samedi 2 décembre 2006

Genève, aide d'urgence pour les ENEM, la coalition asile satisfaite

Lire l'article du Courrier
L'aide d'urgence fournie aux requérants d'asile frappés de non entrée en matière (NEM) pourra également être attribuée en espèces.

«Ce ne sont pas des Nem (requérants à l'asile frappés de non-entrée en matière, ndlr) mais nos frères en humanité», dixit Anne Emery-Torracinta, députée socialiste. Le Grand Conseil genevois a voté jeudi tard dans la soirée une modification de la loi sur l'assistance publique qui donne une base légale à l'aide que le canton met à disposition de ces personnes sans véritable statut. A la base de cette loi, un arrêt du Tribunal administratif qui avait jugé la pratique du canton –basée uniquement sur un règlement– contraire au droit car devant impérativement se référer à une loi.

L’intégration vue par les camarades étrangers

Lire la dépêche de l'ATS sur le congrès de Muttenz
Lire l'article de Caroline Zurcher dans 24heures
Le PS débat aujourd’hui de la question de l’intégration. Un thème difficile, qui a entraîné des critiques dans la formation. Trois camarades étrangers présentent leur opinion.
Le Parti socialiste débat aujourd'hui à Muttenz (BL) de son papier de position sur l'intégration. Un document dont la fermeté a suscité des critiques, plus particulièrement romandes. Quelque 110 amendements ont été présentés, et même une proposition de renvoi. A Zurich, les secondos ont notamment fait des remarques. Au final, le comité directeur propose un compromis sur l'objet le plus controversé, le contrat d'intégration, qui prévoit notamment la fréquentation de cours de langues. Dans sa nouvelle version, cette convention sera passée entre l'Etat et l'étranger, l'employeur n'étant plus concerné. Comment les militants socialistes d'origine étrangère vivent-ils ces discussions? Nous avons recueilli trois réactions.

«Dans son document, le Parti socialiste donne des obligations aux étrangers, mais l'intégration consiste aussi à leur donner des droits», souligne Alberto Velasco, député au Grand Conseil genevois d'origine espagnole. De son expérience, il tire une leçon: «Un étranger doit être quatre fois meilleur qu'un Suisse. Même au sein du Parti socialiste, lors d'une élection interne, vous la pilez.»

Malgré son nom, Anna Zürcher est italienne. Arrivée en Suisse il y a vingt ans, elle est aujourd'hui conseillère communale lausannoise et travaille à la Fondation vaudoise pour l'accueil des requérants d'asile (FAREAS). «Ce qui m'a sauté aux yeux, dans le document du PS, c'est qu'il peut donner l'impression de stigmatiser certaines catégories d'étrangers, commente cette assistante sociale. Et c'est dommage: tout le monde doit avoir les mêmes possibilités.» Anna Zürcher, elle, s'est bien intégrée. «Mais certaines cultures sont plus éloignées et cela prend davantage de temps, précise-t-elle. Et ce n'est pas parce que les immigrés ne font pas d'efforts.» Se sent-elle trahie par le PS? «Je n'irais pas jusque-là, ce d'autant plus que les socialistes vaudois partagent mes positions. Et je suis assez lucide: il y a aussi une réalité politique.»

De Kinshasa à Boudry (NE). En 1981, la demande d'asile de Raoul Lembwadio a été refusée, mais ce Congolais a par la suite obtenu un permis humanitaire. Collaborateur du délégué cantonal aux étrangers et conseiller communal (Exécutif) à Boudry, il soutient la discussion menée actuellement au sein du PS. Mais comme beaucoup d'autres, il n'est pas convaincu par le contrat d'intégration. «Dans un accord, il y a deux parties. Et entre un migrant et un indigène, les forces ne sont pas les mêmes», s'inquiète-t-il. «La deuxième chose, poursuit Raoul Lembwadio, c'est que seuls certains migrants seront soumis à cette convention. Les personnes hautement qualifiées y échapperont. C'est une inégalité de traitement.» Selon lui, l'intégration devrait plutôt passer par la motivation et l'information. Avant de conclure: «Il ne faut pas non plus confondre loi et pratique quotidienne. Manger de la raclette, c'est dans les mœurs. Ce n'est pas un règlement.»
«En fait, tout ce débat est davantage social que culturel»

La conseillère nationale Maria Roth-Bernasconi (PS, GE) est de celles et ceux qui ont critiqué le document sur l’intégration. Son explication.

C. Z.

- Ma critique porte en particulier sur le «contrat d'intégration», que les étrangers qui arrivent en Suisse doivent passer avec les autorités (n.d.l.r.: ce document réglemente la fréquentation de cours de langue et la participation à des rencontres d'information) . Sa mise en œuvre risque de poser problème: est-ce que l'on va forcer les gens? Y aura-t-il des punitions? Je pense qu'il faudrait plutôt inciter, encourager les gens à s'intégrer. A mon avis, cela pourrait se faire par le biais d'une bonne politique familiale, qui permettrait par exemple aux petits étrangers d'aller à la crèche. Ce qui intégrerait aussi les couches sociales les moins aisées. Parce qu'en fait, tout ce débat est davantage social que culturel.

- Sur la question du voile, vous êtes nettement plus ferme avec les étrangers.

- Le voile n'est pas uniquement un signe religieux, mais aussi le symbole de la soumission de la femme. Et c'est pour cela que les enseignantes ou les employées du service public ne devraient pas le porter.

- Vous vous montrez ouverte sur certains points, ferme sur d'autres. Votre féminisme ne vous pousse-t-il pas à la contradiction?

- On parle de choses différentes! Quand j'étais infirmière, je devais aussi porter une blouse blanche. Et les banquiers ont une cravate. Exiger d'une femme qui exerce une certaine fonction qu'elle n'ait pas de voile me paraît censé. Par contre, lui imposer d'apprendre une langue ne rime à rien si elle ne le veut pas. Il faut se demander quelle sera l'efficacité de ces mesures. Enlever son voile n'est pas une démarche intellectuelle, apprendre une langue si.

Le riche district de Nyon est prêt à accueillir les requérants qui le fuient

Lire l'article de 24heures
Peu de requérants séjournent dans la région où les loyers sont trop chers pour la Fareas. Mais la situation pourrait changer. Les élus locaux sont ainsi prêts à ressortir un projet de pavillon modulable.
L'ouest du canton s'arrêterait-t-il à Crissier pour la Fareas? A La Côte, aucun centre d'accueil pour requérants d'asile n'existe, alors qu'ils sont rares à y être hébergés dans un appartement. Le district de Nyon est ainsi celui qui compte le moins de migrants sous la responsabilité de la Fareas. En effet, seulement 1% d'entre eux séjourne dans une région qui abrite pourtant 10% de la population cantonale. «Il y a trop peu d'appartements et les loyers sont trop chers, explique Emmanuelle Marendaz-Colle, attachée de presse de la Fareas. Le problème ne vient donc pas des élus, qui ont toujours collaboré.»

Dans les semaines à venir, la situation pourrait par ailleurs changer. Un rééquilibrage de la répartition des requérants d'asile n'est pas exclu. Suite au vote de Bex, «différentes options sont actuellement analysées», souligne Frédéric Rouyard, attaché de presse de Jean-Claude Mermoud, conseiller d'Etat en charge du dossier. L'entrée en vigueur de la LARA (Loi sur l'aide aux requérants d'asile) oblige d'ailleurs les communes de plus de 2000 habitants à collaborer avec la Fareas pour trouver des hébergements.

Ce qui n'inquiète pas les élus locaux nyonnais qui n'ont jamais fermé leurs portes à la Fareas. Au début de la décennie, alors qu'une vague de requérants déferlait sur la Suisse, plusieurs communes n'avaient pas hésité à mettre à disposition en urgence leurs abris de Protection civile. Mais la solution en sous-sol ne pouvait être humainement que provisoire.

Conscient que l'effort en termes d'accueil était moindre qu'ailleurs dans le canton, un groupe de travail formé de municipaux avait proposé plus récemment un projet pilote visant à la création d'un centre de deuxième accueil. «Nous n'avions pas d'appartements, ni d'immeubles disponibles pour la Fareas, nous avons donc préparé une solution alternative clé en main», se rappelle Hans-Rudolf Kappeler, syndic de Prangins qui s'était particulièrement investi dans cette cause au printemps 2005. L'idée, reprise d'une expérience suisse-alémanique, consistait à mandater une société privée qui aurait géré la construction et l'administration de l'accueil des requérants. Ceux-ci auraient été logés dans des pavillons modulaires, achetés sous la forme d'un contrat de leasing. Une solution avantageuse financièrement pour les communes, puisqu'une installation pour 48 résidents se chiffre à quelque 750 000 francs.

A l'époque, le projet avait reçu des échos favorables, mais n'avait pas été concrétisé. Ce n'était pas le bon moment. «Depuis 2004, le nombre de requérants est en nette diminution, indique Emmanuelle Marendaz-Colle. La tendance n'est donc pas à l'ouverture de nouveaux centres, mais plutôt à la fermeture de structures.» Une tendance toujours d'actualité, les chiffres de cette année le confirment (lire encadré).

Le second problème de l'initiative du groupe de travail résidait dans lefait qu'il aurait cassé le monopole de la Fareas en mandatant une société privée pour la gestion du bâtiment.

Dans la période d'incertitude actuelle, le projet de pavillons modulables pourrait tout de même refaire surface. «Tout est envisageable», lâche Frédéric Rouyard. Hans-Rudolf Kappeler est d'ailleurs prêt à le dégainer à nouveau. «Il sommeille dans un tiroir. Il me suffirait de le ressortir…»
Requérants d’asile en chiffres

5800 requérants séjournent dans le canton (–560, soit –9,7% depuis le 1er janvier 2006).

5000 vivent dans des appartements, 800 dans des centres.

51% séjournent dans le Grand Lausanne.