samedi 29 avril 2006

Vivre dans la peur en Suisse aujourd'hui,

Un témoignage de Laurent Zumstein, pasteur de l'EERV

Juste envie de partager avec vous ma matinée avec les R... (une famille de requérant dont le père vient d'être arrêté pour expulsion)

Il avait été convenu avec le fils aîné que je passerai le prendre avec sa mère pour aller au SPOP, histoire qu'ils aient à nouveau une attestation et puissent recevoir de quoi vivre. J'arrive à 8h30 mais le grand n'est pas là et je trouve une maman terrorisée: elle ne veut pas qu'on l'arrête comme son mari. Le fils cadet (15 ans) est là et, comme il parle un peu l'allemand, il nous aide à communiquer. Mais je n'arrive à la convaincre. On va chercher les K.. pour aider à la traduction qui y vont, eux aussi, de leur couplet pour l'encourager, qu'elle n'a pas à se méfier, que je serais de toute façon avec elle, etc... Elle finit par dire oui et les enfants décident de venir (la fille est mal mais ne veut pas quitter sa mère!). On passe par le Point d'Appui où JPierre essaie d'atteindre un des responsables du SPOP pour être sûr qu'il n'y a pas de danger. Personne ne répond. Alors on va... mais j'ai la peur au ventre: et si ils arrêtaient la mère?! Les enfants restent dans ma voiture et, courageusement, on entre. On entre et on explique. On explique plusieurs fois parce que le SPOP ne comprend pas pourquoi ils n'ont plus d'attestation jusqu'à ce qu'ils réalisent ce qui s'est passé avec le père. On attend alors et un des fonctionnaires finit par arriver. Il parle l'albanais et explique qu'on va leur refaire une attestation mais que ça ne change rien au fait que le SPOP continue à préparer leur retour. La dame encaisse et moi je demande qu'on me traduise. Le bonhomme me regarde (je le connais; ce n'est pas la première fois que je le vois) et me demande qui je suis. Je dis que je suis pasteur et que j'accompagne cette famille. Il hésite mais m'explique... En fait, rien de surprenant dans son discours: il ne peut pas dire autre chose tant que Berne n'a rien dit. On retourne s'asseoir et après 30 minutes, on nous apporte les attestations... Madame remarque la date de délai (8 mai), elle commence à se détendre. OUF! on ressort et va vers la voiture où la jeune fille nous accueille, soulagée visiblement (1heure d'attente donc... qu'a-t-elle imaginé durant tout ce temps?) On rentre à Moudon et pendant le voyage j'essaie d'expliquer que ce 8 mai est une bonne chose mais que, si Berne répond avant, tout peut être remis en cause. Mais dans la voiture souffle un air de détente. La campagne est superbe! A Moudon, Armand, l'AS de la FAREAS (un gars bien!), prend tout de suite les choses en main et leur fait péparer un chèque à retirer cet après-midi. Et JPierre devrait les prendre avec lui à Frambois pour une visite au Papa, mercredi...

Ils me remercient beaucoup et moi, dans ma voiture, sur la route vers Lausanne, je respire un bon coup même si je sais que c'est sans doute partie remise.

Mais qu'ils sont beaux, ces gens... cette mère qui protège ses enfants, ce fils de 15 ans qui utilise ses bribes d'allemand pour faire les liens et convaincre sa maman, cette jeune fille très mal mais qui accueille sa mère avec un immense sourire... Beaux, oui vraiment!

Voilà!

Ils ne rentrent pas au Monténégro

Lu dans 24heures
Après avoir obtenu les regrets d’Henri Rothen, Abid et Anel Mekic ne quittent pas la Suisse.

Mercredi au Tribunal de police de Lausanne, Anel Mekic, 23 ans, retirait sa plainte pé­nale pour calomnie. Le chef du Service cantonal de la popula­tion (SPOP) Henri Rothen ve­nait de reconnaître que le re­quérant débouté n’avait aucun antécédent pénal tout en re­grettant les propos qu’il avait tenus à ce sujet. Le Monténé­grin doit en principe repartir lundi, son visa arrivant à échéance, alors que le départ de son frère Abid, 26 ans, venu en témoin, était prévu hier.
Mais ils vont rester en atten­dant que le SPOP statue sur leur demande de réintégration dans le groupe des 224 (an­ciennement 523) requérants d’asile déboutés dont la régula­risation fait l’objet d’âpres né­gociations entre le canton de Vaud et les services de Chris­toph Blocher. Le 12 avril 2005, les deux jeunes hommes avaient été renvoyés de force au Monténégro, laissant leur famille à Vevey. «Toutes les démarches seront menées pour qu’ils puissent rester», déclare leur «marraine», la conseillère nationale écologiste Anne-Ca­therine Menétrey.
Si une proposition de conci­liation d’Henri Rothen s’était heurtée à un refus des deux frères alors qu’ils étaient en­core au Monténégro, l’audience pour laquelle ils sont revenus a abouti à un accord, auquel le plaignant était cette fois favorable. Cette issue judiciaire positive a ouvert la voie à leur demande de régularisation.
Le chef du SPOP annonce de son côté qu’il ne s’occupera personnellement pas du dos­sier des frères Mekic sur lequel il a décidé de se récuser.

Neuchâtel roule ressort ses vélos

Lire la dépêche de RTN

Assemblée du PDC: pour un durcissement des lois sur l'asile

Lire la dépêche de swissinfo
Les romands ont été battus !

Extraits:
...Les représentants de l'aile gauche du parti et les PDC romands ont lutté en vain contre les deux lois. Une représentante du Parti chrétien-social (PCS) a indiqué que les mesures de luttes contre les abus inscrites dans la loi actuelle sont suffisantes: "Preuve en est le recul des demandes d'asile durant les dernières années", selon elle.

Les représentants genevois et vaudois ont rappelé que leurs sections s'opposent aux deux lois. Evoquant l'engagement des Eglises contre ces lois, il ont appelé le PDC suisse à se souvenir de ses valeurs chrétiennes et de la longue tradition humanitaire du pays, qui sera remise en question si elles sont acceptées.

La nouvelle loin permettra notamment de punir, jusqu'à cinq ans de prison, les prêtres qui hébergeraient des requérants devant être expulsés, a noté l'ex-conseiller national Jacques Neyrinck. Et le professeur vaudois d'ajouter que ces lois s'opposent aux principes du PDC, notamment en matière de regroupement familial.

La loi sur l'asile prévoit notamment de supprimer l'aide sociale pour les requérants qui n'ont pas obtenu le statut de réfugiés. La Suisse refusera en principe d'entrer en matière sur les demandes d'asile déposées par des personnes ne disposant pas de pièces d'identité.

Requérants d'asile; Bien des Vaudois en descendent

A 91 ans, j’ai connu ou vu à l’oeuvre de nombreux conseillers fédéraux.
Aujourd’hui je déplore de voir au gouvernement de mon pays un homme, Christophe Blocher, qui sème la zizanie et bafoue les valeurs traditionnelles de mon pays, terre d’asile.
Les Dubochet qui sont de la région de Montreux (des textes l’attestent dès le XIIIe siècle) se sont alliés à des Français qui ont trouvé asile en Suisse à la Révocation de l’Edit de Nantes. Nombreuses sont les familles vaudoises dans ce cas.

Liliane Dubochet, Lausanne