jeudi 22 décembre 2005
Référendum contre la loi sur les étrangers lancé!
Les Verts suisses, Solidarité sans frontières, le Forum pour l’intégration des migrantes et des migrants FIMM et le comité romand contre la LEtr ont annoncé au-jourd’hui, en conférence de presse, le lancement du référendum contre la loi sur les étrangers. Ils entendent ainsi s’opposer à une loi discriminatoire et ségrégationniste qui laisse la voie totalement libre à l’arbitraire administratif. De nombreuses organisations soutiennent ce référendum.
Vendredi dernier, en votation finale, les Chambres fédérales ont adopté deux lois inhumaines et xénophobes. Ueli Leuenberger, Vice-président des Verts suisses, les a qualifiées de „Lex Blocher“. N’est-ce pas sur l’impulsion du ministre du Département de justice et police que les Chambres ont procédé à un durcissement inacceptable de ces deux lois?
La loi sur l’asile révisée bafoue les droits humains fondamentaux des requérants d’asile. Elle englobe de nombreuses mesures de contrainte totalement inadmissibles dont le seul objectif est de dissuader le plus grand nombre possible de personnes de déposer une demande d’asile.
Lire le communiqué des verts
Ecoutez l'entretien à ce sujet de Ueli Leuenberger sur La Première
Coûts de l'asile, accord entre Blocher et les cantons
Le ministre Christoph Blocher et les cantons ont trouvé un compromis sur la répartition des coûts de l'asile. Les cantons acceptent le montant de l'indemnité à titre d'aide d'urgence, mais la Confédération renonce à couper dans les frais d'encadrement.
Lire la dépêche de l'ATS
Contre une loi sur les étrangers discriminatoire
Les Verts et deux organisations de défense de migrants lancent le référendum contre le durcissement de la Loi sur les étrangers voté au Parlement.
Les adversaires de la nouvelle loi n'admettent ni la discrimination à l'égard des non-européens ni le concept de «degrés d'intégration».
Lire le dossier de Swissinfo
Pour les Verts, le Forum pour l'intégration des migrants (FIMM) et Solidarité sans frontières, la nouvelle Loi sur les étrangers (LEtr) est issue «de la logique xénophobe de l'exclusion. Comme le durcissement du droit d'asile».
Lire la dépêche d'AP
Christoph, prophète du Volksgeist
L'opinion de l'ancien rédacteur en chef de 24heures à l'occasion de Noël est bien profilée. Elle a été publiée en page 2.
Longtemps on a pu trouver, à bon droit, M. Christoph Blocher irritant. Mais après tout, si les Chambres ont pris le risque… plus ou moins calculé de l’élire au Conseil fédéral, et si les autres «Sages» ne sont pas tombés de la dernière pluie, tout ce beau monde politique, pouvaiton se dire, n’a qu’à se débrouiller pour que les institutions fonctionnent; et pour se protéger lui-même.
Maintenant, le décor a changé. M. Blocher devient carrément dangereux. Pour trois raisons.
D’abord, son parti prétend faire du peuple suisse un monarque absolu. La bataille des naturalisations le montre bien. Et permettre aux habitants d’une commune de voter sur le destin d’une personne dont ils ne connaissent, au mieux, que le lieu de naissance et la couleur de peau, ce n’est pas perfectionner la démocratie, c’est la trahir. Car tout pouvoir, il faut malheureusement le rappeler, doit se donner à lui-même des bornes; et s’il ne le fait pas, il est en marche vers un régime totalitaire. L’histoire nous l’enseigne: il n’y a, de la démocratie à la dictature, que deux ou trois petits pas. Or M. Blocher, freiné par le Tribunal fédéral, a franchi le premier: il a déclaré que si la Constitution gêne ses partisans, il n’y a qu’à changer la Constitution.
D’ailleurs, le Chef — et c’est la seconde raison — a bientôt montré comment lui-même comprend la démocratie. Non seulement il se conduit au Palais fédéral comme une vedette indiscrète et mal élevée; mais, quand une commission parlementaire veut s’intéresser à ses indélicatesses, il réunit son groupe, et ses petits soldats claquent la porte de la commission. Ainsi l’Exécutif se met-il à manipuler le Législatif. Avant de manipuler le judiciaire… Ce n’est pas encore le plus grave.
La démagogie est un anesthésique puissant. En exaltant le Volksgeist (l’Esprit du Peuple), elle engourdit les volontés individuelles. Les lois sur l’asile et sur les étrangers, qu’un Parlement tétanisé vient d’adopter, défient le droit international, ou plutôt le droit tout court, s’il a pour objet le règne de la justice et de l’humanité. On ne répétera pas ici les objections largement exposées par les rebelles à la Suisse blochérienne: autant d’évidences. Mais les Chambres se sont mises à quatre pattes. Honneur à M. Bruno Fasel, à Mme Martine Brunschwig Graf, à M. Claude Ruey, à quelques autres (mais rares) centristes, et naturellement à la gauche; à ceux qui, venus donc d’horizons divers, ont prononcé des paroles si graves qu’en d’autres temps elles auraient secoué le pays. Honneur — et non pas dérision, s’il vous plaît! — aux courageux qui lanceront un référendum. On le dit perdu d’avance. Voire. Mais comment rester inerte après avoir dénoncé, quoique en vain, la cruauté?
Dérision supplémentaire: le langage des statistiques, dont l’Office fédéral des réfugiés abuse depuis des années, perd toute pertinence au moment où le nombre des requérants d’asile fond comme glaciers après Kyoto; que nos élus dressent néanmoins de nouveaux remparts; et qu’on invente ce sigle sinistre, les NEM (ah! souvenir des abréviations dont le Reich national-socialiste était si gourmand, parce qu’elles signalent à la fois l’ordre, la discipline et l’anonymat)… On nous explique ad nauseam que la Suisse «ne peut pas recevoir toute la misère du monde». Comme s’il en avait jamais été question! Et pendant ce temps, on expulse des «enracinés», on oblige des patrons à licencier des salariés dont ils étaient contents, on maintient des familles dans une angoisse à chaque aube renouvelée… Voici Noël. Pouah!
La famille Azizi. De la Macédoine à Prilly
Le petit Jehon fait le clown dans le salon. Son père le couve du regard. «Comme Albanais, je n’ai pas eu une belle jeunesse dans mon pays. J’espère que Jehon pourra avoir une meilleure vie ici.» Dans leur petit appartement prilléran, Fljurim Azizi et sa femme Hirmet regrettent le temps du travail. Il a été plâtrier-peintre pendant plus de trois ans, son épouse blanchisseuse durant quinze mois. Et puis est arrivée l’interdiction de travail. «Maintenant, j’ai honte d’aller me promener dehors la journée. Je ne veux pas que les gens disent que les étrangers ne travaillent pas, qu’on est des profiteurs. » D’avril au mois d’août, ils ont passé quatre mois dans le refuge des églises. «On est allés d’une paroisse à l’autre. C’était difficile avec le petit, il a été malade. Et quand on est sortis, il pleurait souvent la nuit.» L’espoir? «On ne se décourage pas. Beaucoup de Suisses nous aident tellement.»
Texte de MARTINE CLERC, photo d'Odile Meylan
Lien vers la description du projet de 24heures
La coalition pour une Suisse humanitaire lance le référendum
Le Courrier revient sur la conférence de presse inaugurale de la campagne pour les référendums, organisé à Berne par les ONG. Lire le texte des communiqués
Nous reprenons ici, l'entretien de Michel Schwery avec le secrétaire de Solidarité sans frontière.
Les militants d’une Suisse plus ouverte aux réalités du monde sortent de l’ombre. Outre les oeuvres d’entraide qui lancent le référendum contre le durcissement du
droit d’asile (lire ci-dessus), d’autres forces ont choisi de refuser conjointement cette même loi et la nouvelle Loi sur les étrangers, également adoptée vendredi par les chambres fédérales. Ce week-end se sont ainsi tenus à Berne les «états généraux de la migration et de l’asile». Le point de situation avec Balthasar Glättli, secrétaire de Solidarité sans frontière et coorganisateur alémanique de la rencontre.
Quel bilan tirez-vous de cette première édition des «états généraux»?
– Balthasar Glättli: Ce week-end de travail constitue un moment très important pour
nous. C’est la première fois que les mouvements pour l’asile et de soutien aux migrants étaient réunis. Des petits et des grands groupes, de migrants et de Suisses
solidaires se sont retrouvés par-dessus les frontières cantonales. Environ 200 personnes pour une quarantaine d’associations étaient présentes.
Ce moment a permis à ces «partenaires naturels » de faire connaissance entre militants qui s’activent parfois depuis des années sur les mêmes thèmes. Au-delà,
nous avons pu dresser un état des lieux du mouvement. Chacun dans son coin, on se
croyait très faible, mais nous avons découvert une vraie richesse de résistance.
Le double référendum est un pas sur le chemin de la résistance, mais nous imaginons
déjà de continuer le combat en lançant, peut-être, une initiative sur la politique
migratoire afin de nourrir le débat public avec «notre» discours sur ce thème.
Sur ce front, comment la situation se présente-t-elle en Suisse alémanique?
– La Suisse primitive connaît une nette majorité de droite. Par exemple, le courant
blochérien est né à Zurich. Face à cela, nous nous sommes habitués à perdre, à l’absence d’opposition. En Suisse romande, certains gouvernements cantonaux résistent
à Berne. Chez nous, c’est tout simplement impensable.
Quels sont les avantages à lancerun double référendum?
– Pour la récolte de signatures, il y a deux comités nationaux, l’un sur l’asile, l’autre contre les deux lois. Les deux comités sont légitimes et répondent à des tactiques différentes. Mais la campagne sera unitaire, sans concurrence entre les deux référendums. La validation des signatures sera centralisée au même endroit.
Nous, nous aurons une feuille de signatures double afin de signifier notre refus
de la «blochérisation» de la Suisse. Nous pensons qu’en Suisse alémanique nous
pouvons plus facilement gagner à notre cause des «vrais libéraux» avec cette approche
qu’avec le seul argument «humanitaire ».
L'arrêt des renvois sera discuté en janvier
Le Grand Conseil vaudois se penchera une nouvelle fois à la fin janvier sur l'arrêt des renvois forcés des requérants d'asile déboutés. Contrairement au Conseil d'Etat, la commission soutient le décret. Le plénum, voire les tribunaux, trancheront.
Les travaux de la commission parlementaire sont terminés. Sans surprise, par huit voix contre sept, la commission a apporté son soutien aux trois éléments-clés du décret: l'arrêt des renvois forcés, la levée de l'interdiction de travailler et la création d'une commission consultative d'experts sur le modèle neuchâtelois.
Ces mesures concernent environ 380 personnes. Elles s'appliquent au groupe dit des «523» (qui ne sont désormais «plus» que 237, selon l'Office fédéral des migrations, ODM) ainsi qu'aux Ethiopiens et Erythréens qui avaient été exclus d'emblée de la circulaire Metzler (les «175», qui ne sont désormais «plus» que 146).
En commission, la gauche l'a emporté de justesse grâce à l'appui du radical Serge Melly, qui a donné son nom à la motion qui est à l'origine du décret d'application. En plénum, le vote s'annonce serré. En juillet dernier, la motion Melly avait été acceptée par 78 voix contre 74 et trois abstentions.
Au Grand Conseil, le débat prendra une tournure résolument juridique. Les partisans du décret soulignent que la Loi sur le séjour et l'établissement des étrangers (LSEE) indique que les cantons «peuvent» ordonner les mesures de contrainte. Selon eux, les cantons n'ont donc pas d'obligation.
Le libéral Philippe Leuba, auteur d'un rapport de minorité, conteste cette interprétation. A ses yeux, le mot «peut» ne signifie pas que le canton a le choix de le faire ou non. Ce mot autorise simplement le canton à recourir à ce type de moyens, car il faut une base légale pour attenter aux libertés individuelles, dit-il: «L'article 46 de la loi fédérale sur l'asile précise que le canton est tenu d'exécuter la décision de renvoi.»
Si le décret passe en plénum, les recours sont d'ores et déjà annoncés. Dix-huit députés, soit un dixième du Grand Conseil, saisiront la Cour constitutionnelle vaudoise, a annoncé Philippe Leuba. Le Conseil fédéral pourrait aussi déposer une réclamation de droit public au Tribunal fédéral pour violation du droit fédéral.
Le décret pourrait être voté à la fin janvier en premier débat. Un deuxième débat suivra en février. En cas d'acceptation, le Conseil d'Etat fixera l'entrée en vigueur de la loi, à une date encore inconnue.
Lire l'article de La Liberté et du Courrier
Les travaux de la commission parlementaire sont terminés. Sans surprise, par huit voix contre sept, la commission a apporté son soutien aux trois éléments-clés du décret: l'arrêt des renvois forcés, la levée de l'interdiction de travailler et la création d'une commission consultative d'experts sur le modèle neuchâtelois.
Ces mesures concernent environ 380 personnes. Elles s'appliquent au groupe dit des «523» (qui ne sont désormais «plus» que 237, selon l'Office fédéral des migrations, ODM) ainsi qu'aux Ethiopiens et Erythréens qui avaient été exclus d'emblée de la circulaire Metzler (les «175», qui ne sont désormais «plus» que 146).
En commission, la gauche l'a emporté de justesse grâce à l'appui du radical Serge Melly, qui a donné son nom à la motion qui est à l'origine du décret d'application. En plénum, le vote s'annonce serré. En juillet dernier, la motion Melly avait été acceptée par 78 voix contre 74 et trois abstentions.
Au Grand Conseil, le débat prendra une tournure résolument juridique. Les partisans du décret soulignent que la Loi sur le séjour et l'établissement des étrangers (LSEE) indique que les cantons «peuvent» ordonner les mesures de contrainte. Selon eux, les cantons n'ont donc pas d'obligation.
Le libéral Philippe Leuba, auteur d'un rapport de minorité, conteste cette interprétation. A ses yeux, le mot «peut» ne signifie pas que le canton a le choix de le faire ou non. Ce mot autorise simplement le canton à recourir à ce type de moyens, car il faut une base légale pour attenter aux libertés individuelles, dit-il: «L'article 46 de la loi fédérale sur l'asile précise que le canton est tenu d'exécuter la décision de renvoi.»
Si le décret passe en plénum, les recours sont d'ores et déjà annoncés. Dix-huit députés, soit un dixième du Grand Conseil, saisiront la Cour constitutionnelle vaudoise, a annoncé Philippe Leuba. Le Conseil fédéral pourrait aussi déposer une réclamation de droit public au Tribunal fédéral pour violation du droit fédéral.
Le décret pourrait être voté à la fin janvier en premier débat. Un deuxième débat suivra en février. En cas d'acceptation, le Conseil d'Etat fixera l'entrée en vigueur de la loi, à une date encore inconnue.
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