Propos recueillis par Romain Clivaz pour 24 Heures.
– La politique de Lausanne et de Genève, soit la possibilité pour des sans-papiers de faire des apprentissages, est-elle la bonne?
– En tant que conseillère fédérale, je ne m’exprime pas sur des décisions prises par des instances compétentes. Mais, à titre personnel, il m’est difficile de comprendre pourquoi des jeunes gens qui ont été scolarisés ici se verraient privés de formation. A cela s’ajoute l’injustice qui frappe ceux qui veulent faire un apprentissage, à qui l’on ferme la porte, alors que d’autres peuvent se lancer dans des études. Ces jeunes sont souvent nés ici. Dans le fond, leur pays, c’est la Suisse. Ils n’ont pas à payer pour les fautes de leurs parents.
– Une régularisation généralisée est-elle la solution?
– Non. On le voit dans d’autres pays. Les personnes régularisées sont rapidement remplacées par de nouveaux sans-papiers. La demande pour une telle main-d’œuvre ne disparaît pas. On ne fait que reporter le problème. Il faut régler cela au cas par cas. Des dispositions permettent de traiter les cas de rigueur.
– Combien y a-t-il de sans-papiers actuellement en Suisse?
– En 2005, une étude qui a été établie à la demande de l’Office fédéral des migrations articulait le chiffre de 90 000. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas d’un petit problème! D’autant que derrière de nombreux cas se cache un drame humain.