samedi 3 juillet 2010

“Les mains en l’air”: enfants sans papiers, unissez-vous !

Valeria Bruni-Tedeschi dans le film français de Romain Goupil, 
"Les Mains en l'air".

Histoire d'une bande de copains d'école, classe de CM2. Un élève prénommé Youssef est arrêté par la police et expulsé du territoire. Motif : sans-papiers. A son tour, Milana, 10 ans, la petite Tchétchène dont est amoureux Blaise, est menacée. Les enfants décident de réagir. Ils prêtent serment de rester toujours ensemble et organisent un complot pour sauver Milana. Un article de Jean-Luc Douin dans le Monde.

A quelle époque un truc pareil a pu se passer ? En 2009, assure Romain Goupil, qui commence par montrer Milana, cinquante-huit ans plus tard, pour signifier que dans plusieurs décennies une telle situation apparaîtra indigne, et que les adultes qui l'ont vécue devront rendre des comptes.

Sous-entend-il qu'en 2009 personne ne soutient les sans-papiers ? Le film, au contraire, fait état de la mobilisation d'adultes, en ordre dispersé. Certains revendiquent la régularisation pour tous, d'autres uniquement à ceux qui en font la demande. L'un suggère le piston par un pote de la mairie et l'autre prône une résistance éthique. "Pourquoi cherche-t-on tant à apprendre la division à l'école ?", dit ironiquement quelqu'un lors d'une discussion sur l'apprentissage des mathématiques.

 

Pas de message

Cette plongée de la France "au royaume de l'absurde" génère réunions, mobilisations, tracts, déclarations alarmistes, actions irréalistes ou démagogiques, cacophonie, et, au final, impuissance. Un temps, les parents de Blaise hébergent Milana chez eux, la faisant passer pour leur fille, mais c'est une réponse provisoire.

Romain Goupil ne fait pas la morale, il n'a pas de message à faire passer, sinon celui de l'insurrection de principe, de la prise de conscience, de la nécessité de se muer en perturbateur. Fin renard, il le fait avec le sens du ludique. Ce sont les enfants qui vont faire preuve d'une solidarité et d'une rébellion efficaces, et les parents, le lycée, la police ne pourront pas plus faire face à la disparition de ce groupe de jeunes résistants qu'à la situation mise en place par le ministère de l'intérieur.

"Vive la rébellion !"

Cette veine proche d'un François Truffaut (le film s'adresse autant, sinon plus, aux enfants qu'aux adultes) affiche une cohérence à la fois autobiographique et thématique dans l'oeuvre de Goupil. Ce dernier a raconté ses souvenirs dans La défaite dépasse toutes nos espérances (Plon, 2006). Il écrit à propos de sa jeunesse : "Régnait à la maison une ambiance à la Doisneau et à la Vigo. A bas l'école, vive la rébellion !" On trouve dans ce livre nombre de détails vécus et repris dans Les Mains en l'air : les trafics opérés par les jeunes Pieds-Nickelés dans une cave, l'art de franchir une porte fermée en sciant ses charnières, le culte de la lampe à pétrole et des bougies, les vacances en Bretagne...

L'importance de la petite bande de copains et la nécessité d'inventer des règles de contestation courent de Mourir à 30 ans (1982) à Une pure coïncidence (2002) en passant par Maman (1990) et A mort, la mort ! (1999). En 1996, insurrection contre l'exclusion, Sa vie à elle racontait l'histoire d'une jeune Maghrébine qui décidait de porter un voile au lycée.

On retrouve l'esprit 68 dans le "On s'appelle tous Milana" des Mains en l'air dont les petits héros apprennent à aimer la descendance de ceux que l'on traite comme des rats.

La séquence du Journal de la TSR consacrée au film de Romain Goupil

Kleine Schanze: les sans-papiers lèvent le camp

Après une semaine de mobilisation, les réfugiés et leurs sympathisants ont plié bagage vendredi matin. Mais la lutte pour leur régularisation se poursuit, promettent-ils.

Le délai fixé par la ville de Berne pour lever le camp échouait vendredi matin à 10 h. Depuis une semaine, quelque 200 sans-papiers et activistes occupaient la Kleine Schanze, non loin du Palais fédéral, pour réclamer de meilleures conditions en matière d'asile. Seuls trois grévistes de la faim poursuivent le mouvement.

Pour le collectif Droit de Rester (Bleiberecht), « cette action est la première étape d'un mouvement pour infléchir la politique migratoire suisse ». Venus des quatre coins du pays, les réfugiés et les personnes qui les soutiennent ont trouvé ici l'occasion d'échanger leurs expériences et de sortir de l'isolement, précise le mouvement dans un communiqué.

Des revendications claires en matière de régularisation ont été adressées à Evelyne Widmer Schlumpf. Mais la conseillère fédérale a fait la sourde oreille. Si son département n'entame pas de démarches concrètes dans le sens d'une régularisation collective, les sans-papiers reviendront à Berne, affirme le collectif.

S.R. sur ProtestInfo, agence de presse protestante

Somalie: de plus en plus d’obstacles pour les réfugiés qui tentent de fuir l’insécurité

Lors d'une conférence de presse organisée au Palais des Nations à Genève, le porte-parole du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), Adrian Edwards, a indiqué que la situation sécuritaire en Somalie continuait de se dégrader, empêchant désormais des milliers de réfugiés de quitter le pays « où ils sont pris au piège ».

Cela pourrait être le signe d'une amélioration de la situation : les données les plus récentes du HCR indiquent que le flux de réfugiés vers les pays voisins de la Somalie a considérablement diminué par rapport à la même période l'année dernière. Le nombre d'arrivées au Yémen et au Kenya – pays accueillant traditionnellement le plus grand nombre de réfugiés somaliens – accuse une forte baisse. Au Yémen on compte 6.660 nouveaux arrivants pour ce premier semestre, contre 13.801 au premier semestre 2009. Au Kenya, les arrivées ont diminué d'un tiers, passant de 44.385 au premier semestre 2009 à 29.848 au premier semestre de cette année.

En fait d'amélioration, « la situation empire et chaque jour la violence et les violations des droits de l'homme continuent de provoquer le déplacement de milliers de civils », a indiqué Adrian Edwards. Le HCR estime ainsi que plus de 200.000 Somaliens ont été contraints de fuir leurs foyers cette année – l'écrasante majorité devenant des déplacés internes, faute de pouvoir quitter le pays.

« Ceux qui parviennent à atteindre la sécurité à l'étranger décrivent une situation catastrophique. Selon des réfugiés nouvellement arrivés, il devient de plus en plus dangereux et difficile de fuir la Somalie. De nombreux civils déplacés sont littéralement pris au piège à l'intérieur du pays », a-t-il ajouté.

Des Somaliens arrivés au Yémen par bateau ont ainsi indiqué au personnel de l'agence onusienne qu'il existait désormais une douzaine de points de contrôle sur la route entre Mogadiscio et le port de Bossaso au nord où les Somaliens qui tentent de fuir le pays s'embarquent sur des bateaux de passeurs. Tous ces points de contrôle sont tenus par différents groupes armés.

Les réfugiés arrivés au Kenya racontent aussi leur voyage difficile et dangereux : des jours de marche, en se reposant le long du chemin souvent sans aucun abri ni nourriture, exposé aux exactions des groupes armés prêts à les voler, les abusés ou les recrutés de force.

Selon Adrian Edwards, la seule exception dans la région en termes d'arrivées est l'Ethiopie, qui a accueilli 12.639 réfugiés somaliens au premier semestre 2010, contre 8 411 au premier semestre 2009.

« Du fait de l'insécurité et du manque d'accès à plusieurs parties du pays, le HCR et d'autres organisations humanitaires fournissant de l'aide sont confrontés à d'importantes difficultés pour atteindre les millions de personnes dans le besoin », a déploré Adrian Edwards.

Au 1er juillet 2010, la Corne de l'Afrique comptait près de 600.000 réfugiés somaliens, dont 323.000 au Kenya, 164.000 au Yémen et 72.000 en Ethiopie. Après l'Afghanistan et l'Iraq, la Somalie est désormais le pays qui produit le plus grand nombre de réfugiés dans le monde. 1,4 millions de somaliens sont aussi des déplacés internes.

Communiqué de presse de l’ONU trouvé sur son centre d’actualités