vendredi 12 juin 2009

La France expulse une demandeuse d’asile tamoule avant qu’elle ait pu exercer son droit au recours

(en zone d’attente) « aucun cas de demandeur d’asile dont les droits seraient bafoués n’a pu être relevé. » Eric Besson, communiqué du 11 mai 2009.

A cette affirmation du ministre de l’immigration, l’Anafé vient, une fois de plus, apporter un démenti en dénonçant le manque de respect du recours suspensif en principe ouvert aux demandeurs d’asile.

Mme K., Tamoule et originaire du nord du Sri Lanka, a été placée en zone d’attente de l’aéroport de Roissy le 31 mai et a immédiatement sollicité l’asile.

Sa demande d’admission au titre de l’asile a été rejetée le mardi 2 juin à 17h41. Mme K. disposait donc, en application de la loi, d’un délai de 48 heures pour introduire une requête en annulation de cette décision auprès du tribunal administratif. La requête a été transmise par son avocate le 4 juin à 16h14, c’est-à-dire dans les délais. L’effet suspensif trouvait à s’appliquer et l’administration ne devait pas la refouler avant l’examen de son recours.

Mme K., aurait dû être présentée ce lundi 8 juin au tribunal administratif.

Trop tard : dans la soirée du 4 juin, Mme K. a été mise dans un avion qui l’a ramenée à Dubaï, sa ville de provenance, où elle n’est pas légalement admissible. Sans se préoccuper du respect de la procédure, au mépris du droit au recours de l’intéressée, la police aux frontières l’a refoulée dans un pays où ses droits fondamentaux sont menacés.

Mme K. est une nouvelle victime de la politique restrictive envers les demandeurs d’asile et de la « machine à refouler » qui pousse à renvoyer des demandeurs d’où ils viennent, trop souvent à n’importe quel prix.

Le renvoi de Mme K. s’est déroulé dans le mépris total de la loi.

Les autorités françaises doivent prendre leurs responsabilités et organiser le retour de Mme K. en France.

Anafé

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Le patron se débarrasse du bras coupé d’un salarié

Un ouvrier sans papiers, victime d’un grave accident du travail, a été abandonné à la porte de l’hôpital. Son patron avait jeté le bras coupé.

«Si on te demande ce qui s’est passé, dis que tu as eu un accident, mais ne parle pas de l’entreprise». C’est avec ces quelques mots que Franns Villes a été abandonné par le fils de son patron, à cinquante mètres de l’hôpital, alors qu’il venait de se faire couper le bras par une machine dans la boulangerie industrielle où il travaille. Quand les médecins ont réussi à récupérer le membre coupé, il était trop tard pour tenter une greffe.

L’accident de Franns, un immigré bolivien sans papiers de 33 ans, s’est passé il y a deux semaines à Gandia, sur la côte méditerranéenne. Mais il n’a fait la une des journaux qu’hier, lorsque le syndicat Commissions Ouvrières a décidé de le rendre public. «Même si cette histoire est particulièrement cruelle, ce genre de situation arrive plus souvent qu’on ne l’imagine», affirme un responsable syndical. Il voit dans cette histoire un exemple d’exploitation brutale à laquelle sont exposés nombre d’étrangers en situation illégale.

Douze heures par jour

Les images du jeune homme dont le bras est amputé au-dessus du coude, ont fait le tour des télévisions. Les responsables politiques ont multiplié les déclarations pour qualifier de «répugnante» et d’«inhumaine» l’attitude de ceux qui ont traité le blessé comme un chien.

Plus encore que l’horreur de l’accident, c’est la froideur avec laquelle a agi le patron de Franns qui scandalise. D’autant que l’homme préfère nier sa responsabilité. Il a des raisons pour cela: son entreprise fonctionne sans permis ni licence et emploie des ouvriers au noir. Comme Franns, ils travaillaient douze heures par jour, six jours par semaine pour 700 euros par mois. Le patron reconnaît tout juste les faire travailler sans contrat. Mais il nie sa responsabilité dans l’accident. Il a fallu attendre la plainte déposée par le syndicat et la famille pour que la guardia civil ferme hier la boulangerie illégale.

CÉCILE THIBAUD MADRID, pour 24 Heures