mardi 1 février 2005

Interview de de Patrick Felberbaum

Le Conseil Synodal s'exprime dans cette interview pour dissiper le malaise suite à son communiqué du 18 janvier. Cet article sera publié dans EERV Flash

OUVREZ LA PARENTHESE


  • Patrick Felberbaum, le Conseil synodal a répondu de manière positive au Conseil d’Etat, pourquoi?

Le Conseil synodal est très préoccupé du sort qui attend les requérants déboutés. Le Conseil d’Etat tente une ouverture, notre responsabilité est de nous y engager.

  • Mais qu’est-ce qui vous permet de voir une «ouverture» dans la position du Conseil d’Etat?

Nous avons d’abord exprimé notre déception: toutes nos demandes n’ont pas pu être satisfaites …

  • Parce que vous avez des demandes? Franchement, on a plutôt l’impression que vous suivez le Conseil d’Etat sans trop réfléchir.

Nos convictions n’ont pas changé: attention particulière accordée aux femmes seules ou venant de Sebrenica, aux familles avec enfants, refus des mesures de contraintes (éléments figurants dans la position du Conseil d’Etat). Nous restons préoccupés de l’avenir des célibataires; leur sort ne devrait pas être dissocié de celui des autres personnes. C’est vrai que notre prise de position du 18 janvier aurait du répéter nos convictions et que là nous avons mal communiqué, ce qui a donné l’impression d’un revirement. Nous nous en excusons auprès des personnes fortement engagées sur le terrain, qui ont pensé que nous les «lâchions.»

  • Il n’en reste pas moins que le Conseil d’Etat entend toujours renvoyer ces gens, au besoin par des mesures de contrainte.

C’est vrai pour les célibataires et nous y sommes opposés. Pour les autres, le Conseil d’Etat parle de «retour», ce que nous comprenons comme un acte volontaire.

  • C’est bien faible pour expliquer votre revirement.

Encore une fois: nous tenons ensemble nos convictions et nos responsabilités. Aussi mince que soit l’espoir, nous devons utiliser au mieux ce délai de trois mois – et il ne s’agit pas d’une date couperet – pour envisager, avec d’autres, la forme que doit prendre l’accompagnement au retour. Les Eglises l’ont toujours dit: nous demandons avec insistance que le moins possible de renvois aient lieu, pour ne pas dire à de rares exceptions près. Mais si des gens veulent rentrer volontairement, alors imaginons des conditions cadres qui leur permettraient de le faire le moins mal possible.

  • Et comment allez-vous vous y prendre?

En travaillant avec les œuvres d’Eglises présentes sur place (EPER, Caritas), avec les médiateurs Eglises –Réfugiés et ceux qui sont engagés ici sur le terrain. N’oublions pas que nous n’y sommes pas seuls: nous sommes engagés avec d’autres – des partis politiques par exemple.

  • Vous inscrivez donc votre action dans la continuité de vos prises de position du mois de décembre, et si rien ne se passait véritablement durant ces trois mois?

Nous sommes sur une ligne de crête. C’est difficile, il y a une page blanche à écrire. Osons, aussi fragile que soit l’espérance! Ne préjugeons pas aujourd’hui des résultats.

  • Et pour conclure?

Franchement, nous trouvons que beaucoup d’énergie est mise – à juste titre puisqu’il s’agit de personnes – pour en réalité un petit nombre de situations. La solution soutenue par une majorité de députés devrait pouvoir être appliquée. Une solution vaudoise est possible. Mais n’oublions pas que la question de l’asile est bien plus vaste: il y a les NEM, les clandestins… et Berne durcit encore et toujours le ton. C’est inacceptable!


Le Conseil synodal

L'antichambre du renvoi, une émission de Temps Présent

En Suisse, l’emprisonnement est conçu comme la solution miracle pour se débarrasser des étrangers indésirables. Requérants d’asile déboutés, clandestins ou délinquants peuvent être incarcérés pendant 9 mois, le temps d’organiser leur expulsion. Mais est-ce que ça marche ?
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