mardi 30 novembre 2010

Le HCR interpelle la Suisse

Suite aux votations de dimanche, le porte-parole du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a demandé mardi à la Suisse de ne pas remettre en cause "le principe fondamental de non-refoulement".

Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a lancé mardi publiquement un appel à la Suisse de ne pas remettre en cause le principe de non-refoulement, après la votation sur le renvoi des étrangers criminels. Le non- refoulement est un principe fondamental du droit international, a affirmé un porte-parole.  «Le HCR demande aujourd’hui au gouvernement suisse de garantir que le principe de non-refoulement ne soit pas remis en question par le débat en cours sur les expulsions sur les criminels étrangers», a déclaré à la presse à Genève le porte-parole du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, Adrian Edwards.

Le principe de non-refoulement est un principe fondamental du droit international, a expliqué le porte-parole. «Il existe afin de garantir qu’aucun réfugié ou requérant d’asile ne soit renvoyé dans un pays où il encourt de sérieux risques, comme la persécution, la torture et un traitement inhumain ou dégradant», a-t-il ajouté.

Pour qu’un système d’asile soit effectif, les cas doivent être examinés individuellement. Des garanties légales doivent être prévues pour éviter des renvois forcés dans des pays comportant des risques, a poursuivi le porte-parole du HCR.  «Tout automatisme à cet égard serait en désaccord avec les règles fondamentales de l’état de droit», a averti Adrian Edwards. La Suisse a ratifié la Convention de 1951 sur les réfugiés et doit pleinement la respecter, a rappelé le HCR. L’agence de l’ONU avait déjà exprimé sa préoccupation lundi après l’acceptation de l’initiative dimanche.

ATS et 24 Heures

"Je donne une voix à la peur"

alexander segertAlexander Segert est le communicateur de l’UDC. Cet Allemand de Zurich s’explique sur ses méthodes et ses convictions au lendemain d’une nouvelle victoire.

Alexander Segert, au lendemain de cette victoire, quel regard portez-vous sur la campagne?

Le plus surprenant a été de voir nos adversaires incapables de mettre en place une communication pour le contre-projet. Certains élus du PLR et le Conseil fédéral se sont exprimés dans les médias, mais c’était brouillon. Ils ne savaient pas vraiment ce qu’ils voulaient dire. Avec l’UDC, on sait toujours ce qu’elle va dire.

Comment fait-on pour arriver au message, au slogan qui fait gagner?

Que voulez-vous vraiment dire? C’est la question essentielle. Avec le client, j’échange des idées et des propositions jusqu’à ce qu’il parvienne à définir précisément le but qu’il poursuit, la position qu’il va adopter et le message qu’il veut communiquer. C’est comme une orange qu’on presse jusqu’à la dernière goutte: la quintessence de l’orange. C’est souvent beaucoup d’effort.

Vous avez conçu deux campagnes: une pour le oui à l’initiative, l’autre pour le non au contre-projet?

Dans la rue, la plupart des gens jettent un regard sur une affiche pendant une fraction de seconde, puis ils passent à la suivante. Si vous proposez une affiche qui dit «Oui – Non» cela ne fonctionne pas. Il faut être clair.

Vous revendiquez la méthode du KISS, soit le «keep it simple and stupid» (reste simple et stupide)…

… C’est une bonne formule, et j’aimerais l’avoir trouvée. Mais le «S» ne signifie pas toujours stupide, cela peut-être smart ou short !

Mais peut-on réduire la politique à «simple et stupide»?

Je ne fais pas de la politique mais de la pub. Et les gens doivent pouvoir comprendre. Un enfant de 12 ans comme une grand-maman. C’est d’ailleurs elle qui va voter. La force des campagnes de l’UDC est de s’adresser à des gens à qui les autres partis ne savent plus parler.

segert affiches udcA force de raccourcis, vos affiches sont perçues comme racistes…

Nos adversaires disent cela: c’est le jeu politique. En conscience, nous lançons une campagne qui va susciter un débat. Et que font nos contradicteurs? Au lieu de développer de bonnes idées, une meilleure affiche, ils font la morale. «Cela ne se fait pas!» «C’est interdit!» En politique, on ne gagne pas avec des interdits mais avec les meilleurs arguments.

Comprenez-vous que des gens se sentent discriminés par vos affiches?

Oui. Car nous n’avons pas de tabous. Le fait est que l’UDC met en lumière des thèmes que les autres ne veulent pas toucher. Parce qu’ils sont douloureux: les étrangers criminels, l’islam radical ou les abuseurs des assurances sociales. Mais je ne fais pas de la discrimination, je donne simplement une voix à la peur, je la rends compréhensible.

N’est-ce pas exacerber les peurs?

Nous les rendons simplement visibles. On nous a dit que les minarets n’étaient pas un problème. Une majorité de Suisses ont voté et exprimé le contraire. Si la peur n’était pas là, enfouie, nous n’aurions pas pu gagner. Et nous n’avons pas pu la créer en six semaines de campagne. Notre devoir est de lui donner une forme et un visage. C’est ce que nous avons fait avec les moutons noirs et Ivan S. «Oui, c’est ça le problème», disent les gens.

Où se situe la frontière du «politiquement correct»?

La frontière c’est la loi, qu’il faut respecter, et l’insuccès. Je ne ferais jamais rien si je ne suis pas persuadé que je vais gagner.

Pas de tabous?

Non. Le succès et la loi sont les seules limites .

Le style visuel de vos affiches est, historiquement, connoté propagande nazie. Sans scrupule?

Je ne m’occupe pas du passé. Je m’intéresse aux problèmes d’aujourd’hui et je leur donne une forme. De toute façon, dans le langage de la pub et de la communication, tout a déjà été fait par le passé. Ce genre de critiques est aussi une manière d’interdire la parole. Cela fait partie du jeu politique, mais il ne faut pas se laisser déstabiliser.

Qu’est-ce qui vous fait aimer la communication politique?

C’est la plus intéressante. Le commercial vend du rêve, un monde imaginaire: une montre ou une automobile… En politique, il faut se concentrer sur des problèmes réels: la criminalité, la fiscalité. C’est du concret. Le challenge est aussi d’arriver à intéresser l’homme de la rue à quelque chose qu’il n’aime pas: la politique. Et le convaincre de prendre position, ce qu’il déteste faire, puis d’aller voter. Une campagne dure six semaines, et le dimanche de votation, on connaît tout de suite le résultat. Gagné ou perdu. La campagne était bonne ou mauvaise. C’est brutal, mais excitant.

Le style Segert, c’est la provocation? segert citations

C’est toujours le client qui définit le message. La provocation doit être utilisée à bon escient. Quand il y a un tabou, un problème que personne ne veut voir. Quand les médias et tous les autres partis sont contre nous, nous devons donc frapper fort pour nous faire entendre de la population.

Vos campagnes ont modifié la communication politique en Suisse!

La pub n’est que le messager. C’est l’UDC qui a fait le premier pas. Ce parti s’est imposé en s’emparant de thèmes dont les autres ne voulaient pas. Seul, il a eu le courage d’en parler et de camper sur ses positions même quand toute la classe politique le critiquait. Autrefois, le PS a eu du courage. Aujourd’hui, il recommence à en avoir avec la thématique fiscale. La force, le courage de ses convictions et la volonté de les défendre: c’est ce qu’il manque aux partis du centre. Je le constate quand je travaille avec des élus bourgeois, non UDC, dans des comités interpartis. Ils sont souvent d’accord avec un message, mais ce sont eux qui proposent de le nuancer sous prétexte que «ça ne se dit pas…»

Etes-vous toujours d’accord avec les idées de l’UDC?

Oui, la plupart du temps. Mais en premier lieu, ce sont les thèmes qui m’intéressent. Comment vais-je faire pour créer le débat et imposer les idées. Puis il faut avoir envie de gagner, car l’intensité est grande. L’engagement personnel est donc indispensable.

Vous ne pourriez donc pas travailler pour le PS?

Si. Et cela m’intéresserait de travailler sur des thématiques du PS ou des Verts. Mais je me pose la question: mon engagement personnel et ma motivation seraient-ils suffisants pour que je donne le meilleur et les fasse gagner?

Xavier Alonso (textes) Florian Cella (photos) dans 24 Heures


a segert commentaire

Il veut lancer une initiative pour autoriser à nouveau les minarets

nicolas blancho minaretsLe Conseil central islamique veut abolir l’interdiction des minarets. Mais il va se retrouver seul.

Cela faisait plusieurs mois qu’on n’en avait plus entendu parler. Hier, le controversé Conseil central islamique suisse (CCIS) est sorti du bois pour présenter à Zurich son dernier cheval de bataille: abolir l’interdiction des minarets. Un an jour pour jour après la votation qui a recueilli 57,5% des voix, l’organisation veut faire revoter le peuple. Elle lancera une initiative populaire en janvier.

Le texte prévoit de rayer l’alinéa 3 de l’article 72 de la Constitution fédérale, qui stipule que la construction de minarets est interdite. «Il est discriminatoire et donne une image négative de la Suisse, explique Abdel Azziz Quaasim Illi, membre du conseil. Nous voulons l’abolir sans attendre qu’une institution étrangère, comme la Cour européenne de Strasbourg, casse la décision populaire. Il faut donner aux Suisses la possibilité de corriger leur vote réalisé sous le coup de l’émotion.»

Il se donne jusqu’à fin décembre pour créer un comité composé de plusieurs acteurs politiques, religieux ou culturels. «Le texte devra être déposé à la Chancellerie pour les vérifications d’usage en janvier 2011», précise le porte-parole.

Le CCIS promet de se retirer ensuite du devant de la scène pour faire place au débat. «Je suis conscient de notre image, analyse Nicolas Blancho. Or, cette initiative doit être portée par le plus grand nombre.» Mais le président de l’organisation qui compte 1700 membres – sur 400 000 musulmans en Suisse – n’a pas pour autant collaboré avec d’autres organisations musulmanes. «Nous ne voulions pas qu’il y ait des fuites dans la presse, c’est pourquoi nous avons préparé l’initiative en secret. Mais des contacts ont été pris avec des partis qui ont condamné l’interdiction l’an passé.» Lesquels? Mystère. Il refuse de donner des noms.

«C’est de la provocation!»

Et pour cause. Après vérification, personne n’est au courant du projet! Ni les musulmans, ni les juifs, ni les chrétiens et encore moins les principaux partis politiques. Mieux: tous se montrent sceptiques face à une démarche «inopportune». «On dirait qu’ils lancent une initiative sans réflexion préalable, déplore Hisham Maizar, président de la plus grande fédération d’organisations islamiques de Suisse. Un an après la votation sur les minarets et au lendemain d’un autre scrutin sur les étrangers, le moment est mal choisi. L’idée est peut-être légitime, mais elle ressemble à du populisme.» Un avis partagé par Ueli Leuenberger, président des Verts, qui estime, en plus, que la proposition vient de «gens excentriques qui n’hésitent pas à soutenir la lapidation». Christophe Darbellay, président du PDC, préfère «respecter la décision prise par la population il y a un an». «Attendons de voir si les recours aboutissent à Strasbourg», abonde Kurt Fluri, conseiller national (PLR/SO).

«Les membres du CCIS ne sont pas crédibles, poursuit Christian Levrat, président du Parti socialiste. Cela ressemble à un coup marketing.» Spécialiste des questions musulmanes, le sociologue Stéphane Lathion résume: «C’est de la provocation. D’un côté, il y a le Conseil central islamique, de l’autre l’UDC!»

Dans ce parti justement, on se frotte déjà les mains de recevoir un si joli cadeau pour Noël et à quelques mois des élections fédérales. «C’est bien que ces gens-là prennent la voie démocratique, conclut le Valaisan Oskar Freysinger. On va pouvoir débattre!»

Nadine Haltiner, Zürich, pour 24 Heures

Renvoi d'étrangers: 600 personnes dans les rues de Lausanne

Quelque 600 personnes ont défilé mardi à Lausanne contre la discrimination qu'implique l'initiative UDC acceptée dimanche. A Fribourg, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées au centre ville pour le même motif.

KEYSTONE

© KEYSTONE | Dimanche déjà, des manifestants ont défilé à Lausanne.

600 personnes ont défilé mardi à Lausanne contre le renvoi des étrangers. Les étrangers ne sont pas responsables de la crise, ils ne doivent pas être pris comme bouc émissaire, souligne le Mouvement de lutte contre le racisme (MLCR). Celui-ci avait organisé la manifestation lausannoise.

Partis de la place St-François vers 17h40, les participants ont longuement défilé dans les rues de la ville malgré le froid glacial. S'arrêtant devant le Service de la population, ils ont hué la politique cantonale concernant les étrangers. "Barrons la route au racisme", "mêmes droits pour tous" proclamaient notamment banderolles et pancartes.

"Les étrangers ne sont responsables ni de la criminalité, ni du chômage, ni de la pénurie de logements, ni de la baisse des retraites. Ils n'ont pas à payer de leur dignité et de leurs droits les crises que nous traversons", s'insurge le MLCR. "Nous devons leur montrer notre solidarité".

La manifestation était soutenue par plusieurs collectifs de défense de l'asile, des communautés étrangères, des syndicats, solidaritéS, les Verts et la Gauche anticapitaliste. Une première manifestation à l'appel du MLCR, le 6 novembre, avait réuni 500 personnes.

ATS relayé par la Tribune de Genève

lundi 29 novembre 2010

Une journée noire pour les droits humains en Suisse

amnesty logoLa Section suisse d'Amnesty International est profondément choquée par le résultat de la votation sur le renvoi des étrangers criminels. Des dispositions violant les droits humains n'ont rien à faire dans notre Constitution. Les initiants ont une nouvelle fois abusé du droit d'initiative dans le but d'augmenter leur capital politique par des propos xénophobes. L'initiative ne sera pas applicable dans bon nombre de situations et ne renforcera en rien la sécurité publique. Il n'y avait aucun besoin d'une nouvelle norme constitutionnelle dès lors que le droit actuel permet déjà d'expulser de notre pays les criminels étrangers condamnés. Amnesty International va maintenant suivre attentivement la mise en oeuvre du nouvel article constitutionnel et se mobilisera à chaque fois qu'une décision d'expulsion menacera le principe de non-refoulement.

L'acceptation de l'initiative sur le renvoi fait de ce dimanche une journée noire pour les droits humains en Suisse. L'initiative viole non seulement diverses conventions internationales, comme la Convention européenne des droits de l'homme, le Pacte 2 de l'ONU, la Convention relative aux droits de l'enfant ou l'accord de libre circulation des personnes conclu avec l'Union européenne, mais elle est également contraire au principe de proportionnalité et à celui de l'interdiction de toute forme de discrimination, inscrits dans la Constitution fédérale. Le renvoi automatique peut conduire à une violation du principe de non-refoulement, ancré dans le droit international impératif, et selon lequel nul ne peut être renvoyé dans un pays dans lequel il risque la torture ou la peine de mort. C'est pourquoi Amnesty International déplore que le Parlement n'ait pas eu le courage d'invalider l'initiative.
«Il n'a pas été possible de placer les droits humains au coeur du débat», a déploré Daniel Bolomey, Secrétaire général de la Section suisse d'Amnesty International. «Le résultat du vote montre qu'une large tranche de la population craint pour sa sécurité, mais celle-ci ne sera pourtant assurée que si la Constitution et les droits humains sont respectés. Les initiants ont à nouveau trompé la population et augmenté leur capital politique par des propos xénophobes. Non seulement le texte adopté est contraire au droit, mais il est en plus inefficace.»
Amnesty International estime que l'initiative sera inapplicable dans de très nombreux cas, soit parce qu'elle contreviendra au principe du non-refoulement qui relève du droit international impératif, soit parce que tout simplement l'exécution du renvoi sera impossible. «Le nouvel article constitutionnel ne sera d'aucune utilité dans toutes les situations où la nationalité de la personne concernée n'est pas établie ou lorsque le pays d'origine refuse de réaccepter ses ressortissants faute d'une convention bilatérale de réadmission», a ajouté Daniel Bolomey.
Amnesty International craint que l'image de la Suisse, qui se veut le chantre des droits humains au niveau mondial, ne soit passablement écornée sur la scène internationale au moment où elle assure la présidence de l'Assemblée générale des Nations unies. Plus grave encore, elle donne un très mauvais signal aux pays voisins qui pourraient être tentés de suivre son exemple.
Amnesty International va maintenant surveiller de près la mise en oeuvre du nouvel article constitutionnel et n'hésitera pas à se mobiliser à chaque fois que le principe de non-refoulement sera menacé.

Amnesty International Suisse, communiqué de presse publié le 28 novembre 2010, Berne / Lausanne.

Moutons noirs: l'UDC de Christoph Blocher triomphe

burki blocher mouton noir

Bürki dans 24 Heures

Une victoire, pas une solution

L’initiative de l’UDC sur le renvoi des criminels étrangers est donc acceptée à la double majorité. Il appartient désormais au parlement d’adapter la législation pour la mettre en œuvre. Des blocages sont à prévoir sur la question de la conformité de ce texte avec le droit international.

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Infographie du Temps (cliquer pour accéder à l'original)

La victoire de l’initiative de l’UDC sur le renvoi des délinquants étrangers, dimanche, est amère pour les artisans du contre-projet, les partis du centre droit au premier chef. Le 28 novembre restera dans les mémoires comme le troisième scrutin de l’histoire des droits populaires où les citoyens ont infligé au parlement l’humiliation de préférer l’initiative qui leur était proposée au contre-projet défendu par les Chambres.

Pour les libéraux-radicaux et les démocrates-chrétiens, qui ont été à l’origine du contre-projet et qui y voyaient l’unique moyen de neutraliser l’initiative de l’UDC, la défaite est d’autant plus dure qu’ils ont des motifs objectifs d’en tenir la gauche pour coresponsable. En prônant le double non, le PS et les Verts prenaient en effet le risque de favoriser l’initiative.

Pour autant, la victoire de l’initiative est loin de clore le débat. Le texte approuvé dimanche appelle en effet le législateur à définir plus précisément les cas où la commission d’un délit entraînera la révocation du droit de séjour. Dans les mois, voire les années, qui viennent, le parlement aura la tâche délicate de traduire dans la législation une initiative qu’il a estimée, dans sa grande majorité, inapplicable telle quelle sans violer la Convention européenne des droits de l’homme et l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’UE, notamment. L’automatisme du renvoi postulé par l’initiative ne se concilie pas, en effet, avec ces textes, qui imposent au minimum un examen au cas par cas de la proportionnalité d’une mesure d’expulsion.

Ces questions techniques risquent d’occasionner de vrais blocages. Mais la volonté populaire s’étant exprimée, il est difficile pour les élus, à gauche comme au centre droit, de la défier en continuant à prôner des solutions qui reviendraient à faire primer, dans les faits, le contre-projet balayé ce week-end sur l’initiative. Dimanche, Simonetta Sommaruga s’est pourtant engagée à tenter d’amoindrir, sinon de résoudre, les conflits avec le droit supérieur qui ne manqueront pas de surgir. La ministre socialiste de la Justice s’est promis d’associer étroitement les initiants au groupe de travail qui sera mis sur pied avant la fin de l’année pour faire des propositions. «J’attends cependant que les membres du comité d’initiative tiennent leurs engagements, notamment celui de ne pas exiger le renvoi des auteurs de délits sans gravité réelle.»

Les conséquences concrètes qui résulteront à terme du vote populaire de ce dimanche restent donc incertaines. Les exigences du droit international ne pourront être purement et simplement ignorées, et l’exercice hasardeux auquel s’était livré le parlement pour mettre en œuvre l’initiative réclamant l’internement à vie des délinquants dangereux va se répéter avec l’expulsion des délinquants étrangers.

Les perdants d’aujourd’hui se verront contraints de donner une suite à un texte qu’ils ont combattu. «Il est à prévoir qu’ils utiliseront toute leur marge de manœuvre pour édulcorer le texte», estime le conseiller national UDC genevois Yves Nidegger. Mais si les partis de gauche et du centre vont trop loin, avertit-il, «ils feront un splendide cadeau à l’UDC», la confortant dans le rôle de la seule force politique apte à défendre la volonté populaire.

«Le peuple a parlé et il faut en prendre acte, mais c’est la responsabilité des initiants de nous dire comment ils entendent mettre en œuvre leur texte», réagit le président du PDC Christophe Darbellay. Le conseiller national valaisan se dit ainsi curieux de voir quelles solutions seront proposées dans le cas de mineurs ayant commis des délits de peu de gravité. «On attend de la part des initiants des propositions concrètes», ces questions devant trouver une réponse «dans les six prochains mois».

Du côté des libéraux-radicaux, la conseillère nationale vaudoise Isabelle Moret met également en avant la responsabilité de l’UDC pour trouver des solutions, mais aussi celle de la gauche, accusée d’avoir favorisé l’initiative en rejetant également le contre-projet. L’UDC a fait «des promesses contradictoires», avertit la Vaudoise, qui pronostique que la droite dure fera tout pour faire porter aux autres partis la responsabilité d’une mise en œuvre imparfaite ou retardée de l’initiative. Pour l’élue, l’occasion doit aussi être saisie de reposer la question du contrôle de la conformité des initiatives avec le droit international.

A gauche, on se demande avec qui le centre droit fera alliance. La relativement courte majorité obtenue par l’initiative justifie que les préoccupations de la minorité soient prises en compte, juge le Vert genevois Antonio Hodgers. Car si le parlement n’y veille pas, «c’est le Tribunal fédéral ou les juges de Strasbourg qui le feront».

Denis Masmejan dans le Temps


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Les suisses votent pour une justice discriminatoire

chapatte justice discriminatoire

Chapatte dans le Temps

Faut-il mettre en place plus de mesures d'intégration des étrangers ?

Jean-Christophe Schwaab et Christophe Reymond sont les duellistes invités par 24 Heures à confronter leur opinion au sujet des mesures d'intégration des étrangers.

jc schwaab intégration

Les migrants enrichissent la Suisse. Par exemple, ils contri-buent plus aux assurances sociales qu’ils ne bénéficient de leurs prestations. En outre, de nombreuses branches (notamment la santé) connaî-traient de graves difficultés si elles ne pouvaient engager des collaborateurs, qualifiés ou non, provenant d’autres pays. Mais certains font mine d’ignorer ces avantages et n’ont de cesse de colporter que les migrants sont plutôt des criminels poten-tiels, des profiteurs ou des voleurs d’emplois.

Cette idéologie marque malheureusement de son empreinte la politique migratoire de notre pays, qui vise de plus en plus à une «intégration obligatoire». Et la conséquence en est la quasi-criminalisation de celui dont on considère arbitrairement qu’il «ne veut pas s’intégrer». Certes, si un «refus» prend la forme du non-respect de la législation, cela doit être sanctionné. Mais une «obligation» n’a guère de sens si celui qui l’exige ne lève pas les obstacles à l’intégration.

Car l’intégration ne peut être un processus unilatéral. Certes, celui qui souhaite s’intégrer – c’est le cas de l’immense majorité des migrants – porte une grande part de la responsabilité. Mais la société doit aussi faire en sorte que l’intégration soit possible. A l’Etat donc, au lieu de proclamer une stérile «obligation de s’intégrer», de mettre en place les politiques qui permettront réellement cette intégration.

Faciliter l’accès à des emplois décents est un des moyens les plus efficaces pour la favoriser. Cela passe, entre autres, par la maîtrise d’une langue nationale. L’Etat doit donc soutenir les cours de langues destinés aux migrants, en particulier ceux qu’organisent les partenaires sociaux dans les branches à forte main-d’œuvre étrangère, et veiller à ce que ces cours soient accessibles à tous. La loi sur le travail doit aussi faciliter leur fréquentation, notamment en accordant les congés payés nécessaires.

Mais l’accès à l’emploi ne passe pas que par la langue. Reconnaissance des titres et validation des acquis sont, elles aussi, capitales, et notre pays a encore de nombreux progrès à faire sur ce chapitre. Comment accepter, en effet, que nombre de migrants doivent se contenter d’emplois peu ou pas qualifiés, alors qu’ils sont titulaires d’un diplôme solide, acquis dans leur pays d’origine mais que la Confédération ne reconnaît pas?

Enfin, il s’agit de combattre la discrimination salariale ou à l’embauche, en particulier en battant en brèche les préjugés que peuvent avoir certains employeurs, voire en sanctionnant ceux qui appliquent des règles du jeu différentes en fonction de l’origine, du nom ou de la couleur de peau.

Soutenir l’intégration est nécessaire. Mais ce n’est pas en décrétant qui est intégré et qui ne l’est pas qu’on la rendra réellement possible. Il est d’ailleurs intéressant de constater que le parti qui fait des questions migratoires son fonds de commerce est justement celui qui refuse qu’on alloue des moyens aux politiques d’intégration.

christophe reymond intégration

Le remue-ménage de la mon-dialisation a mis son grand pied dans la fourmilière humaine et chamboule les flux migratoires. Aux exodes très «classiques» du Sud vers le Nord s’ajoutent désormais les courants Est-Ouest. Les boat people qui dérivaient jadis en mer de Chine s’échouent désormais en Sicile ou en Andalousie. L’Italie et l’Espagne, qui furent dans l’histoire récente le berceau des plus nombreux et industrieux émigrants d’Europe, ne cessent aujourd’hui de se protéger contre des émules indésirés.

La Suisse n’échappe pas à ce phénomène dicté par la dé- mographie, et qui veut que les vieux riches (nous, donc) subissent la pression des jeunes pauvres. Elle connaît par ailleurs une immigration d’un autre ordre, extrêmement qualifiée: celle des médecins allemands, des cadres anglo-saxons de multinationales ou des ingénieurs qui restent sur place après l’obtention de leur diplôme. Est-ce aussi à ceux-là que l’on pense lorsqu’on fait des discours sur les actions à mettre en œuvre pour intégrer les étrangers?

Plutôt que de claironner indistinctement qu’il s’agit d’accroître les mesures d’intégration, prenons les choses par un autre bout. Affirmons d’abord qu’il est naturel qu’une culture soit dominante en un lieu donné. Un nouveau venu pourra choisir d’en rester éloigné, ce qui est d’ailleurs le propre d’un certain nombre de ceux que nous accueillons. Pour les plus nombreux, la volonté de s’intégrer et, surtout, l’osmose des contacts quotidiens produiront petit à petit un phénomène d’assimilation, d’autant plus heureux qu’il n’empêche en rien de conserver des liens avec la région et la culture d’origine.

Faisant un pas de plus, précisons que c’est à celui qui nous rejoint de s’adapter à nos mœurs. Le jeune étranger n’a pas à être immédiatement placé à l’école au nom de l’égalité de traitement, alors que cela peut créer des difficultés aux petits autochtones. Celui qui aspire à exercer le droit de vote doit opter pour le stade ultime de l’attachement à son pays d’accueil en en adoptant la nationalité. On pourrait multiplier les exemples, en insistant sur le fait que les différenciations sont normales.

La prééminence à accorder à sa propre communauté est naturelle; il n’y a rien non plus de choquant à ne pas céder à l’éventuel communautarisme de l’autre. Ayant proclamé cela, et parce que l’intégration est une affaire de terrain et pas de bureaucratie, il ne faut pas espérer quoi que ce soit des grandes déclarations, ni grand-chose d’une quelconque législation.

C’est en effet le travail au jour le jour qui importe, sur le terrain, grâce souvent à des organismes privés. Il s’effectue en identifiant les problèmes et leur cause, comme aussi les groupes d’étrangers concernés. Il n’a de sens que s’il est possible de trouver des solutions concrètes, que les autorités peuvent certes favoriser, mais sans activisme. Tout le reste équivaut au mieux à brasser du vent, au pire à inverser les devoirs ou à prévoir des mesures vexatoires.

24 Heures

«Les Vaudois approuvent ma politique»

philippe leuba omnEntre satisfaction et colère, le ministre vaudois de l’Intérieur Philippe Leuba a des mots durs pour le Parti socialiste. Il critique aussi le laxisme de certains cantons.

Vous vous êtes battu contre le texte de l’UDC en mettant en avant votre fermeté et en produisant les chiffres des renvois. Quel signal le double non vaudois donne-t-il à votre politique migratoire?

C’est incontestablement la démonstration que le peuple vaudois en est plutôt satisfait. S’il y avait eu du laxisme en la matière, il aurait plébiscité ces textes. Je suis satisfait de cette approbation indirecte d’une politique qui se veut à la fois ferme et humaine. Ce n’était pas acquis d’avance.

Le laxisme de certains cantons aurait donc fait le jeu de l’UDC?

Je ne suis pas le seul à le penser. Alain Berset, conseiller aux Etats socialiste, entre autres, tient le même langage. Nous ne serions pas ce soir dans une situation aussi extrême si les élus passés et actuels avaient fait preuve d’assez de détermination et de transparence. La perception de la politique migratoire change complètement quand on fait l’effort d’expliquer.

L’acceptation de l’initiative UDC est ressentie comme un vote anti-étrangers. Votre perception?

Ne faisons pas dire au peuple ce qu’il n’a pas dit. Nous sommes face à un vote anti-délinquants étrangers, ce n’est pas un rejet des étrangers.

L’initiative pose des problèmes d’application. Insurmontables?

La volonté populaire vient de s’exprimer clairement. Elle s’impose donc au parlement qui doit la traduire dans la loi. La difficulté est que le texte de l’initiative heurte des principes fondamentaux de l’ordre juridique suisse – le principe même de la proportionnalité – ainsi qu’un certain nombre d’accords internationaux. Je me demande où est la majorité du parlement qui va réussir à adopter une telle législation. Il serait inadmissible que la gauche, qui porte une lourde responsabilité dans cette affaire, tente de travestir la volonté populaire.

Pourquoi fustiger le double non des socialistes?

Si le Parti socialiste n’avait pas pratiqué la politique du pire, le résultat serait différent ce soir. C’est le contre-projet qui aurait été adopté. A chacun d’assumer ses responsabilités. Le peuple ne comprendrait pas que l’on foule aux pieds sa volonté et que l’on nie sa souveraineté.

Propos recueillis par Joëlle Fabre dans 24 Heures

La ministre Sommaruga accepte le verdict, mais prend les initiants au mot

La Bernoise veut rapidement mettre en œuvre l’initiative sur le renvoi des étrangers criminels. Début des travaux: avant Noël.

simonetta sommaruga constructive«La majorité des votants ont clairement exprimé que la criminalité des étrangers est pour eux un problème sérieux.» Jamais, durant son intervention d’hier devant la presse, la ministre Simonetta Sommaruga n’a donné l’impression d’être abattue. Droite dans ses bottes, elle a refusé de chercher des coupables dans cette défaite du Conseil fédéral, et de la majorité du parlement qui avait soutenu le contre-projet. «Ce n’est pas mon genre», a-t-elle lâché, fermement, tout en adressant quelques critiques aux milieux économiques (lire ci-dessous) .

Pour sa première conférence de presse post-votation, la Bernoise a adressée un message solennel aux votants. La nouvelle cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) a prononcé un «je vous ai compris», nettement moins ambigu que celui du général de Gaulle à Alger. Elle a montré qu’elle avait gardé cette oreille attentive d’ancienne défenseure des consommateurs.

La socialiste a ensuite présenté son plan de bataille. Un mot d’ordre? Aller vite dans l’élaboration d’une loi d’application, même si le texte de l’initiative prévoit un délai maximal de cinq ans. Une nouvelle qui réjouira le conseiller national vaudois André Bugnon (UDC), qui, alors que la victoire se dessinait, exigeait le dépôt d’un projet «dans les neuf mois».

Un groupe de travail sera mis sur pied avant Noël. Il s’agira, entre autres, de résoudre les éventuels conflits avec les engagements internationaux de notre pays. Mais pas question pour la cheffe du DFJP de laisser les juristes de son département préparer la loi d’application en vase clos, dans leur bocal en quelque sorte.

«Je compte impliquer étroitement le comité d’initiative. Durant la campagne, ses membres ont fait de nombreuses promesses. La principale étant de mettre en œuvre le texte avec le sens de la mesure. En ce qui concerne les délits de peu d’importance, les bagatelles, les partisans de l’initiative sur le renvoi ont par exemple toujours affirmé qu’ils ne devaient pas mener à une expulsion.» Le parlement complètera en dernier recours la liste des infractions visées.

«Un jeu tactique»

Une offre de collaboration qu’Yves Nidegger accueille tièdement. «Nous consulter pour éclairer certains points, c’est bien, commente le conseiller national UDC. Mais c’est l’administration qui doit faire un projet. Simonetta Sommaruga essaie de prendre au mot les initiants pour les empêcher, par la suite, de s’opposer. C’est un petit jeu tactique.»

Et le Genevois d’annoncer la couleur: «Si le parlement édulcore trop la loi d’application, l’UDC lancera un référendum. Ce qui veut dire que nous occuperons le terrain avec cette question durant dix ans. Pour nos adversaires ce serait suicidaire.»

Romain Clivaz, Berne, pour 24 Heures


«J’ai peu de compréhension pour le silence de l’économie»

Il revient à la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga de mettre en œuvre l’initiative UDC.

Madame la conseillère fédérale, l’argent dépensé dans la campagne a-t-il été décisif pour l’issue du scrutin?

Je ne crois pas que l’argent puisse, à lui tout seul, faire la décision. Mais il est clair que des moyens très différents ont été engagés dans les campagnes pour l’initiative sur «le renvoi des étrangers criminels» ou celle sur «les impôts équitables». C’était flagrant et la population l’a remarqué. Au-delà de l’argent, c’est aussi le fait que les milieux économiques se soient complètement retirés de la campagne sur le renvoi des étrangers criminels qui m’a étonné.

Mais votre parti, en s’opposant à l’initiative et au contre-projet, a aussi facilité l’acceptation du texte qui allait le plus loin…

Le PS s’est beaucoup engagé contre l’initiative. C’est ce qui a été décidé à son congrès. La différence entre un parti et les milieux économiques est que ces derniers ont des intérêts élémentaires à ce que la Suisse respecte ses engagements internationaux. Prenez la libre circulation des personnes. Nous devons montrer que nous sommes un partenaire fiable. Cette sécurité juridique est aussi essentielle pour l’économie. Il ne s’agit pas seulement d’argent, mais d’engagement concret: dans l’espace public, avec des prises de position… J’ai peu de compréhension pour le silence observé par l’économie.

Craignez-vous la réaction de l’Union européenne?

Nous ne devons pas avoir peur. Mais il en va de notre crédibilité. Nous ne devons pas donner l’impression de ne pas vouloir respecter nos engagements.

Une fois de plus, il y a conflit entre une initiative et le droit international. Ne faudrait-il pas mieux filtrer les textes d’initiatives, et en déclarer certaines nulles?

Je n’ai pas d’avis définitif sur la question. Actuellement l’Office fédéral de la justice et le parlement examinent en parallèle la meilleure manière de résoudre ce problème. C’est une bonne chose. Ce que je veux éviter c’est que l’on vote, et qu’ensuite on dise à la population qu’on ne peut pas mettre en œuvre la décision. Ce serait très mauvais pour notre démocratie directe.

Romain Clivaz dans 24 Heures

«Nous pourrons expulser 700 à 800 criminels dangereux de plus. Ce qui signifie 700 à 800 victimes de moins»

Le conseiller national Oskar Freysinger a été sur tous les fronts durant cette campagne. Interview de l’UDC valaisan.

Votre sentiment au sortir de cette campagne?

Je me suis énormément engagé sur le terrain et j’ai senti un élan pour notre initiative dans la population. J’ai aussi perçu la division de nos adversaires. Ils étaient nombreux et s’encombraient les uns les autres. J’ai également constaté la montée des insultes à mon égard. Cela montre que certains sont démunis, sans argument, face à notre message, et ils s’attaquent alors au messager.

Craignez-vous que la loi d’application accouche d’un texte qui ne réponde pas à l’esprit de l’initiative?

Non, sur cette question, le parlement ne peut pas transiger. Il n’y aura désormais qu’une procédure pénale avec l’automatisme. Ensuite, le parlement discutera du catalogue en regard de la gravité des crimes. Nous avons toujours dit être flexibles et savons faire la différence entre un crime et un délit. Contrairement à ce qu’ont raconté nos adversaires, l’UDC ne veut pas expulser pour un paquet de chewing-gum volé. Par contre, nous pourrons désormais expulser entre 700 et 800 criminels dangereux de plus. Ce qui signifie 700 à 800 victimes de moins.

Simonetta Sommaruga annonce la mise en place immédiate d’un groupe de travail. Intéressé?

Pas vraiment. Le candidat idéal serait un juriste comme Yves Nidegger (ndlr: conseiller national UDC genevois) . Je salue par ailleurs la rapidité de la décision de la conseillère fédérale. Mais je n’étais pas inquiet! Ce que je sais de Mme Sommaruga me laissait présager qu’en femme pragmatique et respectueuse de la volonté du peuple, elle ferait son devoir.

Après cette victoire, peut-on aller encore plus loin?

Non. Le chapitre de la criminalité des étrangers est clos. Mais il y a d’autres chapitres sécuritaires. Je ne suis pas partisan d’un Etat policier, car il soumet le citoyen à une constante suspicion. Mais si, à l’intérieur de la Suisse, nous voulons vivre dans une sécurité qui se passe d’un déploiement incessant de forces de l’ordre, nous devons réintroduire un cordon sanitaire et renforcer les contrôles aux frontières. L’Espace Schengen n’apporte pas les garanties prévues.

Est-ce un vote sécuritaire qui s’est exprimé ou un vote anti-étrangers?

Clairement un vote sécuritaire. J’ai croisé nombre d’étrangers et de personnes naturalisées qui m’ont dit soutenir notre initiative. Car elles aussi en ont marre, d’une part, de la criminalité, et, d’autre part, de la suspicion et de la défiance qu’elle provoque à leur encontre. Eux, les honnêtes citoyens. C’est d’autant plus vrai pour les étrangers visibles comme les Africains. De fait, c’est le laxisme du PS qui crée la xénophobie et non les affiches de l’UDC. Car je suis pour le mélange qui apporte enrichissement culturel et génétique à la Suisse. En Valais, on sait ce qu’est la consanguinité! (Rire.) Mais il n’empêche que l’on doit pouvoir filtrer les migrants et notamment expulser les racailles.

Propos recueillis par Xavier Alonso

Les "moutons noirs" offrent une double victoire à l'UDC

Le texte de l’UDC sur le renvoi des criminels étrangers passe sans encombre avec 53% de oui. Et le contre-projet qu’elle combattait se fait laminer. Aucun canton ne l’accepte.

Acceptée à 53% et avec une large majorité des cantons. L’initiative «Pour le renvoi des étrangers criminels» a offert hier à l’UDC une victoire marquante. D’autant plus que le parti de Christoph Blocher s’est lancé seul dans la bataille contre tous. Le Conseil fédéral et les partis du centre-droite (PLR et PDC), ainsi qu’une dissidence Suisse alémanique du PS lui opposaient un contre-projet qui a été balayé par 54% de non et le rejet de tous les cantons.

Une année, presque jour pour jour, après le vote antiminarets soutenu par l’UDC, une autre initiative UDC vient creuser le Röstigraben. En effet, à l’exception du Valais (51,8% de oui), tous les cantons de Suisse romande ont rejeté le texte qui exige le renvoi des étrangers coupables de certains crimes. Le canton de Vaud, avec 58,2% de non, est le plus opposé. Suivi du Jura (57,3%), de Neuchâtel (56%), de Genève (55,7%) et de Fribourg (51,4%). Bâle-Ville (56,6%) est le seul canton alémanique qui dit non au texte de l’UDC. Autre fossé marquant, celui qui sépare les villes des campagnes. Et cela même au pays du oui à l’UDC. En effet, les grandes villes d’outre-Sarine ont refusé le texte de l’UDC: Zurich (65%), Berne (70%) et Bâle (58%). Tout comme Saint-Gall et Winterthour.

Contrairement au résultat du vote antiminarets de l’année dernière, le scrutin d’hier n’a pris personne par surprise. Mieux: il était attendu. La forte participation (52,6%) témoigne de l’intensité d’une campagne qui dure depuis de très longs mois. Car cette initiative dite des «moutons noirs» – en référence aux affiches de l’UDC – a déjà beaucoup servi. La récolte des signatures en 2007 avait boosté la mobilisation des sympathisants des démocrates du centre. Et trois ans plus tard, le succès de ce scrutin donne du poids à l’UDC en vue des élections fédérales d’octobre 2011.

Cette analyse, les élus UDC semblaient la partager hier à Berne. Au stamm des démocrates du centre, l’ambiance était aux sourires et à la satisfaction. Une fois de plus, le peuple fait davantage confiance à l’UDC qu’à la classe politique pour résoudre les problèmes, affirmait-on en substance. Rien à voir avec les mines défaites du PS, réuni dans un restaurant du centre-ville, qui soulignait que ce oui à l’UDC ne changeait rien aux problèmes de la criminalité étrangère. Les membres du PLR et du PDC, clairsemés dans une salle de congrès d’un grand hôtel, affichaient une mine fataliste.

«Un jour noir pour les droits de l’homme en Suisse», s’est inquiété Amnesty International. Même tonalité soucieuse à Bruxelles, où l’Union européenne suit le dossier avec attention. Car, selon la manière dont le texte de l’UDC est concrétisé, la Suisse contreviendrait à l’accord sur la libre circulation des personnes. Ambassadeur de l’UE à Berne, Michael Reiterer a rendu attentif à ce clash programmé. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga sera déjà jeudi à Bruxelles à une réunion du comité mixte de Schengen.

Xavier Alonso Berne, dans 24 Heures   


Initiative pour le renvoi des criminels étrangers: elle séduit les campagnes, mais elle est rejetée dans les villes

moutons noirs proportion oui


Initiative pour le renvoi des criminels étrangers: la Suisse occidentale isolée

moutons noirs carte canton


Les présidents de parti s'expriment

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Articles, infographies et opinions tirés du quotidien 24 Heures

A propos des votations

alex expulsion criminels étrangers

SOS Racisme dénonce la votation suisse

SOS Racisme a dénoncé lundi une "nouvelle avancée" du racisme en Suisse après l'approbation dimanche par vote en Suisse de l'expulsion automatique de criminels étrangers.

"Un an après le référendum ayant abouti à l'interdiction des minarets sur son territoire, la Suisse, sous l'impulsion une fois de plus de la très xénophobe UDC (Union démocratique du centre, montre une fois de plus un visage haineux, s'obstinant à voir dans la figure de l'Autre la source de tous les maux réels ou fantasmés de la société", assure l'organisation dans un communiqué.

L'initiative de la droite populiste suisse proposant l'expulsion automatique des criminels étrangers a été approuvée par 52,9% des voix, contre 47,1% de non.

AFP

La Suisse de l'exclusion

Les moutons noirs ont tout écrasé sur leur passage. Hier, l'UDC a remporté un succès éclatant en faisant passer en votation son initiative populaire «Pour le renvoi des criminels étrangers» par 52,9% des voix.

Quinze cantons et cinq demi-cantons ont suivi la droite nationaliste. Le camp du «non» enlève à peine quelques bastions en Suisse occidentale: Genève, Vaud (58,2% de refus), Fribourg (51,4%), Neuchâtel, Jura et Bâle-Ville. La barrière de rösti aurait-elle ressuscité? Pas tout à fait: le Valais dit oui au texte de l'UDC, à 51,8%.

L'original, pas la copie

Quant au Conseil fédéral et à la majorité du parlement, ils ont perdu leur pari. Ils opposaient un contre-projet à l'initiative UDC. Mais leur texte, qui se targuait de respecter la Constitution et le droit international, a fait un bide: il est rejeté à 54,2% des votants. Pire, il ne passe la rampe dans aucun canton! Le peuple a donc préféré l'original à la copie. «Les Suisses ont compris qu'ils n'avaient pas affaire à un contre-projet, mais à un projet contre l'UDC», analyse le vice-président de l'UDC suisse, Yvan Perrin.Seul contre tous les autres partis, contre les cantons et les autorités judiciaires, qui affirmaient que son initiative était qui inutile, qui inapplicable, le parti de Blocher a imposé ses solutions. Une année après sa victoire sur l'interdiction des minarets, il se profile ainsi en leader sur les questions de sécurité et d'immigration.

«C'est un tournant»

«C'est un tournant, confirme le politologue Oscar Mazzoleni, spécialiste de l'UDC. Depuis une année, le parti est en effet non seulement capable d'imposer le calendrier politique au travers des votations, mais il parvient désormais aussi à imposer son opinion.» Trois raisons à cela, estime l'expert: d'une part, l'UDC bénéficie d'un trésor de guerre se chiffrant en millions de francs lui permettant de marteler son message provocateur. D'autre part, sa stratégie et son organisation sur le terrain sont très bien rodées. Enfin, ajoute Oscar Mazzoleni, «l'UDC profite de la faiblesse de ses adversaires, en moyens financiers et dans les messages».La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a dit hier prendre au sérieux «les peurs et l'insécurité» exprimées dans les urnes. «Nous payons le fait de ne pas avoir résolu le problème de l'exécution des renvois, ce qui a donné à la population le sentiment que des criminels étrangers profitaient d'une certaine impunité», analyse pour sa part Christian Levrat, président du PS. «Le drame, c'est que l'initiative UDC ne résoudra rien.»

Objectif: les élections

«Les Suisses ont avant tout dit oui à l'expulsion des criminels étrangers, relativise Fulvio Pelli, président du Parti libéral-radical suisse. L'UDC est spécialiste pour poser les bonnes questions de manière simple. Elle est moins bonne quand il s'agit d'apporter les bonnes réponses.» Et le débat qui va s'engager sur l'application de l'initiative va le montrer, prédit le Tessinois.Galvanisée par son succès, l'UDC n'en restera pas là. Elle cherche déjà le sujet porteur pour lancer une nouvelle initiative populaire l'été prochain qui lui serve de rampe de lancement pour les élections fédérales d'octobre 2011. Sur l'immigration, le parti a tiré ses cartouches. Il pourrait se rabattre sur la sécurité, en exigeant un durcissement du Code pénal, glisse Luzi Stamm (udc/AG). Face à ce rouleau compresseur, conclut Oscar Mazzoleni, ses rivaux n'auront pas le choix: soit ils emploient les mêmes moyens (finances et communication) que l'UDC, soit ils vont au-devant d'autres défaites.

Serge Gumy dans la Liberté

dimanche 28 novembre 2010

Initiative acceptée malgré un "non" romande presque unanime

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Les criminels étrangers seront systématiquement renvoyés pour certains délits. L'initiative de l'UDC a été acceptée dimanche par 52,9% des votants. Le contre-projet du Parlement a quant à lui été repoussé par 54,2%.

Le Valais et Bâle-Ville mis à part, les résultats ont été marqués par une barrière de röstis. La campagne des moutons noirs et les millions dépensés par l'UDC ont porté leurs fruits. L'initiative, uniquement soutenue par la droite dure, a fait un carton en Suisse alémanique, alors que son rejet a dominé en Suisse romande. Plus de 1,398 millions de citoyens ont glissé un "oui" dans l'urne.

Contre-projet en échec

Pour contrer l'UDC, le centre-droit et une minorité du PS misaient sur un texte faisant dépendre le renvoi de la sévérité de la peine. Contrairement à l'initiative, le contre-projet insistait sur le respect des droits fondamentaux et contenait un volet sur l'intégration. Mais cette solution n'a pas convaincu. Elle a été rejetée par plus de 1,407 millions de votants et par tous les cantons. Soutien alémanique à l'initiative La Suisse s'est retrouvée coupée en deux.

La quasi-totalité des cantons alémaniques ont accepté l'initiative tout en rejetant le contre-projet. C'est le cas aussi du Valais, qui a dit oui de justesse au texte de l'UDC (51,8%) et non d'un cheveu (51,7%) au texte concocté par le Parlement.

Même résultats mais un peu plus marqués à Berne avec respectivement 53,7% de oui et 53,7% de non. L'initiative a engrangé ses meilleurs résultats à Schwyz (66,3%), Appenzell Rhodes-Intérieures (65,7%) ainsi qu'à Uri et au Tessin (61,3%) alors que Zurich ne l'accepte que du bout des lèvres (50,8%). Les plus forts "non" au contre-projet viennent aussi de petits cantons alémaniques: Schwyz (60,9%), Uri (60,2%) et Glaris (58,6%). Outre du Valais, les rejets les moins marqués au texte du Parlement proviennent de Zoug (50,6%) et Bâle-Campagne (51,8%).

Double "non" en Suisse romande

En Suisse romande, le double rejet, prôné par la gauche, est dominant. Le canton de Vaud a refusé l'initiative par 58,2% et le contre-projet par 57,4%. Idem pour Genève (55,7%/56,4%), le Jura (57,3%/54,3%), Fribourg (51,4%/52,4%) et Neuchâtel (56%/53,1%). Bâle-Ville (56,6%/52,1%) est le seul canton alémanique se rangeant dans le camp du double non.

L'initiative dresse une liste des motifs de renvoi: condamnation pour meurtre, pour viol ou tout autre délit sexuel grave, pour un acte de violence d'une autre nature tel que le brigandage, pour la traite d'êtres humains, pour le trafic de drogue ou pour une effraction, ainsi que pour la perception abusive de prestations des assurances sociales ou de l'aide sociale.

Elle laisse le Parlement compléter ce catalogue. Mais ne prévoit aucune dérogation. Le texte de l'UDC précise que les étrangers expulsés sont frappés d'une interdiction d'entrer sur le territoire allant de 5 à 15 ans, voire 20 ans en cas de récidive.

ats/nr relayée par la TSR

carte des votations

Vers la carte interactive proposée sur le site de la TSR


Criminels étrangers: Berne prend acte

Le Conseil fédéral va chercher à mettre en oeuvre l'initiative de l'UDC "pour le renvoi des étrangers criminels" sans enfreindre le droit international et la constitution, dans la mesure du possible, a déclaré dimanche Simonetta Sommaruga. De son côté, l'UDC n'est pas prête à faire des concessions. Les délits lourds doivent automatiquement conduire à une expulsion.

Un groupe de travail comprenant les initiants sera nommé avant Noël, a annoncé Simonetta Sommaruga. Pour sa première votation en tant que conseillère fédérale, Simonetta Sommaruga a encaissé une défaite. Minoritaire dans son parti, la socialiste avait prôné le soutien au contre-projet.

"Je respecte la volonté du peuple et vais exécuter le mandat qui m'a été confié", a déclaré la ministre de justice et police. Pour ce faire, la conseillère fédérale veut associer étroitement le comité d'initiative à la rédaction du message qui sera soumis au Parlement.

Mais les initiants devront tenir leur parole de mise en oeuvre mesurée et d'exclure de l'expulsion systématique les cas bénins, a averti Simonetta Sommaruga. Difficile à ce stade de dire si le résultat sera proche du contre-projet rejeté par le peuple et tous les cantons, a-t-elle précisé.

Le Conseil fédéral s'engagera en tout cas pour le respect de la constitution, des droits humains et de la tradition législative de la Suisse. Il reviendra au final au Parlement d'adopter la loi d'application de la disposition constitutionnelle.

Prendre au sérieux les peurs

Selon Simonetta Sommaruga, le résultat du scrutin est l'expression d'inquiétudes et de peurs qu'il faut prendre au sérieux. Mais outre les mesures répressives, il faut aussi miser sur la politique d'intégration. "La grande majorité des étrangers vivant en Suisse ne sont pas criminels et sont bien intégrés", a-t-elle insisté.

La ministre s'est par ailleurs dite incapable d'expliquer les raisons de l'issue du scrutin. L'initiative avait l'avantage d'être un projet très concret alors que le contre-projet était plus technique, jusque dans le titre, a-t-elle relevé. Il était difficile pour la population de distinguer les deux projets.

La conseillère fédérale s'est refusée à désigner des coupables. Elle a juste répété son grand étonnement devant le manque d'engagement d'economiesuisse dans la campagne, le texte de l'UDC pouvant être délicat en raison de l'accord de libre circulation avec l'Union européenne.

L'UDC reste déterminée

De son côté, l'UDC n'est pas prête à faire des concessions. Pour le conseiller national zurichois Ulrich Schlüer, l'heure n'est pas à la relativisation. Un examen au cas par cas est rejeté.

Les délits lourds doivent automatiquement conduire à une expulsion, a dit Ulrich Schlüer sur les ondes de radio DRS. Dans le cas d'infractions dites mineures, la loi doit également répondre à la volonté populaire. "Demandons aux victimes d'un cambriolage s'il s'agit de quelque chose de grave ou non".

La bataille et le travail ne font que commencer, a ajouté l'élu de l'UDC. Il ne voit pas de conflit avec le principe de la libre circulation des personnes. Celle-ci concerne les citoyens de l'Union européenne qui veulent travailler en Suisse. Elle ne s'applique par contre pas aux criminels.

Le conseiller national Adrian Amstutz (BE) entend également "placer la barre bas". Des lois sévères ont également un effet préventif, a-t-il dit à radio DRS. Chaque étranger doit savoir que s'il ne s'en tient pas aux règles, il doit retourner chez lui.

L'acceptation de l'initiative de l'UDC sur les étrangers criminels par 53% a suscité dimanche regrets et colère: partis, associations, Eglises demandent une mise en oeuvre du texte conforme aux droits humains.

Le PS critiqué

Les Verts appellent tous les partis "ayant conservé une once de raison" à lutter ensemble contre la politique discriminatoire de l'UDC."Le contre-projet tant vanté par le centre n'a malheureusement pas fait barrage à l'initiative. Bien au contraire, il a amené de l'eau au moulin des initiants", relève le parti écologiste, qui prônait le double non.

Pour Christian Levrat, président du PS, les partis du centre n'ont pas su expliquer à leur base pourquoi ils devaient préférer leur projet à l'initiative. Une critique rejetée par le comité bourgeois en faveur du contre-projet, refusé par 54% des votants. Pour Christa Markwalder (PLR/ BE), la victoire de l'initiative s'explique essentiellement par la position du PS, qualifié d'"assistant de l'UDC", qui en recommandant le double non a enlevé toute chance au contre-projet.

Le PBD et le PDC sont également déçus des organisations économiques qui ne se sont pas assez investies dans cette campagne.

Une "journée noire"

Le ton est nettement plus incisif du côté des associations de défense des migrants. Pour l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) et Second@s Plus, le vote de dimanche montre que les étrangers sont fondamentalement indésirables et suspects en Suisse. "C'est une journée noire pour les droits humains en Suisse", estime Amnesty International.

Les Eglises exigent quant à elles que les autorités fédérales et cantonales s'efforcent désormais de trouver une application pour ce texte conforme aux droits de l'homme et à la constitution. Il importe que "la Suisse reste un Etat de droit fiable".

Une discussion législative qui promet d'être ardue, redoutent les cantons qui appliquent au final la politique migratoire. "Nous attendons du Conseil fédéral qu'il établisse une liste raisonnable de délits", déclare Roger Schneeberger, secrétaire général de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police.

ATS relayée par la TSR

Les Suisses approuvent l'expulsion automatique des étrangers criminels

Les Suisses ont approuvé dimanche 28 novembre l'expulsion automatique de criminels étrangers avec plus de 52,9% des voix. Les électeurs suisses se prononçaient par référendum sur une initiative de l'UDC (la droite populiste) visant à renvoyer les étrangers reconnus coupables de meurtre, de viol, de trafic de drogue ou d'abus à l'aide sociale. Le deuxième volet du vote visait à limiter la concurrence fiscale entre cantons en instaurant un taux d'imposition minimum pour les hauts revenus.

Les criminels étrangers seront bel et bien soumis au régime de la double peine. Condamnés pour leurs actes délictueux ils seront ensuite expulsés automatiquement de Suisse sans véritable espoir de retour. Ainsi en a décidé le peuple helvétique appelé à se prononcer sur l’initiative lancée par l’UDC, le premier parti politique du pays. Nationaliste et populiste la formation s’est appuyée sur le sentiment d’insécurité qui gagne le pays pour relancer sa vigoureuse campagne contre les étrangers.

Il appartient désormais au Parlement de définir par la loi les modalités précises du renvoi des auteurs de meurtres, de viols, de trafic d’êtres humains ou de drogue ainsi que les fraudeurs aux prestations sociales. Le vote a été acquis à une faible majorité de 53% qu’expliquent sans aucun doute les outrances du projet. Le second scrutin du jour a permis aux électeurs de balayer le projet socialiste d’introduction d’un impôt minimum frappant les grandes fortunes. Ils laissent aux cantons leur souveraineté fiscale et donnent ainsi leur aval au maintien des paradis fiscaux.

Laurent Mossu, correspondant à Genève de RFI

La Suisse va automatiquement expulser les criminels étrangers

"L'initiative" soutenue par la droite populiste a été approuvée par 52,9 % des électeurs. Rien de surprenant.

La Suisse va automatiquement expulser les criminels étrangers

L'affiche de l'Union démocratique du centre (UDC), montrant un visage barbu à la mine patibulaire, avec pour slogan "Ivan S., violeur et bientôt suisse ?" a touché sa cible ©Thierry Gachon/ MaxpppClick here to find out more!

L'affiche de l'Union démocratique du centre (UDC), formation le plus à droite de l'échiquier politique helvétique, montrant un visage barbu à la mine patibulaire, avec pour slogan "Ivan S., violeur et bientôt suisse ?" a touché sa cible. Une majorité de Suisses (52,9 %) ont approuvé dimanche l'initiative réclamant l'expulsion systématique de tous les étrangers condamnés pour meurtre, viol, brigandage, traite d'êtres humains, trafic de drogue.

Mais aussi pour ceux qui "ont perçu abusivement des prestations des assurances sociales ou de l'aide sociale". Voilà ce que l'UDC prévoit d'inscrire dans la Constitution. Le couperet tombera même sur un étranger né en Suisse, qui y a toujours vécu et qui ne connaît ni le pays ni la langue de ses ancêtres.

Série de victoires pour l'UDC

Seul contre toutes les autres organisations politiques, le parti du leader populiste Christoph Blocher, un homme d'affaires milliardaire, enregistre sa sixième victoire en sept ans. Fin 2009, les Suisses approuvaient à 57 % l'interdiction de la construction de nouveaux minarets. Avant cela, l'UDC s'était opposée à la naturalisation facilitée de la deuxième génération d'étrangers et avait fait approuver l'internement à vie des délinquants dangereux.

Dimanche, les Suisses devaient également se prononcer sur un contre-projet présenté par le Parlement, allant dans le même sens que l'UDC, mais plus modéré afin de ne pas fâcher l'Union européenne. Ils l'ont balayé par 54,2 % des suffrages. En effet, l'expulsion systématique de Français, d'Allemands ou d'Italiens pourrait provoquer le courroux de Bruxelles et remettre en cause les accords bilatéraux entre la Confédération et l'Union européenne, notamment sur la libre circulation des personnes.

Renvois multipliés par cinq

Une fois encore, ce vote a provoqué la coupure en deux du pays, les Alémaniques se montrant très favorables à l'initiative de l'UDC (à l'exception de Bâle-Ville) tandis que les francophones la rejetaient (à l'exception du canton du Valais).

Persuadés que l'UDC, principal parti de la Confédération avec près de 30 % des suffrages, allait une nouvelle fois gagner cette élection, les autres formations politiques, les socialistes, libéraux-radicaux et démocrates-chrétiens, ne se sont guère engagées, à l'exception de quelques initiatives locales.

Concrètement, que ce vote va-t-il changer ? En 2009, le nombre d'expulsions était compris entre 650 et 700 personnes. L'initiative de l'UDC devrait multiplier ce chiffre par cinq.

Jean Lalande, correspondant du Point à Genève

Une victoire à concrétiser pour la droite conservatrice

L’initiative «Pour le renvoi des criminels étrangers» a passé l’écueil des urnes. Ce résultat marque une victoire psychologique pour la droite conservatrice, à un an des élections fédérales. Reste à voir comment elle sera appliquée et l’attitude de l’UE.

résultat vote 28 XlL’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) a une nouvelle fois engrangé un succès en renouant avec l’un de ses vieux chevaux de bataille: la population étrangère. A défaut d’avoir toujours remporté la partie, la droite conservatrice a en effet toujours réalisé des scores plus qu’honorables en abordant cette problématique.
Avec son initiative visant à renvoyer de Suisses les étrangers ayant commis des délits graves ou abusé de l’aide sociale, l’UDC était presque sûr de réaliser un bon score, voire même de remporter le scrutin. En effet, elle ne s’est pas focalisé sur les étrangers en général, mais spécifiquement sur les criminels étrangers, une catégorie de population peu susceptible de recueillir les sympathies des citoyens.
Autant le succès de l’initiative était logique, autant l’était également l’échec du contre-projet concocté par le gouvernement et une majorité du Parlement. Celui-ci, pourtant assez proche de l’initiative quant à l’objectif, avait le désavantage de devoir se heurter à la fois à l’hostilité des partisans de l’initiative et à celle des adversaires de l’expulsion des étrangers criminels. Cette double opposition lui aura été fatale.

«Victoire psychologique»

Ce résultat marque une «victoire psychologique» pour l’UDC. A un an des prochaines élections fédérales, le premier parti du pays, que l’on disait parfois sur le déclin en raison des scissions internes qui l’ont récemment miné, montre qu’il est encore capable de forcer à lui seul la décision.
L’UDC s’est en effet retrouvée seule face au gouvernement et à tous les autres partis, de la droite modérée jusqu’à la gauche. Durant la campagne, ces derniers ne se sont pas privés de dénoncer les dérives xénophobes et les solutions simplistes de la droite conservatrice. Que cela soit juste ou faux, force est de constater que l’UDC continue, en thématisant ses thèmes de prédilection, de trouver le chemin des urnes.
L’analyse du vote de dimanche, montre que le parti continue de bénéficier d’un fort soutien en Suisse alémanique, et plus particulièrement dans les zones rurales. En revanche, son score reste plus faible dans les grands centres urbains ainsi qu’en Suisse romande, suffisant cependant pour dégager des majorités au niveau national.
L’acceptation de l’initiative «Pour le renvoi» ne peut donc que mettre les autres partis sous pression en vue des élections fédérales de l’automne, qui verra le renouvellement du Parlement. Les partis du centre-droit ont montré qu’ils ne parvenaient toujours pas à faire jeu égal avec la droite conservatrice.
Quant à la gauche, le constat est plus amer encore. Non seulement elle n’est pas parvenu à faire échouer l’initiative de l’UDC, mais en plus, elle a démontré, une fois encore, qu’elle n’avait pas, contrairement à la droite dure, la capacité de faire passer à elle seule ses projets.
L’initiative du Parti socialiste «Pour des impôts équitables», qui proposait d’établir une taxation minimale pour les hauts revenus, jouissait pourtant d’un contexte favorable: crise financière, polémique sur les salaires «faramineux» des hauts cadres d’entreprise et sur les forfaits fiscaux accordés aux riches étrangers… Mais au final, le PS ne parvient pas à imposer ses vues.

Quelle mise en application?

Reste à voir maintenant si l’initiative «Pour le renvoi» pourra se traduire concrètement dans les faits ou si elle ne restera qu’un joli coup électoral pour l’UDC. A ce jour, il semble bien difficile de donner une réponse.
Au niveau suisse, les demandes contenues dans l’initiative devront faire l’objet d’adaptations législatives et constitutionnelles. Or un tel processus peut être très long, puisqu’un délai maximal de cinq ans peut s’écouler entre le moment où une initiative est acceptée et celui où elle entre en vigueur.
Ensuite, il convient de voir quelle sera la réaction des autres pays, et plus particulièrement de l’Union européenne. Durant la campagne, beaucoup avaient estimé, en Suisse comme à Bruxelles, que l’expulsion automatique des étrangers criminels contrevient aux accords bilatéraux conclus avec l’UE, surtout dans le cadre de la libre circulation des personnes.
La compatibilité des demandes de l’initiative avec le droit européen est avant tout une question d’interprétation, et reste à voir quel sera justement cette interprétation du côté de l’UE. Mais là aussi, les choses peuvent être très longues. L’interdiction de construire de nouveaux minarets, autre initiative de l’UDC adoptée il y a tout juste un an par les Suisses, avait elle aussi donné lieu a des protestations de côté de Bruxelles. Mais au-delà des mots, douze mois après, aucun effet concret ne s’est encore fait sentir.

Olivier Pauchard, swissinfo.ch

Les Suisses approuveraient l'expulsion des criminels étrangers

Un an après l'interdiction de construire des minarets en Suisse, c'est une nouvelle victoire électorale qu'enregistre le parti populiste Union démocratique du centre (UDC). Selon des résultats encore partiels, la population helvétique approuverait par référendum un projet de loi visant à durcir les conditions d'expulsion des criminels étrangers du territoire.

Le renvoi des criminels étrangers est déjà possible sous certaines conditions en Suisse. Mais le texte proposé par l'UDC va plus loin en proposant un retrait automatique du droit de séjour des étrangers inculpés, sans prendre en compte les délits. Le renvoi peut donc être appliqué aussi bien pour un crime que pour un "abus de l'aide sociale". Nombre d'opposants à ce texte estime qu'il viole le droit international et qu'il est entaché d'inconstitutionnalité.

Mais les Suisses ont été sensibles à la campagne tous azimuts de l'UDC sur la question. Le parti a utilisé, comme à son habitude, des affiches-choc, montrant, par exemple un homme moustachu et l'air peu sympathique, agrémenté de la légende ""Ivan S., violeur et bientôt Suisse?"

Une allusion à l'immigration en provenance des Balkans, qui effraye un pays comptant déjà 20% d'étrangers qui a déclenché le tollé de la presse et des élites du pays, mais semble fonctionner : Selon les projections de l'institut de sondage gfs.bern, le oui ressortirait à 53% dans une majorité des 26 cantons helvétiques. Les premiers résultats définitifs disponibles pour 17 cantons montrent que 13 d'entre-eux approuvent un durcissement de la politique de renvoi pour les criminels étrangers.

Selon ces données, seuls les électeurs du canton de Genève, de même que ceux du canton du Jura, Bâle-Ville et Neuchâtel ont dit non au tour de vis réclamé par le parti de droite populiste, UDC.

Un autre texte, émanant du parti socialiste helvétique et qui visait à rendre plus équitables les impôts du pays, considéré comme un havre fiscal dans toute l'Europe, devrait être rejeté.

Le Monde avec l'AFP

La Suisse veut expulser les criminels étrangers

Les premières projections des résultats d'un référendum en Suisse sur la déportation obligatoire des étrangers qui commettent des crimes montrent que la proposition a le soutien des électeurs.

L'Union démocratique du centre (UDC, droite), qui a présenté la proposition, affirme que les immigrés en Suisse ont un taux de criminalité beaucoup plus élevé que les Suisses, et qu’ils ne devraient pas être autorisés à rester dans le pays.

Cependant les adversaires de cette proposition estiment qu’elle ne réduira pas la criminalité, mais qu’elle pourrait entraîner l’expulsion de nombreuses personnes qui ont vécu toute leur vie en Suisse.

De nombreux votes doivent encore être comptés mais il semble que la campagne de l'UDC de faire déporter automatiquement les étrangers criminels ait rencontré la faveur de la population.

Les premières projections montrent qu'environ 53%des électeurs ont répondu oui, avec seulement 47% qui ont approuvé une proposition plus modérée du gouvernement suisse qui permettrait les expulsions, mais après examen des cas sur une base individuelle.

Si la proposition est approuvée, la nouvelle loi instituera la déportation obligatoire pour une grande variété de crimes, allant du meurtre, au trafic de drogue, en passant par la fraude à la sécurité sociale.

Ses adversaires considèrent que les mesures proposées vont trop loin en refusant aux déportés tout recours et en renvoyant des personnes qui sont nées en Suisse dans des pays qu'ils ne connaissent pas. Les organisations de défense des droits de l’homme avertissent que la loi violerait la Convention européenne des droits de l'homme, et les communautés étrangères en Suisse se disent consternées par la campagne du Parti populaire, en particulier ses affiches qui suggèrent que certains groupes ethniques sont coupables de certains crimes.

BBC Afrique

samedi 27 novembre 2010

La face cachée de l'émigration

fatou diome

Fatou Diome est née au Sénégal et vit à Strasbourg. Elle vient de publier son nouveau roman : "Celles qui attendent" (Flammarion). Un livre simple sur le prix des rêves de clandestins, l'espoir et la (fausse) fatalité.

Le prix de l'amour

"Celles qui attendent" raconte le quotidien des Pénélopes du Sénégal. Arame et Bougna poussent leurs fils Lamine et Issa à rallier l'Europe, utopique et lointain Eldorado. Sur l'île de Niodior, où se déroule le roman, travaillent surtout des pêcheurs soumis à la concurrence des chalutiers occidentaux. On sait y vivre en silence, tenir en même temps sa peine et ses espoirs. Mais « ceux qui nous font languir nous assassinent ! », pensent tout bas Daba et Coumba, les épouses délaissées.

Dans une langue simple, Fatou Diome brosse une fable où l'amour et les rêves se paient au prix fort. Jamais résignés, ses personnages oscillent entre leurs rêves les plus fous et un pragmatisme familial où le calcul financier motive les alliances. En décrivant un système polygame où le sort des mères et des épouses dépend de la réussite des hommes partis faire fortune, l'auteur s'attaque à la fois aux conséquences méconnues de la mondialisation et à une structure familiale coercitive.

Trouvé dans les Dernières Nouvelles d'Alsace

vendredi 26 novembre 2010

Negev councils slam Netanyahu's proposed refugee detention camp

african migrants israelThe cabinet is to vote Sunday on whether to build a facility to house some 10,000 infiltrators into Israel via the southern border with Egypt.

The chairman of the Ramat Negev Regional Council, Shmuel Rifman, vehemently came out against Prime Minister Benjamin Netanyahu's plan to construct a large detention center for African infiltrators in the south.  Netanyahu is to present the plan for construction of the facility, to house 10,000 infiltrators, to the cabinet Sunday for a vote. The facility is expected to be ready within six months of the vote.  However, leaders in the south are vehemently opposed to the construction of the center.

"The existing infrastructure will not bear another 10,000 residents in a facility, and the significance of an open facility is not clear to us as a local authority. We do not know what the implications will be on water, health and transportation on the population of the Negev," Rifman, who also heads the organization of regional councils, wrote Netanyahu.

Rifman also wrote that the Ramat Negev Regional Council would not permit the establishment of such a center.  The mayor of Dimona, Meir Cohen, called on the heads of the local authorities in the Negev to strongly oppose the construction of the facility.  Netanyahu is scheduled to visit the border with Egypt Sunday to observe first-hand the beginning of construction of a border fence, which began this week.  "The idea came up a number of times in the past and is known from other countries. But to put people in something that recalls camps is a sensitive idea that there was great concern over how it would be accepted here," an official involved in the plan said. "Thousands of people are coming in every month and pragmatic steps must be taken as long as there are assurances no one will get hurt."

The United Nations Human Rights Commissioner's representative in Israel, William Tall, said the UN body was familiar with the government's plan to build the facility only in general terms and were looking forward to further information on how it would work before weighing in.  The Association for Civil Rights in Israel and the Hotline for Migrant Workers yesterday made an urgent appeal to the prime minister after his bureau announced the plan, saying that Israel continues to breach its obligations to asylum-seekers.

"This is another and very shocking level of continuing disregard by the government of Israel for its moral and legal obligations both to refugees and asylum seekers and to children - both groups of which receive the greatest protection in international law, law in various countries and in Israeli law," wrote attorneys Oded Feller and Osnat Cohen-Lifshitz, lawyers for the two organizations wrote.

They wrote Netanyahu that the main obligations was not to arrest refugees and children except when there is no other choice and not to limit their movements except when there is a special need.

Dana Weiler-Polak and Yanir Yagna dans Haaretz

Objectif: repousser les clandestins africains

Israël se sent « envahi » de travailleurs africains illégaux. Pour tenter de désamorcer ce qui est perçu comme une « bombe démographique », des bulldozers ont entamé la construction d'une clôture électronique de sécurité le long des 250 km de la frontière avec l'Egypte.

israel soldat clandestin

C'est ce chemin qu'empruntent, à leurs risques et périls, guidés par des passeurs bédouins locaux grassement payés, les Soudanais, Erythréens ou Ivoiriens qui tentent de rejoindre ce qui leur apparaît de loin comme une terre promise où ils espèrent travailler et échapper à la misère.

Montée générale de l'intolérance

Leur nombre ne cesse de croître. Selon le ministère israélien de l'Intérieur, près de 11.000 d'entre eux sont parvenus à entrer clandestinement depuis le début de l'année, soit un bond de 300% par rapport à la même période de l'an dernier. Leur périple à travers des régions désertiques n'a évidemment rien d'un voyage d'agrément. L'Egypte constitue leur dernière mais aussi la plus périlleuse des étapes. Les policiers de ce pays tirent sans état d'âme. Depuis le début 2010, pas moins de trente Africains ont ainsi trouvé la mort près de la frontière.

Une fois en Israël, la plupart d'entre eux tentent sans succès d'obtenir un statut de réfugié politique qui les protègerait. Les autorités s'y refusent. Seules deux demandes sur 4.000 présentées récemment ont été acceptées. Résultat : ces Africains se retrouvent dans une situation de totale précarité. Leurs employeurs, qui les font travailler illégalement, en profitent pour leur refuser les droits sociaux minimaux. Et pour couronner le tout, ils sont de plus en plus en butte à l'hostilité des autorités mais aussi d'une partie de la population en raison notamment de leur concentration dans des quartiers ghettos notamment à Tel Aviv ou Eilat, la station balnéaire sur la Mer Rouge.

« Ce déluge doit être endigué », s'est exclamé Eli Yishai, ministre de l'Intérieur, en dénonçant les « belles âmes » qui défendent ces étrangers. Un député d'extrême droite Yaakov Katz parle de « cancer proliférant ». De leur côté, des rabbins de la région de Tel Aviv ont émis un édit religieux contre ceux qui louent des appartements à des immigrés clandestins. Les quelques rares associations qui s'occupent de cette population sans défense constatent elles aussi une montée générale de l'intolérance.

Benjamin Netanyahu, chef du gouvernement, est lui-même monté au créneau. Il a tenté dans un premier temps de convaincre, moyennant finances, les pays africains d'accepter le retour de leurs ressortissants. En vain. Du coup le Premier ministre a opté pour une clôture de sécurité, équipée de capteurs capables de déceler une présence humaine s'approchant de la frontière. Pour lui il s'agit de protéger l'Etat d'Israël contre le danger que feraient peser les clandestins sur le « caractère juif et démocratique » du pays.

Pascal Sadarnac, Jérusalem, dans les Dernières Nouvelles d'Alsace