lundi 8 octobre 2007

L'image de la Suisse à l'étranger est ternie


Lire le dossier de Swissinfo et cette revue de presse du Temps intitulé cette Suisse qui laisse perplexe ou écoutez cette émission de la RSR
Lire cette dépêche de l'AFP publiée à Beyrouth par L'Orient Le Jour ou cet article du Temps repris par Le Monde
Pour le Guardian, la Suisse titube alors que le Herald Tribune constate que la xénophobie est devenue le point central de la campagne électorale
Beaucoup de médias voient la Suisse comme un pays xénophobe. La ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey craint pour l'image du pays.

La Suisse est incapable de tenir son image, basée sur le dialogue, sur son rôle de bâtisseur de pont. Avec la violence qui se multiplie, on donne exactement l'impression contraire, a dit Micheline Calmy-Rey lundi sur les ondes de la Radio Suisse romande. «Nos ambassadeurs sont interrogés à ce propos et nous demandent ce qu'ils doivent répondre», a-t-elle ajouté...

...Avant les troubles de samedi, les journaux étrangers s'intéressaient déjà aux élections fédérales en raison des affiches de l'Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) et de son initiative pour expulser les délinquants étrangers. Début septembre, le journal anglais «The Independent» se demandait si la Suisse n'était pas devenue «le cœur des ténèbres en Europe» en abritant un extrémisme dangereux.
Voir cette réaction en Allemagne

Lundi, le «New York Times» revient à son tour de manière détaillée sur la campagne de l'UDC. Ce parti suit le principe «Nous contre les étrangers» de manière bien plus figée que par exemple Jean-Marie Le Pen en France, écrit le journal américain.
Lien vers l'article du New York Times
Les célèbres hebdomaires américains TIME et Newsweek traitent aussi duremennt cette campagne

Ce week-end, la première chaîne allemande ARD et Euronews ont fait, dans leurs journaux télévisés, la part belle aux heurts de samedi et à la polarisation de la campagne.
En Espagne, le lien entre Suisse et politique raciste est de plus en plus fréquent, voir par exemple
cet article de El Pais intitulé la guerre des moutons.

Manifestation "néo-fasciste" à Genève ?


Lire cet inquiétant article dans la Tribune de Genève
Une annonce a circulé toute la semaine passée sur le Net annonçant samedi un «Meeting contre le racisme antiblanc» organisé par les Jeunesses identitaires à Genève. En s'y rendant, on s'attendait à se retrouver en face de crânes rasés portant bombers et croix gammées. Surprise, dans une salle privée d'un quartier populaire, la cinquantaine de jeunes de 16 à 25 ans ont plutôt l'allure du gendre idéal: cheveux bien coupés, lunettes, chemises à carreaux et chaussures Converse.

Pourtant, des signes laissent songeur. Certains portent des chemises noires. Un sympathisant arbore le slogan fighting for Europe sous lequel est dessinée une kalachnikov. Mis à part les drapeaux suisse et genevois pendus aux murs, une banderole représente un gladiateur romain avec l'inscription Ave Europa. Qui sont ces Jeunesses identitaires? Des extrémistes de droite, des skinheads? «Regardez dans la salle, est-ce que vous voyez ce type de personnes? Nous ne sommes pas violents. On nous salit, on veut nous associer à ces groupes», répond Pierre Graillard, président du mouvement. Il décrit les Jeunesses identitaires, nées à Nice en France il y a cinq ans, comme un mouvement de «droite sociale et identitaire».
«Sale scheuz»

Les Jeunesses identitaires s'opposent à l'Union européenne et défendent une Europe de type fédéral, de spiritualité chrétienne et aux racines gréco-latines. Elles refusent toute société multiculturelle ou métissage.

Jean-David Cattin, 22 ans, le responsable de la section genevoise qui existe depuis deux ans, commence sa diatribe: «Au Cycle d'orientation de nos jours, c'est plutôt à la mode de ne pas être Suisse. Le Suisse, c'est le gars avec des sous, le type pas cool. Le terme «sale scheuz» est de plus en plus utilisé pour le décrire». Dans un discours huilé, bien construit, il poursuit en évoquant les viols collectifs commis aux Grisons l'an passé et au Lignon en novembre 2005: «Des étrangers ont réussi à justifier ces actes en affirmant que les victimes portaient des jupes trop courtes, ça, c'est du pur racisme antiblanc.» Les applaudissements fusent. Les participants, des collégiens ou des apprentis pour la plupart, écoutent sans poser la moindre question. André*, un apprenti de commerce de 16 ans, participe parce qu'un ami lui a parlé de cette réunion. Il ressent un malaise au sein de son club de foot et affirme être pris à partie dans la rue. «Nous ne reconnaissons bientôt plus notre pays», estime Philippe*, 19 ans, étudiant à l'Ecole de commerce.

Pas à l'aise dans un monde de plus en plus cosmopolite, les membres des Jeunesses identitaires veulent tout simplement rester entre Blancs. «Si l'on ne se bat pas, à la fin du siècle, nous n'existerons peut-être plus», conclut leur président.


«Ne vous fiez pas à l’apparence de gentils patriotes»

Trois observateurs les classent dans la mouvance néofasciste européenne.

«Faite attention, ils ne sont pas les gentils patriotes qu’ils disent», estime Daniel Schweizer. Le réalisateur, auteur d’une trilogie sur les skinheads, dont «White Terror», les situe politiquement dans la lignée des mouvements néofascistes européens: «Ils tiennent un discours raciste pour la préservation de la race blanche». Karl Grünberg, secrétaire d’Accord SOS Racisme note qu’ils présentent toutes les caractéristiques du fascisme qui prévalait en Italie dans les années vingt. «Anti-autorité, antimarché, antilibéral, c’est un attrape-tout en direction de la jeunesse. Ils recrutent essentiellement dans les milieux intellectuels et élitaires», note-t-il.

Un avis partagé par Marco Brandler, assistant en sciences politiques de l’Université de Genève: «Ils essaient d’intellectualiser leur discours. Dans les milieux d’extrême droite, il n’y a plus seulement les skinheads traditionnels aux crânes rasés.» Les mouvements, tels que les Jeunesses identitaires, demeurent discrets en Suisse romande. Pourtant, ils sont en progression. La radicalisation du discours politique en Suisse sous l’influence de l’UDC qui place les thèmes de l’immigration et du nationalisme au centre de la vie politique suisse, leur est favorable. Ils se sentent légitimés parce qu’un grand parti pousse ces thématiques et peuvent ainsi s’engouffrer dans la brèche.

Campagne violente: «A l'étranger, je perçois de l'incompréhension»

Lire l'article du Temps
...Jeudi dernier, répondant à une invitation de Présence Suisse, une trentaine de journalistes étrangers accrédités en Suisse étaient à Berne pour s'informer sur les enjeux de la campagne et rencontrer des leaders des principaux partis politiques. Au déjeuner de midi puis à l'occasion d'un débat, plusieurs reporters se sont étonnés du caractère outrancier de la campagne, «si peu suisse», a commenté une Allemande. On s'est étonné qu'aucune loi n'empêche la parution de la désormais fameuse affiche au motif du mouton noir, «une propagande de toute évidence raciste». Le milliardaire Christoph Blocher est comparé à l'Autrichien Jörg Haider, et la presse cherche à comprendre pourquoi l'UDC est le seul parti populiste de droite en Europe qui s'est renforcé en participant à un gouvernement. Des reportages consacrés à la Suisse à la veille des élections sont en préparation. Présence Suisse, chargée de l'image de notre pays à l'étranger, se fait du souci.
Même réaction sur le blog relatio.de
Pourquoi le simple respect des engagements de la Suisse auprès du Conseil de l’Europe n’a-t-il pas fait interdire la parution et la diffusion de la désormais fameuse affiche au motif du mouton noir, «une propagande de toute évidence raciste». Pourquoi l'UDC est-il le seul parti populiste de droite en Europe qui s'est renforcé en participant à un gouvernement ? Haider a explosé en vol : Blocher se porte bien…De mieux en mieux, même.

Expulsion d'une famille kosovare en Autriche

Lire cet article sur le canal canadien de Googlenews
Les autorités autrichiennes ont défendu dimanche leur décision d'expulser cinq membres d'une famille kosovare déboutée du droit d'asile, affirmant qu'ils n'étaient pas des réfugiés, mais des migrants à la recherche d'une vie meilleure.

L'affaire a déclenché une émotion considérable en Autriche. L'une des filles de la famille Zogaj, Arigona, 15 ans, qui a échappé à l'expulsion le mois dernier, a lancé un appel déchirant dans une lettre et une vidéo diffusées par la télévision: la voix brisée, elle menace de mettre fin à ses jours si sa famille n'est pas autorisée à rester en Autriche. Sa mère a elle été autorisée à rester tant qu'Arigona n'aura pas refait surface, et, selon la presse, aurait été hospitalisée, ses nerfs ayant craqué.

Lire aussi l'article du Monde

C'est très inquiétant ...

Toujours dans 24 Heures, réaction d'un lecteur à propos de l'organiste japonaise qu'avait trouvé la paroisse d'Ecublens-St-Sulpice.

Non, ce ne sont pas les mou­tons noirs qui me font peur, mais plutôt de sinistres rapa­ces noirs, froids et sans discer­nement qui nous dictent qui a le droit d’être ou de ne pas être ici.
Mule sud-américaine, terro­riste islamiste, dealer africaine, prostituée exotique? Non, Ezko est originaire de la deuxième puissance économique mon­diale, elle n’est pas venue demander l’aumône ni l’asile, mais chercher l’enseignement qu’elle n’a pu trouver chez elle.
Ezko est organiste, elle n’a qu’un défaut, elle est Japo­naise. Elle est organiste parce qu’elle est particulièrement douée, protestante, avec une foi chevillée au corps. Quand elle accompagne un choral de Bach, elle fait bien plus que l’accompagner. Pour elle jouer c’est prier. Et ceux qui l’ont entendue ne peuvent pas l’oublier et sont outrés du sort qui lui a été réservé. Au Japon il y a très peu d’églises et encore moins d’orgues, elle est venue ici parce qu’il y a encore des églises, des protestants et des orgues et qu’elle peut y exercer son art, son métier.
On voudrait lui substituer n’importe quel pédaleur d’har­monium à la petite semaine sous ce seul prétexte qui dé­passe l’entendement qu’elle est trop bien pour nous. Ce qui est un comble et laisse sans voix… C’est insultant pour tout le monde.
Heureusement, une mobili­sation se met en place pour soutenir Ezko et lutter contre l’absurdité. Une pétition contre son renvoi circule, merci de lui réserver bon accueil et mon­trer ainsi que l’exclusion arbi­traire ne passera pas ici.
Pierrette Frochaux,
Lausanne

Un peu de sagesse

Le courrier des lecteurs de 24 Heures reçoit toujours un grand nombre d'avis sur la campagne électorale actuelle. Aujourd'hui, on y trouve une perle de sagesse, légèrement décalée et subtile:

En franchissant la frontière qui sépare le Malawi de la Zambie, j’ai lu sur un bout de papier, affiché à la paroi d’une cabane tenant lieu de poste de douane, le texte suivant: "Les grands esprits parlent d’idées; les esprits moyens parlent de faits; les petits esprits parlent de personnes."
Si ces sages paroles pou­vaient inspirer un certain nombre de politiciens
et de chroniqueurs politiques, ils y gagneraient tous en crédibilité, en respect et en sympathie.
Olivier Etienne,

Epalinges

Les réseaux de passeurs s’organisent en Algérie

De nombreux clandestins partent des côtes de l’Ouest algérien. Des services se développent, avec leurs passeurs et leurs tarifs.
Depuis quelques mois, Farid, 25 ans, est l’une des personnes les plus sollicitées de la région d’Oran, dans l’Ouest algérien. Ses deux téléphones mobiles sonnent sans arrêt. Et pour cause: ce jeune chômeur est devenu guide pour harragas – les émigrants clandestins, dans le langage algérien.
Avec deux autres «collè­gues », il aide les jeunes Algé­riens à réaliser leur rêve: partir en Europe, sans visas. Depuis quelques mois, le nombre de candidats à l’émigration clan­destine, marginal pendant plu­sieurs années, a explosé. En Algérie, certains commenta­teurs attribuent ce phénomène à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy et au durcissement de la réglementation française. «Tout le monde a compris que la case ambassade n’était qu’une perte de temps», con­firme Farid. Du coup, la traver­sée de la Méditerranée se pro­fessionnalise et devient lucra­tive pour les guides et les propriétaires de bateaux de pê­che.
Une place dans un bateau pour l’Espagne vaut en moyenne 1000 euros. Le paie­ment se fait avant l’embarque­ment.
«C’est trois fois moins cher qu’un faux visa pour la France», relativise Farid. «En été, la demande est très forte. Tout le monde veut partir. Les vieux, les jeunes, les chômeurs, les femmes», s’amuse le jeune passeur.
Départs de nuit
Comme Farid et ses deux collègues, des réseaux de pas­seurs se sont constitués de part et d’autre de la Grande Bleue. Bien organisés, les passeurs ont des relais un peu partout dans les villes côtières. Des jeunes sont chargés de recruter de nouveaux candidats à l’émigra­tion en Europe, d’autres s’occu­pent de la collecte d’informa­tions sur les conditions de navi­gation et la météo. Ils surveillent également le mouve­ment des garde-côtes et les pa­trouilles des gendarmes.
Les départs se font la nuit par groupes constitués de qua­tre à dix embarcations. Sur cha­que embarcation, on embarque un moteur de secours, un bidon d’essence, une boussole ou un GPS, des gilets de sauvetage… Les harragas n’effectuent pas de préparation spéciale. «La seule consigne est de se tenir assis tout au long de la traver­sée », explique-t-il. Pour chaque traversée, Farid et ses deux col­lègues empochent près de 5000 euros, une somme colos­sale dans un pays où le salaire minimum est de 120 euros.

Un article de Hamid Guemache à Alger pour 24 Heures