mardi 22 mai 2007

L'islam ne doit pas être diabolisé à des fins électorales

Lire les réactions des lecteurs de 24heures au sondage du jour:

Une écrasante majorité désapprouve le nouveau cheval de bataille de la droite populiste.
Non, pas du tout. A mon avis, ceux qui veulent utiliser ce thème sont des malveillants qui n’ont pas de projets. Alors, ils font tout pour semer la zizanie au sein d’une commu­nauté qui vit sereinement dans une belle démocratie.
BOUCHRA CHERKAOUI
BOUDRY (NE)

L’islam m’intéresse en tant qu’il est la religion d’une mul­titude de personnes dont je ne peux ni ne veux ignorer la foi, le comportement et les souf­frances. Il m’inquiète soit par les violences que pratiquent certains groupes, soit par certaines affirmations du Coran qui nient le coeur de la foi chrétienne: la mort en croix de Jésus. Enlevez le message de la croix du Nouveau Testa­ment, il ne reste qu’une morale sans vie. Or je désire que la vie circule dans les membres et les artères de mon pays.
PIERRE MORIER-GENOUD
LES MOULINS

L’instrumentalisation de la part de l’UDC est honteuse pour notre pays et nos valeurs. J’espère que nos concitoyens ne tomberont pas dans le piège. Je compte sur les mé­dias pour sans cesse informer le public afin de remettre ce parti raciste en face de ses responsabilités. On ne peut pas (plus) se laisser manipuler sans réagir.
MICHEL FARINE
ÉCUBLENS

L’islam n’a pas sa place dans la politique de ce pays. Depuis quand le christianisme, le judaïsme, l’hindouisme font-ils de la politique ici? Ne laissez pas, sous des prétextes falla­cieux tels que la construction ou non de mosquées supplé­mentaires et de minarets, entrer l’islam en campagne pour les élections. Ne savez­vous pas que les intégristes islamistes considèrent leur religion comme «bien plus qu’une religion»? C’est aussi leur politique!
STÉPHANE COECKELENBERGH
PRILLY

Suisse, terre d’accueil et d’ignorance? La peur de cer­tains de nos dirigeants nous pousse à l’intolérance et à la crainte. Notre vieille devise est «Y en a point comme nous», alors innovons sans peur dans l’acceptation de l’autre.
ANNETTE MANZONI
MORGES

Nous sommes arrivés au point où une décision est nécessaire concernant l’attitude à avoir avec les habitants - nationaux ou non - musulmans. Il faut savoir quels sont les intermé­diaires entre eux et nous, et quelles limitations nous fixons à une ingérence religieuse dans l’Etat. Les Suisses ne peuvent pas eux-mêmes définir qui sont les intermédiaires avec les musulmans et encore moins utiliser le manque d’unicité pour les décrédibiliser. En revanche, au moment où le peuple saura les positions de la majorité des musulmans, il pourra donner son opinion.
DAMIEN HOTTELIER
ÉCUBLENS

Il y a des sujets plus impor­tants à débattre, surtout que l’islam est une carte jouée par les partis d’extrême droite pour récolter les voix de ceux qui ont des tendances xéno­phobes. Je propose à la droite de parler, par exemple, de la famille, la fiscalité, la mobilité.
ZAKARIA RAJI
NEUCHÂTEL

Je ne crois pas à un retour en arrière sous l’influence de l’islam. Ce retour que l’UDC nous présente comme un danger pour notre démocratie est impossible car tout indi­vidu, homme ou (surtout) femme, sait que nos institu­tions protègent la liberté indi­viduelle. Ma plus grande crainte est que l’UDC nous fasse tomber de Charybde en Scylla, que sous prétexte de préserver nos libertés, elle nous impose des contraintes supplémentaires.
DIDIER BAUDOIS
ATTALENS (FR
)
L’islam est une religion, il en existe beaucoup d’autres. Notre pays étant laïc, cette religion n’est en rien concernée par les élections, même s’ilyades extrémistes élus qui serviront à rééquilibrer l’extrême laxisme de tant d’autres.
ROBERT BRAND
GRANDVAUX

Le choc des civilisations passe peut-être par l’islam; mais ce n’est pas nécessaire qu’à chaque campagne électorale certaines formations politiques diabolisent cette religion.
Cette manière d’agir manque particulièrement de civisme et a l’art de compliquer l’intégration en stigmatisant ainsi une partie de la popu­lation.
JEAN-FRANÇOIS CHAPPUIS
MOUDON

L’islam a sa place en tant que sujet d’actualité, ni plus ni moins. On pourrait ajouter: «Le prophète a dit…», mais il ne faut pas mélanger sport, politique et religion!
RICHARD OTTH
BERNE

Dans un monde tolérant et ouvert, on ne poserait même pas la question.
Malheureusement, on en est encore loin.
CORINNE VUITEL
NEUCHÂTEl

Adem , Bassin n'a pas menti à l'Etat

Lire l'article d'Yves Merz dans 24heures
Réagissant aux propos de Jean-Claude Mermoud relatifs au renvoi de l’employé communal kosovar, le syndic Didier Lohri lui renvoie la balle.
D’un côté, une commune qui em­ploie un Kosovar sans papiers depuis six ans. De l’autre, l’admi­nistration du canton de Vaud qui décide d’expulser ce clandestin le 31 mai prochain. Le conseiller d’Etat reproche au syndic de lui «avoir donné de faux espoirs». Le syndic rétorque que «le canton a laissé pourrir la situation…» En 2001, Adem Salihi, qui a vu sa demande d’asile refusée en 1997, travaille pour un agri­culteur. Il est déjà connu dans le coin, a une carte AVS et un permis de conduire en règle, mais pas de permis de séjour.
«Nous l’avons engagé pour remplacer notre employé com­munal qui s’était blessé, expli­que le syndic Didier Lohri. C’est le paysan qui nous facturait ses heures. Lorsque nous l’avons engagé à temps complet, nous avons immédiatement signalé sa situation au Service de la population (SPOP). Nous n’avons jamais transgressé la loi et n’avons jamais menti.» Et de poursuivre: «Nous ba­sant sur la circulaire Metzler, nous avons toujours pensé que le cas d’Adem avait des chances
ALAIN ROUÈCHE
d’être régularisé. En cinq ans de procédures, jamais les services de l’Etat n’ont rencontré Adem Salihi ni la Municipalité. Plus grave, nous n’avons jamais reçu de remise à l’ordre.» Le conseiller d’Etat Jean­Claude Mermoud ne voit pas les choses du même oeil: «Tout employeur qui fait travailler un clandestin est en faute. Si l’em­ployeur est une commune, c’est encore moins acceptable. Le syndic de Bassins le sait bien.»
Les autorités sur place
Cela dit, l’attitude de la com­mune a-t-elle un lien de causalité avec l’expulsion? «Aucun, répond Jean-Claude Mermoud. Le cas est réglé. Comment justifier que cette personne soit intégrée alors que sa famille est au Kosovo?» Quant à la question de savoir pourquoi les services de l’Etat n’ont jamais rencontré Adem Sa­lihi, Jean-Claude Mermoud ré­pond qu’il s’agit de la pratique régulière et qu’il n’y a pas besoin de rencontrer les nombreux cas concernés pour étudier minu­tieusement leur situation.
Le syndic de Bassins a dû se faire une raison. «Le 31 mai, Adem ne travaillera plus à la commune. Début juin, nous nous rendrons au Kosovo pour faciliter sa réintégration. Si on ne fait pas ça, il reviendra en Suisse le lendemain de son ex­pulsion

Elections pestilentielles

Lire l'éditorial de Didier Estoppey dans courrier

La gauche ne fait pas face à ses responsabilités

Ce qui effraie particulièrement cette observatrice, c'est le silence presque total des intellectuels face au «national-populisme» de l'UDC. «Ceux qui s'étaient battus contre les lois sur l'asile et les étrangers semblent aujourd'hui totalement désarmés. Il est pourtant possible de démonter rationnellement les discours xénophobes et islamophobes. La mécanique mise en place par l'UDC est connue, des politologues comme Pierre-André Taguieff[1] l'ont démontée en montrant toutes les recettes: on élit un peuple fantasmé, puis on supprime tout lien entre le peuple et le chef. L'UDC nous mène vers une forme de dérive autoritaire soft en maniant populisme et hyperdémocratie. Dans un système politique comme le nôtre, cela permet de pervertir la démocratie directe par une multiplication d'initiatives par lesquelles on vide l'état de droit de sa substance.»
Mme Sambuc est ainsi frappée par la faiblesse des réactions à des propositions de l'UDC qui devraient pourtant soulever l'indignation. Ainsi avec celle visant à créer un droit d'exception permettant d'expulser collectivement toute la famille d'un mineur délinquant. «On prétend répondre à des délits par une injustice encore plus grande, on crée des amalgames entre nationalité et délinquance, et on accentue ainsi des différences fantasmées. A ce rythme, on finira vite par réduire à néant les libertés fondamentales que nous avons péniblement conquises et même renforcées depuis une génération grâce à la mise en oeuvre de la Convention européenne des droits de l'homme.»
L'exemple de l'expulsion est d'ailleurs loin d'être innocent. «On veut expulser ce qui n'est pas pur. Ce qui nous ramène à Nicolas Sarkozy et à son Kärcher... On induit que la Suisse est entachée d'impuretés, de déchets qu'il faut nettoyer. Tout l'argumentaire de l'UDC sur les naturalisations vient d'ailleurs jouer les purs contre les métissés. Et en rendant toute une famille responsable d'un crime, on suggère que c'est toute une communauté qui est responsable des faits et gestes des siens. Aujourd'hui, ce sont les musulmans qui sont pris en otages par cette logique implacable, comme le furent les juifs.»
Mais Mme Sambuc prévient: les étrangers ne sont que des «cas tests» pour la population indigène. «Ce que vise à terme l'UDC, c'est d'être de plus en plus dure avec les faibles et de plus en plus large avec les forts. On nous prépare à accepter toujours plus de restrictions aux libertés fondamentales. Et l'UDC sait masquer son idéologie par un style faisant diversion, se saisissant du moindre fait divers et jouant sur les peurs pour tenir l'électeur en haleine.»
Un style qui laisse les autres partis «groggy», analyse Mme Sambuc. Le centre-droite continue ainsi à chercher des alliances et un consensus avec l'UDC. «Mais on ne peut manger avec le diable sans être contaminé! Dans tous les partis, on ne parle que tactique électorale. Mais les objectifs visés, les valeurs fondamentales sont absentes du discours politique.»
Un constat qui vaut aussi pour la gauche. Mme Sambuc avoue ainsi son «malaise» à l'égard du type de contrat d'intégration qu'a décidé de soutenir le Parti socialiste suisse. «Les socialistes me semblent jouer avec le feu. L'intégration ne se décrète pas. Ainsi, on doit se demander si imposer la fréquentation des cours de langues n'est pas contre-productif: dès qu'on évoque la contrainte, on écarte la dimension du désir de s'intégrer chez l'individu. De plus, je doute que le PS capte ainsi un électorat qui n'est pas attaché à ça. Les tenants des libertés doivent rester clairs sur ce qu'ils veulent défendre. Là, le message est pour le moins brouillé.»
Mais il y a plus grave aux yeux de notre interlocutrice: «La gauche peine à jouer son rôle d'opposition face à l'UDC et aux abus intolérables de son discours. Est-elle trop timide, n'a-t-elle pas pleinement pris conscience de la gravité de la situation? Je m'interroge. Mais je constate qu'elle est tentée, surtout en période électorale, d'esquiver ses responsabilités, en ne posant pas les questions de société fondamentales auxquelles nous confrontent les dérives provoquées par l'UDC.»

Le minaret qui cache la forêt

Lisez absolument cette analyse de Didier Estoppey qui dans le Courrier décortique la stratégie de l'UDC depuis 2 ans...

Car tout comme elle avait su provoquer en 2003 l'élection de son conseiller fédéral fétiche en imposant sa candidature dès le soir des élections fédérales, l'UDC a su faire des questions migratoires le thème incontournable des fédérales de 2007. En faisant preuve, une nouvelle fois, d'une belle capacité d'anticipation et d'exploitation de la moindre fenêtre médiatique. Et sans hésiter à faire feu de tout bois.


Tout démarre à Rhäzüns

C'est ainsi que, début septembre, Christoph Blocher a su donner une audience internationale à un fait divers qui venait de secouer la Suisse: le viol d'une fillette de cinq ans par deux préadolescents à Rhäzüns, dans les Grisons. En dévoilant l'origine balkanique des deux garçons, le conseiller fédéral relançait un débat qui n'a eu de cesse, depuis lors, d'agiter la classe politico-médiatique: faut-il ou non publier la nationalité des criminels?
Un mois plus tard, le conseiller fédéral, alors en visite officielle en Turquie, dégoupillait une autre grenade en s'attaquant publiquement à la norme pénale antiraciste. Un autre débat public était lancé, ouvrant l'opportunité, pour l'UDC, de se poser en défenseur de la liberté d'expression. Et de remettre en cause une «loi-muselière» utilisée contre les «petites gens». «C'est à tel point que, par exemple, des personnes participant à des soirées de parents à l'école n'osent même pas évoquer les problèmes posés par les fortes proportions d'étrangers dans les classes de crainte de s'entendre accusées de racisme», préviennent les défenseurs d'un peuple qui avait pourtant souverainement accepté ladite loi[1].
Le parler vrai d'un côté, les velléités de censure des ennemis du peuple de l'autre: Christoph Blocher a su poser les jalons. Reste à labourer les terres. L'UDC s'y emploie avec une belle régularité, dont on peut retrouver la trace sur son site internet. Depuis l'automne dernier, il ne se passe pas une semaine ou presque sans qu'un communiqué du parti au titre évocateur ne vienne remettre la pression: «Halte à la brutalité et la violence des jeunes», «Les conséquences d'une politique des étrangers erronée», «L'UDC exige un durcissement drastique des peines», «Meilleure protection contre la violence et les délinquants sexuels», «La violence n'est pas le fait du hasard», «Violence chez les jeunes: tolérance zéro», «Stopper la violence», «Encore trois fillettes violées»...


L'asile n'est plus un problème

Curieusement, par contre, les affaires impliquant des dealers africains ont pratiquement disparu du discours de l'UDC. Depuis un certain 24 septembre et la mise à disposition de Christoph Blocher des outils qu'il exigeait, c'est comme si les requérants avaient disparu de la circulation. Il y a un an, l'UDC menait campagne contre les abus alors que le nombre de nouvelles demandes d'asile n'avait jamais été aussi bas. Aujourd'hui, elle omet de s'alarmer du fait que les demandes d'asile ont fait, entre le premier trimestre 2006 et le premier trimestre 2007, un bond de 23%, et que la nouvelle loi n'a visiblement pas les effets dissuasifs escomptés...
Mais ça marche, la presse sachant visiblement s'intéresser aux problèmes auxquels prétend s'attaquer l'UDC. Depuis quelques mois, la thématique de l'asile et de ses abus se fait nettement plus discrète dans les médias. Le moindre fait divers impliquant de jeunes étrangers semble par contre digne d'un débat télévisé.


Onze interventions sous le sapin

Veillant à alimenter la chronique, l'UDC n'oublie pas pour autant la politique. Fin 2006, en guise de cadeau de Noël, elle déposait ainsi à Berne onze interventions parlementaires visant à «améliorer la sécurité en Suisse[2]». Parmi les mesures destinées à alimenter le débat: réintroduction des mesures d'expulsion dans le Code pénal, imposition du régime légal suisse «aux étrangers provenant d'autres cercles culturels», retrait de l'autorisation de séjour aux «personnes qui refusent de s'intégrer», expulsion des parents d'enfants étrangers ayant commis un acte pénal, réduction des prestations sociales en faveur des délinquants étrangers, durcissement du droit pénal concernant les viols, refus de naturalisation pour toute personne en procédure pénale et enfin, last but not least, retrait de la nationalité suisse à tout naturalisé fauteur de troubles...
Un véritable tir en rafales, propre à nourrir le débat politique des amalgames dont est si friande l'UDC, comme en attestent ses communiqués de presse. «Criminalité des jeunes égale surtout criminalité des étrangers[3]», proclame-t-elle ainsi. Et tant pis si les preuves statistiques manquent de consistance: si on trouve aussi des Suisses parmi les criminels, c'est qu'on naturalise à tour de bras, assène l'UDC. «Nous naturalisons aussi la violence[4]», dénonce son éditorialiste en commentant l'affaire d'un homme ayant tiré dans la foule à Baden. Un homme en apparence bien sous tous rapports, Suisse et employé de banque. Mais d'origine irakienne. Et l'UDC de poser la question: «Le seuil de passage à la violence est-il plus bas pour des étrangers apparemment bien intégrés –surtout s'ils proviennent du milieu culturel musulman– même après de nombreuses années passées en Suisse?»
Bon sang mais c'est bien sûr: la criminalité relève de la génétique. Cela fait d'ailleurs des mois que l'UDC le martèle: «Les violeurs de Steffisburg, Rhäzüns et Zurich (...) sont tous, sans exception aucune, des jeunes étrangers ou des jeunes Suisses récemment naturalisés.»[5] «C'est terrifiant, relève Olivier Guéniat, chef de la Sûreté neuchâteloise et auteur d'un récent ouvrage sur la délinquance des jeunes (lire notre édition du 3 mai). En stigmatisant les deux jeunes violeurs de Rhäzüns, Christoph Blocher a donné corps à l'impression que tous les violeurs sont des requérants en provenance des Balkans. Or en 2005, on a compté en Suisse 132 actes de contrainte sexuelle imputés à des Confédérés, contre 42 à des étrangers et trois à des requérants.»


La gauche, cet ennemi du peuple

Mais l'UDC n'en a cure: «Des fillettes suisses sont violées par des étrangers et des naturalisés.» Et ces fillettes «sont les symboles vivants de l'échec de la politique d'intégration voulue par le camp rouge-vert.»[6]. La gauche a beau rester hyper minoritaire au plan fédéral: l'UDC a décidé, en cette année électorale, de la rendre coupable de tous les maux, que ce soit la hausse constante des impôts ou la progression de la criminalité[7].
Une gauche qui n'hésite pas à fomenter un «complot contre le peuple[8]», en soutenant les délinquants violents par les bâtons qu'elle met dans les roues de l'internement à vie des délinquants sexuels dangereux, conformément à l'initiative acceptée en votation populaire en février 2004.
Une initiative qui, une fois n'est pas coutume, n'émanait pas de l'UDC. Mais le parti ne manque pas de munitions. Son initiative en faveur du maintien des naturalisations par les urnes sans possibilité de recours est en phase d'examen au parlement. Une autre, encore en projet et demandant l'expulsion des étrangers délinquants et l'expulsion des «naturalisés criminels», sera soumise aux délégués de l'UDC le 30 juin, en même temps que celle sur les minarets. Enfin, le débat sur les contrats d'intégration prévus par la nouvelle loi sur les étrangers domine la campagne. Un terrain idéal pour utiliser chaque fait divers comme carburant, et pour contraindre les autres partis à livrer bataille sur le même thème. Ce qui permet au final de faire monter les enchères, comme on l'a vu avec les nouvelles lois sur l'asile et les étrangers...


Les statistiques, ça se tord

Les médias ne manquent pas, eux non plus, d'entrer dans la danse. Lorsque le même fait divers fait l'objet de plusieurs dizaines d'articles dans la presse, on a l'impression qu'il s'est produit des dizaines de fois, observe Olivier Guéniat. «Or si les actes les plus violents sont en effet en légère hausse chez les jeunes, on assiste globalement à une décontraction de la criminalité. Tous les indicateurs sont au vert. Il n'y a aucune raison de paniquer.»
Un discours qui peine pourtant à pénétrer les esprits... La classe politique semble impuissante à démonter les manipulations de l'UDC. «Le problème est que la Suisse ne dispose pas de chiffres unifiés, observe Olivier Guéniat, les statistiques cantonales sont disparates et se prêtent à toutes les interprétations et manipulations politiques.» Le fait, notamment, que les nombreux petits malandrins ne résidant pas en Suisse viennent gonfler la statistique des criminels étrangers pose problème. Le criminologue espère que les statistiques unifiées prévues à l'horizon 2010 avec le nouveau Code pénal faciliteront une vue plus objective. «Mais en attendant, c'est vrai que les discours alarmistes disposent d'un relais politico-médiatique très puissant. Seuls ceux qui crient le plus fort se font entendre...»

Note : [1]Communiqué de presse de l'UDC du 6 octobre 2006.
[2]Service de presse de l'UDC du 14 décembre 2006.
[3]Communiqué de l'UDC du 23 mai 2006.
[4]Editorial de Roman S. Jäggi, 16 avril 2007.
[5]Communiqué de l'UDC du 20 novembre 2006.
[6]Editorial de Roman S. Jäggi, 18 décembre 2006.
[7]Communiqué de l'UDC du 20 novembre 2006.
[8]Communiqué de l'UDC du 7 mars 2007.

Xénophobie: Comment l'UDC dicte le rythme.

Lire l'article de Diidier Estoppey dans courrier
Christoph Blocher a beau avoir remporté, le 24 septembre dernier, une victoire censée régler le problème, la question des étrangers continue à dominer la campagne électorale. Face à une UDC passée maîtresse dans l'art d'imposer son agenda, la gauche peine toujours à trouver ses réponses.
L'image ne manquera pas de frapper les esprits: un drapeau suisse transpercé par un minaret. Dévoilée début mai, l'affiche vient en rappeler une autre tout aussi nauséabonde, placardée sur nos murs il y a cinq ans: celle représentant un homme basané déchirant le même drapeau en entrant par effraction dans l'emblème de la patrie. L'UDC militait alors pour son initiative combattant les abus en matière d'asile, rejetée de justesse le 24 novembre 2002.
Une défaite qui sonne aujourd'hui comme une victoire retentissante: l'UDC a obtenu, le 24 septembre dernier, pleine satisfaction avec deux lois sur l'asile et les étrangers qui vont bien plus loin que son initiative de 2002. Le parti blochérien s'en félicitait d'ailleurs, avant même le résultat de la votation référendaire, en saluant ces deux lois comme un «succès qui était encore impensable avant les dernières élections». Et saluait le succès d'un long travail politique entrepris en 1978, lorsque l'UDC déposait sa première intervention en matière de politique d'asile.
Mais l'UDC continue à avoir de la suite dans les idées. Au lendemain de ce fameux 24 septembre son porte-parole national, Roman S. Jäggi, annonçait que son parti n'allait pas se contenter de cette «victoire d'étape sur la voie de l'assainissement de la politique des étrangers». Et annonçait le menu des combats à venir: s'attaquer aux «nombre excessif de naturalisations», imposer nos «règles de vie en société» à des musulmans témoignant «quasi quotidiennement» de «divergences insurmontables» avec «notre mode de vie démocratique et chrétien». Et s'intéresser, évidemment, à ces «demandes de construire des minarets (qui) se multiplient comme les champignons après la pluie ces jours-ci»[1].


Des mycologues attentionnés


Les minarets, justement. Ceux qui font depuis peu l'objet de cette initiative dont feint aujourd'hui de s'émouvoir une partie du monde politique. Mais qui font, depuis l'automne dernier, l'objet d'une attention particulière des mycologues de l'UDC. Pas de quoi faire déborder leur panier: les projets de minarets qui semblent subitement, par leur volonté de domination, menacer la paix religieuse en Suisse sont au nombre de trois, à Wil (Saint-Gall), Wangen (Soleure) et Langenthal (Berne). Ils sont l'objet depuis de longs mois déjà de polémiques souvent alimentées par des élus locaux de l'UDC. Le 6 septembre, anticipant l'après-24, le parti tenait une réunion afin de «coordonner les efforts» de ces élus. Parmi les participants, un certain Roman S Jäggi, député soleurois, ainsi que le conseiller national zurichois Ulrich Schlüer, devenu depuis lors chef de file du comité d'initiative anti-minaret.
Deux précautions valant mieux qu'une, des élus udécistes déposaient parallèlement des interventions parlementaires visant à interdire les minarets à Zurich et au Tessin, quand bien même aucun nouveau projet concret n'existe dans ces cantons. Mais l'UDC reste bien sûr un parti démocratique: ce n'est qu'en juin, à l'issue de son assemblée des délégués, qu'on saura vraiment si elle soutient une initiative qui provoque quelques hésitations dans ses rangs. Le cas échéant, on viendra nous rappeler que l'UDC n'a rien contre les musulmans ni contre les mosquées, ne s'attaquant qu'à leurs excès.


Emeutes, censure et terrorisme

Ce n'est bien sûr que pur hasard si, en septembre dernier aussi, lors de la session de Flims, le groupe UDC, mêlant habilement affaire des caricatures danoises, conflit au Proche-Orient, émeutes dans les banlieues françaises et attentats terroristes musulmans, intervenait auprès du Conseil fédéral pour lui demander ce qu'il compte entreprendre «quant à la sauvegarde des valeurs fondamentales démocratiques et chrétiennes en Suisse». Et il serait évidemment malvenu de prêter aux caciques de l'UDC quelque influence que ce soit dans la surenchère à laquelle se livrent d'ores et déjà certains milieux d'extrême droite. A l'image des jeunesses identitaires de Genève, qui arborent fièrement ce nouveau slogan sur leur site: «Pas de minarets? PAS DE MOSQUEES!» I
Note : [1]Lire l'éditorial du 25 septembre 2006.
[2]Lire le communiqué de presse de l'UDC du 19 septembre 2006.

A chacun sa façon de soutenir Adem Salihi

Lire l'article du journal La Côte

Jean-Claude Mermoud est prêt à rencontrer demain Adem Salihi pour lui dire de quitter la Suisse au plus vite. Serge Melly qui a défendu une motion «antirenvois» va envoyer une lettre ouverte au Conseiller d'Etat