samedi 5 mars 2011

Les Africains bloqués en Libye sont en grand péril, dit le HCR

Les travailleurs africains immobilisés en Libye sont les plus vulnérables d'entre les étrangers qui cherchent à fuir le pays, a déclaré samedi le chef du Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) en estimant que des milliers de vies étaient en danger.

"Il y a des centaines de milliers de travailleurs africains en Libye et très peu sont apparus aux frontières", a dit Antonio Guterres lors d'une interview à la chaîne Al Djazira.

"Nous avons reçu des appels téléphoniques de personnes qui sont dans une situation désespérée et craignent de quitter leurs habitations. C'est le sort de ces communautés africaines à l'intérieur de la Libye qui nous préoccupe le plus actuellement", a-t-il dit.

Le recrutement de mercenaires africains par Mouammar Kadhafi a semé le soupçon dans l'opinion libyenne envers toute personne originaire d'Afrique subsaharienne, a noté Guterres.

Il a dit que le nombre de réfugiés arrivant chaque jour de Libye en Tunisie était tombé à 1.800 vendredi, contre environ 15.000 précédemment, et qu'il était "assez faible" samedi.

On observe une présence militaire et policière massive du côté libyen de la frontière et il est difficile de savoir si des personnes tentant de gagner la frontière sont arrêtées en cours de route, a-t-il ajouté.

Selon Guterres, plusieurs milliers d'Africains attendent de pouvoir prendre l'avion à l'aéroport de Bengazhi, mais certains n'ont pas été admis à bord des navires que divers pays ont envoyés en Libye pour en évacuer leurs propres ressortissants.

Il a engagé les pays voisins et la communauté internationale à faire leur possible pour venir en aide aux Africains.

"Je crois que des milliers de vies, des centaines de milliers de vies sont en danger", a dit le chef du HCR. Au cas où la Libye basculerait dans une guerre civile proprement dite, "un nombre massif de Libyens" pourraient aussi tenter de s'enfuir, a-t-il ajouté.

Mark Trevelyan, Philippe Bas-Rabérin dans l'Express

Guerre programmée autour du passeport à croix blanche

sommaruga naturalisationSeuls les étrangers bien intégrés et avec un permis C pourront demander la nationalité suisse.

«L’obtention d’un passeport suisse doit être l’étape ultime de l’intégration dans notre pays.» La phrase est revenue plusieurs fois, hier, dans la bouche de Simonetta Sommaruga, véritable leitmotiv pour expliquer un projet qui promet de polariser: la révision totale de la loi sur la nationalité.

Pour la conseillère fédérale, l’actuelle procédure de naturalisation est trop complexe, trop lente, et surtout appliquée de manière trop différente d’un canton à l’autre. La nouvelle loi veut donc remettre de l’ordre dans tout cela et préciser ce qui est demandé aux étrangers qui souhaitent obtenir un passeport suisse.

Premier critère fixé: le permis de séjour. Seuls les étrangers au bénéfice d’un permis C pourront déposer une demande. Aujourd’hui, 14% des naturalisés ne possédent pas un tel permis. A l’avenir, toutes ces personnes seront exclues. «Cela va faire baisser le nombre des procédures», estime Mario Gattiker, directeur suppléant de l’Office des migrations.

Deuxième critère: l’intégration. Les étrangers devront satisfaire à tout une série de conditions, notamment le respect de la sécurité et de l’ordre public, ainsi que des valeurs de la Constitution fédérale. Ils devront aussi pouvoir communiquer dans une des langues nationales et montrer leur volonté de participer à la vie économique du pays.

«Nous avons tous intérêt à une intégration réussie», a martelé la conseillère fédérale socialiste, pourtant peu à l’aise pour expliciter cette notion. Y aura-t-il des tests écrits de langue? Etre au chômage exclut-il d’obtenir la naturalisation? Et si un père de famille refuse que sa fille participe aux cours de natation de l’école, se voit-il d’emblée recalé? Autant de questions embarrassantes que la cheffe du Département fédéral de justice et police a préféré éluder.

Troisième critère: la durée de séjour. Il faut aujourd’hui douze ans de résidence en Suisse; à l’avenir, huit ans seront suffisants. Mais cela ne sera possible que pour les ressortissants de l’Union européenne, des Etats-Unis et du Canada, qui seuls peuvent obtenir un permis C après cinq ans déjà, alors que pour la majorité des étrangers, dix ans sont nécessaires.

«Fausse amélioration»

«C’est une fausse amélioration, s’insurge la socialiste vaudoise Ada Marra, qui se bat pour la naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération. Dans les faits, on pénalise les étrangers pauvres et mal formés.» A l’UDC, la critique est inverse: pas question d’accepter une réduction de la durée de séjour, s’indigne le parti. Le Neuchâtelois Yvan Perrin, président de la commission qui traitera du dossier, nuance. Selon lui, en insistant sur les exigences d’intégration, le projet va dans le bon sens, et, avec quelques aménagements, il pourrait convenir à son parti. A moins qu’il ne cumule les oppositions de droite et de gauche, et capote au parlement. Un scénario que redoute la libérale-radicale vaudoise Isabelle Moret, plutôt satisfaite des grandes lignes de la future loi .

Judith Mayencourt dans 24 Heures

Guéant demande à l'Italie de "retenir" les migrants tunisiens

Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a demandé vendredi aux autorités italiennes de «retenir» sur leur territoire les migrants tunisiens arrivés de Tunisie depuis janvier et cherchant à se rendre d’Italie en France.

«Nous souhaitons obtenir de nos amis italiens qu’ils jouent le jeu de la règle européenne. C’est la responsabilité du pays d’accueil. Nous leur demandons de retenir les personnes qui se présentent chez eux et qu’ils reprennent celles qui leur sont renvoyées», a déclaré M. Guéant lors d’un point presse à la préfecture des Alpes-Maritimes.

Le ministre de l’Intérieur a précisé que sur les 436 migrants clandestins, pour la plupart des Tunisiens, arrêtés en février dans les Alpes-Maritimes, 250 avaient été reconduits en Italie. «Les Italiens jouent le jeu. Nous attendons qu’ils le jouent complètement», a prévenu M. Guéant. Le ministre de l’Intérieur est en déplacement vendredi dans les Alpes-Maritimes et à la frontière franco-italienne en raison d’un afflux jugé exceptionnel de migrants tunisiens venus d’Italie depuis un mois.

AFP relayée par Libération