lundi 2 novembre 2009

Organisations économiques - L'initiative sur les minarets nuit à la réputation de la Suisse


L'économie s'engage pour un non à l'initiative sur les minarets le 29 novembre 2009

Zürich (ots) - L'initiative sur les minarets est nuisible et contraire à nos valeurs. Elle remet en cause l'image de la Suisse comme pays ouvert et tolérant et fait fi de nos principales valeurs dont font partie les libertés de croyance et de religion. Interdire les minarets en Suisse nuit à notre place économique. Réunies à l'occasion d'une conférence de presse, différentes personnalités de l'économie s'engagent contre l'initiative sur les minarets. Elles la rejettent clairement, tant pour des raisons politiques qu'économiques.

Démocratie, ouverture et tolérance sont au nombre des valeurs inaliénables de la Suisse. Elles valent à notre pays d'être respecté à l'étranger et estimé comme médiateur neutre entre les parties en conflit. L'initiative « contre la construction de minarets » remet en cause la bonne réputation de la Suisse. Elle s'en prend à la neutralité confessionnelle. Interdire les minarets est une mesure parfaitement inutile pour combattre le fondamentalisme islamique: le minaret n'est qu'un élément d'architecture, non l'origine des courants radicaux. Aucun pays voisin de la Suisse ne connaît l'interdiction des minarets. « L'initiative ternit l'image d'ouverture et de tolérance de notre pays et nuit à notre économie», déclare Gerold Bührer, président d'economiesuisse.

Rudolf Stämpfli, président de l'Union patronale suisse, considère que le respect est une force de notre place industrielle. « Il suffit d'observer la vie de nos entreprises pour se convaincre que les représentants des différentes cultures et communautés religieuses se comprennent, qu'ils sont généralement bien intégrés et se respectent mutuellement. » L'esprit libéral et tolérant qui prévaut en Suisse ainsi que les libertés de croyance et de religion garanties par notre Constitution contribuent à cette harmonie réjouissante. La construction de minarets n'a jamais vraiment posé de problèmes. Il n'y en a d'ailleurs que 4 en Suisse. Leur construction est soumise à autorisation, comme n'importe quel bâtiment. Bernard Rüeger, CEO de Rüeger SA, est préocuppé : « cette initiative reflète une volonté malsaine de briser la paix con-fessionnelle en Suisse. Un climat de méfiance et d'hostilité serait très mauvais pour notre pays, pour sa réputation et pour notre économie."

L'initiative envoie de mauvais signaux et compromet la marque « Suisse ». Hanspeter Rentsch, membre de la direction de Swatch Group en est convaincu. L'industrie horlogère suisse entretient depuis toujours d'étroites relations économiques avec les pays musulmans qui comptent traditionnellement parmi les principaux pays exportateurs de l'horlogerie suisse. De nombreuses entreprises horlogères sont implantées dans les pays musulmans. L'initiative sur les minarets est de nature à compromettre ces relations commerciales de longue durée. « La marque « Suisse » doit continuer à représenter des valeurs telles que l'ouverture au monde, le pluralisme et la liberté de religion. Elle ne doit en aucun cas être associée à la haine, à la xénophobie et à l'étroitesse d'esprit. »

« Notre bonne réputation est notre plus grand capital », affirme Guglielmo L. Brentel, président d'hotelleriesuisse. Pour le tourisme suisse, la réputation est d'une importance primordiale. L'interdiction des minarets nuirait durablement à l'image de pays d'accueil de la Suisse. Or, les Etats du Golfe figurent précisément parmi les principaux marchés en progression dans le tourisme suisse. L'année dernière, les visiteurs des pays du Golfe ont représenté plus de 400 000 nuitées, ce qui représente un accroissement d'environ 15 pour cent par rapport à 2007. M. Brentel est catégorique : « L'initiative sur les minarets met à mal notre image de pays d'accueil. C'est pourquoi je la rejette fermement. »

Christoph Lindenmeyer, membre de la direction du groupe de Schindler Management SA et membre du comité de Swissmem, est opposé à l'initiative parce qu'elle enfreint les principes de la liberté de religion et de l'égalité de droit. Sur le plan économique, les pays musulmans ont été en 2009 aussi parmi les marchés en croissance. L'année précédente, l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) a exporté pour plus de 5 milliards de francs de marchandises dans les 57 pays de la Conférence islamique. Grâce à leur richesse en pétrole et en gaz, ces partenaires économiques qui ont déjà du poids aujourd'hui gagneront encore en importance à l'avenir. « L'acceptation de l'initiative perturberait énormément les bonnes relations que nous entretenons avec les pays musulmans », déclare M. Lindenmeyer sans ambages. « Ce n'est pas dans l'intérêt de notre pays. »

Accusé à tort de terrorisme, il est passé à côté de quinze ans de sa vie

Dans la Tdg

JUDICIAIRE | L’arrestation d’Adlène H., physicien du CERN, a ravivé  les douloureux souvenirs de Mohammed Khaldi, soupçonné de terrorisme en France en 1994.

© Patrick Martin/28 octobre 2009 | Mohammed Khaldi, 46 ans, a «mis sa vie sur pause» pendant quinze ans. Son arrestation et sa mise en examen infondée pour terrorisme dans le cadre de «l’affaire Chalabi» ont bouleversé sa vie en 1994.

LAURENT GRABET | 02.11.2009 | 00:00

Depuis quinze ans, chaque fois qu’il doit serrer une main inconnue, Mohammed Khaldi se sent mal à l’aise. Ses huit mois passés à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis ressurgissent. C’était en 1994, mais dans la tête de ce Lausannois d’adoption de 46  ans, c’était hier. Pour «avoir touché les mains» des mauvaises personnes au mauvais moment, l’Algérien a été soupçonné de terrorisme. L’arrestation le 12 octobre dernier en France d’Adlène H., physicien au CERN et enseignant à l’EPFL, a ravivé ces mauvais souvenirs: «Son cas m’a donné envie de témoigner de mon histoire, même si j’ai peur d’être à nouveau rejeté. Je ne connais pas cet homme, mais quelque chose au fond de moi me pousse à penser qu’il est innocent.»

Gilets pare-balles et mitraillettes
Sûrement le souvenir de ce triste 8 novembre 1994, «quand je suis devenu un grand terroriste du jour au lendemain.» Flash-back. Il est 6 h et il fait encore nuit noire à Clichy quand des policiers en gilet pare-balles et mitraillettes au poing défoncent la porte de Mohammed Khaldi, 32 ans. Sans explications, ils le plaquent au sol et «cassent tout en fouillant le petit appartement comme s’il s’agissait de celui d’Al Capone». A la même époque, ailleurs en France, plusieurs dizaines d’autres subissent les mêmes «rafles». Tous sont soupçonnés d’être impliqués dans l’affaire Chalabi. La plupart y sont étrangers.
Fraîchement débarqué de son Algérie natale pour fuir les violences du Front islamique du salut, Mohammed Khaldi est à l’époque réceptionniste dans un deux-étoiles au boulevard de la Chapelle. C’est là qu’il a «touché» les mauvaises mains. Après 72 heures de garde à vue, le Kabyle est présenté à Jean-Louis Bruguière qui lui signifie ses 13 chefs d’inculpation. «Association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» est le principal. Le célèbre juge lui dessine aussi un organigramme de «l’entreprise» à laquelle il est censé appartenir et indique: «Vous êtes là.» Mohammed Khaldi risque d’en prendre pour quinze ans.

Après huit mois passés derrière les barreaux, il finira pourtant par être relâché. «Sous contrôle judiciaire.» Un cousin à qui il demande de l’aide l’ignore. Ses amis ferment les yeux. Son ancien employeur ne veut plus de lui. La suspicion plane. «Toute la vie que j’avais construite en France était comme effacée. C’est une honte d’être soupçonné de vouloir tuer des innocents!» Arrive ensuite un avis d’expulsion pour l’Algérie. «Je ne pouvais pas rentrer au pays avec un tel fardeau. J’étais seul face à moi-même dans la tourmente. Comme Adlène H. doit l’être aujourd’hui.» Des idées de suicide traversent alors l’esprit du musulman pratiquant qui décide finalement de faire face.
Un matin de 1996, il fait sa valise, file gare de Lyon et monte dans le premier train partant pour l’étranger. Destination: Genève. A son arrivée, l’Algérien demande l’asile et met son histoire sur la table. «J’étais certain de compliquer mon cas mais au moins, j’étais en accord avec moi-même.» En 1999, son procès se soldera par un «non-lieu». «Un non-lieu ne répondant absolument pas à des accusations qui, elles, étaient explicites et qu’il me faut porter depuis!»

Quinze ans foutus en l’air
Pendant toutes ces années en Suisse, Mohammed Khaldi le demandeur d’asile vit «dans une précarité totale». Les portes auxquelles il frappe «restent fermées ou s’ouvrent à moitié». Heureusement, des «Suisses formidables» lui tendent la main. Les recours se succèdent. En décembre 2008, l’homme obtient finalement son permis B. C’est un soulagement. Et une grande question qui se pose enfin: «Qu’ai-je fait de toutes ces années?» Réponse cruelle: beaucoup de course à pied, pas mal de foot en tant qu’éducateur
– «Ce qui m’a permis de tenir debout» – mais pas grand-chose d’autre. Mohammed Khaldi, le musulman pour qui la famille est la valeur centrale, n’en a pas fondé. «Infliger mon fardeau à une femme et des enfants était inconcevable!»
Aujourd’hui, il est médiateur culturel, préside la Maison algéro-suisse basée à Lausanne et veut tourner la page. Pouvoir «toucher des mains» sans regarder en arrière. Enfin.

«La Forteresse» en DVD

ATS «La Forteresse» de Fernand Melgar est désormais disponible en DVD. Pas moins de 5000 exemplaires ont été édités.

© Olivier Vogelsang / Archives | Fernand Melgar.

Une dizaines de scènes inédites figurent en bonus mais le documentaire ne s'accompagne d'aucun commentaire direct du cinéaste lausannois.

«Je trouve que les réalisateurs sont souvent trop bavards», a déclaré Fernand Melgard. «J'ai préféré accompagner le DVD d'un livret de 16 pages pour expliquer mes motivations et montrer des photos des repérages.»

«La Forteresse» montre le quotidien du centre de requérants d'asile de Vallorbe (VD). L'ouvrage a moissonné les récompenses depuis sa présentation en août 2008, raflant par exemple un Léopard d'or au Festival de Locarno et des prix en Allemagne, en Argentine ou même en Chine. Il a enregistré 45 000 entrées dans les cinémas helvétiques, principalement en suisse romande.

Fernand Melgar s'est déplacé pour le présenter dans une quinzaine de pays cette année. Il répondra aux questions du public lors de projections organisées ces jours à Monthey (VS), Villeneuve (VD) ou Delémont.

«Le film a touché toutes les couches de la population», raconte le cinéaste. «Il n'a pas seulement intéressé les seuls défenseurs des requérants d'asile et n'a que très rarement suscité des réactions négatives. J'ai constaté que les enfants découvrent par exemple que les requérants ne sont pas tous des trafiquants de drogue.»

L'un des protagonistes du film, l'Irakien Fahad Khammas a été expulsé de Suisse en avril. L'homme de 24 ans se trouve toujours en Suède, pays compétent pour traiter son dossier. Son sort a été largement médiatisé ce printemps en raison de sa participation au documentaire. Sur place, il a été accueilli par la section suédoise d'Amnesty International.

Prochain film
«Certains des requérants filmés ont obtenu l'asile, d'autres non. Quelques-uns bénéficient d'une admission provisoire», explique Fernand Melgar.

Le réalisateur travaille actuellement au scénario de son prochain long métrage intitulé «Loin derrière la montagne». L'action de cette fiction se déroulera à Lausanne. Le tournage est prévu «si tout va bien» l'année prochaine. Le film abordera la question des travailleurs clandestins en Suisse.

Site internet www.laforteresse.ch