vendredi 20 novembre 2009
Le canton demande des comptes à Berne sur l'expulsion du jeune Somalien
MINEUR EXTRADÉ · Le ministre vaudois Philippe Leuba veut savoir quelles garanties
l'Italie avait données pour la prise en charge de l'adolescent. La contestation enfle.
G É R A L D I N E VIREDAZ
Les remous causés par l'expulsion du Somalien de 17 ans la semaine passée ne sont pas en passe de s'apaiser. Alors que nous avons appris mercredi qu'il vit dans une situation précaire à Rome, différents milieux se mobilisent pour son retour dans le canton de Vaud.
Montré du doigt par ceux qui soutiennent Abdirashid, le Département vaudois de l'intérieur se défend: «Nous n'avons fait qu'appliquer les directives de l'Office fédéral des migration», commente un porteparole. Ayant appris qu'Abdirashid n'a pas été pris en charge une fois arrivé en Italie, le chef du département Philippe Leuba a entrepris des vérifications auprès de l'Office fédéral des migrations (ODM): «M. Leuba a demandé à connaître les garanties fournies
par l'Italie concernant la prise en charge du Somalien, et s'il est avéré qu'elles n'ont pas été respectées.» De son côté, l'ODM refuse de commenter l'affaire en invoquant la protection des données personnelles. L'office se borne à déclarer dans un communiqué qu'«un mineur ayant établi au préalable une demande d'asile dans un état membre du Règlement Dublin pourra y être transféré». A l'heure actuelle, une vingtaine de jeunes ont déjà subi une telle expulsion.
L'affaire est prise au sérieux par les socialistes vaudois. Le député Roger Saugy doit déposer une résolution mardi au Grand Conseil, dans laquelle il demande que les mesures nécessaires soient prises pour qu'un mineur non accompagné ne puisse plus être expulsé. Le socialiste compte aus-
si faire appel aux sénateurs Dick Marty (prd) et Simonetta Sommaruga (ps) afin qu'ils interviennent au Conseil des Etats. Le syndicat SUD a de son côté lancé une pétition. Celle-ci réclame l'interdiction d'expulser des mineurs ou des jeunes en formation, et le retour d'Abdirashid en Suisse pour achever sa formation.
Premier mobilisé lors de l'expulsion, le responsable des classes d'accueil du canton, Etienne Corbaz, ne sera pas inquiété: pour le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC), il n'a pas commis de faute en soutenant le jeune élève. Cité dans notre édition de mercredi, Philippe Leuba estimait que la démarche du doyen posait un certain nombre de questions, et voulait demander des explications à la cheffe du DFJC Anne-Catherine Lyon. I
Les droits des femmes, farces et attrapes
Les droits des femmes, farces et attrapes
Paru le Vendredi 20 Novembre 2009VOTATION - La campagne anti-minarets menée par l'UDC – nouvelle défenseuse des droits de la femme? – s'est appuyée sur des images de burqas. Mais adjoindre au débat la question du voile a bien des avantages.
Lancée par l'UDF et amplifiée par l'UDC, la campagne anti-minarets a deux armes de guerre: les minarets en forme de missiles et des femmes en burqa noir épouvantail. Au-delà des positions – universalistes ou particularistes – que l'on peut défendre en matière de cohabitation religieuse et culturelle, l'instrumentalisation du droit des femmes en heurte beaucoup, une façon aussi d'infantiliser les femmes et de parler pour elles. De droite ou de gauche, musulmanes, chrétiennes ou athées, des femmes font passer ces jours un message: l'UDC n'a pas la moindre crédibilité à se poser en défenseuse de leurs droits qu'elle combat avec une belle régularité. Le congé maternité et les places de crèches s'en souviennent, comme le droit de vote, attaqué en son temps par la droite. «Ce qui est insupportable, c'est qu'on ne votera pas sur les droits de la femme mais que l'on ne parle que de cela», résume l'islamologue Rifa'at Lenzin. Lucia Dahlab, vice-présidente de l'Union des organisations musulmanes de Genève (UOMG), elle, aimerait surtout entendre les femmes voilées s'exprimer elles-mêmes sur la question. Des femmes radicales, socialistes, vertes et démocrates-chrétiennes s'élevaient hier à Berne contre «la farce et le leurre» de l'argument de la protection des femmes brandi par les partisans de l'initiative contre les minarets: «Où sont les initiants quand il s'agit de permettre aux mères de famille de travailler à plus de 50% ou de nommer des femmes à des postes à responsabilité?» s'est interrogée la conseillère d'Etat vaudoise Jacqueline de Quattro. D'autant que l'initiative n'apporte pas de réponses concrètes à des questions comme le port du voile ou les mariages forcés. Les nouveaux défis de la parité, «c'est la difficulté à pouvoir concilier vie familiale et vie professionnelle» insiste-t-elle. Faire front contre cette instrumentalisation alors que la campagne cherche à diviser est sans doute une bonne réponse. Même si les questions ponctuelles devront encore être tranchées et que les alliances se déferont peut-être alors.
Conservatismes unis
L'argument du droit des femmes avait aussi dominé le débat français qui débouchait en 2004 sur l'interdiction du port du voile à l'école. Analysant cet événement, la revue Nouvelles Questions Féministes soulignait comment «le débat sur le foulard a réduit, miné le terrain de réflexions sur le rapport entre oppressions sexiste et raciste». Les systèmes oppressifs vont souvent de pair. Laura Nader, professeure d'anthropologie à l'University of California à Berkeley, y montrait aussi comment et l'Occident et l'Orient, dans des visions tronquées l'une sur l'autre, utilisent le principe du respect des femmes pour affirmer leur supériorité culturelle: le voile est agité en Occident comme signe de soumission des femmes musulmanes; la pornographie ou l'absence de respect pour les femmes dans les médias est thématisée par les chefs d'Etats musulmans. Bénéfice collatéral: convaincre «ses» femmes des avantages que leur procure le système d'oppression dans lequel elles se trouvent. Les conservatismes se renforcent mutuellement. Thématiser la question du voile sert aussi à mettre dos à dos des féministes, comme ce fut le cas en France, où les tenantes de l'égalité et de l'universalisme se sont opposées à celles qui défendaient les droits des femmes et des particularismes.
Quant à la burqa, qui couvre entièrement le visage et le corps et ne comporte qu'une mince ouverture pour les yeux, elle présente un autre avantage sur le minaret: elle génère des réactions instinctives tout en complexifiant la problématique, où se mêlent des arguments d'ordre privé et public. Montrer des burqas permet aussi de rallier tous ceux et celles qu'horrifie l'Afghanistan des talibans. Ahmed Benani, antropologue et politologue, remarque: «L'UDC crée un Autre effrayant, un épouvantail, basé sur une sorte d'idéalité judéo-chrétienne où les musulmans sont forcément autres: or, leur bigarrure ethnoculturelle est grande.» Et ceux qui vivent en Suisse sont issus surtout de Turquie, où Ataturk avait déclaré la laïcité en 1937, et des Balkans où l'impact communiste a beaucoup ébranlé la force de la religion. Ce qui tranche radicalement avec les communautés symbolisées par des burqas. Ahmed Benani rappelle aussi que sur quatorze siècles d'islam, le port du voile n'a été obligatoire que peu de temps: «Regardez les films où apparaît Oum Kalsoum, par exemple, vous n'y verrez pas de voile. Mais depuis 1930, les Frères musulmans ont instauré son obligation en Egypte.»
Femmes exégètes
Ahmed Benani, qui plaide pour une relecture moderne des textes et un «islam des Lumières», juge que «l'Europe pourrait même être la chance de l'islam.» L'islamologue Rifa'at Lenzin souligne que «l'exégèse a toujours été dominée par les hommes et leurs visions du monde. Dans les trois religions monothéistes, d'ailleurs», poursuit-elle. La création d'un institut d'études islamiques contemporaines, dans le cadre d'une université, permettrait à des chercheurs et des chercheuses d'actualiser l'interprétation du Coran. Les bases institutionnelles manquent hélas.
Pour sa part, elle juge «rares» les mariages arrangés ou les mutilations sexuelles avancés au cours de la campagne. Fruit de réalités sociales, ils ne trouvent pas de justification dans le Coran. Et la loi suisse a suffisamment de garde-fous. Dans Le Temps, la journaliste Mireille Vallette estime, elle, les mariages forcés à dix-sept mille en Suisse; elle met en garde contre l'intégrisme et liste des signes de régression profonde de l'égalité entre hommes et femmes: le port du foulard «en croissance exponentielle (suivi désormais de la burqa), demandes de dispense scolaire, demandes (et délivrances) de certificats de virginité...» Lucia Dahlab reconnaît que des cas de contraintes existent, qui réveillent bien des peurs sur la place des femmes. Convertie à l'islam, elle porte le voile depuis une vingtaine d'années, une «obligation pour les croyants», même si chacun est libre de ne pas l'observer comme c'est le cas pour le jeûne du ramadan. Elle définit la liberté de la femme comme «le pouvoir que celle-ci a sur elle-même»: porter, ou non, le voile, mais en en décidant seule. Elle constate que les jeunes filles qui adoptent le voile ont aujourd'hui des arguments pour expliquer leurs choix à leur famille parfois réticentes.
Pour l'intellectuel musulman franco-tunisien Abdelwahab Meddeb, en revanche, le port du voile est une «servitude volontaire», une «offense faite aux femmes.» Et il juge vaines les tentatives de réconcilier l'idée d'égalité et la lettre coranique. Contre la lecture littérale majoritairement pratiquée, Ahmed Benani croit en l'usage des outils linguistiques de la modernité et du renouvellement de l'exégèse, restée figée après le travail des réformateurs de l'islam: «Dans la traduction qu'a faite du Coran Jacques Berque, par exemple, il est question de «rideau» à placer entre les femmes licites et les autres, interdites. La tradition dogmatique en a fait un voile, que la femme doit porter.» Il en appelle à un regard anthropologique, et pas seulement dogmatique.
La Suisse a changé
L'UDC utilise la femme d'une autre façon encore. Sur l'une de ses récentes affiches, on lit qu'«un pays gouverné par une femme ne connaîtra jamais la paix»: on pourra croire à une citation du prophète, alors que cette phrase n'est ni une sourate, souligne Ahmed Benani, ni même un hadith, «ces textes post mahométans chers à la tradition sunnite, qui constituent une sorte d'idéologie courante et passent parfois pour une exégèse du texte original». Les débats auront souligné à la fois le fait que la Suisse est désormais multireligieuse et que cette nouvelle donne suscite des malaises et des questions, face auxquels les échanges avec les musulmans sont capitaux. «Notre priorité actuelle est de parler d'une seule voix et de développer un 'vivre-ensemble'» promet Lucia Dahlab.
La paix confessionnelle, «une lutte de chaque instant»
La question des lieux de culte et de leur visibilité est au centre du vote du 29 novembre sur les minarets. Or elle a aussi été l'un des enjeux les plus sensibles de la coexistence entre catholiques et protestants en Suisse au cours des siècles.
«La chapelle est à nous, non pas à Monseigneur. Si votre prédicateur monte en chaire, nous lui viderons les tripes.»
En 1562, les habitants du Landeron, petite bourgade catholique sise dans le canton de Neuchâtel, réserve à leur souveraine, elle protestante, un accueil hérissé de pelles et de pioches.
Une trentaine d'années après que Zurich, Berne, Bâle, Neuchâtel, ou plus tard Genève, ont rejoint la Réforme, les tensions sont vives en Suisse entre ceux qui sont restés fidèles à Rome et les adeptes de la nouvelle foi. Comme le reste de l'Europe, les cantons helvétiques se sont en fait déchirés à plusieurs reprises autour de la question religieuse.
Et Le Landeron fait figure de laboratoire, puisqu'ailleurs aussi, en Argovie, Thurgovie, à Bâle ou dans le canton de Vaud par exemple, des populations ont dû respecter une autorité de confession différente de la leur. Souvent dans la douleur. A propos du Landeron, les historiens parlent d'ailleurs de «coexistence dans l'intolérance».
«Les mariages mixtes, les baptêmes ou les exécutions de criminels ont généré mille frictions. Aux 17e et 18e siècles, le Conseil d'Etat neuchâtelois a dû proposer des solutions pragmatiques au cas par cas. C'était encore une époque où ces situations dégénéraient et où le climat était aux guerres de religion», explique Pierre-Olivier Léchot, historien du christianisme.
Querelles de clochers
Contrairement à l'image d'Epinal d'une Suisse ayant réglé ses problèmes de cohabitation religieuse de manière pacifique et rationnelle - image qui surgit ça et là au cours de la campagne sur l'initiative anti-minarets -, l'histoire montre que rien ne va de soi dans ce domaine.
Et que la question des lieux de culte, et plus encore celle de leur signalisation, a toujours été un important point d'achoppement dans les relations interconfessionnelles. Les clochers par exemple ont suscité de nombreuses oppositions dans les cantons protestants. En 1618, Neuchâtel s'est trouvé à deux doigts d'une guerre parce que son souverain, alors catholique, a voulu y faire célébrer une messe avec sonnerie de cloches.
Secouée par deux crises majeures où la composante religieuse a joué son rôle – le Sonderbund et le Kulturkampf -, la Suisse du 19e siècle a également connu de nombreuses querelles de clochers. Dans le canton de Vaud, une loi adoptée en 1810 interdit aux catholiques de construire des lieux de culte trop visibles. Et ce n'est que depuis 1948 que l'église du Valentin, à Lausanne, peut faire sonner ses cloches.
Sur le terrain, la cohabitation a été des plus tendues jusqu'au début du 20e siècle. En 1872, le canton de Genève, affecté très fortement par le Kulturkampf en raison de l'importante minorité catholique qu'il abrite, expulse par exemple les ordres qui enseignent et s'empare des affaires ecclésiastiques. En Argovie et à Soleure, on ferme plusieurs couvents. En 1874, Berne chasse des prêtres jurassiens
Bref, la paix confessionnelle, dont la Confédération jouit depuis plus d'un siècle, s'est aussi nourrie d'une série de mesures visant à limiter les prérogatives de certaines religions et à leur imposer une certaine discrétion. A cet égard, la Constitution de 1874 est clairement discriminatoire envers les catholiques. Elle interdit notamment la création de nouveaux couvents et impose la nécessité d'obtenir une autorisation fédérale pour créer des évêchés.
Une peur chasse l'autre
Auteure d'un ouvrage sur la manière dont la Suisse a géré ses conflits entre 1798-1918, l'historienne Irène Herrmann se méfie de l'idée selon laquelle il existerait un savoir-faire helvétique naturel en matière de gestion des différends religieux. L'apaisement des tensions confessionnelles à la fin du 19e siècle s'explique d'après elle tout simplement par l'arrivée d'un nouveau péril: le bolchévisme.
«C'est un peu comme si une haine chassait l'autre. A partir du moment où on a commencé à avoir peur des bolchéviques, on a eu beaucoup moins peur des catholiques en Suisse. Apaisement confessionnel il y a donc eu, mais au prix de quelle autre dissension?» s'interroge-t-elle, notant au passage que «les problèmes religieux sont rarement religieux» mais qu'ils «sont généralement des symptômes de problèmes beaucoup plus profonds.»
D'où, selon Pierre-Olivier Léchot, l'importance du rôle régulateur de l'Etat, «qui doit, l'exemple de Neuchâtel le montre, prendre ses responsabilités pour garantir la paix confessionnelle». D'où également le fait que la paix confessionnelle ne peut jamais être considérée comme acquise. Elle est au contraire le fruit d'une «lutte de chaque instant», souligne Irène Herrmann.
Comment dès lors les deux historiens jugent-ils l'initiative soumise au peuple le 29 novembre? «Si elle devait passer, la Suisse serait en recul par rapport au mouvement assumé jusqu'à présent», juge Pierre-Olivier Léchot. Irène Herrmann, qui y voit le «reflet d'un malaise quant à la position des Suisses en Europe et dans le monde», observe elle que ce type de discours a tendance à ressurgir en période de difficultés économiques.
Carole Wälti, swissinfo.
Voiles autour de la Méditerranée
Le triomphe de la procédure
L’Office du tuteur général, chargé de l’autorité parentale, ne s’est pas opposé à la décision de renvoi vers l’Italie. Le garçon de 17 ans a trouvé refuge dans un centre de Jésuites
De Berne à Rome, en passant par Lausanne, la procédure a déployé sa mécanique aux frais d’Abdirashid, passé en Suisse en quête d’asile alors qu’il jouissait d’une autorisation de séjour en Italie. Le cas de ce mineur somalien sans famille – sa mère vit à Mogadiscio et son père est décédé –, renvoyé à Rome le 13 novembre, illustre la logique implacable des accords de Dublin que la Suisse applique depuis décembre 2008.
Comme les autres pays européens signataires de la Convention de 1990, révisée en 2003, la Confédération renvoie désormais les requérants vers l’Etat dans lequel ils ont déjà introduit une demande d’asile. Ce règlement s’applique également aux mineurs non accompagnés, confirme l’Office fédéral des migrations (ODM), au grand dam des défenseurs des réfugiés. En outre, l’Italie offrant toutes les garanties requises, Berne considère que le transfert du Somalien se justifie pleinement.
A ce jour, affirme l’ODM, une vingtaine de mineurs non accompagnés ont été contraints de quitter la Suisse. Dans le canton de Vaud, c’est la première fois que l’on en refoule un. En juillet dernier, un adolescent avait pris la fuite alors que la police s’apprêtait à l’emmener, rappelle Emmanuelle Marendaz Colle, porte-parole de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM). Huit autres jeunes sont sous le coup d’une procédure d’expulsion, estime-t-elle. En tout, l’EVAM héberge une cinquantaine de mineurs.
L’Australie, éternelle terre d’exclusion pour les demandeurs d’asile
Lorsque Kevin Rudd a été élu Premier ministre d’Australie, fin 2007, la gauche a poussé un soupir de soulagement. Le gouvernement défait, dirigé par John Howard, avait été le plus conservateur depuis la Seconde Guerre mondiale, et le pays attendait avec impatience l’introduction de politiques progressistes sur les questions du changement climatique, des indigènes australiens ou de la guerre en Irak. Mais plus que tout, la gauche espérait une approche nouvelle et plus compassionnelle du problème des demandeurs d’asile. En 2001, le gouvernement conservateur avait refusé que le cargo norvégien Tampa, chargé de 438 demandeurs d’asile, pénètre dans les eaux territoriales australiennes, et il déclarait avoir le droit de décider qui pouvait ou non entrer dans le pays. Populaire, cette ligne dure a caractérisé toutes les autres mesures : tractations «off shore», détention de longue durée des demandeurs d’asile, y compris des enfants. Le nouveau gouvernement a agi rapidement pour mettre en œuvre des politiques plus progressistes, notamment en mettant fin au système de détention obligatoire.
Les développements récents, cependant, ont fait que beaucoup, à gauche, se sont sentis trahis. Au cours des dernières semaines, un certain nombre de demandeurs d’asile tamouls ont cherché à rejoindre l’Australie. Effrayé par la campagne de presse des tabloïds, le gouvernement est revenu à des politiques semblables à celles de son prédécesseur. Une fois de plus, il cherche à éviter le traitement des demandeurs d’asile sur le sol australien et tente d’obtenir que l’Indonésie accepte de s’en charger. A l’heure où j’écris, le gouvernement est impliqué dans un affrontement avec les réfugiés présents à bord du bateau de la douane australienne, l’Oceanic Viking. Le gouvernement veut les emmener en Indonésie, mais les demandeurs d’asile refusent de partir. Reconnus comme des réfugiés authentiques, ils craignent, une fois en Indonésie, de se retrouver encore et toujours dans les limbes. Pourquoi les Australiens sont-ils si durs à leur égard ?
Il y a deux raisons probables. La cause récente est la menace perçue de terrorisme. Le public associe les demandeurs d’asile aux musulmans et les musulmans à des terroristes potentiels. La cause plus ancienne - qui contribue à expliquer l’absence de distinction entre les musulmans et les Tamouls - est le passé raciste de l’Australie. Lorsque le pays fut colonisé par les Britanniques, il était déjà occupé par les aborigènes. La réponse blanche à la question des aborigènes est allée de l’ignorance totale et durable de leur existence jusqu’à des tentatives systématiques de génocide.
Par Neil Lévy, professeur à l’Université de Melbourne, directeur de recherche à l’Oxford Centre for Neuroethics, Cambridge UP.
Les demandes d'asile pour mutilations génitales en hausse
Les Africains demandent de plus en plus souvent l'asile afin de préserver leurs filles de mutilations génitales, peut-on lire vendredi dans De Standaard.
Les mutilations génitales sont encore répandues dans la majorité des pays africains. Beaucoup de mères craignent pour leurs filles et fuient donc leur pays.
"Si une fillette risque d'être mutilée, il s'agit d'une raison suffisante pour accorder à l'enfant et ses parents le statut de réfugié", explique Dirk Van den Bulck, commissaire général aux réfugiés et aux apatrides.
"Cette possibilité existe depuis longtemps, mais depuis 2007 nous constatons une augmentation significative du nombre de réfugiés, principalement africains, qui demandent, pour cette raison, l'asile. En effet, depuis plus d'un an, nous menons une politique active en matière de mutilations génitales et les réfugiés en font clairement usage".
L'an dernier, le nombre de décisions favorables se chiffrait à 141. Cette année, leur nombre devrait être similaire. La majorité des réfugiés viennent de Guinée, où les mutilations génitales sont encore pratique courante.(belga/chds)
Agence belga /chds