mercredi 28 décembre 2005

Daniel Bolomey engage un dur combat


Dans la revue Coopération, George Plomb tresse des lauriers à Daniel Bolomey:
Daniel Bolomey - secrétaire général d'Amnesty International - a du courage. Avec d'autres, il lance le référendum contre le durcissement des lois fédérales sur l'asile et les étrangers. Plusieurs comités - où se retrouvent des oeuvres d'entraide, des milieux religieux et des partis de centre-gauche - montent au front.
Ce qui choque Bolomey et les siens, c'est la menace de non-entrée en matière qui pèse sur les requérants d'asile ne fournissant pas de papiers d'identité dans les quarante-huit heures. Or, les deux tiers des réfugiés admis en Suisse sont arrivés sans rien. C'est normal.
Dans les régimes répressifs, les personnes persécutées sont souvent privées de papiers par les autorités. Ailleurs, les requérants, fuyant leur pays dans la précipitation, n'ont pas le temps de se procurer des pièces d'identité. Parfois, des passeurs les subtilisent. Les femmes et les enfants issus de sociétés patriarcales - où seul l'homme détient les papiers de la famille - sont aussi très exposés. Certes, le projet entrouvre une porte pour ces cas de rigueur.
Mais Bolomey et ses alliés en redoutent une application restrictive. Quant à la loi sur les étrangers, ils lui reprochent de traiter les requérants comme des criminels (en prolongeant la détention en vue du refoulement), de mal protéger les personnes victimes de violence.
A coup sûr, Daniel Bolomey et les siens réuniront les 50000 signatures qu'il faut. Mais, le plus dur, ce sera de gagner les votations. Depuis vingt ans, les projets officiels de durcissement du droit d'asile et des étrangers sont régulièrement ratifiés par le peuple (on le vérifie en 1987, en 1994, en 1999). Les cantons y sont même généralement unanimes. Dans ce pays, il n'y a pas de combat plus difficile.

Brélaz déçu de la réponse de Blocher

Julien Pidoux dans une brève publiée par 24heures, revient sur la réponse du CF aux inquiétudes de la ville de Lausanne quant à la révision de la loi sur l'asile.
Suite à une requête des élus, la Municipalité de la capitale vau­doise s’était adressée au Dépar­tement fédéral de justice et po­lice pour faire part d‘inquiétudes liées à la révision de la loi sur l’asile. Elle craint que la suppres­sion de l’aide aux demandeurs d’asile déboutés ne les con­traigne à affluer vers les villes.

Les propos de Christoph Blo­cher ne sont pas pour rassurer les élus lausannois. Dans sa ré­ponse aux autorités, le chef du Département fédéral de justice et police n’apporte guère de solutions à leurs préoccupa­tions, évoquées dans le cadre de la révision de la loi sur l’asile.
S’appuyant sur son expé­rience dans l’accueil des person­nes faisant l’objet d’une déci­sion exécutoire de non-entrée en matière (NEM), Lausanne craint que la suppression de toute aide aux demandeurs d’asile déboutés entraîne égale­ment une concentration de mi­grants en situation irrégulière dans les grandes localités, ainsi qu’une augmentation des char­ges des instances qui doivent délivrer les prestations minima-l­es.
Christoph Blocher explique pour sa part que «cette préoccu­pation avait déjà été évoquée avant l’entrée en vigueur des non-entrées en matière pour les requérants d’asile. A ce titre, il faut relever que le monitoring effectué dans le cadre des NEM ne confirme pas la catastrophe redoutée par les villes suisses en matière de coût et de crimina­­lité. » De son côté, si le syndic lausannois Daniel Brélaz n’est pas surpris du discours tenu par Conseiller fédéral, il ne cache pas une certaine déception: «Je suis de ceux qui pensent qu’il faut croire aux miracles, mais cela dépend encore lesquels.» Rappelons que les Chambres fédérales n’ont pas retenu la proposition d’une phase transi­toire de trois ans, au terme de laquelle le forfait unique de 5000 francs par personne dé­boutée aurait été versé aux can­tons. En rejetant cette option, les parlementaires ont décidé d’étendre la suppression prévue à tous les requérants d’asile dé­boutés, y compris les individus dont la décision est entrée en force avant l’adoption de la loi. Ils ont opté pour une accéléra­tion du processus et décidé que le versement d’un forfait unique de 15 000 francs pour les an­ciens cas était suffisant. Un réfé­rendum national a été lancé.

Lancement de la récolte de signatures contre la Loi sur l'asile

La récolte des signatures pour les deux referendums contre la Loi fédérale sur l'asile révisée (LAsi) et la nouvelle Loi sur les étrangers (LEtr) a commencé. La gauche et des dizaines d'oeuvres d'entraide et les Eglises ont jusqu'au 6 avril pour réunir les 50'000 paraphes nécessaires.
La commission Justice et Paix de la conférence des évêques suisses, l'Entraide protestante Suisse / EPER, l'Association des Centres Sociaux Protestants / CSP, la Fédération suisse des femmes protestantes FSFP et la Ligue suisse des femmes catholiques, Caritas-Suisse, l'OSAR, Terre des Hommes, Amnesty Section suisse s'opposent au durcissement de la Loi sur l'asile.
Lire la dépêche de l'agence KIPA-APIC