Un courrier de lecteur en réponse à cet article paru dans le Temps le 7 juillet dernier
Christophe Tafelmacher, SOS Asile Vaud, En 4 ans on prend racine, Coordination asile Vaud; Irène Schmidlin, SOS Asile Vaud, Association des femmes kosovares isolées; Rosanna Mazzi, Association des femmes kosovares isolées, Coordination asile Vaud.
Lundi 7 août 2006
L'article Les «523», une histoire vaudoise (Le Temps du 7 juillet) appelle de notre part un certain nombre d'observations. D'une façon générale, François Modoux présente l'histoire comme la résultante des seuls actes et états d'âme des autorités. Il oublie les nombreuses actions des mouvements formés par les personnes concernées. Il a fallu par exemple que neuf personnes originaires du Kosovo prennent refuge pendant quatre mois sous l'égide du mouvement «En 4 ans on prend racine» en 2001 pour que s'ouvrent des négociations avec Claude Ruey. De même, il a fallu des lettres, pétitions et manifestations pour alerter le gouvernement vaudois sur l'impossible retour des Bosniaques ou des femmes kosovares isolées. Il fait gravement erreur lorsqu'il prétend que la plupart des groupes de soutien, dans le «dialogue ouvert par Pierre Chiffelle», auraient «admis au moins implicitement» un certain nombre de renvois! La réalité est tout autre: lors des entrevues avec les représentant-e-s du département, auxquelles l'un des soussigné-e-s a personnellement participé, il a été régulièrement répété que les personnes concernées ne pouvaient pas envisager un retour et qu'elles lutteraient jusqu'à la régularisation de toutes et tous.
Le journaliste oppose les groupes de soutien et la Coordination asile en les décrivant comme des entités séparées. Or, la Coordination asile a précisément été créée par les associations des réfugié-e-s: En 4 ans on prend racine, Association des survivants de la Drina-Srebrenica, Association des femmes kosovares isolées. L'opposition insinuée dans l'article ne correspond pas à la réalité.
Le journaliste prétend que, le Vaudois étant foncièrement gentil, son gouvernement n'a jamais entrepris de coup de force contre le groupe dit des 523. Là encore, il ignore un certain nombre de faits révélant une forme de violence d'Etat. Signalons par exemple la directive d'août 2004 qui prévoyait l'arrestation furtive de personnes sur leurs lieux de travail ou de vie aux aurores et leur expulsion manu militari; la mise en détention administrative de plusieurs dizaines de personnes, parfois pendant des mois, sans égard à leur situation de famille ou de santé; le transport de personnes détenues administrativement pieds et mains menottés; le harcèlement continuel visant à faire accepter coûte que coûte un «retour volontaire». Ces faits sont notoires, vous ne pouvez les ignorer. Pour nous, cette mobilisation autour des réfugié-e-s débouté-e-s montre la faillite d'une politique suisse d'asile orientée sur l'expulsion plutôt que sur la protection. La Coordination asile l'a rendue visible, ce qui a soulevé un large mouvement de solidarité dans la population et dans les institutions.