Samedi, Paulo Branco, président du jury du concours international de Locarno, s’en est pris violemment au Lausannois Fernand Melgar et à son Vol spécial, documentaire souvent donné comme favori durant cette édition.
«Ce film s’accompagne d’un fascisme ordinaire trop courant dans notre société. Celui-là même qu’il prétend dénoncer», a-t-il déclaré en fin de conférence de presse. Quelques minutes plus tard, le même Paulo Branco complétait ses propos devant les caméras de la RTS: «C’est un film qui se sert d’un prétexte inadmissible en Suisse (ndlr: l’immigration). Mais, en même temps, il ne confronte jamais les bourreaux, qui sont quand même ceux qui font exécuter ça. Et qui amènent à la mort de quelqu’un. Ce que je trouve intenable. Je responsabilise complètement le metteur en scène d’avoir fait un film fasciste.»
Le cinéaste a les bras qui en tombent: «Je ne veux pas rentrer dans son jeu, tempère Fernand Melgar. Chacun a le droit de s’exprimer. S’il pense que j’ai fait un film fasciste, que voulez-vous que je lui réponde? J’ai toujours réalisé des films qui font débat et j’aime lorsque cela remue un peu. De mon côté, je suis heureux d’apprendre que Vol spécial a remporté les prix du jury des jeunes ainsi que celui du jury œcuménique.»
Une opinion que le directeur Olivier Père n’est pas loin de partager: «Tout comme les critiques, qui écrivent parfois des choses négatives, un membre du jury a le droit d’exprimer son opinion. Je continue de penser que le film de Melgar est très réussi et qu’il avait parfaitement sa place en compétition officielle.» Fin de polémique? On l’espère. Vol spécial sortira sur les écrans romands le 21 septembre.
Pascal Gavillet dans 24 Heures