samedi 14 juillet 2007

Les exilés du Darfour

Toujours plus de réfugiés africains en Israël


Les exilés du Darfour bénéficieront du statut de réfugiés. Leur sort rappelle à beaucoup d’Israéliens celui des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.


Les Africains sont près de quarante, chaque nuit
franchir clandestinement la frontière égypto-israélienne.


Nombre de réfugiés africains viennent du Darfour. Ils passent illégalement la frontière égyptienne. Israël accueille avec émotion ces victimes de génocide.
De plus en plus d’Africains se dirigent, comme autrefois les Hébreux, à travers le désert du Sinaï, jusqu’à la terre promise. Chaque nuit, selon Michael Bavli, représentant à Jérusalem du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR), au moins quarante Africains traver­sent clandestinement la fron­tière égypto-israélienne. Leur nombre va crescendo au fil des semaines. Ils sont déjà plusieurs centaines en terre sainte, à récla­mer le statut de réfugié.
Un village dans le Néguev

Ce flux migratoire, souligne Michael Bavli, ne peut que s’am­plifier, dans la mesure où la situation au Darfour et dans les pays limitrophes ne cesse de se détériorer. Il tire la sonnette d’alarme: «Le bureau du HCR à Jérusalem se trouvera bientôt dans l’incapacité de répondre aux besoins de tant de person­nes déplacées.» Ces réfugiés, sous la conduite de passeurs égyptiens qui tirent profit de leur malheur (chacun d’entre eux a dû payer plusieurs centai­nes de dollars), n’ont aucun mal à franchir cette frontière.
Car, contrairement aux terri­toires palestiniens clôturés de toutes parts, aucune barrière ne vient obstruer le passage entre le Sinaï égyptien et le Néguev is­raélien. A la faveur de la nuit, le
groupe de réfugiés s’approche de la frontière. Vite repérés par les soldats de Tsahal, ils sont embar­qués vers les villes israéliennes les plus proches. Les réfugiés atterrissent dans les services so­ciaux de différentes municipali­tés déjà débordées. Pour faire face à ce flot d’arrivants, le gou­vernement israélien a pris une double décision: monter un vil­lage de toile dans le désert du Néguev et refouler vers l’Egypte ceux qui ont quitté leur pays essentiellement à cause de «mo­tifs économiques».
Par contre, les originaires du Darfour bénéficieront du statut de réfugiés. Ils trouveront en Israël un pays d’accueil. Le pre­mier ministre Ehud Olmert l’a promis solennellement. Pour beaucoup d’Israéliens, le sort des populations du Darfour rappelle en effet celui des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Dans une lettre adressée à Ehud Ol­mert, publiée dans plusieurs quotidiens israéliens, Abaker Ali écrit avoir quitté le Darfour pour échapper au génocide. Un terme qui évoque de terribles souvenirs parmi les Israéliens. Ils ne reste­ront pas indifférents. Si le gou­vernement semble encore pris au dépourvu, une chaîne de soli­darité de particuliers vient, en revanche, pallier les carences des autorités. On leur distribue nourriture et vêtements. Des ré­fugiés du Darfour ont aussi trouvé gîte et travail dans les kibboutzim. Les originaires du Darfour vont se fondre d’autant mieux dans la population que la mosaïque israélienne comprend déjà plus de 100 000 immigrants de peau noire, les Falachas, les juifs d’Ethiopie.

SERGE RONEN
JÉRUSALEM pour le quotidien 24Heures