jeudi 10 décembre 2009

Minarets: l'OCI veut que le vote soit invalidé


«Les autorités suisses doivent considérer les moyens légaux pour invalider ce vote», a indiqué l'ambassadeur du Pakistan auprès de l'ONU Zamir Akram. Les 56 pays de l'Organisation de la conférence islamique redoutent un précédent qui fasse tache d'huile
Les pays de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) ont demandé jeudi aux autorités suisses de faire en sorte que le résultat du vote sur les minarets soit invalidé. Ils redoutent un précédent qui fasse tâche d'huile en Europe.
Les ambassadeurs des 56 pays membres de l'OCI ont présenté cette demande jeudi à l'ambassadeur de Suisse auprès de l'ONU à Genève Dante Martinelli, a indiqué l'ambassadeur du Pakistan auprès de l'ONU Zamir Akram.
«Il y a un danger d'escalade avec des interdictions similaires des minarets dans d'autres pays européens ou s'étendant à d'autres symboles de la religion musulmane», a expliqué l'ambassadeur.
«Les autorités suisses doivent considérer les moyens constitutionnels ou légaux pour invalider ce vote», a affirmé l'ambassadeur. «La situation doit être prise au sérieux», a-t-il ajouté. Les pays de l'OCI ont également demandé aux autorités suisses de renforcer le dialogue avec la communauté musulmane.

Deux minarets après la tempête


Dans la mosquée de Wil. (Mark Henley / Panos)

Dans la mosquée de Wil. (Mark Henley / Panos)

La communauté musulmane de Wil ne veut plus construire son minaret. A Langenthal, le projet, antérieur à l’initiative, est maintenu

On entend la ligne de chemin de fer voisine. Un son strident. Ici, dans un bâtiment blanc, engoncé entre un bureau d’informatique, un centre d’art martial et une pancarte qui vante un solarium et contraste avec la grisaille ambiante, c’est la mosquée de Wil, dans le canton de Saint-Gall. En ce jour maussade de décembre, l’imam Bekim Alimi, 35 ans, Albanais originaire de Macédoine, reçoit là où les quelque 750 familles musulmanes de la région sont inscrites. «Le vendredi, nous sommes parfois plus de 300 dans cette salle de 250 m2. C’est indécent pour prier. Nous voulons plus d’espace. Même si cela doit se faire sans minaret.»

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À propos de minarets

Lu dans l'Orient-le-jour Beyrouth

10/12/2009

Par Amine ISSA

L'inscription dans la Constitution suisse de l'interdiction de l'érection de minarets n'est que le dernier épisode des problèmes que rencontre l'intégration des immigrés musulmans en Europe. À ce sujet, tout a été dit et rien résolu. Ce n'est pas le lieu d'en débattre, la question est trop vaste. Je me contente de rappeler les principaux griefs de part et d'autre. Les musulmans reprochent à l'Europe son passé colonial, son impérialisme économique, son accueil des émigrés quand il s'agissait, lors des « Trente glorieuses », de disposer d'une main-d'œuvre à bas prix, pour ensuite les exclure quand l'économie n'avait plus besoin d'eux. À cela s'ajoute le déni des spécificités culturelles des immigrés et l'imposition de valeurs occidentales considérées comme universelles. L'Europe juge, elle, que si le fait colonial était une faute, les populations autochtones ont quand même profité des améliorations tant sociales, politiques, qu'économiques que les occupants ont emmenées dans leurs bagages. Elle pense aussi que le transfert de technologies et d'investissements vers les anciennes colonies continue. Si les Européens y trouvent leur compte, et ce n'est pas de leur faute si la corruption et l'archaïsme des systèmes politiques des anciennes colonies dilapident les avantages de cette coopération. Sur le sol européen, les citoyens de ces pays restent foncièrement attachés à leur système républicain et laïc. Ils considèrent que les émigrés doivent s'adapter aux règlements et coutumes des pays d'accueil, du moment que la loi leur garantit la liberté du culte et le respect de leurs traditions qui ne contredisent pas la législation. On le voit, la controverse n'est pas close.
Par contre, deux questions différentes surgissent à l'occasion de ce référendum. La première concerne le principe et le sujet de la consultation populaire. La Constitution suisse le leur interdisant (article 15) ou par sincérité, ce n'est pas la pratique de l'islam que les initiateurs du référendum contestent, mais le refus de la revendication politique d'un changement de système que constitueraient les minarets. Artifice linguistique ou moyen de contourner la Constitution, c'est bien une perception négative de l'islam qui est en jeu. Or, il est établi qu'en Suisse, les quatre cent mille musulmans qui l'habitent sont d'origines principalement balkanique et turque. Ils sont pour leur grande majorité peu pratiquants et revendicatifs. C'est l'image d'un extrémisme vindicatif et violent qui se manifeste, soit dans les pays en proie à une guerre, Afghanistan, Pakistan, Irak, soit à travers les attentats perpétrés en Occident, soit encore dans les discours enflammés et sectaires de certains imams de banlieues, qui heurtent la Suisse, un pays qui, plus qu'un autre, veut vivre en marge des secousses de la planète.
Quand bien même certains de ces imams professeraient en Suisse, ou que de jeunes immigrés commettraient des infractions, il faut user de la loi pour les sanctionner. Si un imam appelle à l'application de la charia par la force en Suisse ou si un immigré assassine sa sœur pour un délit d'honneur, il faut les expulser ou les mettre en prison, sans complaisance. Mais inscrire dans la Loi fondamentale une loi qui jette l'opprobre sur l'ensemble d'une religion et une seule n'est pas constructif. Si des musulmans haïssent la Suisse et veulent la détruire, ce n'est pas l'interdiction d'une structure architecturale qui les dissuadera, bien au contraire. Si l'humeur du jour est à l'affrontement idéologique entre la chrétienté et l'islam, inclure dans la loi fondamentale un article qui contredit l'esprit de liberté de la Constitution est malhabile. Cela est aussi la conséquence de l'influence néfaste des médias, qui privilégient le spectaculaire, de la paresse intellectuelle de tous ceux qui enregistrent l'événement et négligent l'analyse. C'est aussi l'effet de l'abdication des politiciens face à l'opinion au détriment de leur devoir de sagesse.
La seconde question que je voudrais évoquer est l'attitude des instances musulmanes face à des actes de rejet comme celui qui vient de se produire en Suisse. Pourquoi ces instances ne s'interrogent-elles jamais sur les raisons du sentiment d'un certain Occident à l'égard de l'islam ? Ou plus exactement pourquoi leur seule explication se résume-t-elle à ce qu'ils qualifient de haine et de mépris de l'Occident pour l'islam ? Pourquoi les malheurs qui frappent le monde arabo-musulman ne sont-ils que les conséquences du colonialisme et du néo-impérialisme ? Pourquoi d'autres nations qui ont été humiliées par l'Occident (le Japon et la Turquie, héritière de l'Empire ottoman), occupées (la Corée du Sud), colonisées (la Malaisie, l'Inde), mises sous tutelle (l'ensemble de l'Europe de l'Est), soumises à l'apartheid (Afrique du Sud), pourquoi ces pays se sont-ils développés ou sont en voie de l'être et entretiennent-ils avec l'Occident des relations apaisées ? Pourquoi dans le monde arabo-musulman la dissidence est-elle interdite ? Pourquoi les grands réformateurs musulmans sont-ils privés de voix ? Pourquoi sont-ils considérés comme apostats (Nasr Hamed Abou Zayd), défroqués (cheikh Hasan Yusofi Eshkevâri), emprisonnés (Mohsen Kadivar), interdits de publication (Ali Abderraziq), exilés (Fazlur Rahman), voire assassinés (Faraj Foda, Mohammad Mahmoud Taha) ? C'est ce débat qu'il faut ouvrir, il est bien plus important pour rétablir la vérité sur l'islam que l'édification de minarets en Suisse.

Francophonie: les minarets fragilisent la candidature suisse

Francophonie: les minarets fragilisent la candidature suisse

Josée Verner, ministre des Affaires intergouvernementales du Canada, présidera la séance de la semaine prochaine où la candidature suisse pourrait affronter quelques contestations.
Josée Verner, ministre des Affaires intergouvernementales du Canada, présidera la séance de la semaine prochaine où la candidature suisse pourrait affronter quelques contestations. (Reuters)

Montreux est bien placée pour organiser le prochain Sommet de la Francophonie, en octobre 2010. Mais le vote sur les minarets va donner du fil à retordre à la diplomatie helvétique. Décision mercredi prochain.


L’affaire paraissait entendue. Après la suspension de Madagascar, où devait se tenir le prochain Sommet de la Francophonie en 2010, Montreux, proposé au pied levé par la Suisse, avait toutes les chances de remplacer Tananarive.

La candidature de la station de la Riviera lémanique devait passer comme une lettre à la boîte lors de la Conférence ministérielle des 15 et 16 décembre (mardi et mercredi prochains). La votation sur les minarets risque, pourtant, de compliquer la tâche de la diplomatie helvétique.


Tananarive déstabilisé

Au siège parisien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), personne n’ose se lancer dans des paris trop risqués. C’est vrai, jusqu’à ce jour, aucun Etat autre que la Suisse n’a proposé d’organiser le Sommet de 2010. Et la candidature helvétique a des avantages évidents.

Nul ne conteste la capacité de la Suisse à mettre sur pied, en dix mois, un événement considérable, qui accueillera 5000 personnes, dont des dizaines de chefs d’Etat, des diplomates, des journalistes, etc. Pour remplacer Tananarive, déstabilisé depuis le coup de force d’Andry Rajoelina et le départ du président Marc Ravalomanana, Montreux part largement favori.

Mais... «Lors de ce type de réunion ministérielle, tout est possible», note Ousmane Paye, conseiller spécial du secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf.


Une décision par consensus

«Pour l’heure, le vote sur les minarets n’a suscité aucun écho négatif à l’OIF, remarque le Suisse Pierre de Cocatrix, directeur de cabinet de M. Diouf.» Prudence quand même. La réunion ministérielle, à laquelle participera la cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey, prendra sa décision par consensus. Il suffit donc que quelques voix s’élèvent contre la Suisse pour fragiliser sa candidature.

Or, sur ses 56 membres, l'OIF compte sept pays musulmans. L’Egypte notamment, dont le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a estimé récemment que le vote suisse contre les minarets était une «grave erreur». Le Sénégal aussi, dont le président, Abdoulaye Wade, qui préside actuellement l’Organisation de la conférence islamique, a exprimé sa «vive préoccupation» suite au «oui» du 29 novembre.

«La Francophonie est un cercle de valeurs», observe Ousmane Paye. Façon de dire qu’à l’OIF, la question des droits l’homme est centrale – même si les Etats membres ne sont pas tous démocratiques, loin s’en faut ! – et que le sujet minarets ne pourra pas être écarté d’un revers de la main.

Une autre objection pourrait être soulevée à l’encontre de la candidature helvétique. Bucarest a accueilli le Sommet en 2006, Québec en 2008. Avec Montreux, cela ferait donc trois sommets consécutifs dans les pays du Nord.


Faible impact du vote ?

«Après la défection de Madagascar, nous avions sondé Kinshasa, qui doit organiser le sommet de 2012 et avait postulé pour celui de 2010, confie Ousmane Paye. Nous n’avons pas eu de réponse. Visiblement, la capitale de la République démocratique du Congo n’est pas prête.» Pas simple d’organiser un tel événement en si peu de temps. Sur ce plan, Montreux paraît idéal.

Quoi qu’il en soit, une décision sera prise la semaine prochaine. «La Francophonie a toujours montré son habileté à surmonter les crises», note l’ancien ministre sénégalais. Lequel ajoute: «Il appartiendra à la présidence canadienne d’arrondir les angles et de trouver si nécessaire un compromis.»


No comment de Berne

A Berne, le Département fédéral (ministère) des Affaires étrangères s’abstient de tout commentaire. Pas question de s’inquiéter outre mesure. La candidature suisse aurait, estime une source, 95% de chances de l’emporter.

Les responsables suisses n’osent imaginer un rejet de leur candidature: ce serait la première conséquence notable, sur la scène internationale, du vote sur les minarets. Ils se rassurent en notant le faible impact qu’a suscité jusqu’à présent le vote du 29 novembre: tout au plus quelques appels au boycott, de petites manifestations devant des représentations suisses et quelques incidents, comme l’a rappelé mardi Micheline Calmy-Rey.

Le temps, comme le montre la réaction hier de Nicolas Sarkozy, serait plutôt à la compréhension et à la recherche d’explications.

Les minarets font déraper le débat sur le budget


La déclaration solennelle du gouvernement vaudois sur le vote contre les minarets a fait déraper le deuxième débat sur le budget au Grand Conseil. L'UDC n'a pas du tout apprécié l'intervention de Pascal Broulis et a modifié ses votes de la première lecture.


Pascal Broulis veut intensifier le dialogue entre les religions. (Photo: Keystone)

L'UDC a piqué mercredi une grosse colère à cause des propos du président du Conseil d'Etat prononcés à 14 h, à la reprise des discussions. «Cette déclaration était très mal placée», a déclaré à l'ATS Pierre-Yves Rapaz, président du groupe UDC au Grand Conseil.

D'ici au troisième débat, la colère va sans doute diminuer, mais certains députés de l'UDC sont fâchés. Ils n'acceptent pas que le gouvernement viennent ainsi commenter l'issue d'un vote populaire, a expliqué Pierre-Yves Rapaz.

Note salée

«C'est une déclaration à 2,5 millions de francs», a-t-il lancé. Ce montant représente deux amendements des socialistes et des Verts sur la police et la renaturation des cours d'eau. Après un rejet en premier débat, l'UDC s'est abstenue mercredi, se désolidarisant de la droite et faisant du coup gagner la gauche.

Dans sa déclaration, le président du gouvernement s'est pourtant bien gardé de «porter le moindre jugement sur le résultat» du vote à propos des minarets. Pour mémoire, les Suisses ont refusé à 57,5% la construction de nouveaux minarets, alors que le canton de Vaud repoussait à 53,1% l'initiative lancée par un comité en grande partie formé par des UDC.

Pour le dialogue interreligieux

Pascal Broulis s'est voulu positif. Le canton de Vaud entend intensifier le dialogue entre les religions. Sa politique vise à une intégration harmonieuse afin de prévenir tout repli communautariste, a-t-il déclaré.

Le ministre radical a insisté sur l'importance d'une politique d'intégration menéee «avec constance et sérieux» qui porte ses fruits, comme dans le canton de Vaud. Le Conseil d'Etat veut construire «une cohésion interne respectueuse» des lois.

Vocation d'ouverture

Attentif aux communautés et aux minorités qui composent la population vaudoise, le gouvernement entend faire valoir la vocation d'ouverture du canton. Il mettra un soin particulier à la mise en oeuvre de la loi sur l'intégration des étrangers et la prévention du racisme, a souligné le président du Conseil d'Etat.

Pascal Broulis a rappelé enfin que le canton de Vaud accueillerait probablement l'an prochain à Montreux le Sommet de la Francophonie. «Un rassemblement autour d'une langue et d'une culture qui ont donné au monde la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Tout un symbole».

Ecouter l'UDC

Dans les couloirs du parlement, le secrétaire général de l'UDC, Claude-Alain Voiblet, a souligné que la déclaration de Pascal Broulis était «la goutte qui a fait déborder le vase». Il faut que les autres partis de droite écoutent mieux l'UDC. Il a relevé par exemple la divergence de vues complète sur l'accueil parascolaire avec les libéraux-radicaux.

L'UDC a déposé mercredi une initiative constitutionnelle intitulée «Pour une école à journée continue aux coûts supportables». Elle veut éviter que l'article constitutionnel approuvé par les Vaudois le 27 septembre n'engendre des frais énormes. Les députés n'ont pas pu finir mercredi le deuxième débat.

Sur le même sujet dans 24heures

L'ostentation" des minarets : haro sur Sarkozy !

"

NOUVELOBS.COM | 09.12.2009 | 11:52

La tribune du chef de l'Etat dans laquelle il revient sur le référendum suisse a provoqué de très nombreux commentaires hostiles sur nouvelobs.com. Florilège.

Nicolas Sarkozy (Reuters)

Nicolas Sarkozy (Reuters)

Une très large majorité d'internautes sont hostiles au point de vue de Nicolas Sarkozy sur "l'ostentation" des minarets.

Ostentation , quelle ostentation ?

suppression: on se moque de qui ? Un minaret, il y en a un de 33 m de haut au centre de Paris (5ème arrondissement) depuis 1926. Cent ans d'histoire ce n'est pas suffisant pour faire partie de l'identité nationale ?
marije : C'est quoi son régime ostentatoire à lui? Mireille Mathieu, Enrico Machin, Didier Barbelivien, Christian Clavier, Tom Cruise, j'en passe et des meilleurs…
al1-46 : minarets ostentatoires ? Et la cellule de l'UMP dans ma ville ? C’est pas ostentatoire ça ? Et pourtant chez moi personne n'en veut !
Goliath : Si l'on suit le raisonnement de Sarkozy, TOUT peut être ostentatoire, tout dépend où on se situe. (…) Les tenues de nos cardinaux, ne sont-elles pas ostentatoires pour une religion qui prône l'humilité ??? Un bijou ou un vêtement peut être ostentatoire pour une personne sans le sou, comme une belle maison vu par un SDF... "
RITON14 : Sarko qu'il montre déjà l'exemple et après il pourra parler
Traroth : Et bien on s'attend à ce qu'il montre l'exemple, maintenant. A quand les démissions de Besson et Hortefeux ?
Breizad : toujours la même chose, l'ostentation, ce sont les minarets (pas les églises ?), c'est de ne pas avoir la peau assez blanche, c'est de parler breton ou corse ou occitan, c'est de porter un foulard ou un turban sikh,etc... au fond, les Français à la Sarkozy acceptent (je ne dis même pas accueillent) les autres à condition qu'ils soient comme eux.

Sa position ne convainc pas…
Parisien : Ce n'est pas un argument: "ce que veut le peuple", ou alors il faut l'appliquer tous les jours. Le peuple voulait-il du paquet fiscal?
Suisse : Sarko soutient le peuple suisse? Ne fait-il pas parti de tous ces nantis qui cachent leur fortune là-bas si ce n'est pas ostensoirs
Zeffwanta : Quand Sarkozy dit qu'il fera tout pour que les Musulmans se sentent comme des citoyens comme les autres, ça voudrait dire que ce n'est pas le cas? Peut-être que si on arrêtait avec cette obsession à l'encontre du monde musulman, on aurait moins de problèmes à se demander si oui ou non ils sont intégrés.
M'hamed : Tout d'abord je rappellerai aux propos de "M. Clocher" que l'on peut être musulman et français. Ensuite que les musulmans français ne remettent pas en cause l'héritage chrétien de leur pays. J'assure que j'aime beaucoup les églises et autres lieux de cultes que je trouve généralement très beaux. . Et en plus, minaret ou pas sur les mosquées on en fait pas un débat et on ne veut même pas le demander, ouais on s'en f....
Goliath : Sarkozy nous sert sa soupe "identité nationale" évoquant le vote suisse qui traduirait des "préoccupations, des aspirations de tant d'Européens"... C'est sûr qu'en matière de préoccupations européennes, les suisses sont un "modèle" à suivre, ils ne veulent pas de l'Europe et de sa monnaie histoire de continuer leurs petites magouilles financières et sur un plan historique, la Suisse a toujours été "solidaire" du reste de l'Europe... souvenez-vous de la 2nde GM, où était recyclé l'or nazi et les biens spoliés aux juifs? En Suisse, pardi! Qui a permis l'évasion en Amérique du Sud de criminels nazis via la Croix Rouge et le Vatican? Le gouvernement Suisse pardi!

Des électeurs UMP sont écoeurés…

Honte-Aeux : J'ai vraiment honte aujourd'hui d'avoir voté pour lui [Sarkozy, NDLR]! Je ne ferai pas la même erreur deux fois !
UMP_Decu : JE NE VOTERAI PLUS UMP ! ! RAS LE BOL ! Pour moi, c'est fini de voter pour l'UMP, je préfère rester chez moi ! Cette fois c'est la goutte qui fait déborder le vase ! identité nationale, tout ça pour se mettre au même niveau que Mr Jean Marie Le Pen ? Ça sera sans moi !

... de nombreux internautes très choqués…
Jean-Rachid : Et allez, Paye ton discours d'extrême-droite à 3 mois des élections.
Gife : oui oui c'est ça petit encore de l'esbrouffe, de la com, du tripatouillage, des castings, des sondages , et la République part en lambeaux pour ce tout petit monsieur nerveux et colérique, merci aux 53% de votants qui nous ont mis cette bande au pouvoir
floyd : On se prépare de beaux jours ...Je me suis toujours demandé ce qui avait pu rendre le nazisme, la collaboration, la police de Vichy ... possible. Comment se forment les opinions,les réactions ou l'absence de réaction des gens comme vous et moi pour rendre le pire et l'inimaginable possible. J'ai l'impression depuis quelques temps de prendre une leçon pratique sur le sujet. Une leçon de fascisme ordinaire ...
zillou : Voyez ce qu'est devenue la France depuis qu'il est à la tête de l'Etat : une vaste pétaudière, une tribu de gaulois qui s'invectivent à qui mieux mieux. Pour une réforme, c'est une grande réforme !
fraternité : Je suis étonné par ce débat, le président de la République n'a-t-il pas d'autres sujets d'intérêts qu'un référendum dans un pays voisin? (…) De plus, ses propos me saisissent pour plusieurs raisons. La première, est qu'en France existe quelques minarets, ils s'intègrent dans le paysage, n'étant pas forcément très haut. En effet, nous avons dans notre pays des règles d'urbanisme et les lieux de culte les ont toujours respectés. Mais ce qui me gène est la notion d'accueillants. Je suis musulman mais français, mes parents sont français (mon père est même ancien combattant), comme mes grands-parents. Mon grand-père paternel a été mutilé de guerre , mon grand-père maternel a été engagé volontaire en 1942 pour participer à la libération de la France, son pays. Bref, je ne m'estime pas accueilli!! Et pourtant lorsque le président évoque ma foi, il parle de moi comme d'un étranger!

… inquiets pour la France…

Solar : Sarkozy veut détruire la France et le peuple français. La résistance doit s'organiser et les élections doivent cesser d'être un chèque en blanc pour les dirigeants parmi lesquels il peut se trouver des apprentis dictateurs et racistes comme M. Sarkozy.
Lotfi.K : Par ses propos, Nicolas Sarkozy confirme son penchant pour une société communautariste et son aversion envers la laïcité. Les lois de la République garantissent la liberté du culte et la construction de minarets ne peut troubler l'ordre public et ne peut être interdit.
albert camus : Mon dieu, il a ouvert la boite de pandore !

…dont le président serait indigne
C_Lamentable : Lorsqu'on est président de la France, on ne fait pas en sorte de diviser les Français de toute origine, et de les monter les uns contre les autres, on rassemble ! Mais c'est vrai Sarkozy n'est pas le président de tous les Français ! C'est pas digne d'un président d'avoir recours à de telles dérives, tout ça pour récupérer des votes aux élections ! !
jojototo : A part dire: "karchériser les racailles","casse-toi pauvre con", "descends si t'es un homme" (avec 50 gardes du corps), "faut pas dénaturer la France", "Quand y a une grève ça se voit plus" (faudrait en parler aux chauffeurs routiers et aux usagers du RER-B… Tout ça ce sont des phrases de petite frappe, de petit caïd, vous savez ceux qui font les malins devant les copains, et qui pleurent leur maman une fois en garde à vue. Sarko, c'est de ce registre.

Quelques internautes soutiennent
tout de même la position de Nicolas Sarkozy
enomis naelos :! Je vais surement être censurée mais pour une fois je suis entièrement d’accord avec NS . Lorsque je vois que l’Iran demande des explications à la Suisse, je trouve que c’est un peu gros !... Je ne vois pas en quoi cela regarde ce pays, la Suisse (même si sa décision ne plait pas à tout le monde) est libre de son choix. C est le peuple qui le veut. Pas plus que je suis d accord de l ingérence d autres Etats dans la politique de l Iran. Chacun est MAITRE CHEZ LUI ; j'opte pour la suppression de tous les signes religieux en matière d architecture (sauf ce qui existe depuis des siècles et qui fait partie du patrimoine de la France). Mais maintenant la priorité est de donner de la nourriture et du logement à tous les peuples car ce n n’est pas la religion et les prières qui vont le faire. C est un problème autrement plus important que de se polariser sur des idioties pareilles.
Patek Philippe : Les clochers, même s'ils ont un but ostentatoire à la base, sont un héritage millénaire de ce pays, si vous reniez cet héritage c'est votre problème mais de là à vouloir le détruire...
sacha49 : doucement les basses ! Arrêtez de critiquer Sarko pour une fois qu'il dit quelque chose d'intelligent et de sensé.
glopglop : Il est très bien ce discours.

“J’ai construit ce minaret pour protester”

La résistance s'organise en Suisse après l'interdiction décidée par référendum de construire des minarets. Témoignage recueilli par Julien Martin pour Rue89.

Le faux minaret construit à Lausanne par Guillaume Morand (DR)

Il est suisse, il s'appelle Guillaume Morand, il n'est pas musulman, il est propriétaire de la chaîne de magasins de baskets Pomp it up et il vient de construire un minaret sur le toit du siège de son entreprise à Lausanne pour manifester son opposition à l'interdiction de construire des minarets, décidée par 57% des votants lors du référendum organisé en Suisse le 29 novembre :

« Evidemment que ce minaret n'est pas un vrai minaret car il n'y a pas de mosquée en dessous. Mais il est très visible car il sur l'axe le plus fréquenté de la Suisse romande. (…) Ce minaret, on l'a construit pour protester. (…) Il y a une première partie en pierre, après il y a une partie ronde en tuyau PVC et le chapeau est fait de bois décoré couleur or. »

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Nouvelles de Fahad Khamas

«La Suisse est aussi mon pays!»

ASILE Héros du film «La Forteresse», l'Irakien Fahad Khammas a été
expulsé ce printemps en Suède, d'où il risque d'être refoulé en Irak.
Interview.

LE COURRIER LA LIBERTÉ • MERCREDI 9 DÉCEMBRE 2009
PROPOS RECUEILLIS PAR SID AHMED HAMMOUCHE

Fahad Khammas est le héros malgré lui de «La Forteresse», un
documentaire tourné dans le centre d'accueil pour requérants d'asile de
Vallorbe. Cet Irakien y a transité quelque temps avant d'être expulsé en
Suède, pays compétent pour traiter son dossier en vertu de l'accord de
Dublin. Et c'est en partie l'histoire de ce jeune homme que raconte le
réalisateur Fernand Melgar. Un film à revoir ce soir à 20h15 sur TSR1.
Un documentaire percutant suivi d'un débat «Infrarouge».

Qui est Fahad Khammas? Un ancien traducteur de l'armée américaine, qui a
dû fuir l'Irak pour éviter les représailles des milices sur place. La
mort l'attendait au coin de la rue, explique-t-il. Justement parce qu'il
a aidé les forces alliées. Mais cela n'a pas suffi pour lui donner son
billet d'entrée en Suisse. Deux fois, in extremis et grâce à la
mobilisation provoquée par le réalisateur de «La Forteresse», il avait
échappé à un départ forcé. Devenu une icône du combat contre la
politique d'asile helvétique, l'Irakien a été expulsé finalement le
jeudi 2 avril vers la Suède. Interview d'un homme désespéré.

Comment allez-vous?
Fahad Khammas: Aujourd'hui, je me sens bien, mieux qu'à mes débuts ici
en Suède en avril dernier, après mon renvoi forcé de Suisse. Je me
balade librement à Stockholm, je ne suis plus en prison. J'attends, la
peur au ventre, la décision sur mon statut de réfugié qui sera examinée
prochainement par la justice.

Pourquoi cette peur?
En huit mois, j'ai reçu des refus en série. J'ai déposé des recours.
Pour mon avocat, mon cas est désespérant. J'ai très peu de chance
d'avoir le statut de réfugié en Suède. D'ici à janvier, je serai fixé
sur mon sort. Je ne suis pas très optimiste.

On vous sent moralement abattu...
Personne ne veut me donner ma chance, ni les autorités suédoises ni
celles de Suisse. Ayant travaillé comme traducteur pour l'armée
américaine, si je retourne en Irak, on m'exécute. Je ne raconte pas des
bobards, c'est une menace réelle. Le pire est à venir: la Suède, qui a
tout fait pour me récupérer, va certainement me refuser l'asile. Or
Berne ne me l'a pas accordé, au prétexte que la Suède le garantissait.
Plus grave, l'Office des migrations (ODM) a refusé dans un premier temps
de transmettre mon dossier aux Suédois. Et par ailleurs, les
Gouvernements suédois et irakien ont signé une convention sur le retour
des requérants irakiens. Stockholm en refoule aujourd'hui des masses à
l'abri des regards.

Envisagez-vous de retenter votre chance en Suisse?
Je ne le pense pas. L'ODM m'interdit désormais l'entrée du territoire.
Mais j'ai des amis suisses qui me soutiennent et me visitent. En Suisse,
j'ai vécu des moments de solidarité qui me marqueront à vie. Et des
moments douloureux comme l'emprisonnement, le fait d'avoir été traité
par les autorités suisses comme le pire criminel.

Vraiment?
J'ai été emprisonné dans des conditions difficiles. Mais ce qui m'a le
plus choqué, c'est d'avoir été embarqué de force dans un avion pour la
Suède. J'ai été chassé quand je cherchais un endroit sûr pour me
protéger. Depuis, j'ai perdu espoir. J'espérais rester en Suisse quand
la Suède avait refusé une première demande d'asile. Mon affaire avait
pris une dimension importante en Suisse, avec comité de soutien et
grande médiatisation. J'avais pensé à tort qu'on me permettrait de vivre
normalement. Une chose est sûre: je ne veux pas retourner aujourd'hui en
Irak. Des miliciens islamistes armés, ceux qui m'ont enlevé, ont juré de
me tuer. Ma famille aussi est menacée.

Comment vivez-vous en Suède?
Heureusement, je vis dans un petit studio à Stockholm, pas dans un camp
de réfugiés du nord du pays. Je ne supporte plus les centres de
rétention aux conditions très dures. Et ma hantise est de retourner en
prison. Je ne suis pas un criminel. Or depuis trois ans, depuis ma fuite
de l'Irak, je n'ai connu que des camps de réfugiés dignes de
pénitenciers et des prisons.

Les accords de Dublin sur l'asile ont-ils aggravé votre cas?
Ma première demande d'asile en Suède date de trois ans. Selon la
convention de Dublin, que la Suisse a signée, c'est Stockholm qui doit
accepter ma demande ou me renvoyer. En Irak, il n'y a plus de lois ni de
respect des citoyens. Je ne suis pas furieux de me voir appliquer la loi
de Dublin, mais dépité qu'on n'arrive pas à me trouver un statut.
Aujourd'hui, on nous propose 2500 dollars pour rentrer au pays: un
rendez-vous assuré avec la mort.

Pourquoi cette peur obsessionnelle de rentrer en Irak?
J'ai collaboré avec les Américains, je portais une cagoule durant mon
travail de traducteur. J'ai été menacé par des milices armées de tous
bords. Des médias irakiens ont parlé de mon cas après la sortie du film
«La Forteresse». La télévision irakienne a parlé de ma situation. Je
suis une cible toute désignée. Si la Suède m'expulse vers mon pays, je
suis mort. I

«Enfermer dans des centres de tri sans écouter les SOS»

Que vous a rapporté le film «La Forteresse» de Fernand Melgar?
Ce film a montré mon histoire et celles douloureuses de personnes venues
chercher la quiétude en Suisse. Ce documentaire m'a apporté beaucoup
d'amis auxquels je reste attaché aujourd'hui. Film ou pas, mon affaire
est toujours en traitement et je suis dans le même désespoir que je
racontais à la caméra au centre de Vallorbe. «La Forteresse» n'a rien
changé. Berne a voulu que mon visage s'efface de la Suisse mais le
problème de l'accueil des requérants demeure. C'est celui d'une
politique qui enferme dans des centres de tri sans écouter les SOS de
personnes qui ont fui la guerre et les persécutions.

Un cauchemar égal à votre situation à Bagdad?
On a l'impression que les responsables occidentaux ne nous croient pas
quand on raconte que la vie est un enfer en Irak, que la guerre civile
fait rage. Il y a des otages, des enlèvements, des liquidations
sommaires, un conflit confessionnel, pas de travail. Bref, c'est la loi
de la jungle. Ici, on vient pour survivre, sauver sa peau.

Le film a fait de vous une icône du combat contre la politique d'asile...
Je ne me vois pas comme une icône ni une vedette du film de Fernand
Melgar. Je suis juste une personne qui témoigne de sa situation. Ce
documentaire a le mérite de montrer les véritables conditions des
centres pour requérants.

Avez-vous vu plusieurs fois le documentaire?
Je l'ai vu une fois. Je ne supporterais pas de le revoir.

Que diriez-vous à MmeWidmer-Schlumpf?
Merci! (long soupir)

Uniquement?
Oui, seulement merci. Je veux dire toute ma reconnaissance à ceux qui me
soutiennent depuis la Suisse. Grâce à leur aide, je vis dignement.
J'aime la Suisse, c'est aussi mon pays en quelque sorte, mais elle ne
voulait pas de moi. Ce que j'accepte. SHE

L’affaire des arnaque de clandestins montée en épingle ?

Les accusations contre le couple qui aurait arnaqué les sans-papiers ont fondu. Hier, le parquet a requis 18 mois avec sursis contre le mari, principal accusé. Un article de Pascale Burnier dans 24 Heures.

Manque de preuves, doute profitant à l’accusé. Hier, la longue liste de charges retenues contre le couple inculpé de fourvoyer des clandestins s’est bien amincie devant le Tribunal pénal de Lausanne. Au centre de l’affaire, le mari, qui se faisait passer pour un conseiller juridique, aurait promis de régulariser des dizaines de sans-papiers contre le versement de sommes allant jusqu’à 2000 francs. En échange, l’homme de 48 ans, d’origine chilienne, se serait contenté de faire quelques photocopies et de maigres démarches administratives perdues d’avance.

Face à un accusé qui a nié les faits jusqu’au dernier jour du procès, le ministère public a requis 18 mois de prison avec sursis, notamment pour usure. Pour Jonathan Cornu, substitut du procureur: «L’accusé n’est pas l’enfant de chœur qu’il veut montrer. Il a profité du désespoir de personnes en difficulté sans aucun remords.» Quant à sa femme, qui reste accusée d’avoir dissimulé des documents avant une descente de police, le parquet a relevé son rôle de «marionnette». Une peine de 60 jours-amendes a été requise à son encontre.

Acquittement plaidé

«Cette affaire a été montée en épingle. Cela me fait froid dans le dos», a crié avec véhémence Jean Lob, avocat du mari. Plaidant l’acquittement, il a habilement comparé l’activité de son client à son propre métier d’avocat. «Il y a certainement 20 ou 30 personnes qui sont mécontentes de mon travail car je n’ai pas réussi à leur faire obtenir un permis de séjour. Et je leur ai demandé 350 francs de l’heure! Vous pourriez aussi me condamner.» Verdict vendredi.

Un vote sur le renvoi des criminels étrangers sera difficile à éviter

EXPULSION L’initiative UDC viole-t-elle des droits internationaux et si oui, le parlement est-il en position pour l'invalider ? Le débat juridique - sensible - divise plus que jamais les politiciens. Photo Keystone Martin RuetschiCe matin, le Conseil des Etats pourrait renoncer à débattre  de la validité de l’initiative de l’UDC. Pour les juristes, pas de doute, le texte doit être soumis au peuple même s’il enfreint le droit international. Un article de 24 Heures, signé Nadine Haltiner et Laurent Aubert.

L’initiative sur les minarets n’en finit pas de faire des vagues. Hier, la Commission des institutions politiques du Conseil des Etats a adopté de toute urgence une motion d’ordre demandant le renvoi du débat prévu aujourd’hui sur l’initiative de l’UDC «Pour le renvoi des étrangers criminels». L’idée est d’étudier une nouvelle fois en commission cet objet signé par 211 000 citoyens. «Il faut ramener un peu de calme», justifie le président Hansheiri Inderkum (PDC/UR).

Membre de la commission jumelle du National, Ada Marra (PS/VD) indique que la proposition émane du PDC Theo Maissen, qui souhaite tout bonnement invalider l’initiative. Une idée à laquelle souscrit la Vaudoise. Elle estime en effet que le texte de l’UDC présente de fortes analogies avec l’initiative des Démocrates suisses «Pour une politique d’asile raisonnable», qui demandait le renvoi sans procès de tous les requérants clandestins. Ce texte fut annulé en 1996 parce qu’il violait le principe de non-refoulement.

Il n’est toutefois pas certain que l’initiative de l’UDC viole aussi ce principe, note Andreas Auer, constitutionnaliste à l’Université de Zurich, en précisant qu’il n’a pas suffisamment étudié ce cas pour se prononcer. Pour Etienne Grisel, professeur de droit constitutionnel à Lausanne, l’affaire est en revanche assez claire. «Une initiative ne peut être invalidée qu’en cas de violation du droit international impératif. Jusqu’à présent, ce dernier a été interprété de manière très étroite: c’est une sorte de noyau dur interdisant la torture, le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.»

Pour le constitutionnaliste, l’initiative ordonne le renvoi des criminels étrangers dans des conditions assez précises. «Il est difficile d’invoquer une violation du droit international impératif.»

Pour autant, il n’accorde pas un blanc-seing. «Le texte viole peut-être d’autres dispositions, comme la Convention européenne des droits de l’homme ou la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant.» Mais on se heurte à une contradiction: la Constitution fédérale reconnaît la primauté du droit international mais elle permet aussi de voter sur des textes contraires à ce même droit. Comme pour les minarets, il est alors possible pour un individu de faire constater la violation devant une juridiction internationale.

«Une absurdité, estime Robert Cramer, conseiller aux Etats (GE/Verts). On ne peut plus faire voter le peuple sur des initiatives qui se révèlent inapplicables. L’exemple de l’internement à vie des délinquants dangereux l’a montré. Le parlement a dû retoucher l’initiative pour la conformer au droit international.» Pour le Genevois, le parlement doit à présent avoir le courage d’invalider une initiative contraire au droit international, qu’il soit impératif, ou pas.

«Reste que la tâche est complexe, note Etienne Grisel. Le parlement ne peut pas en décider lui-même. Ce serait n’importe quoi. Une telle procédure aboutirait à une trahison des droits politiques.» Pour lui, la seule solution serait de réviser la Constitution et de créer une Cour constitutionnelle indépendante.

Ce projet est justement à l’étude aux Chambres fédérales. De son côté, le Conseil fédéral envisage aussi de redéfinir la notion de droit impératif. Mais ces révisions arriveront trop tard pour juger du sort de l’initiative sur le renvoi des criminels étrangers. L’initiative dépend donc désormais de l’interprétation juridique que vont retenir juristes et politiciens.