samedi 1 mars 2008

KOSOVO. Avec les derniers Juifs de Prizren

Lire cet article du Courrier International

Le Kosovo vient de déclarer son indépendance. Les derniers Juifs de l'ancienne province serbe sont confrontés à une situation économique incertaine et redoutent l'influence croissante des organisations caritatives saoudiennes. Le reportage d'un média juif américain.


Sur une route désolée bordée de maisons inachevées, Ines Quono, âgée de 28 ans, repense au combat qu'elle mène sur une terre si lointaine qu'elle pourrait aussi bien vivre au pays d'Oz. Mais, au lieu d'un chemin de briques jaunes, la chaussée est crevassée, boueuse, jonchée d'ordures.

"Au Kosovo, la seule chose qui fonctionne, ce sont les banques ; nous sommes tous obligés d'emprunter de l'argent pour faire quoi que ce soit", déclare-t-elle. Ines Quono est l'une des dernières représentantes de la communauté juive du Kosovo, province du sud de la Serbie, à peu près grande comme la moitié du New Jersey, qui a proclamé son indépendance le 17 février 2008.

Le chômage y frise les 50 %, et le salaire moyen y est d'environ 230 euros par mois. "On se demande tous comment on va s'en sortir", explique Ines Quono, qui, encore étudiante à l'université, est déjà mariée et mère d'un enfant en bas âge. Pour elle et sa famille, l'avenir est incertain. Ils s'interrogent : leur destin les lie-t-il à Israël ou au sud-est de l'Europe, où leurs racines remontent au XVe siècle et à l'Inquisition espagnole ? A l'époque, des milliers de Sépharades avaient trouvé refuge dans les Balkans.

On ne dénombre plus que cinquante Juifs au Kosovo. Répartis en trois familles, ils vivent tous dans la ville de Prizren, étonnant joyau d'architecture ancienne au beau milieu d'un paysage dévasté par la guerre, la misère et le béton de l'ère communiste.

Angoissés par une guerre à laquelle ils ont assisté en témoins, confrontés à un avenir douteux, les Juifs de Prizren sont moroses. Quand la guerre a éclaté, les autres Juifs de la province - c'est-à-dire les cinquante autres qui résidaient dans la capitale, Pristina - ont fui en Serbie. Ils en parlent la langue et s'en sentent culturellement proches. Mais ceux de Prizren, qui parlent albanais et turc - une importante communauté turque vit aussi dans la région -, sont restés.

Aujourd'hui, le Kosovo, ayant rompu avec la Serbie, ceux qui, comme Votim Demiri, le père de Quono, gagnaient correctement leur vie sous le communisme ont du mal à quitter les maisons qu'ils ont bâties, même s'ils redoutent les tensions croissantes avec leurs voisins.

"Autrefois, il n'y avait pas d'antisémitisme, mais, avec les associations caritatives saoudiennes qui viennent ici maintenant, on sent pour la première fois l'influence du wahhabisme", dit Demiri, faisant référence à l'idéologie fondamentaliste que les religieux musulmans saoudiens s'efforcent - d'ailleurs sans grand succès - d'exporter dans les Balkans. "Je crois que, ces temps-ci, les journaux ne donnent plus une image si positive des Juifs."

Mais le principal sujet d'inquiétude des Juifs est celui de tous les Kosovars : nourrir leur famille. A cet égard, ils sont à la fois avantagés et défavorisés. Ils bénéficient du soutien de l'American Joint Jewish Distribution Committee (JDC), qui leur fournit des services sociaux, organise des célébrations pour les fêtes juives et tente de les aider à trouver un emploi. En revanche, les Juifs sont exclus des structures de ce quasi-Etat contrôlé par les Albanais, qui attribuent les rares postes disponibles à leurs amis et leur famille, constate Robert Djerassi, membre du JDC chargé des activités du comité au Kosovo. "90 % des juifs de Prizren sont au chômage."

Il est par ailleurs difficile, pour les Juifs de Prizren, de maintenir des relations avec d'autres Juifs de la région. "Ce que je voudrais, c'est les intégrer à quelque chose de plus vaste, les faire participer à des événements à Skopje ou Belgrade. Mais les enfants, en dessous de l'âge de 15 ans, ne parlent pas le serbe, ce qui rend la chose difficile", reconnaît Djerassi. "Notre vie spirituelle, comme notre vie économique, est un désastre." Du doigt, il montre son toit délabré. Ses enfants, semble-t-il, envisagent de s'installer en Israël.

Teuta Demiri, la s?ur de Quono, a 22 ans. Elle a passé un an dans un kibboutz, où elle a appris l'hébreu. Caissière dans une banque de Prizren, Teuta pense à l'aliya ["montée" en Israël], mais n'est pas sûre de pouvoir trouver un travail en Israël. Son frère, qui étudie l'hébreu, craint lui aussi pour son avenir professionnel.

"Depuis huit ans, je me demande si je dois partir en Israël", concède Votim Demiri, leur père. Il exhibe une photographie vieille de vingt ans, où l'on voit sa mère parler à Shimon Pérès à Ashdod, en Israël. Elle s'y est établie après la Seconde Guerre mondiale, tandis que ses enfants préféraient contribuer à l'édification d'un Etat socialiste au c?ur de l'Europe. Sans jamais oublier leurs racines juives. Mais la religion était loin de leurs préoccupations quotidiennes. Demiri fait partie de cette génération de Juifs qui se souviennent avec tendresse de la vie en Yougoslavie, dont le Kosovo faisait partie.

A 59 ans, Ulvi Zhalta fait beaucoup plus âgé que son cousin Demiri, qui en a 62. Il souffre de problèmes cardiaques et est aveugle d'un ?il. Comme presque tous les Juifs qui sont restés à Prizren après la Seconde Guerre mondiale, la mère de Zhalta a épousé un non-Juif, en l'occurrence un Albanais ethnique. "Elle est enterrée dans un cimetière musulman. Ici, il n'y a pas de cimetière juif, mais elle était enregistrée en tant membre de la communauté juive à Belgrade", raconte-t-il.

Zhalta dit avoir déposé une demande pour émigrer en Israël en 2000, mais il n'a pas encore reçu d'autorisation de la part de l'Agence juive de l'Etat hébreu. Selon lui, ce retard s'expliquerait par des doutes sur la judaïté de sa mère.

Pétition pour la famille Alaquary-Abdulla d'Yverdon

Les soussignéEs, proches, amiEs, voisinEs, camarades d’école, enseignantEs et parents d’élèves, habitantEs d’Yverdon et environs, souhaitent que la famille Alaquary-Abdulla reste à Yverdon-les-Bains.


La famille Alaquary-Abdulla, ressortissante du Yémen vit à Yverdon depuis 2004, suite à une demande d’asile politique. Les enfants, dont le cadet est né en Suisse, sont tous scolarisés dans les écoles d’Yverdon. Frappé d’interdiction de travailler, le papa, pilote de formation, a mis ses compétences de traducteur en arabe, russe, anglais et français au service de la FAREAS.

En 2006, la demande d’asile est refusée. Les fortes pressions des autorités suisses pour le renvoi inquiètent fortement la famille. Elle a les plus grandes craintes pour son intégrité et pour la vie du père en particulier, en cas de retour au Yémen.

Cette famille a réussi en peu d’années une intégration remarquable; sa distinction, son rayonnement, son courage et sa modestie font l’admiration de toutes celles et ceux qui la connaissent. Elle s’investit beaucoup dans le projet « Qualité de Vie » mis en place par la Municipalité d’Yverdon dans le quartier de Pierre-de-Savoie (préparation de spécialités, discussions, organisation et installation d’animations).

En octobre 2008, au terme de cinq ans en Suisse, la famille pourrait soumettre à nouveau sa situation aux Autorités, à la lumière de la LASI (article 14), et solliciter un permis B humanitaire.

Mais depuis le 1er janvier 2008, selon cette nouvelle loi, la famille reçoit uniquement l’aide d’urgence, strict minimum, avec laquelle elle fait face dignement.

Et maintenant, une épreuve de plus : requérants déboutés, ils doivent quitter tout ce qu’ils ont reconstruit pour échouer dans un centre collectif à l’autre bout du Canton, à Bex. La FAREAS/EVAM a fixé leur transfert pour le 25 mars 2008. Ils déménageront avec seulement leurs vêtements, un peu de vaisselle et leurs matelas et devront abandonner tout le reste.

Arrachés de leurs nouvelles attaches yverdonnoises, les voilà sans espoir face à l’impossible retour au pays.

C’est une véritable catastrophe, en particulier pour les enfants! De jour en jour, on assiste à l’effondrement de chacun, enfants et parents, eux que l’on connaissait si sereins et confiants.

Pétition à imprimer et à signer...



« Ma terre, mon exil… et les lois » à l’Estrée (Ropraz) le 5 mars 2008

Avant de devenir des procédures, des problématiques juridiques, des décisions ou des recours entre les mains des experts et des fonctionnaires. Chaque migration c’ est avant tout l’histoire d’un homme ou d’une femme. C’est quelque uns de ces parcours de vie que nous vous invitons à entendre :

Dès 17 h00, témoignages de Terre et d’Exil

M. Gedda Gamachu, requérant d’asile qui a travaillé au café de la poste de Ropraz

Sœur Marie-Louise Niyonsenga, sœur presbytérienne du Rwanda, étudiante à l’Institut œcuménique de Bossey

M. Istvan Nagy, violoniste, Mézières

M. Marc von Sturler, collaborateur au tournage d’un film sur le Centre d’Enregistrements des Requérants d’Asile à Vallorbe

Il y a deux ans, une large majorité des citoyens refusait le référendum contre les nouvelles lois sur l’asile (LASi) et sur les étrangers (LEtr), les ordonnances d’applications ont été définies et sont entrées vigueur depuis le premier janvier 2008. Il est tant d’examiner en profondeur les incidences de ces dispositions dans la réalité quotidienne vécue par les meilleurs connaisseurs du domaine.

Entre 19h00 et 20h30 possibilité de se restaurer au café de la Poste contigu à l’Estrée

Dès 20h30, Les nouvelles lois sur l’asile et les étrangers

table ronde animée par Jacques Poget (journaliste, ancien rédacteur en chef de 24heures)

avec la participation des invités suivants

Karine Povlakic, juriste au SAJE de Vallorbe

Pierre Imhof , directeur de l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants)

Stève Maucci secrétaire général adjoint du DIRE (département de l’intérieur)

Francisco Merlo du service socio-juridique de la Fraternité CSP

Pierre-Olivier Heller et Brigitte Zilocchi ministres EERV chargés du soutien aux migrants.





Le cycle de table ronde « Paroles en …marges » à la fondation de l’Estrée (Ropraz)

Le CSC « Présence et Solidarité » de l’Eglise réformée a pour mission de « manifester la solidarité par des actions concrètes auprès des plus démunis et des plus faibles »; dans notre région ce soutien se matérialise en priorité à l’égard des personnes âgées, des réfugiés et sans-papiers et des personnes souffrant de dépendances.

En octobre 2007, un premier débat sur les affiches du « mouton noir » avaient rencontré un grand intérêt dans la région et en particulier dans Le Courrier.

En 2008 le CSC proposera un cycle de 4 tables rondes en collaboration avec la fondation l’Estrée de Ropraz. L’idée est d’aborder des thèmes de société et d’en discuter sous le regard croisé de représentants de la société civile.

Dans ces soirées nous vous inviterons à réfléchir à la manière dont notre société marginalise et exclut certaines catégories de notre population. Très souvent nous nous positionnons en tant qu’inclus et nous avons l’impression que ce sont les personnes marginalisées qui sont seules responsables de leur situation. Mais ces exclus ont-ils vraiment les moyens d’échapper à leur statut ? Les interventions du travail social, des autorités politiques, voire de l’Eglise sont elles effectuées à bon escient ?

Dans quelle mesure, ces situations paradoxales doivent-elles interpeller notre responsabilité de citoyens ? Une prise de conscience est nécessaire pour clarifier, voire pour convertir, notre engagement social envers ces gens, en faisant de ces « derniers » les « premiers » de notre vocation d’aide et d’accompagnement.

S’interroger sur les marges, c’est aussi se remettre en cause. Se demander qui est au centre. C’est tout cela que nous avons voulu exprimer en intitulant ce cycle « Paroles en …marges » !

- Ma terre , mon exil … et les lois 5 mars 2008

- A l’horizon… notre société et les personnes âgées mai 2008

- Travail au noir, travail au gris…Histoire de vie octobre 2008

- Mendiant…persona non grata ? novembre 2008