L’homme avait pris la défense du négationniste vaudois Philippe Brennenstuhl l’an passé au Grütli.
Un néonazi a été reconnu coupable pour discriminations raciales répétées par la justice du canton d’Uri. Cet homme de 29 ans a été condamné à une peine pécuniaire de 10 joursamendes à 100 francs et à une amende de 200 francs.
Le néonazi a été condamné pour avoir pris la défense de Philippe Brennenstuhl, un Vaudois qui nie l’existence de l’Holocauste, lors d’un discours le 5 août 2007 sur la prairie du Grütli. Sa condamnation, révélée par le SonntagsBlick, a été confirmée par le procureur Bruno Ulmi.
La police examine actuellement le texte du discours des extrémistes de droite du 3 août dernier au Grütli, a encore précisé le procureur. Deux personnes ont pris la parole à cette occasion: Markus Martig, membre du groupe d’extrême droite nationale PNOS, et le même Philippe Brennenstuhl.
ATS
mardi 12 août 2008
Néonazi condamné pour discriminations répétées
La Suisse doit devenir un leader dans la lutte contre le racisme
La Confédération a présenté son action contre le racisme devant le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale.
La Confédération a précisé hier à Genève son action contre le racisme devant le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD). La délégation a longuement développé certaines problématiques de sa lutte contre la discrimination raciale, apportant des explications que le CERD a estimées très fournies.
Invitée à examiner si le fédéralisme peut constituer un obstacle à la mise en oeuvre de la Convention pour l’élimination de la discrimination raciale, la délégation a démontré le contraire. Tous les échelons politiques doivent la respecter. Les moyens dont dispose la Confédération pour contraindre les cantons ont en outre été détaillés.
Exemple vaudois
Avec l’exemple vaudois, la délégation a illustré l’effort d’intégration mené par de nombreux cantons. Les expériences cantonales et communales ont selon elle un impact positif sur la politique fédérale, qui en retour «entraîne des changements structuraux profonds dans les cantons».
Si elle admet le climat «hostile » envers certaines populations étrangères, la représentation suisse juge malgré tout la situation «comparativement bonne». Elle a donné les chiffres de la violence d’extrême droite, s’est satisfaite de l’augmentation du nombre de procédures pénales et a précisé le cadre législatif de la liberté d’expression en Suisse.
Le CERD lui réclamant des données sur la violence de la police, la délégation a expliqué que la révision de la statistique policière aboutira en 2010. Elle a insisté sur les efforts de formation des forces de l’ordre. Quant à la création d’une institution nationale indépendante pour les droits de l’homme, souhaitée par le CERD, celle-ci est toujours à l’étude.
«Chantier permanent»
Sur le nouveau droit d’asile, la délégation a soutenu que «les chiffres élevés des demandes en Suisse démontrent la confiance dont bénéficie notre système d’asile». La politique d’accès au marché du travail et le processus de naturalisation ont aussi été clarifiés.
La cheffe de la délégation, Christine Schraner Burgener, a conclu en rappelant que «la réalisation d’un monde sans racisme est un chantier permanent ». Le CERD, qui proposera ses recommandations vendredi, a émis des conclusions provisoires. Il considère que la Suisse est motivée et prend le problème au sérieux, mais l’invite à être un leader de la lutte, un «champion » de cette cause. ATS
La forteresse de l’asile percée par Fernand Melgar
«Impressionnant», constate la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf. Par son envergure autant que par l’honnêteté de son propos, le nouveau film du Lausannois Fernand Melgar relève à la fois du grand art et de l’objet de débat. Un article de Jean-Louis Kupfer, dans 24 Heures.
«Ce qui est terrible, c’est que nous ne savons pas d’où ils viennent et qu’ils ne savent pas où ils vont.» Ces mots d’une des collaboratrices du Centre d’enregistrement de Vallorbe, Fernand Melgar les cite en exergue de La forteresse, qui en illustre magnifiquement la réalité. Le sentiment de «ne pas savoir» est au cœur de la question de l’asile, qui a permis, avant les votations de 2006, à la propagande blochérienne (notamment) de développer deux portraits types du requérant: l’Africain dealer ou le Rom chapardeur. La réalité, on s’en doute, est bien plus complexe.
Fernand Melgar, fils d’immigrés espagnols, clandestin lui-même en son tout jeune âge, a vécu le résultat des votations sur l’asile comme une trahison, alors qu’il venait d’obtenir sa propre naturalisation. Autant dire qu’il était personnellement impliqué quand il a pris son bâton de pèlerin documentariste pour répondre à cette question: la Suisse est-elle xénophobe?
«Tout le monde a tenté de me dissuader de faire un film sur l’asile, commente-t-il aujourd’hui. Mais lorsque j’ai expliqué à Philippe Hengy, l’un des responsables du centre de Vallorbe, que j’entendais y passer deux mois, soit la durée la plus longue d’un séjour de requérant, mon projet a commencé de l’intéresser…»
Six mois de négociations (notamment avec l’Office fédéral des migrations) et de préparation avec l’équipe qui partagerait son immersion, deux mois de tournage (de décembre 2006 à février 2007), un patient travail d’apprivoisement de tous les «acteurs», requérants et collaborateurs du centre, des conventions de travail très précises et sécurisées: telle est la base logistique de ce documentaire qui voulait échapper au «contre» autant qu’au «pour», afin de vivre «avec» les protagonistes.
Résultat: sur 150 heures d’enregistrement, 100 minutes d’observations et d’émotions parfois bouleversantes, mais ne jouant jamais sur l’effet. «Lors de mes premières approches, notamment avec des aumôniers, je sentais qu’on me peignait le centre sous des couleurs apocalyptiques, puis j’en ai découvert de multiples autres aspects. Avant de séjourner à Vallorbe, je me faisais une image simpliste de la réalité, comme la plupart des gens. Or, ce qui m’est apparu de plus en plus fortement, c’est que la vie triomphe de l’enfermement. La réalité que je documente est très dure, mais j’ai voulu en capter toutes les nuances. «La seule fiction se trouve dans le réel», disait Godard. Et c’est à raconter ce réel que nous nous sommes efforcés.»
Ombres et lumières
Le terme de «forteresse» a valeur de symbole: c’est à la fois ce centre vaudois, qui tient bel et bien de la prison en dépit de son relatif confort, et la Suisse, l’Europe, l’Occident dont rêvent les damnés de la terre. Point de brutalité ni de hurlements à Vallorbe, mais des règlements stricts, l’encadrement sécuritaire – un gilet pare-balles entr’aperçu –, l’ennui et la tentation pour les hommes de le fuir par l’alcool.
Au fil de la procédure, des bribes de destins apparaissent. Récits parfois insoutenables. Avérés? La tâche difficile des collaborateurs est de trier. Le film montre admirablement leurs cas de conscience autant qu’il reste à l’écoute de chacun.
La TSR propose une interview de Fernand Melgar au festival de Locarno.