La collision entre l'Euro foot et la votation du 1er juin inquiète la Confédération. Elle veut à tout prix éviter un tollé international, comme celui provoqué par la campagne du mouton noir.
La collision entre l'Euro foot et la votation du 1er juin inquiète la Confédération. Elle veut à tout prix éviter un tollé international, comme celui provoqué par la campagne du mouton noir.
Après plusieurs jours de dérobade, le ministère de l’Immigration a décidé, hier, de se saisir de la question des sans-papiers en grève depuis le 15 avril pour obtenir leur régularisation. Avec la volonté affichée de trouver une sortie de crise. «Nous sommes face à un point de crispation, il faut que nous regardions la situation, c’est pour cette raison que nous allons nous mettre autour de la table pour traiter ces dossiers, et voir lesquels entrent dans le champ d’application de la loi Hortefeux [qui permet la régularisation d’étrangers en situation irrégulière occupant des métiers dits «en tension», ndlr]», expliquait hier le chef de cabinet du ministre.
Les services de Brice Hortefeux, qui s’étaient contentés jusque-là de renvoyer la patate chaude aux préfectures, ont pris d’eux-mêmes contact avec les responsables CGT, à l’origine du mouvement, pour leur proposer une rencontre hier en fin de journée. Officiellement, bien sûr, il ne s’agit pas d’une régularisation massive et sans conditions. «On va regarder si les préfectures concernées sont en possession de l’ensemble des dossiers correspondant aux personnes actuellement en conflit», expliquait-on hier chez Brice Hortefeux. L’administration fera ensuite du «cas par cas». Selon quels critères ? «Il y a un certain nombre de critères qui découlent de l’article 40 de la loi», répond-on au ministère de l’Immigration.
Mardi dernier, ce même ministère avait prévenu que les travailleurs concernés devaient avoir «des compétences particulièrement recherchées sur le marché du travail». Sauf qu’une liste des métiers ouvrant la voix à une possible régularisation a été publiée en début d’année, et qu’il s’agit de postes plutôt qualifiés, ce qui n’est pas le cas de ceux qu’occupent la plupart des grévistes. «Il peut y avoir une appréciation locale de la tension», précisait hier le directeur de cabinet d’Hortefeux.
Le mouvement, qui a débuté il y a pile une semaine, ne donne aucun signe d’essoufflement. Vendredi, la CGT avait annoncé que 338 sans-papiers étaient en grève. Hier, ils étaient plus de 500. Samedi, neuf salariés d’un restaurant de Neuilly (Hauts-de-Seine), où Nicolas Sarkozy avait ses habitudes, ont rejoint la mobilisation. Et hier, une vingtaine de travailleurs sans papiers ont entamé à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) l’occupation d’un magasin asiatique, Paris Store, dont une filiale a été condamnée pour avoir embauché des étrangers en situation irrégulière.
La position du gouvernement devenait d’autant plus inconfortable que les deux principaux syndicats du patronat de l’hôtellerie-restauration, l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) et le Synhorcat (Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs) appellent depuis la semaine dernière à la régularisation des sans-papiers. Didier Chenet, président du Synhorcat, la souhaitant même «massive». Patron de Konex, entreprise de câblage informatique, Johann Le Goff a créé, de son côté, un «lobby» baptisé le Gers, Groupement des entreprises pour la régularisation de leurs salariés. Hier, ces patrons ont «demandé que des mesures rapides soient prises, car cette situation a de trop grandes répercussions sur leur économie».
L’homme a été ramené de force dans son pays en novembre dernier.
Depuis, la Confédération n’a eu aucune nouvelle.
Où est passé le requérant d’asile débouté et renvoyé en Libye en novembre dernier? Depuis que cet homme a été ramené de force dans son pays, l’Office fédéral des migrations (ODM) est sans nouvelle de lui. L’ODM a confirmé hier cette information de la Basler Zeitung.
L’homme affirmait que les autorités de Tripoli le surveillaient car son frère s’était lié d’amitié avec les islamistes. L’ODM avait refusé sa demande d’asile pour des raisons qu’il ne donne pas aujourd’hui. Cette décision avait été confirmée par la Commission de recours en matière d’asile.
Quels risques cet homme encourait- il en rentrant dans son pays? Brigitte Hauser-Süess, porte-parole de l’ODM, explique brièvement que son service a estimé «ce renvoi possible ». Depuis, contact a été pris avec la représentation suisse en Libye pour tenter d’en savoir davantage.
Malgré cette disparition, l’Office n’a pas l’intention de stopper d’éventuels rapatriements en direction de la Libye. «Nous n’agissons pas en fonction des pays, mais au cas par cas», explique Brigitte HauserSüess.
ATS
Les adolescents qui fréquentent le Centre d’animation et de rencontre de Renens sont pour la plupart inscrits dans une équipe de foot. Et hors du terrain, ils dribblent au baby-foot ou sur leur console.
A Renens (19 000 habitants), ça joue au foot, ça discute foot, ça ne vibre que pour le foot. Sur les places de jeu, en cour de récréation, sur les places ou les terrains de la ville. Et quand la nuit tombe, ça continue: les 10-20 ans s’excitent encore autour d’un baby-foot ou se défient sur pelouses virtuelles, derrière leur console de jeux vidéo.
Un phénomène populaire qui frise le cliché, dans cette ville aux 120 nationalités et à la population à majorité immigrée? Pas si sûr: trois quarts des garçons qui fréquentent le Centre d’animation et de rencontre (CRA) sont inscrits dans une équipe. Le FC Renens a 300 juniors dans ses rangs. Et l’hiver passé, lorsque la Municipalité a mis une salle multisport à la disposition des adolescents, 80% des réservations ont été effectuées par des teams de quartier, fans de ballon rond.
«Avant d’entrer en fonction, je n’étais pas un féru de foot. Depuis, j’ai vraiment dû m’y mettre», sourit Nicolas Perelyguine. Une révision de connaissances footballistiques indispensable au délégué jeunesse de Renens, s’il voulait tisser des contacts avec les jeunes et réussir à écouter leurs revendications afin de les soutenir dans leurs projets.
«Ici,ilyalehip-hop, le rap et le foot!» confirme de son côté Valeria Mainini Schenk, coordinatrice du CRA, qui doit souvent jouer d’astuce pour qu’ils fassent autre chose que de shooter dans un ballon. Comme cet atelier créatif qui attire du monde surtout lorsqu’il permet de préparer des maillots pour une prochaine compétition sportive.
Moyen de reconnaissance
Mais pourquoi un tel engouement? «C’est une discipline facile d’accès et bon marchée, qui est donc ouverte à toutes les couches sociales», avance sans hésitation Jean-Pierre Bonnet, président des juniors au club de la ville. Elle devient gage de reconnaissance lorsque la réussite est au rendezvous. «Certains jeunes manquent nettement de projet de vie, de rêves, d’investissement associatif, note Valeria Mainini Schenk. Dès qu’ils peuvent s’illustrer un peu dans le foot, ça les valorise aux yeux des autres.» Un sport peu cher, mais aussi apprécié fanatiquement à travers le monde entier. «A l’entraînement, on voit arriver parfois des étrangers qui débarquent tout juste en Suisse», témoigne Pino Vasquez, entraîneur au FC Renens qui réunit 60 nationalités différentes. «Le foot devient dès lors un excellent facteur d’intégration.» Et Jean-Pierre Bonnet d’expliquer: «A l’école, l’apprentissage de la langue, par exemple, est synonyme de travail. Sur un terrain, ça devient un jeu.»
Une seule identité
La compétition entre nations constitue, bien entendu, le ressort principal des grands championnats. Mais dans une même équipe locale et sur le terrain, plus questions de rivalités ethniques ou de fiertés nationalistes. L’espace d’un entraînement, l’Afrique redevient un seul continent. Et la préparation à un match suffit à permettre aux Balkans de se redécouvrir une alliance. «En jouant, les jeunes n’ont plus qu’une seule identité, celle du football, indépendamment de leur pays d’origine», observe Marta Pinto, déléguée à l’intégration dans l’ancienne cité ouvrière. Le sport remplit, alors, tout seul un rôle essentiel pour la cohésion entre suisses et étrangers.
Sans compter que le jeu devient souvent une école de vie pour les jeunes Renanais. A leur propre instigation, plusieurs groupes ont mis sur pied, l’an dernier, des tournois amicaux qui ont, à chaque fois, rencontré un impressionnant succès et réuni une centaine de joueurs et spectateurs. Nicolas Perelyguine: «Ils avaient une espèce de fierté à dire: «C’est notre tournoi. » Mais, surtout, ils assumaient entièrement l’organisation, veillant à la sécurité et aux règles de fairplay. Le football permet, là, de canaliser une énergie magnifiquement positive, tout en leur apprenant à défendre des valeurs importantes.»
Un article de Gérald Cordonier dans 24 Heures