contrôles migratoires plus stricts dans les pays d'asile", a-t-il ajouté.

Le nombre de demandes d'asile a accusé une baisse de 33% en 2010 dans huit pays riverains de la Méditerranée : Albanie, Chypre, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Espagne et Turquie. Les demandes ont accusé une baisse de 94% à Malte, 53% en Italie, 36% en Grèce, des pays qui ont mis en vigueur ces dernières années des mesures pour juguler l'afflux par la mer d'immigrants en provenance d'Afrique et du Proche-Orient.

Parallèlement, les demandes ont augmenté en Allemagne (49%), en Suède (32%), au Danemark (30%). L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont fait face à une augmentation de 31%, soit un total de 8.600 demandes pour ces deux pays. Les Etats-Unis restent la destination la plus convoitée, avec 55.500 demandeurs d'asile en 2010, dont un tiers en provenance de Chine, soit 6.500 de plus que l'année précédente. Les Mexicains viennent en deuxième position après les Chinois. La France figure à la deuxième place avec 47.800 demandeurs d'asile, soit une augmentation de 13%. Les demandeurs viennent principalement de Géorgie, du Bangladesh et d'Haïti. L'Allemagne est en troisième position, avec 41.300 candidats, principalement en provenance des Balkans.

AFP

samedi 26 mars 2011

Mort d'un Nigérian à Kloten: «Les autorités sont responsables!»

L'accompagnement médical des renvois forcés est la cible de vives critiques. Un article publié au début du mois de mars dans le Bulletin des médecins suisses appelle la profession à refuser son concours lors des expulsions par vols spéciaux.

L'auteur de ce texte, le cardiologue et président de l'association Ethique et médecine Michel Romanens, estime que la sécurité des personnes expulsées ne peut pas être garantie. Selon lui, les médecins ne doivent pas légitimer des renvois qui se déroulent dans des conditions «éthiquement inacceptables». Le président de la Fédération des médecins suisses (FMH), Jacques de Haller, a également fait part de son scepticisme dans la presse, et critiqué l'absence de formation spécifique pour les accompagnants.

Expertise contestée

Dans son article, Michel Romanens revient sur la mort d'un requérant d'asile nigérian à l'aéroport de Kloten, en mars 2010. Il accuse les autorités en charge des expulsions d'être «entièrement responsables» de la tragédie, et conteste les résultats de l'autopsie. L'Institut de médecine légale de l'université de Zurich est arrivé à la conclusion que le Nigérian souffrait d'une grave maladie cardiaque presque impossible à détecter.
Pour Michel Romanens, ce diagnostic s'apparente davantage à une «construction» permettant de couvrir les autorités qu'à une démonstration scientifique solide. En l'état, rien ne prouverait que l'homme souffrait d'une maladie cardiaque. Il n'est pas exclu que l'état de faiblesse dans lequel il se trouvait après au moins quarante jours de grève de la faim, combiné au stress de la situation, ait suffi à provoquer une arythmie mortelle. Cela aurait en tout cas dû dissuader les autorités d'exécuter le renvoi.
Contacté par téléphone, le cardiologue affirme que l'expertise médicale zurichoise est entachée d'un conflit d'intérêts: elle a été réalisée par le mari de la conseillère d'Etat saint-galloise Karin Keller-Sutter, présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police et adepte de la ligne dure en matière d'immigration.
L'article du cardiologue et les démarches de l'avocat de la famille du défunt ont poussé le Ministère public zurichois à ordonner le 15 mars dernier une nouvelle autopsie. Elle sera réalisée par l'Institut de médecine légale de l'université de Giessen, en Allemagne. Une décision saluée par Michel Romanens. Selon lui, il sera possible de déterminer si le requérant d'asile souffrait réellement d'une maladie cardiaque, notamment en procédant à des tests génétiques.

Manque d'informations

Un accompagnement médical lors des expulsions ne permettrait-il pas d'éviter de tels drames? Michel Romanens en doute. D'une part, les médecins ne sont pas assurés de connaître suffisamment bien l'état de santé des personnes concernées. En vertu du secret médical, certaines informations ne leur sont pas transmises par les médecins pénitentiaires, affirme le cardiologue. Comme ils sont mandatés par l'autorité d'expulsion, il leur est en outre difficile d'obtenir la confiance du «patient» et de procéder eux-mêmes à des examens.
D'autre part, les conditions de renvoi compromettent les chances de survie en cas d'arrêt cardiaque. Durant leur transfert à l'aéroport, les expulsés sont attachés à une chaise et revêtus d'une cagoule. Cela empêche les médecins de détecter une éventuelle situation de détresse et d'intervenir à temps pour réanimer la personne. Le requérant d'asile nigérian «est mort plus ou moins sans qu'on le remarque et sans assistance médicale adéquate», note Michel Romanens. En l'état, les médecins ne peuvent pas se porter garants de la sécurité des personnes expulsées et «doivent refuser de participer à ces procédures».

Michaël Rodriguez dans le Courrier

vendredi 25 mars 2011

Le vrai visage du parti de Marine Le Pen

Dominique Sopo, président de SOS Racisme (Sipa)Le président de SOS Racisme réagit à la publication par Nouvelobs.com a photo d'un candidat FN, qualifié pour le second tour des élections cantonales, en train de faire un salut nazi.

C'est avec stupéfaction, mais sans réelle surprise, que SOS Racisme vient de découvrir la photo d'un candidat FN, qualifié pour le second tour des élections cantonales, en train de faire un salut nazi.

Alexandre Gabriac, candidat dans un des cantons de Grenoble, montre là le vrai visage du parti de Marine Le Pen, un parti viscéralement gangréné par le racisme et l'antisémitisme au point que ses membres ne semblent pas hésiter à se mettre en scène de la façon la plus immonde en choisissant pour arrière-fond... un drapeau nazi !

Voici donc ce qu'est ce parti qui se présente comme le porte-voix de la France réelle. Un parti nostalgique du nazisme et de ses méfaits en raison desquels les Français eurent à payer le prix du sang pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un prix du sang payé d'ailleurs à quelques kilomètres de Grenoble, par les résistants qui prirent le maquis sur le plateau du Vercors.

C'est au regard de la nature profonde de ce parti, une fois de plus révélé, que le front républicain est une exigence politique et éthique vis-à-vis de laquelle les partis politiques ne peuvent pas mégoter. Entre les valeurs de la République et le Front National, il existe une frontière par nature infranchissable. Ceux qui tendent à nier ce fait font le jeu d'une banalisation qui ne peut préparer que leur recyclage ou leur engloutissement.

Dominique Sopo, président de SOS Racisme dans le Nouvel Observateur

Italie: face aux clandestins, alerte maximale des capitaineries de port

Les capitaineries des ports italiens ont été placées en état d'"alerte maximale" en prévision de l'arrivée d'immigrants en provenance d'Afrique du Nord, au total 13.500 ces 20 derniers jours sur la seule île de Lampedusa, a indiqué vendredi l'amiral Marco Brusco.

"Nous avons renforcé les capitaineries en hommes et moyens, redéployé nos effectifs et augmenté la surveillance aérienne. Avec ces conditions météo qui s'améliorent sans arrêt, nous devons être prêts à faire face à de nouveaux débarquements", a déclaré à l'agence Ansa le commandant des capitaineries de port italiennes, assurant les avoir placées en état d'"alerte maximale". "Le nombre de personnes débarquées à Lampedusa au cours des 20 derniers jours est de 13.500. L'effort de la capitainerie de l'île est maximal", a ajouté l'amiral, précisant avoir renforcé les capitaineries du sud de l'Italie avec du personnel provenant du centre et du nord du pays.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, 81 personnes ont été secourues au large de Lampedusa tandis que 44 autres dont 11 femmes parmi lesquelles 2 enceintes et 7 enfants, ont été secourues au large de la Sicile à bord d'un voilier. L'opposition de gauche a accusé vendredi le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi d'avoir créé à des fins politiques une situation de crise à Lampedusa, petite île proche de la Tunisie où plus de 5.000 immigrés sont entassés dans des conditions très difficiles.

"L'Italie a connu de nombreuses situations d'urgence humanitaire et a toujours su les affronter avec décence et humanisme, garantissant la sécurité des Italiens et l'assistance aux réfugiés", a déclaré samedi Livia Turco, responsable immigration du Parti Démocrate (PD, principal parti d'opposition). "Nous n'avons jamais vu des images d'abandon et de laissez-aller comme ces jours-ci à Lampedusa" où les médias ont montré des immigrants sous des tentes de fortune, des camions ou au milieu de sacs en plastique, a dénoncé Mme Turco. "Cette inefficacité n'est pas le fruit du hasard mais d'une vision politique et d'une action de gouvernement visant à créer un sentiment d'alerte sociale et à se plaindre de l'inaction de l'Europe" pour demander davantage de fonds contre l'immigration clandestine, a accusé Mme Turco.

Selon la gauche, la droite berlusconienne soutenue par le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord s'inscrit dans une logique électorale et veut montrer qu'elle agit contre l'immigration illégale avant les élections locales de mai (18 millions d'électeurs).

AFP

Guéant maintient l'objectif de 28'000 expulsions de clandestins en 2011

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a fixé vendredi aux policiers un objectif minimal de "28.000 éloignements" d'immigrés clandestins en 2011, soit un chiffre identique à celui de l'année précédente.

L'"objectif" est de "28.000 éloignements pour 2011, il est impérieux de l'atteindre", "il doit même (être) dépassé dès lors que nous disposerons, avec la loi sur l'immigration et l'intégration, d'outils juridiques nouveaux", a souligné le ministre devant les directeurs départementaux de la sécurité publique (DDSP) et les commandants de groupements de gendarmerie. "Mobilisez vous, cela passe par des interpellations et chacun de vous sait où et comment procéder!", a exhorté Claude Guéant.Le chiffre des expulsions en 2010 n'a pas été communiqué. Sur les onze premiers mois de l'année, il s'élevait à 25.511, soit une diminution de 7% par rapport à 2009.

Le ministre a regretté que "les résultats du mois de janvier 2011 (soient) en retrait par rapport au mois de janvier 2010: 1.822 éloignements ont été réalisés, soit une baisse de 8,5% par rapport à l'année dernière". La loi Besson est actuellement examinée au Parlement et devrait rentrer en vigueur d'ici quelques mois. Elle devrait inclure la traduction dans le droit français d'une directive européenne sur les expulsions de clandestins. Dans l'attente de cette transposition, la France est confrontée à un vide juridique et le Conseil d'Etat a donné raison aux juges qui ont remis en liberté des étrangers sans papiers placés en rétention. Dès son arrivée à l'Intérieur en février, l'ancien secrétaire général de l'Elysée a fixé la lutte contre l'immigration irrégulière comme une de ses priorités.

La semaine passée, il s'était attiré de vives critiques en jugeant que "les Français à force d'immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux". Vendredi, il a insisté sur l'usage de "la biométrie afin de mieux lutter contre l'immigration irrégulière". Un "important travail d'équipement des postes consulaires" a été engagé à cet effet, "doublé d'un équipement prioritaire de la police aux frontières et des douanes aux points de passages et des brigades mobiles de recherche", a-t-il relevé. Enfin, la France va "renforcer" sa "pression sur les Etats pour faire aboutir les procédures d'éloignements trop souvent contrariées", en particulier par la non-délivrance des laissez-passer consulaires par les pays d'origine, préalable à toute expulsion.

Ainsi, des "mesures de pression" sont-elles prévues à l'égard des pays "qui ont un taux de délivrance inférieur à la moyenne de 31% observée en 2009", a-t-il précisé. Vendredi, il a également demandé à ses troupes de porter un "deuxième effort, sur la lutte contre le travail clandestin" dans "les secteurs habituellement concernés, travaux publics, hôtellerie-commerce-restauration, travail saisonnier, sociétés de sécurité privée".

AFP

Un roman sur le destin couleur charbon des émigrés clandestins

le bunkerSi l'atroce vécu des émigrés clandestins où qu'ils soient devait être désigné par  une couleur, ça sera couleur charbon.  Et c'est presque général. Un roman l'illustre de façon absolument forte :  "Le Bunker ou le Requérant d'asile en Suisse" du journaliste Djamel Ferhi, qui signe ici son tout premier ouvrage littéraire. 

L'auteur aborde le quotidien des émigrés clandestins en Europe à travers des personnages en quête de vie digne mais que l'infortune a plongés dans un tourbillon de contraintes. Même si les noms des personnages sont fictifs, le livre, paru récemment aux éditions Chihab, restitue une histoire vécue, résumée dans les mésaventures du jeune essayiste Nazim Gaya qui a passé en 2004 quarante cinq jours en Suisse et surtout vécu une grande histoire d'amour avec Michèle Marchand avec qui il renoue cinq ans après son retour en Algérie, grâce à un échange de mails.

Dans un style narratif, le roman raconte le séjour suisse de Nazim en tant que "requérant" (ce mot désigne toute personne étrangère cherchant à s'établir en Suisse), alors qu'il consacrait la majeure partie de son temps à finir son essai dans les "bunkers", une sorte de "refuge" pour requérants, ainsi appelés parce que situés en retrait de la ville, nous dit l'auteur. Un croisement entre les moments passés dans et à l'extérieur des "bunkers" en 2004 et les "disputes virtuelles" échangées avec Michèle en 2009, place le lecteur dans un va-et-vient d'états d'âmes, ceux de Nazim, pris entre deux sentiments contradictoires et pour qui la Suisse n'a jamais représenté un Eldorado, mais juste une expérience. Peut-être une alternative. Ballotté entre les bunkers de Vallorbe, Kreuzlingen, d'Aarau de Obermumpf, Nazim, tout en se consacrant à son essai (le commentaire très critique des écrits d'un homme politique pendant le "Printemps noir"), trouve le temps de s'intéresser aux bunkers, un univers quasi-carcéral par lequel les pensionnaires, de différentes nationalités, transitent. Deux d'entre eux, Rachid, originaire de Chlef, et l'Algérois Nounou, deviennent ses amis intimes. Inséparables, ils partagent peines et joies, même si ces dernières sont plutôt rares. Leurs aventures "amoureuses" sont racontées par le menu pour montrer le peu d'intérêt, voire l'indifférence, des trois compères, pris dans le paradoxe de la "belle vie" et du manque d'argent, à l'égard des sentiments et de leurs compagnes suisses.

Le petit pécule hebdomadaire, appelé par les requérants la "sainte-touche", pousse Rachid et Nounou à recourir à des petits larcins pour survivre. Ce qui déplaît fortement à Nazim et achève de le décevoir, surtout qu'il apprend que l'un de ses amis s'adonne à la drogue... "Dans ce livre, j'ai rapporté ce que Nazim et ses amis ont vécu réellement dans les bunkers suisses. J'espère que n'importe quel requérant se reconnaîtra en lisant mon roman, à travers lequel j'ai essayé de relater les conditions des émigrés clandestins", a confié l'auteur lors d'une rencontre avec la presse, organisée par son éditeur. Djamel Ferhi, pour qui l'écriture représente une passion et une sorte de thérapie, a constaté que l'ensemble des émigrés clandestins ne trouvent pas dans l'émigration la solution aux problèmes qu'ils affrontent dans leurs pays. "Les émigrés clandestins ne sont pas aimés dans les pays d'accueil. C'est une vérité. Ils doivent parvenir à (re)trouver l'estime de soi", pense cet auteur qui semble lui même être revenu du "mirage suisse". Leçon à méditer même s'il n'ya pas d'alternative pour ces  chercheurs de l'Eldorado.

Le Maghreb

Face à l'afflux de migrants, Rome veut désengorger Lampedusa

La situation est devenue pesante sur l'île italienne, où 15.000 immigrés ont afflué depuis le début de l'année contre 25 en 2010.

lampedusa débarquement réfugiés tunisie

Jeudi à l'aube, le San Marco, transport de troupes de la marine italienne, a débarqué 498 immigrés tunisiens provenant de Lampedusa dans le port sicilien d'Augusta, près de Syracuse. Ces immigrés seront hébergés dans des casernements conçus pour les familles de militaires américains stationnés sur l'ancienne base de Comiso. Le maire de Mineo, petite localité où se trouvent ces locaux, proteste avec vigueur, affirmant qu'il n'était à l'origine pas question de recevoir des clandestins tunisiens mais des réfugiés bénéficiant de l'asile politique. Rome n'a pourtant guère d'autre choix que d'accélérer ces transferts. La situation est devenue pesante à Lampedusa, où 15.000 immigrés ont afflué depuis le début de l'année contre 25 en 2010.

Sur les 4833 Tunisiens présents jeudi à Lampedusa, 2 496 sont logés dans le centre de rétention, qui a été conçu pour 850 personnes. Les autres dorment à la belle étoile, sur la plage et le port, où les conditions d'hygiène se sont fortement dégradées. Vivres et eau potable commencent à faire défaut. Les camions de distribution du pain ont été pris d'assaut par des immigrés affamés. La population locale s'est rebellée contre cet afflux. Elle a bloqué pendant de longues heures le débarquement de tentes acheminées par car-ferry pour empêcher que la présence de ces immigrés ne se pérennise à l'approche de la saison touristique.

Vendredi matin, le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, se rendra à Tunis pour étudier comment endiguer l'afflux d'immigrés. Il parle de 50.000 candidats potentiels à l'expatriation.

Le gouvernement a conclu mardi un accord de principe avec les régions d'Italie pour se répartir ces arrivages. Les gouverneurs ont accepté d'en recevoir mille par million d'habitants. Treize bases militaires sont en cours d'aménagement à cet effet. La difficulté est de savoir si ces immigrés seront considérés comme des clandestins ou des demandeurs d'asile politique.

Compensations financières

Les régions qui subissent déjà une forte pression migratoire comme la Sicile, la Calabre ou les Pouilles demandent également des compensations financières. Le gouvernement dit que 500 millions d'euros pourraient être prélevés sur les fonds de la Protection civile afin de construire des structures d'accueil. L'Italie demande aussi à l'Europe d'accueillir une partie de ces immigrés, au nom de la solidarité. Faute de quoi Roberto Maroni menace de délivrer 5000 visas Schengen aux Tunisiens de Lampedusa. Avec la certitude qu'ils n'auront qu'une destination en tête : la France.

Richard Heuzé dans le Figaro

jeudi 24 mars 2011

Immigration: Lampedusa met la solidarité européenne à rude épreuve

L'afflux d'immigrants clandestins d'Afrique du Nord sur l'île italienne de Lampedusa impose une plus grande solidarité difficile à mettre en place entre pays de l'Union européenne et menace d'être exploitée par les partis extrémistes.

Le gouvernement italien compte relancer le débat lors du sommet des dirigeants de l'Union jeudi et vendredi à Bruxelles. "Nous voulons partager le fardeau très lourd de l'immigration illégale avec tous les partenaires, à commencer par les partenaires européens", a averti le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini. Il ne se fait toutefois pas d'illusions. Jusqu'à présent, les partenaires européens sont restés sourds aux appels de Rome, en première ligne face aux troubles en Afrique du Nord.

Le Haut commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR) a tiré la sonnette d'alarme. Près de 6.000 immigrés sont entassés à Lampedusa, confetti italien de 2O km2 proche des côtes tunisienne et libyenne, dans des conditions sanitaires précaires, dont 2.200 dans un centre d'accueil pour clandestins prévu normalement pour accueillir 850 personnes. Les dirigeants allemand, français, autrichien, suédois et finlandais soutiennent que l'Italie est à même de gérer seule. Vienne fait valoir qu'elle a dû gérer un afflux autrement plus important d'immigrants lors des guerres dans l'ex-Yougoslavie dans les années 1990.

Mais le problème risque de devenir rapidement le leur, car "rien n'empêchera ces illégaux de se rendre en Finlande s'ils le veulent", soutient une source italienne, il leur suffit de se montrer patients. Le ministre de l'Intérieur italien Roberto Maroni a été explicite lors de la dernière réunion avec ses homologues à Bruxelles. La Tunisie, la Libye et l'Egypte n'ont pas d'accord de réadmission avec l'Union européenne, a-t-il rappelé.

Le problème se pose aujourd'hui avec la Tunisie, pays d'où sont partis les immigrants arrivés à Lampedusa. "Ils ont quitté la Tunisie du fait des difficultés économiques et la plupart sont en quête d'opportunités d'emplois", souligne le HCR. Illégaux, ils doivent être renvoyés dans leur pays. "Mais ce pays refuse de rapatrier plus de 4 personnes par jour et il faudrait plus de trois ans pour renvoyer tous ceux qui sont arrivés à Lampedusa", souligne M. Maroni. Analyse confirmée par la Commission européenne. "Nous pouvons les tenir six mois, pas plus. Ensuite, ils iront en France ou en Allemagne", a averti le ministre italien.

Les autorités françaises ont constaté un accroissement des interpellations de Tunisiens en situation irrégulière à la frontière avec l'Italie. Et le phénomène est déjà exploité par le Front National, le parti d'extrême-droite français, en hausse dans les sondages à un an des élections présidentielles. Sa présidente, Marine Le Pen, a effectué un déplacement très médiatisé à Lampedusa le 14 mars. "Je suis venue exprimer sur le terrain ma très vive inquiétude. L'Union européenne n'a aucune solution à proposer. Nous allons assister à une véritable catastrophe et l'UE, cette grosse méduse molle, est impuissante", aavait-elle alors déclaré. La Commission réfute cette accusation, mais elle peine à trouver des interlocuteurs en Tunisie pour négocier la réadmission de ses ressortissants.

Quant à Frontex, l'agence européenne chargée d'aider à surveiller les frontières extérieures de l'UE, elle s'avère peu utile. De l'aveu de ses dirigeants, elle manque de moyens pour intervenir et "elle ne sert pas à grand chose si son action se résume a accompagner les barcasses des clandestins jusqu'à nos ports", a commenté un responsable italien.

Christian Spillmann, AFP, Rome

mercredi 23 mars 2011

France: le FN demande des mesures juridiques d'urgence

Marine Le Pen (FN) a demandé mercredi au gouvernement de "prendre d'urgence les mesures juridiques nécessaires à la reconduite dans leur pays des clandestins arrivés illégalement en France", après l'avis du Conseil d'Etat "sanctionnant l'incompétence" du gouvernement.

"Au moment où se précise un afflux massif de clandestins vers notre pays --en témoigne la situation dramatique à (l'île italienne de) Lampedusa-- le gouvernement de Nicolas Sarkozy fait preuve d'un amateurisme déconcertant", écrit la présidente du FN.

Selon le FN, le "pouvoir UMP a +oublié+ de transposer cette directive avant le 24 décembre 2010, date limite!". Le Conseil d'Etat a donné raison lundi aux juges qui, faute de transposition dans les délais d'une directive européenne en droit français, ont remis en liberté des étrangers sans papiers placés en rétention et menacés d'expulsion. "Dans ce contexte de vide juridique, comblé par une directive européenne laxiste, le résultat est simple et déjà perceptible depuis janvier dernier: la majorité des reconduites à la frontière sont tout bonnement bloquées: déjà +plusieurs milliers+ de clandestins en auraient profité en quelques semaines", écrit le communiqué, citant un chiffre donné par Serge Slama, spécialiste des questions de droit et d'immigration. "Les Français doivent tourner la page de cette incompétence coupable", conclut le FN.

AFP

mardi 22 mars 2011

Les renvois de requérants d'asile posent problème en raison des accords de Dublin, selon J.de Quattro

La conseillère d'Etat vaudoise Jacqueline de Quattro s'inquiète des difficultés à appliquer les accords de Dublin, qui prévoient le retour du requérant d'asile dans le premier pays où il a déposé sa demande.

"Nous avons un problème avec un certain nombre de pays signataires", a déclaré la politicienne à l'occasion du bilan criminalité de la police 2010.Le canton a traité 700 réquisitions qui ont abouti à la réadmission de 291 requérants. Les infractions au code pénal ont légèrement augmenté (1,6%) à 71'820.Le taux d'infraction pour 1000 habitants (84,7) reste au-dessus de la moyenne (67,8).

TSRinfo

vendredi 18 mars 2011

Zarzis, gare maritime des émigrés tunisiens

Depuis la «révolution du jasmin», ce port du Sud est le passage obligé des jeunes clandestins en partance pour l'Europe.

zarzis

La place de la Jeunesse, où la «révolution du jasmin» a éclaté à Zarzis, bruisse désormais de mille conciliabules. À voix basse, les marchandages débordent de la terrasse du Relais, le grand café du centre-ville, où se croisent passeurs, pêcheurs et une foultitude de jeunes Tunisiens rêvant de partir pour la France.

Le week-end dernier, alors que s'annonçait une météo clémente enfin propice à une sortie en mer vers l'île italienne de Lampedusa, la plus proche porte d'entrée sur l'Europe, l'excitation était trop grande pour que ce trafic demeure discret. Adossés à leurs voitures de location, les passeurs, jouant avec leurs lunettes de soleil griffées, négociaient leurs derniers prix pour convaincre les retardataires de tenter l'aventure. Un pêcheur, auprès duquel on avait également été introduit, rapportait un peu de pain et de fromage aux clandestins qui se cachaient chez lui depuis deux jours, en attendant le signal du départ. Et puis il y avait ces jeunes hommes, tout juste arrivés de Djerba, Gabès, Medenine, Tataouine ou Tunis. Un grand nombre d'entre eux se sont retrouvés aux premières heures du jour, lundi, sur des navires filant vers l'île de Lampedusa, où 1623 clandestins ont finalement débarqué le soir même ou le lendemain.

Cité balnéaire construite autour de son petit port de pêche, Zarzis (120.000 habitants) s'est imposée en moins de deux mois comme la plaque tournante de l'émigration tunisienne vers l'Europe. Sur les quelque 6000 clandestins arrivés sur l'île de Lampedusa entre fin janvier et début mars, la moitié étaient des Zarzissiens. Quand la «révolution de jasmin» a balayé les forces policières chargées de contrôler la population sous le régime de Ben Ali, «les jeunes qui rêvaient de partir ont profité de l'aubaine. Ils ont entraîné avec eux tous leurs copains», raconte Ahmed Faouzi Khenissi, le maire de Zarzis.

Certains soirs, plusieurs bateaux de clandestins partaient du port. Se refusant à faire couler le sang, les militaires ont préféré contenir la foule qui voulait embarquer, et vérifier l'état des navires. Quant au quartier Ogla, l'autre rendez-vous pour l'Europe, il avait été ironiquement renommé «quartier consulat». «C'était comme une gare maritime», se souvient Bilal, un jeune Zarzissien, qui s'en amuse encore: «Tu avais des types qui te proposaient des bateaux pour le soir ou le lendemain, tu marchandais, comme si tu passais d'un guichet à l'autre»…

Un chalutier coulé par l'armée

Avec une maladresse pour le coup meurtrière, les militaires ont tenté de reprendre en main la situation. Le 11 février dernier, leur navire Horria 302 a coulé un chalutier transportant 120 migrants. Plus de trente sont déclarés morts ou disparus. Les survivants assurent que le patrouilleur a sciemment éperonné leur chalutier et que les militaires n'ont rien fait pour porter secours aux hommes tombés à l'eau. «Au contraire, certifie Saïf, un jeune de 17 ans qui s'en est sorti. Certains militaires donnaient des coups de rame et des coups de poing quand on essayait de monter sur le Zodiac jeté à la mer».

Si l'objectif était d'effrayer les candidats à l'émigration, il n'a pas été atteint. Saïf, qui tourne en rond, pieds nus sur les pédales de son vélo, ne pense qu'à reprendre la mer pour gagner la France. «Tous mes copains sont partis», explique-t-il. «Saïf va nous obliger à emprunter de l'argent pour son départ», dit son père. La mère, dont un autre fils survit à peine depuis sept mois comme clandestin en France, baisse tristement la tête.

Le week-end dernier, Amin avait, lui, ses 2000 dinars en poche - mille euros, c'est le prix d'un passage vers Lampedusa - et il se préparait à monter sur un bateau. Allait enfin se réaliser son rêve, entretenu par ses frères, dont deux vivent à Paris, et deux autres à Marseille. Trois travaillent et ont une carte de séjour. Le plus riche, informaticien dans la Cité phocéenne, a une femme, deux enfants, une maison. «Tranquille», commentait Amin, avant de préciser: «Il fait construire maintenant une maison à Zarzis pour les vacances.»

Un trafic bien structuré

«L'émigration vers la France ne date pas d'hier», souligne le maire, Ahmed Faouzi Khenissi. «Environ 30% de l'économie de la ville repose sur l'argent envoyé de France», affirme-t-il. Mais l'effondrement du régime Ben Ali et la disparition des forces de police ont permis au trafic de clandestins de se développer et de se structurer. Il a déjà de multiples formules. L'équation, expliquée par des passeurs, repose cependant sur quelques principes. Les autorités italiennes détruisant tous les bateaux d'émigrés arrivant à Lampedusa, l'organisateur du voyage pour l'Europe commence par acheter un navire. Sur une embarcation moyenne qu'il va payer environ 100.000 dinars (il faut grosso modo diviser par deux pour trouver les prix en euros), il va entasser 100 clandestins, ayant chacun payé leur passage 2000 dinars. Sur les 100.000 dinars gagnés, il lui en faut verser 30.000 au pilote du navire, et également rétribuer les rabatteurs et ceux qui vont encadrer, surveiller, nourrir et finalement conduire les clandestins jusqu'au navire. Cela fait pas mal de monde intéressé au développement des sorties en mer pour l'Europe au départ de Zarzis.

Thierry Portes dans le Figaro

Israël veut construire une barrière de sécurité le long de la frontière jordanienne

Lors de la Conférence sur le Néguev tenue à Eilat, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a annoncé avoir demandé à l'armée israélienne de construire une barrière de séparation sur la frontière d'Israël avec la Jordanie.

"Les clandestins qui viennent d'Afrique se rendent dans les villes du Néguev, et dans toutes les autres villes d'Israël; Les infiltrations menacent d'altérer le caractère juif et démocratique de l'Etat. Nous devons arrêter cette vague d'infiltration pour protéger notre futur". Le ministre de l'Intérieur, Eli Yishai, a poursuivi sur le même thème: "Il faut préserver la majorité juive en Israël. Les infiltrés prennent du travail des citoyens et créent du chômage. Ils font de grands dégâts à la population juive et à l'entreprise sioniste."
Tsahal pense finir la barrière sur la frontière égyptienne avant le prochain été. Depuis sa mise en fonction, les infiltrations ont été divisées par trois.

David Koskas sur Israelinfos

Un signal contre les apprentis clandestins

La majorité de droite du Grand Conseil genevois a donné vendredi un signal politique contre l'accès des jeunes sans statut légal aux places d'apprentissage.

Une résolution UDC demandant au Conseil d'Etat d'appliquer strictement la loi actuelle a été acceptée. La portée de ce texte a toutefois été nuancée par un amendement radical qui précise que cette position est valable tant que le droit fédéral n'est pas modifié. Le Conseil fédéral est en effet chargé de mettre en oeuvre un mode d'accès à l'apprentissage pour les jeunes sans statut légal une fois leur scolarité terminée.

Selon le conseiller d'Etat François Longchamp, la solution fédérale qui prévaut actuellement n'est pas la bonne. Il attend la modification annoncée. Mais le gouvernement cantonal est chargé de faire respecter les lois, il n'est donc pas question de donner aux communes qui le demandent l'autorisation d'employer des apprentis sans papier.

ATS

mercredi 16 mars 2011

Pays d'origine « sûrs » : quand le gouvernement dévoie la loi

Le 11 mars 2011, le Conseil d'administration de l'OFPRA devrait modifier la liste des pays d'origine qu'il considère comme « sûrs », c'est-à-dire qui veilleraient « au respect des principes de la liberté, de la démocratie et de l'état de droit, ainsi que des droits de l'homme et des libertés fondamentales ». Les membres du Conseil doivent décider si l'Albanie, le Bangladesh et le Kosovo, notamment, peuvent être considérés comme « sûrs ».

La Coordination française pour le droit d'asile (CFDA), opposée à la notion de pays d'origine « sûr », dénonce les motivations cachées d'une nouvelle révision annoncée de la liste. Loin d'être le fruit de l'évolution démocratique de ces pays, un tel ajout obéirait plus à des préoccupations financières et de diminution des « flux » des demandes d'asile ( 1 ) . Il vise à priver les demandeurs d'asile de ces pays de garanties essentielles que sont un titre provisoire de séjour pendant l'examen non accéléré de la demande d'asile, le droit à un recours de plein droit suspensif à la Cour nationale du droit d'asile ( 2 )et l'accès aux mesures normales d'accueil (accès à un hébergement dans un centre d'accueil pour demandeur d'asile -CADA- et à l'allocation temporaire d'attente -ATA- pendant toute la durée de la procédure).

En effet, selon le ministre de l'Intérieur, auditionné au Sénat le 21 décembre 2010, « nous sommes confrontés à une hausse rapide du nombre des demandes d'asile. [...] En conséquence, le délai d'examen des dossiers atteint aujourd'hui 19 mois. La procédure d'asile est dévoyée : n'est-il pas paradoxal que le nombre de demandes d'asile augmente, alors que les dictatures sont de plus en plus rares ? [..] Pour réduire ce délai, il faut [..] aussi revoir la liste des pays d'origine sûrs. Le Kosovo, par exemple, est aujourd'hui un pays démocratique, sur lequel veille l'ONU ». Il semble que les ministères représentés au Conseil d'administration de l'OFPRA n'aient pas retenu les enseignements de l'annulation partielle de la liste des pays d'origine sûrs par décision du Conseil d'Etat ( 3 )qui avait conduit à retirer trois pays de la liste dont l'Arménie et la Turquie et une telle modification apparaît comme un dévoiement de la notion très discutable de pays d'origine sûrs. La CFDA demande au conseil d'administration de l'OFPRA de renoncer à un tel ajout.

Amnesty International et TV5 Monde


La Coordination française pour le droit d'asile rassemble les organisations suivantes :
ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), Act-Up Paris, Amnesty International - section française, APSR (Association d'accueil aux médecins et personnels de santé réfugiés en France), ARDHIS (Association de Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transsexuelles à l'Immigration et au Séjour, Association Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique), CAAR (Comité d'Aide aux Réfugiés), CAEIR (Comité d'aide exceptionnelle aux intellectuels réfugiés), CASP (Centre d'action sociale protestant), Cimade (Service oecuménique d'entraide), Comede (Comité médical pour les exilés), Dom'Asile, ELENA (Réseau d'avocats pour le droit d'asile), FASTI (Fédération des associations de soutien aux travailleurs immigrés), France Libertés, GAS (Groupe accueil solidarité), GISTI (Groupe d'information et de soutien des immigrés), LDH (Ligue des droits de l'homme), Médecins du Monde, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), Secours Catholique (Caritas France), SNPM (Service National de la Pastorale des Migrants), SSAE (Soutien, solidarité et action envers les émigrants).
La représentation du Haut Commissariat pour les Réfugiés en France et la Croix Rouge Française sont associés aux travaux de la CFDA.


1 - Le Kosovo est la première nationalité de demande d'asile en 2010 avec 5 274 demandes (enfants et réexamens compris), le Bangladesh est la troisième avec 3687 demandes. (données provisoires de l'OFPRA)
2 - Alors que le Conseil Constitutionnel est saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité sur l'absence d'un tel recours dans les procédures dites prioritaires en rétention
3 - Conseil d'Etat, 23 juillet 2010, N°336034, Amnesty et autres

mardi 15 mars 2011

La Belgique ne peut pas accueillir la vague de jeunes réfugiés

Le nombre de mineurs non accompagnés qui demandent l'asile dans notre pays augmente de façon spectaculaire. En février, il y a eu 149 demandes d'asile de ces jeunes alors que l'année dernière, il n'y en avait que 56, ce qui signifie une augmentation d'au moins 166%, indique De Morgen dans son édition de mardi.

Le plus grande partie de ces mineurs sont des Afghans et ils sont de plus en plus jeunes. "Des enfants de quatorze ans qui sont en route depuis deux ans ne constituent plus une exception", selon la "Platform Kinderen op de Vlucht". Si la tendance se poursuit, le nombre de mineurs afghans qui demanderont l'asile dans notre pays doublera cette année par rapport à 2010.

Après les mineurs afghans, ce sont les mineurs guinéens qui sont les plus nombreux parmi les jeunes demandeurs d'asile. Ces deux groupes constituent 60% des demandeurs d'asile mineurs dans notre pays. Beaucoup de ces jeunes veulent se rendre en Grande-Bretagne. Ce qui est inquiétant, selon De Morgen, c'est que ces mineurs sont de plus en plus jeunes. Jusqu'en 2009, l'âge moyen était de 16 à 17 ans. Aujourd'hui, il y en a de plus en plus qui n'ont que 14 ans.

Ces mineurs sont de plus en plus hébergés dans des hôtels. A la mi-novembre, il n'y en avait que 76, maintenant, il y en a déjà 126. L'afflux toujours plus important rend difficile un accueil adapté.

BELGA

France : des clandestins afghans expulsés par train, refus des cheminots

Des cheminots du sud-est de la France ont refusé mardi, selon un élu local et un syndicaliste, d'être réquisitionnés par la police pour ramener en Italie des clandestins afghans, une version contestée par les autorités locales qui démentent toute réquisition.

La préfecture des Alpes-Maritimes précise dans un communiqué que 21 Afghans sans papiers ont été interpelés à la gare de Cannes. L'un d'entre eux a été placé en garde à vue pour usage de faux documents, tandis que les 20 autres ont été renvoyés en Italie. Ces Afghans ont été ramenés en train par les policiers français jusqu'à Menton (avant la frontière italienne), selon la préfecture qui dément en revanche la réquisition de cheminots. Elle précise que les clandestins ont été ensuite conduits "dans les locaux" de la police aux frontières avant leur expulsion par voie terrestre. Un responsable du syndicat CGT et un élu du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur avaient affirmé auparavant que la police avait réquisitionné une rame du train pour expulser 39 clandestins afghans.

Les sans-papiers, dont des mineurs, étaient encadrés par sept policiers à bord d'un train express régional (TER), a indiqué à l'AFP Georges Piel, conseiller régional chargé des transports. Franck Boyer, responsable syndical CGT pour les cheminots de Nice et Cannes, a raconté qu'une fois arrivés à Menton, les policiers français avaient été obligés de descendre du train. Ils ont alors demandé au conducteur et au contrôleur du train d'emmener les clandestins jusqu'à la ville italienne de Vintimille, sans présence policière, ce que les employés ont refusé de faire, a-t-il ajouté.

"Laisser un conducteur et un contrôleur avec des clandestins, c'est pas sérieux. Ce n'est pas notre métier et on n'est pas en 42 !", a lancé Franck Boyer, en allusion à la déportation des Juifs de France pendant l'Occupation nazie. La compagnie ferroviaire française SNCF a récemment exprimé ses regrets pour avoir transporté environ 75.000 Juifs vers les camps de la mort. La CGT avait alors rappelé que les cheminots avaient à l'époque payé "un lourd tribut" à la liberté en résistant à l'occupant et que certains avaient aussi été déportés.

"Les reconduites à la frontière sont encadrées par la loi et, en aucune façon, elles ne peuvent se faire de manière sauvage", a commenté de son côté Georges Piel, précisant que le Conseil régional, chargé des transports au niveau local, n'avait jamais donné son autorisation à "ce genre d'expédition".

AFP


"Réquisition" d'un TER pour expulser des Afghans : démenti officiel

La préfecture des Alpes-Maritimes a démenti mardi des informations de source syndicale, relayées par un élu, selon lesquelles une rame de train express régional (TER) avait été réquisitionnée mardi matin pour ramener en Italie 39 clandestins afghans. Le communiqué de la préfecture précise que 21 Afghans en situation irrégulière (et non 39 comme indiqué par la CGT) ont été interpellés sur les quais de la gare de Cannes, dont l'un a été placé en garde à vue pour usage de faux documents.

"Les 20 autres personnes, indique la préfecture, ont été accompagnées par des personnels de la direction départementale de la police aux frontières (brigade des chemins de fer) par voie ferroviaire de Cannes à Menton, d?où elles ont été conduites vers les locaux de la police aux frontières de Menton en vue du traitement des procédures administratives de réadmission vers l?Italie".

Selon Franck Boyer, délégué CGT des agents de conduite de Nice et de Cannes, les policiers auraient demandé au conducteur et au contrôleur du TER d'emmener les clandestins jusqu'à la ville italienne de Vintimille sans présence policière, ce que les employés ferroviaires ont refusé de faire. "Un TER n'est pas un charter", avait réagi auprès de l'AFP Georges Piel, conseiller régional chargé des transports en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et président du groupe Front de Gauche.

"Les reconduites à la frontière sont encadrées par la loi et, en aucune façon, elles ne peuvent se faire de manière sauvage. D?autre part, le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d?Azur a la gestion des TER et jamais il n?a donné une quelconque autorisation à ce genre d?expédition", avait également souligné l'élu, alerté par des syndicats de cheminots. La préfecture a affirmé de son côté que les agents de la SNCF n'avaient pas été sollicités. "Les personnes ont été conduites à la frontière italienne par les agents de la police aux frontières pour être remis aux autorités italiennes ainsi qu'ils sont habilités à le faire", ajoute le communiqué.

Le président socialiste de la région Paca, Michel Vauzelle, a également fait part mardi soir de "sa profonde indignation". "Je suis profondément scandalisé devant de telles pratiques car elles sont, au-delà même de la violence morale qu'elles révèlent, inacceptables dans un Etat de droit", a déclaré Michel Vauzelle dans un communiqué. "Aucun ordre de réquisition écrit n'a été présenté au contrôleur de ce train et la direction régionale de la SNCF n'a pas été informée préalablement comme l'exigent les textes", a-t-il précisé. "Au nom de la Région, autorité organisatrice des transports, je ne peux me contenter de vagues explications officielles", a ajouté le président de la Région, craignant "malheureusement de voir dans cette affaire les relents d'un climat délétère, nourri à la veille d'élections importantes par l'instrumentalisation de faux débats sur l'identité nationale et sur la pression migratoire".

AFP

samedi 12 mars 2011

Les étrangers, des électeurs comme les autres à Genève

C’est la deuxième fois que les étrangers sont appelés aux urnes pour désigner les autorités municipales. Rien n’indique qu’ils exerceront dimanche une influence propre à bouleverser le verdict des urnes. En raison de leur participation moindre, et de leurs choix électoraux, qui ne semblent guère diverger de ceux des Suisses.

77 000 suffrages potentiels. C’est ce que représentent les électeurs étrangers qui peuvent prendre part aux élections municipales genevoises. Dotés du droit de vote – mais pas d’éligibilité – depuis l’adoption de l’initiative «J’y vis, j’y vote» en 2005, ceux qui sont installés en Suisse depuis huit ans participent pour la deuxième fois à la désignation des autorités communales. A ce jour, les enseignements tirés de leur première participation au scrutin, en 2007, restent sommaires, mais, sur cette base, rien n’indique qu’ils exerceront dimanche une influence propre à bouleverser le verdict des urnes. En raison de leur participation moindre, et de leurs choix électoraux, qui ne semblent guère diverger de ceux des Suisses.

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Abstention portugaise

Même s’ils représentent plus d’un quart de l’électorat potentiel, les étrangers votent moins que les Suisses. «Leur taux de participation a atteint 27,2% il y a quatre ans, ce qui est conforme à la moyenne enregistrée dans les autres cantons qui ont également accordé le droit de vote aux étrangers», relève Andé Castella, le délégué à l’Intégration. A titre de comparaison, celui des Suisses frôlait les 40%.

D’importantes variations sont apparues entre les différentes communautés. Ainsi, les Portugais, qui représentent la première communauté étrangère du canton avec quelque 34 000 ressortissants, ont affiché le taux de participation le plus bas: 15,3%. Celui des Espagnols atteint 21,2%. Les Français et les Italiens, en revanche, ont voté presque autant que les Suisses, avec des taux respectifs de 35,9% et 35,3%.

Pour expliquer ces différences, Pascal Sciarini, professeur de sciences politiques à l’Université de Genève, avance plusieurs hypothèses. «On sait que les Portugais et les Espagnols sont davantage représentés dans les catégories socioprofessionnelles inférieures, où, traditionnellement, le taux de participation aux scrutins est faible.» Autre piste: les ressortissants de ces communautés viennent fréquemment en Suisse avec le projet de repartir, ils chercheraient donc moins à s’intégrer. Le fait qu’il s’agisse de vagues d’immigrations plus récentes que celle des Italiens, qui ont davantage eu le temps de s’intégrer, constitue aussi un facteur à prendre en compte.

Au final, l’impact du vote des étrangers n’est pas de nature à modifier profondément celui des électeurs suisses, estime Pascal Sciarini. Le politologue souligne un soutien global plus fort aux partis de gauche, plus ouverts aux étrangers, et évoque certains réflexes liés au contexte politique d’origine: les personnes originaires d’ex-pays communistes auraient par exemple tendance à voter plus à droite. Rien cependant qui détonne dans le paysage politique. De la part d’électeurs majoritairement européens, culturellement proches et bien intégrés, aucune révolution électorale ne semble à l’ordre du jour.

Sandra Moro dans le Temps

Berne débloque 12 millions pour l'Afrique du Nord

Pour soutenir la transition en Afrique du Nord et au Proche-Orient, le Conseil fédéral a débloqué vendredi 12 millions de francs dans le cadre de l'aide d'urgence. Il a aussi décidé de renforcer l'engagement de la Suisse par d'autres mesures concrètes. L'engagement de 14 personnes du Corps suisse d'aide humanitaire est prévu.

migrants maghreb

La Suisse a intérêt à voir s'installer la stabilité et la démocratie dans cette région du monde après les soulèvements populaires, relève le gouvernement. Les intérêts suisses portent sur la politique de sécurité, la politique migratoire, l'économie et la politique énergétique.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) consacrera dans un premier temps 12 millions de francs de son budget à des projets et des actions dans ces domaines. Pour la coopération au développement dans la partie sud de la Méditerranée, le budget de la Direction du développement et de la coopération (DDC) prévoit 20 à 30 millions de francs annuellement pour 2011 et 2012.

Soutien aux migrants

Outre le détachement de nouveaux experts, par exemple en soins médicaux, la Confédération prévoit des projets concernant l'utilisation de l'eau ainsi que l'hébergement et le soutien aux migrants à la frontière entre la Libye et l'Egypte. Un soutien aux organisations internationales présentes sera poursuivi et une antenne de l'aide humanitaire de la Confédération sera installée à Benghazi.

Le Conseil fédéral a aussi l'intention d'encourager le développement de structures démocratiques en Egypte et en Tunisie. La Suisse est prête à envoyer des observateurs ainsi qu'un expert en vue de la préparation d'élections libres. Et pour lutter contre la pauvreté et promouvoir l'économie, elle concentre ses efforts sur l'encouragement au secteur privé, aux PME en particulier, et au secteur financier.

La DDC soutient la formation professionnelle, alors que le Secrétariat d'Etat à l'économie, qui soutient cette région à hauteur de plus de 9 millions annuels, va poursuivre son engagement, notamment dans le domaine des infrastructures.

Enfin, sur le plan judiciaire, la Suisse examine dans quelle mesure un soutien pourrait être apporté aux pays d'Afrique du Nord. Le but est de voir progresser rapidement les procédures pénales visant la restitution d'avoir acquis illégalement. Le Conseil fédéral avait décidé le blocage de ces avoirs déposés en Suisse par des personnes politiquement exposées.

ATS et RSR

Enfin une aire d'accueil !

Après une saga de sept ans, la décision est tombée hier. Le Conseil fédéral a donné son feu vert au projet d'aire multifonctionnelle de la Joux des Ponts sur l'autoroute A12, où pourront s'arrêter les gens du voyage et les poids lourds. C'est une victoire pour le conseiller d'Etat Georges Godel qui a réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué.

Georges Godel l'avait clamé haut et fort: «Ce sera ça ou rien!» Ça, c'était la création à Sâles, dans le prolongement de l'aire de repos autoroutière de la Joux des Ponts, d'une place de stationnement pour les gens du voyage. Une solution à laquelle personne ne croyait vraiment. A l'exception du conseiller d'Etat... qui a bien fait d'y croire! Hier, le Conseil fédéral a en effet accepté l'agrandissement proposé, dans le cadre d'une augmentation des aires de repos pour poids lourds le long des routes nationales.Il a le triomphe modeste, Georges Godel. Il prend garde à ne pas trop se glorifier. Il sait bien pourtant que ce dossier qui empoisonne les directeurs des travaux publics fribourgeois depuis des lustres, c'est grâce à sa ténacité qu'il trouve aujourd'hui une issue (voir chronologie en page suivante).C'est l'Office fédéral des routes qui achètera et aménagera la parcelle où s'épanouira l'aire d'accueil. L'opération immobilière a d'ailleurs d'ores et déjà été déléguée par l'OFROU au Service des autoroutes. «Nous avions signé un droit d'emption pour ce terrain, nous l'avons cédé à la Confédération», signale Georges Godel, qui espère que les choses pourront se concrétiser rapidement. Reste que la maîtrise du calendrier des travaux appartient à Berne.

Le préfet partagé

Au-delà de la satisfaction d'aboutir, le conseiller d'Etat se dit surtout content «parce que l'accès à cette place se fera uniquement par l'A12, et pas par les routes communales et cantonales. C'était important pour les habitants.» Une des rares sources de satisfaction pour les syndics des communes voisines de Sâles et Vaulruz... «Nous devons bien admettre que nous n'avons pas grand-chose à dire, nous n'avons pas de moyens d'action, ce qui est frustrant», témoigne ainsi le Sâlois Jean-Marc Piguet.Le préfet de la Gruyère - et candidat radical au Conseil d'Etat - est quant à lui partagé. Cette place sécurisée, accessible par la seule A12, proche d'un centre de la police est, d'un côté, une bonne chose. «Le bémol, c'est que la Gruyère est seule à assumer le poids de l'accueil des gitans dans le canton», déplore Maurice Ropraz, qui souligne que les gens du voyage s'arrêtent la plupart du temps dans le Grand Fribourg ou dans la Broye. Il redoute les nuisances découlant d'une présence plus régulière à la Joux des Ponts: «Leur objectif est de commercer, ils iront donc visiter les localités alentour. Cela induit de potentiels problèmes de sécurité et de troubles à l'ordre public.»Georges Godel sourit: «Les préfets connaissaient bien cette solution, la moins mauvaise possible... Et tous étaient enchantés, y compris celui de la Gruyère!» Ceux qui ne le sont pas, enchantés, ce sont les Routiers suisses. Bernard Stähli, leur président central, se fait fataliste. «Une décision du Conseil fédéral, je suppose qu'on ne peut que s'y plier... Nous n'avons rien contre les gens du voyage, mais une chose est sûre: il sera impossible de s'arrêter avec son camion lorsqu'ils seront là aussi. Il n'y aura aucune garan- tie sécuritaire pour nous et nos marchandises.»

«C'est bizarre»

En revanche la décision du Conseil fédéral satisfait le chef de la gendarmerie fribourgeoise, le lieutenant-colonel Pierre Schuwey. «Pour nous, c'est un moyen de répondre aux reproches que nous adressent les gens du voyage en affirmant que Fribourg ne propose aucune solution pour eux. Cette place sera aussi un levier d'action pour les obliger à se conformer à nos exigences.»Et du côté des principaux intéressés, que pense-t-on de la solution trouvée? «Je ne peux pas dire qu'elle est bonne ou mauvaise, je ne suis pas au courant», rapporte May Bittel, considéré comme le porte-parole des gens du voyage en Suisse. «Je trouve dommage que l'on prenne ce genre d'initiatives sans nous en parler!» Georges Godel explique de son côté avoir eu un contact avec Arnold Moillen, connu sous le nom de «Capitaine Gitan», répondant de la gendarmerie vaudoise pour les gens du voyage: «Il a soumis nos propositions au patriarche de la famille Demeter - l'une des plus importantes à sillonner la Suisse - qui lui a indiqué que l'emplacement de la Joux des Ponts était le plus favorable.» Un point de vue que ne semble pas partager May Bittel: «Obliger des gens à s'installer au bord d'une autoroute, c'est... bizarre!»

Patrick Pugin et Aurélie Lebreau dans la Liberté

vendredi 11 mars 2011

Un tract des Démocrates suisses soupçonné de racisme

Le prospectus des Démocrates suisses incriminé représente une grille de mots-croisés opposant les mots "nègre" à "blanc".

Le Ministère public zurichois examine un tract électoral distribué par les Démocrates suisses en vue des élections cantonales du 3 avril et qui est soupçonné de violer la norme antiracisme. Le prospectus présente une grille de mots-croisés dont une des réponses est le mot «nègre».

Une porte-parole du Ministère a indiqué vendredi que la justice zurichoise se penchait sur l’affaire, confirmant des informations de «20 Minuten». La première page du dépliant montre une femme en burqa accompagnée du slogan: «Pas comme ça! national - soucieux de l’environnement, social».

Au dos figure la grille dont une des définitions est «pour eux aussi, c’est mieux qu’ils restent sur leur continent». La réponse correspondante est «nègre». Une autre énigme posée est «Le continent européen est la patrie des...», la réponse étant «blancs».

LeMatin.ch & les agences

Une basketteuse musulmane de Lucerne poursuit sa fédération

basketteuse lucerne voileLes joueuses de basket musulmanes doivent pouvoir garder leur voile pour jouer les matchs de championnat. Une sportive lucernoise a engagé une procédure juridique dans ce but. Comme elle porte le voile, la basketteuse de 20 ans est interdite de match depuis près d'une année.

Son avocat, le conseiller national Daniel Vischer (Verts/ZH), a confirmé vendredi à l'ATS une information du "Tages Anzeiger" et du "Bund". La jeune fille se sent blessée dans sa personnalité par l'interdiction de porter le voile. Elle demande que la fédération modifie son règlement.

En automne 2009, la fédération avait interdit à la joueuse du STV Luzern de jouer avec un voile en ligue nationale B. La fédération argumente que le voile pose des problèmes pour la sécurité des joueuses. Cette décision se base par ailleurs sur les règles en vigueur sur le plan international.

Le tribunal de Luzern-Land a refusé de suspendre l'interdiction le temps que la question soit clarifiée juridiquement. Pour la justice, l'interdiction de porter le voile représente une limitation tolérable des droits de la personnalité.

Prochaine étape: une conciliation doit avoir lieu devant le juge de paix de Kriens (LU). Sans entente, l'affaire passera devant un tribunal, qui devra trancher.

ATS

Immigration: cinq associations dénoncent "le fantasme de l'invasion"

Les associations présentes dans les centres de rétention administrative (CRA) mettent en garde contre "le fantasme de l'invasion" d'immigrés depuis le Tunisie ou la Libye. "Depuis la mi-février, 335 Tunisiens et deux Libyens" sont "passés par les centres de rétention" en France, et la plupart d'entre eux ne demandent pas l'asile, précisent ces organisations vendredi dans un communiqué.

"Alors que des sources multiples, tant publiques que médiatiques, brandissent le fantasme de l'invasion en annonçant la venue de milliers de migrants depuis la Tunisie ou la Libye, nos équipes présentes dans les centres de rétention ne constatent à ce jour qu'un flux très limité de personnes ressortissantes de ces pays", expliquent les cinq associations (Ordre de Malte, France Terre d'Asile, Cimade, Forum réfugiés, Assfam).

Elles "rappellent" que "les migrations de l'Afrique vers l'Europe sont un phénomène de faible ampleur par rapport aux migrations intra-européennes et intra-africaines". "Selon la Banque mondiale", poursuit le communiqué, "69% des migrations subsahariennes sont des migrations sud-sud".

"Ces dernières semaines, la Tunisie et l'Egypte ont accueilli plus de 200.000 personnes qui fuyaient la Libye. Des réfugiés reconnus par le HCR en Libye craignent également de nouveau pour leur sécurité", ajoutent les associations. Elles estiment que "le sort de ces personnes devrait être la priorité de nos gouvernements avant la gestion d'invasions fantômes".

AP et le Nouvel Observateur

Demandeurs d'asile : un long et douloureux parcours

Le centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) aide les familles à se reconstruire. Un soutien capital, en attendant, peut-être, le droit d'asile.

famille réfugiés france

Dans leur appartement du troisième au coeur du quartier Parco-Pointer, Herika accueille dans un sourire. Café sucré et petits gâteaux en prime. Cette mère de famille vient d'Arménie. Elle et son mari Khodeda, leurs trois jeunes enfants, Armen, 7 ans, Edik, 6 ans et la petite-dernière Mané, 3 ans, s'y sont installés en mars dernier après avoir passé quelque temps au Gumenen.

La famille est issue d'une toute petite communauté Yézide aux origines kurdes. Victimes de persécutions et de violences physiques, Herika et les siens ont fui leur pays. « On avait trop peur, avoue la jeune femme. Notre petite communauté est victime de discrimination. Il n'y a pas de place pour nous en Arménie. Nous ne sommes pas les seuls à avoir quitté nos racines. Tous les jeunes sont partis... » Les uns en Russie, d'autres en Allemagne. Au bon vouloir des passeurs qui décident de la plupart des destinations des familles dans le désarroi le plus total. Pour eux, ce sera la France. « Une chance, sourit Herika. Une grande chance », ajoute son mari. Surtout celle d'avoir rencontré le Cada.

Une nouvelle vie

Le centre d'accueil des demandeurs d'asile d'Auray aide ces familles en détresse, huit maxi, soit une trentaine de personnes. « Attention, prévient Brigitte Le Lu, assistante sociale, ce ne sont pas des réfugiés mais des personnes en situation administrative de demande d'asile. Le statut de réfugié ne peut être accordé que par l'office de protection des réfugiés apatrides (OFPRA) ».

Un long et périlleux parcours qui n'aboutit pas toujours à la reconnaissance (lire ci-contre). « Nous accueillons des familles qui doivent se préoccuper de leur avenir et de celui de leurs enfants. Elles sont logées en HLM au coeur du dispositif social de la ville. On leur rend les choses accessibles. C'est important pour ces familles en perte de repères, qui ne parlent pas le français. Elles ont laissé leur vie sociale, leur vie professionnelle. Ce ne sont pas forcément des gens pauvres. Nous avons aussi des ingénieurs, une hôtesse de l'air. Mais beaucoup intègrent le Cada après avoir vécu des périodes extrêmement précaires. »

Restent que les Cada de France sont toujours pleins. Auray ne déroge pas à la règle. Cette année, trois familles d'ethnies différentes viennent du Kosovo. Une autre du Daghestan, celle-là est Géorgienne après s'être un temps réfugiée en Russie. Et puis il y a la famille d'Herika. Après s'être heurtée à la barrière de la langue, elle suit désormais des cours de français quatre fois par semaines.

Les enfants sont scolarisés et suivent des cours de musique. Du piano pour Armen, de la guitare pour Edik. « Grâce au soutien du Cada on peut refaire bien des choses. Comme auparavant chez nous. Tout était si compliqué quand on a débarqué... » Le parcours chaotique des débuts, un passage par la Russie puis une série d'hébergements d'urgence a fait place à une nouvelle vie. « Nous participons à des activités associatives comme les cours de langue minute avec Athéna. Khodeda a aidé à la construction du géant », que l'on verra bientôt déambuler dans les rues dans le cadre du festival Méliscènes.

Reste l'attente. Insupportable. Celle de la convocation de la commission de recours à Paris. « Voilà 14 mois que nous attendons. On se sent oubliés... »

Pierre Wadoux dans Ouest-France

Les migrants tunisiens soumis à un "arbitraire total"

Plusieurs ONG de défense des droits de l'Homme ont dénoncé vendredi à Paris "l'arbitraire total" auquel sont soumis les migrants clandestins tunisiens après leur arrivée en Italie et "l'instrumentalisation politique de la question de l'immigration" en France.

Ces ONG, dont la Ligue française des droits de l'Homme (LDH), le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme (REMDH) et Migreurop, qui ont mené fin février une enquête en Italie et en Tunisie, ont exigé le respect des droits des clandestins tunisiens, dont plus de 7.000 sont arrivés en Europe depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier.

"Les migrants tunisiens sont soumis à un arbitraire total en Italie: après leur arrivée sur l'île de Lampedusa, ils sont transférés sur le continent. Certains sont sont placés dans des centres d'accueil, d'autres dans des centres de rétention en vue d'une expulsion", a déclaré Sarah Prestani, du réseau Migreurop, au cours d'une conférence de presse. "Certains sont libres de leurs mouvements, d'autres sont enfermés; certains sont considérés comme des demandeurs d'asile, d'autres non. On ignore sur quels critères. Et quand on demande aux autorités italiennes combien de Tunisiens sont encore sur leur sol et dans quelle situation, nous n'avons pas de réponse", a-t-elle poursuivi.

En outre, les autorités italiennes envisagent "de regrouper tous les demandeurs d'asile dans un nouveau centre près de Catane, en Sicile", où ils seront "isolés" et "privés de toute possibilité de s'intégrer". Les ONG dénoncent aussi "l'instrumentalisation politique" de cette situation et le "discours alarmiste des autorités européennes, française et italienne en particulier, qui continuent à ne voir dans ce qui se passe en Méditerranée qu'un danger migratoire", a déploré Michel Tubiana de la LDH.

L'Italie représente pour nombre de ces jeunes immigrés une première étape avant de gagner la France, ancienne puissance tutélaire en Tunisie et où la communauté tunisienne est estimée à environ 600.000 personnes. "Pour l'instant, il n'y a eu aucune expulsion de Tunisien, ni de France ni d'Italie. Nous assistons à des discours officiels hypocrites et mensongers sur les risques d'une invasion de clandestins dont la seule conséquence est une atteinte aux droits des migrants", a déclaré Omeyya Seddik, du REMDH.

Les ONG ont expliqué que les autorités italiennes n'avaient transmis au gouvernement tunisien aucune demande sur des refoulements de Tunisiens, "notamment parce que l'accord sur les flux migratoires passé en 1998 entre Tunis et Rome sera sans doute renégocié", selon Migreurop. En France, "l'immense majorité des Tunisiens qui sont arrêtés sont remis en liberté", selon les ONG.

En déplacement en France, le ministre tunisien du Tourisme Mehdi Houas s'est dit vendredi "consterné" par les propos d'une député française du parti du président Nicolas Sarkozy, qui a proposé de "remettre dans les bateaux" les migrants tunisiens, et "très en colère" à l'égard des autorités italiennes. La Tunisie accueille des dizaines de milliers de réfugiés de Libye "parfois sans papiers, contrairement à nos amis Italiens qui ont eu une réaction qui n'est pas conforme à ce que l'on attend d'un Etat de droit", a-t-il déploré au cours d'un point presse à Paris.

AFP

jeudi 10 mars 2011

Les migrants fragilisent les accords de Dublin

Alors que les migrants affluent à Lampedusa, la polémique sur l'efficacité des accords de Schengen-Dublin ne cesse de prendre de l'ampleur. L'Italie est soupçonnée de ne pas enregistrer tous les demandeurs d'asile recueillis. L'UDC Yvan Perrin dénonce une faille du système.

Alors qu'à Bruxelles, les regards inquiets des leaders européens scrutent le Maghreb et ses problèmes d'urgence humanitaire, la Confédération aussi s'inquiète. Les ténors de la politique nationale, tous partis confondus, sont au moins d'accord sur un point: la Suisse doit envoyer au plus vite son soutien logistique en Tunisie, offrir son savoir-faire humanitaire et aider à la reconstruction économique du pays. Parallèlement, la polémique sur l'efficacité des accords de Schengen-Dublin ne cesse de prendre de l'ampleur, en particulier autour de la question du renvoi des requérants dans le premier pays où une demande d'asile a été déposée. Un aspect central du système Schengen, comme l'avait souligné Eveline Widmer-Schlumpf en 2010, «sans lequel c'est tout le système qui devrait être remis en question».

«Ne pas se fier à l'Italie»

Or, problème il y a. Du moins à en croire Karin Keller-Sutter, la présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police, qui a déclaré à la «SonntagsZeitung» que le dispositif des renvois conformément à l'accord, «ne fonctionne déjà plus aujourd'hui». Des propos que l'UDC n'a pas manqué de développer ces derniers jours: ainsi, Christoph Blocher a prévenu qu'il ne fallait «pas se fier à l'Italie en matière de procédure d'asile», et Christoph Mörgeli exige que la Suisse se retire séance tenante de l'accord.Et si, pour l'heure, la question occupe surtout les sections UDC alémaniques, un nombre grandissant d'élus d'autres partis commencent à admettre - même du bout des lèvres - les faiblesses du système, et surtout un laxisme plus ou moins volontaire et compréhensible de l'Italie, prise d'assaut par les migrants du Maghreb. La Péninsule n'accomplirait-elle pas son devoir? Ce soupçon a aussi été exprimé en début de semaine par la France, alors que Claude Guéant, le nouveau ministre français de l'Intérieur, priait fermement l'Italie de retenir le flot de migrant chez elle, après que plus de 1070 personnes avaient déjà franchi la frontière franco-italienne entre le 1er et le 3 mars.

Appels à la solidarité

Avant cela, l'Italie, mais aussi l'Espagne, ont fait savoir que leurs autorités n'entendaient plus se plier systématiquement à l'enregistrement automatique des migrants débarqués sur leurs côtes, et plaidaient pour davantage de solidarité de la part des pays de l'Union européenne.Dans la Botte, si l'enregistrement des demandes s'effectue plus ou moins normalement sur ce confetti d'Italie qu'est la petite île de Lampedusa, plus proche des eaux territoriales tunisiennes que de la Sicile, il n'en va pas de même partout ailleurs. Ces derniers jours, plusieurs reportages diffusés par les télévisions italiennes, ont montré comment des hordes de clandestins débarquaient dans la région de Bari et se dirigeaient tout droit sur la gare du chef-lieu de la province éponyme, dans les Pouilles, pour «rejoindre le Nord, au plus vite».

«Cercle vicieux»

Pour peu qu'ils arrivent en gare de Chiasso, dépourvus de papiers d'identité et non enregistrés dans le système européen Eurodac, la Suisse est contrainte de donner suite à leur demande, alors que la plupart d'entre eux ne répondent pas aux critères de la loi sur l'asile. Une procédure qui, dans le pire des cas, pourra se prolonger durant de long mois, voire même être reconduite, en cas de dépassement des délais. Sans compter les candidats qui rejoindront peut-être le lot des cinq à six renvois quotidiens vers la Péninsule.Comme le souligne un fonctionnaire fédéral au Tessin, sous couvert de l'anonymat, «une fois qu'ils auront atterri à Rome, ils sauteront dans le premier train pour revenir à Chiasso et déposer une seconde (voire davantage) demande pour le même requérant. Un cercle aussi vicieux qu'inutile, qui ne sert les intérêts de personne, pas même du demandeur».

Nicole della Pietra dans la Liberté

L'interdiction de la burqa mise à mal

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burqa interdiction décision

24 Heures

Dessin de Ben dans le Matin

Mobilisation pour Brenda, une lesbienne ougandaise réfugiée à Paris

Brenda, une Ougandaise homo persécutée dans son pays, demande le droit d’asile en France. Un rassemblement est prévu vendredi, sur l'initiative d'Act Up, pour l'aider financièrement et soutenir sa demande.

Brenda est arrivée en France le 18 février dernier. Cette activiste de l'association SMUG (Sexual minority Uganda) a dû fuir l'Ouganda après avoir été persécutée à cause de son homosexualité. Elle souhaiterait désormais obtenir l'asile en France. Mais elle n'a, pour l'instant, obtenu qu'un visa d'un mois...

Intimidations policières et agressions

Pour la soutenir, l'association Act Up organise vendredi une soirée dans le bar parisien l'Unity (en photo). «Brenda vient de demander son dossier» a précisé à TÊTUE Audrey Grelombe, co-secrétaire générale d'Act Up. Le rassemblement aura pour but d'appuyer sa démarche mais aussi de récolter des fonds pour payer les frais d'avocats.

«Faire partie d'une minorité sexuelle en Ouganda signifie s'exposer aux discriminations, aux violences et à la détention», rappelle Act Up dans un communiqué. Selon l'association, la photo de Brenda, estampillée «lesbienne», est apparue à la Une du tabloïd ougandais Red Pepper en octobre dernier, suite à quoi la jeune femme a fait l'objet d'intimidations policières, de menaces et d'agressions. Elle serait également en danger à cause de vidéos des obsèques du militant gay David Kato, assassiné en janvier dernier (lire notre article), où on peut la voir avec sa compagne. Et si Brenda a pu s'enfuir en France, elle explique que sa compagne a, elle, été emprisonnée.

Isabelle Romero dans Têtu


Manifestation de soutien et collecte de fonds

Vendredi 11 mars à partir de 19h. Unity bar, 176, rue Saint Martin. 75003 Paris.

Israël: report de l'expulsion des enfants scolarisés, expulsion des autres

Peu de temps après qu'Eli Yshai, ministre de l'intérieur, annonçait un report de l'expulsion des enfants de travailleurs clandestins effectivement scolarisés, et ce pour une durée indéterminée, les services du ministère déclaraient qu'ils allaient procéder à l'expulsion ce ceux qui ne suivaient aucune scolarité.

Huit cents enfants seraient concernés (on estime à 400 le nombre de ceux qui suivent un cursus scolaire ou fréquentent un "jardin d'enfants"). Certaines villes, comme Bnei Brak, ont par ailleurs décidé qu'elles refuseraient à compter de la prochaine rentrée, les inscriptions scolaires des enfants issus de familles qui ne sont pas en règle avec les services de l'immigration.
Pour Gidon Saar, ministre Likoud de l'Education (Likoud), le report de l'expulsion des enfants scolarisés représente : "une attitude humaine également conforme à nos intérêts nationaux."

Gerard Fredj sur Israelinfos

mardi 8 mars 2011

Un résident du foyer de requérants d'asile de Nyon a été retrouvé sans vie mardi matin dans sa chambre

Un résident du foyer de requérants d'asile de Nyon (VD) a été retrouvé sans vie mardi matin dans sa chambre.

Selon les premiers éléments de l'enquête, l'intervention d'un tiers semble exclue. La victime est un homme de 25 ans dont l'origine demeure inconnue. Alertés par un voisin de chambre, les responsables du centre n'ont pu que constater le décès, a indiqué la police cantonale vaudoise. Le Ministère public a ordonné une autopsie du corps. En janvier dernier, une bagarre générale avait eu lieu dans ce foyer après un vol d'argent. En février, une fouille avait révélé la présence de stupéfiants.

TSRinfo

Les réfugiés de Libye moins nombreux, les humanitaires inquiets

Le nombre de migrants fuyant la Libye a baissé au cours des derniers jours et il est difficile de savoir s'ils sont délibérément retenus dans le pays ou s'ils craignent d'effectuer le trajet, ont indiqué mardi des responsables de l'aide humanitaire.

Moins d'un cinquième des travailleurs étrangers que l'on croit prêts à quitter la Libye sont arrivés à la frontière tunisienne ou en Egypte, soulignent-ils. "La situation évolue de façon très préoccupante en Libye et nous devons être prêts à un éventuel exode. Il est impossible de savoir exactement ce qui se passe de l'autre côté", a dit Antonio Guterres, chef du Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), au point de passage tunisien de Ras Jdir.

Selon William Lacy, directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), seuls 15 à 20% des migrants présents en Libye ont quitté le pays jusqu'ici. "Le fait que les flux ont un peu ralenti ne signifie pas qu'il n'y en aura pas d'autres", a-t-il néanmoins noté. Plus de 215.000 migrants ont quitté la Libye depuis le début des combats, mais le mouvement a faibli à la fin de la semaine dernière, selon des représentants du HCR et de l'OIM à Genève.

Des réfugiés arrivant à Ras Jdir, principal point de passage en Tunisie quand on vient de Tripoli, ont accusé de brutalités des soldats loyalistes qui les ont dépouillés de la plupart de leurs effets. "Ils ont dit que nos biens appartenaient à la Libye, que nous les avions gagnés sur les richesses de la Libye et que nous devions les restituer", a dit un homme trop effrayé pour donner son nom. "Ils disaient que tout cela était pour le peuple de Libye, pas pour ceux qui s'en vont quand la Libye a besoin d'eux."

D'autres réfugiés ont dit que le calme régnait à Tripoli mais qu'il y avait de nombreux chars et barrages militaires sur la route conduisant à la frontière. "Ils ont fouillé nos sacs et ont pris ce qu'ils voulaient", a rapporté Saeïda Sassi, arrivée avec ses deux petites filles mais sans son ordinateur portable. Guterres a noté que les forces kadhafistes semblaient avoir pris le contrôle de la zone frontalière ces derniers jours, ce qui pourrait expliquer la baisse du nombre des arrivants.

Mariam Karouny, Philippe Bas-Rabérin pour le service français, Reuters, dans l'Express

lundi 7 mars 2011

Berne persiste à expulser à la dure ses requérants

La Suisse ligote de la tête aux pieds les requérants expulsés sur les vols spéciaux. Elle contrevient ainsi à de nouvelles directives européennes. Depuis la mort d'un Nigérian en 2010, l'Office des migrations (ODM) engage des médecins sur les vols. Mais ces médecins ne sont pas formés pour ce type d’interventions.

renvoi forcé technique

En Suisse, ces images sont connues: des requérants expulsés,le casqués, ligotés, attachés à des chaises à porteur, que l’on embarque dans des avions à destination de leur pays d’origine. Les retours forcés, pourtant, se pratiquent très différemment dans bon nombre de pays européens.

L’Allemagne, la Grande-Bretagne, les pays scandinaves ou encore l’Autriche ont renoncé à ligoter systématiquement les requérants renvoyés à bord de vols spéciaux. Les requérants de ces pays sont certes entourés de policiers, mais pour la plupart, ils se déplacent tout à fait librement.

"On attache environ 5% des personnes expulsées de force, et encore, uniquement avec des menottes que l’on enlève généralement une fois dans l’avion", relève Günter Ecker, observateur des droits de l’homme sur les vols autrichiens. "Les mesures de contrainte doivent être les plus légères possible, afin de limiter les risques pour la santé des personnes expulsées."

"Comme des saucissons"

C’est également ce que dit une directive européenne en vigueur depuis le début de l’année, et qui prône la proportionnalité. La Suisse, signataire des accords de Schengen/Dublin y est soumise. Mais Berne n’a encore rien changé dans sa pratique. Casque, attaches aux poignets, aux chevilles et fixation au siège de l’avion. Ces méthodes étonnent les observateurs européens, pour qui les pratiques helvétiques ne devraient pas être "une procédure standard".

D’autant que la méthode suisse est à hauts risques, selon le président de la Commission fédérale contre la torture, qui a lui-même accompagné des vols en qualité d’observateur. "Les mesures sécuritaires suisses ne sont pas adaptées au cas par cas", souligne Jean-Pierre Restellini. Dans le cas de vols de 12, 13, 15 heures, avec des personnes ligotées comme des saucissons, le risque d’une thrombose mortelle, par exemple, ne peut être écarté."

SOS Médecins à la rescousse

Depuis la mort, il y a un an, d’un Nigérian lors de son expulsion, l’Office fédéral des migrations (ODM) assure la présence d’un médecin lors des vols. Mais trouver des praticiens prêts à assumer cette responsabilité a été difficile. Ce sont finalement les urgentistes de SOS Médecins, à Genève, qui ont accepté d’accompagner une bonne partie de la cinquantaine de vols annuels, pour 1200 francs par jour. Le monde médical s’interroge toutefois sur les compétences de SOS Médecins en la matière.

"J’espère que cela permettra d’éviter une nouvelle catastrophe, mais je n’en suis pas sûr", prévient Jacques de Haller. Pour le président de la Fédération des médecins suisses (FMH), "les pressions des institutions, de la police et des autorités sont extrêmement fortes et il faut pouvoir y résister. Je pense que faire un accompagnement sans formation spécifique est malhonnête et ne correspond pas aux exigences de la profession."

Chez SOS Médecins, on n’a reçu ni formation spécifique, ni cahier des charges précis. Bien souvent, le médecin accompagnant ne reçoit même pas le dossier médical des personnes expulsées. "SOS Médecins est parfaitement armé, se défend Pierre Froidevaux. On connaît ces situations, on intervient régulièrement dans des postes de police, on connaît la situation légale et les situations de privation de liberté."

Berne en retard

Du côté des autorités, on se dit satisfait des prestations, et on ne compte pas changer de procédure en ce qui concerne l’immobilisation des requérants: "Les mesures et le dispositif que nous utilisons sont certifiés pour ne pas menacer la sécurité et l’intégrité physique, assure Eveline Gugger, vice-directrice de l’ODM. Et nous les utilisons aussi pour la sécurité de la personne expulsée, afin qu'elle ne mette pas en danger sa propre santé."

Par ailleurs, selon la directive européenne, dont la Suisse a eu connaissance voilà deux ans, l’ODM aurait dû nommer des observateurs attitrés, chargés de suivre les vols spéciaux et d’adresser des recommandations aux autorités, à partir du 1er janvier 2011. Mais Berne a pris du retard. Pour l'instant, la commission nationale de prévention de la torture pallie ce manque, mais attend elle aussi de pied ferme la nomination d’observateurs attitrés.

Mais, côté européen, on parle d’harmoniser les procédures de renvoi. Et si un consensus est trouvé, la Suisse n’aura pas d’autre choix que de s’y plier.

Ron Hochuli pour la RSR


renvoi forcé coût

RSR


Extrait du journal télévisé de la TSR du 6 mars 2011