Les travailleurs africains immobilisés en Libye sont les plus vulnérables d'entre les étrangers qui cherchent à fuir le pays, a déclaré samedi le chef du Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) en estimant que des milliers de vies étaient en danger.
"Il y a des centaines de milliers de travailleurs africains en Libye et très peu sont apparus aux frontières", a dit Antonio Guterres lors d'une interview à la chaîne Al Djazira.
"Nous avons reçu des appels téléphoniques de personnes qui sont dans une situation désespérée et craignent de quitter leurs habitations. C'est le sort de ces communautés africaines à l'intérieur de la Libye qui nous préoccupe le plus actuellement", a-t-il dit.
Le recrutement de mercenaires africains par Mouammar Kadhafi a semé le soupçon dans l'opinion libyenne envers toute personne originaire d'Afrique subsaharienne, a noté Guterres.
Il a dit que le nombre de réfugiés arrivant chaque jour de Libye en Tunisie était tombé à 1.800 vendredi, contre environ 15.000 précédemment, et qu'il était "assez faible" samedi.
On observe une présence militaire et policière massive du côté libyen de la frontière et il est difficile de savoir si des personnes tentant de gagner la frontière sont arrêtées en cours de route, a-t-il ajouté.
Selon Guterres, plusieurs milliers d'Africains attendent de pouvoir prendre l'avion à l'aéroport de Bengazhi, mais certains n'ont pas été admis à bord des navires que divers pays ont envoyés en Libye pour en évacuer leurs propres ressortissants.
Il a engagé les pays voisins et la communauté internationale à faire leur possible pour venir en aide aux Africains.
"Je crois que des milliers de vies, des centaines de milliers de vies sont en danger", a dit le chef du HCR. Au cas où la Libye basculerait dans une guerre civile proprement dite, "un nombre massif de Libyens" pourraient aussi tenter de s'enfuir, a-t-il ajouté.
Mark Trevelyan, Philippe Bas-Rabérin dans l'Express