lundi 10 novembre 2008

Requérants d'asile sans logis

VAUD. Les centres d'accueil vaudois sont proches de la saturation.

Marco Danesi
Lundi 10 novembre 2008


On avait presque oublié Bex. L'opération policière de la semaine passée contre des trafiquants de drogue rallume pourtant l'intérêt des médias pour la commune du Chablais vaudois. Comme en novembre 2006 lors d'une autre descente anti-dealers. Ou comme une année auparavant quand des émeutes avaient secoué la petite ville. Une expédition punitive contre un garagiste auteur de graffitis racistes à l'égard des requérants avait dégénéré en affrontement ouvert avec la police. 

L'émigration clandestine bat des records en Méditerranée

La population de boat people s’accroît entre l’Afrique et l’Europe. Les femmes et les enfants sont de plus en plus nombreux. Un article de Jean-François Verdonnet dans 24 Heures.

30'000 boat people on débarqué sur les côtes italiennes depuis début 2008Ce week-end encore, trois embarcations ont été in­terceptées par les garde­-côtes italiens, au sud de l’Italie, près de l’île de Lampedusa. A leur bord, plus de 300 clandes­tins. D’une semaine à l’autre, les communiqués ne varient guère. Mardi passé, 232 personnes étaient secourues, toujours au large de Lampedusa.
Sur la petite île sicilienne, l’opération n’a plus rien d’extra­ordinaire. Depuis le début de l’année, indiquait mercredi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), près de 30 000 boat people ont débarqué sur les côtes italien­nes – dix mille de plus que pour toute l’année 2007.
Ailleurs, sur les rivages euro­péens de la Méditerranée, la tendance n’est pas différente. En Espagne, en Grèce, à Malte, les douanes enregistrent la même augmentation sensible des arrivées.
Plus nombreux sont aussi ceux qui n’arriveront jamais. Se­lon le porte-parole du HCR, Ron Redmond, le nombre de morts ou de personnes portées disparues en 2008 dépasse déjà les chiffres de l’année précé­dente pour Malte et l’Italie: 509 naufragés au cours des dix der­niers mois, contre 471 en 2007.
Voies dangereuses

Et il n’a rien dit de ces mil­liers de migrants morts de faim et de soif, égarés sur les pistes des déserts, sans nom, sans pa­piers, perdus avant même de se risquer sur la mer: la fermeture des frontières pousse les immi­grés à choisir les voies les plus dangereuses, commente Jemini Pandya, porte-parole de l' Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Elle fait aussi l’affaire des trafiquants, qui savent mon­nayer leurs services, corrompre ou contourner les polices, et s’adapter à la politique défen­sive des gouvernements occi­dentaux. Sur l’échelle des indus­tries criminelles, les dividendes de l’émigration irrégulière s’ins­crivent en bonne place, juste derrière l’économie de la dro­gue et les trafics d’armes.
Sur la durée, les itinéraires se font souvent plus longs et plus complexes. Des routes s’ouvrent à l’est. Si l’Italie reste la destina­tion la plus fréquente, la Grèce et les îles de la mer Egée exer­cent dorénavant une forte at­traction sur les candidats à l’émigration. De même, les points de départ se déplacent et se multiplient, du nord à l’ouest de l’Afrique, du Maroc à la Mauritanie, et de la Mauritanie au Sénégal, au Cap Vert, à la Guinée… Les origines des clan­destins s’élargissent aussi à tou­tes les régions du continent africain. A Lampedusa, les So­maliens, les Erythréens et les Ghanéens croisent des exilés issus de territoires plus pro­ches, du Maroc, de Tunisie et d’Algérie. Les plus nombreux sont les Nigérians, précise Je­mini Pandya. Ils étaient 780 en 2007; ils seraient plus de 5300 depuis le mois de janvier. Et, avec eux, de nombreuses fem­mes, sans doute vouées pour la plupart d’entre elles à la prosti­tution. Les embarcations de for­tune comprennent ainsi «de plus en plus de femmes et de mineurs non accompagnés», ajoute Jemini Pandya.
Terrible traversée

D’autres drames se jouent ailleurs. Le HCR a rappelé cette semaine la crise humanitaire en cours dans le golf d’Aden: des milliers de personnes – 38 000 depuis le début de l’année – fuient les conflits de Somalie et entreprennent la traversée vers le Yémen. Des centaines d’entre elles ont disparu. Près de 600 se sont noyées en cours de route.