vendredi 5 février 2010

Demandeurs d'asile : le cri d'alarme des associations

Le préfet a annoncé la semaine dernière que le flux des arrivées baissait. Paradoxe : les associations caritatives ont de plus en plus de mal à assurer l'accueil.
« C'est un véritable SOS que je lance à Angers. » Pierre Verger était presque gêné quand il a poussé la porte de la rédaction d'Angers. Le responsable de Notre-Dame-de-l'Accueil voulait passer une petite annonce. « On est au bout du rouleau. » Pierre Verger n'est pas le seul. Au Secours populaire, on avait déjà tiré la sonnette d'alarme début décembre. Les bénévoles s'épuisent, dépassés par l'ampleur de leur tâche. L'afflux des demandeurs d'asile pèse lourdement sur le fonctionnement des associations caritatives.

Le conseil général refuse une aide exceptionnelle

Il faut bien nourrir ces Soudanais, Somaliens, Érythréens... qui fuient leur pays et se réfugient en France. Les Restos du coeur, le Secours populaire, Notre-Dame-de-l'Accueil et d'autres s'en chargent. « On comble une carence, constate Jean-Pierre Mériel, responsable des Restos du coeur à Angers. Cela relève de l'État. »

« Les conséquences sont énormes », s'inquiète Stéphane Lepage, le responsable du Secours populaire angevin. En décembre, il avait donné l'alerte. L'association avait assez de dons alimentaires ; mais pas assez d'argent. La Ville d'Angers a donné 10 000 € de subvention exceptionnelle, doublant ainsi la subvention qu'elle donne chaque année au Secours populaire local. La préfecture n'a pas répondu à l'appel au secours de l'association. La Ddass, la direction départementale des affaires sanitaires et sociales, est restée également muette. Le conseil général a répondu... hier. « La commission solidarité a émis un avis défavorable sur votre demande exceptionnelle », écrit Christian Gillet, vice-président en charge du développement social. Seuls 5 000 € sont débloqués pour des actions bien précises. Stéphane Lepage s'indigne. « On fait le travail des pouvoirs publics et on a très peu de réactions ou de soutiens. Alors qu'on est toujours dans une situation critique. »

Une situation à tensions

Il n'y a pas que l'aspect financier ; il y a l'aspect humain. « On est dépassé par l'accueil, soupire Pierre Verger. Nos 35 bénévoles ne peuvent plus assurer ce service dans de bonnes conditions. » À Notre-Dame-de-l'Accueil, rue du Pré-Pigeon, on offre chaque jour un repas aux sans-abris. Une entrée, un plat chaud, un dessert et un café. « On les sert à table, comme au restaurant, en échange d'un euro symbolique. Qu'ils donnent ou pas... » S'ajoutent des tensions. « Il y avait tellement de monde à l'entrée du Secours populaire que j'ai dû donner des numéros à chacun, soupire Stéphane Lepage. Je n'aurais jamais pensé en arriver là. » En début de semaine, le préfet l'a annoncé : le flux des demandeurs d'asile à Angers semble diminuer. « On en a peut-être inscrit un peu moins en janvier », dit Jean-Pierre Mériel, le responsable des Restos où cet hiver, on accueille déjà 16 % de bénéficiaires de plus que la saison passée. « Demandeurs d'asile ou non, il y a 1 100 familles qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins essentiels. »

Marianne Deumié et Arnaud Wajdzik dans Ouest-France