lundi 9 mars 2009

Semaine contre le racisme

Héros de La forteresse, Fahad retrouve la liberté


ASILE | Sorti samedi de la cellule zurichoise d’où il attendait son expulsion pour l’Irak via la Suède, Fahad K. , héros du film La forteresse, a retrouvé son ami Fernand Melgar à Sainte-Croix, grâce à un effet suspensif du tribunal.



Fahad
© JOANA ABRIEL | Il y avait de l’émotion dans la ferme de René et Anne-Lise Tanner, qui entourent Fahad. «Je me sens bien ici», dit-il.

Christian Aebi | 09.03.2009 | 00:06

La poignée de main est chaleureuse, le regard plein d’émotion. Fahad K. savourait un moment de répit, ce week-end dans la ferme des Tanner, à Sainte-Croix. «Je suis si heureux d’être là», souffle en anglais le héros du film La forteresse du réalisateur lausannois Fernand Melgar.

Samedi matin, le jeune Irakien, requérant d’asile de 24 ans, était encore dans une cellule zurichoise en attente de son expulsion pour l’Irak, via la Suède. Il a finalement été relâché. Momentanément. Le temps que le Tribunal administratif fédéral (TAF) statue sur son recours. «Il ne savait pas où aller. A Zurich, les autorités l’ont laissé partir dans la nature en lui disant de revenir lundi», explique Elise Schübs, sa représentante juridique. La médiatisation de cette affaire, grâce au film dont Fahad était l’un des protagonistes, a sans doute joué un rôle, avance Fernand Melgar.

Samedi soir, La forteresse était précisément l’un des favoris à la cérémonie de remise des Prix du cinéma suisse samedi soir.

«Il a meilleure mine»
Dès qu’il a appris la nouvelle, Fernand Melgar(Photo en compagnie de Fahad) a fait jouer son réseau pour trouver un toit provisoire à son ami. Il lui a fallu deux coups de fil. Les Tanner, de Sainte-Croix, ont accepté. «Tout naturellement.» Ce ne sont ni des babas, ni des tiers-mondistes. C’est une famille d’agriculteurs. «C’est ça la Suisse que j’aime! s’exclame le réalisateur. Il y a dans ce pays des gens qui ont une vraie idée de l’accueil et de l’asile.»

Lundi, il accompagnera Fahad à Zurich. Le requérant doit y déposer une demande d’aide d’urgence. «Nous allons tout faire pour qu’il puisse rester dans le canton de Vaud, poursuit Fernand Melgar. Nous avons tout pour lui: l’hébergement, un encadrement pour reprendre ses études, des bénévoles disponibles.»

Hier, dans la petite ferme de Sainte-Croix, Fahad enchaînait les interviews sous l’œil bienveillant d’Anne-Lise Tanner. Elle connaît Fahad du temps où il résidait au centre de la Fareas de Sainte-Croix. Elle y œuvre comme bénévole. «Il a meilleure mine que sur les dernières photos que j’ai vues dans le journal» dit-elle. J’ai été le chercher à la gare d’Yverdon, samedi soir. On s’est tombé dans les bras. C’était émouvant.»

Condamné à mort
Etudiant en physique à Bagdad, Fahad est considéré comme traître par les milices islamistes pour avoir collaboré en tant qu’interprète pour les forces américaines. «Le renvoyer, c’est une condamnation à mort», soupire Fernand Melgar, qui multiplie les actions et les appels à l’aide. Il a notamment écrit à deux reprises à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf.

Fahad avait fui l’Irak en 2007, il a traversé l’Europe, de la Grèce à la Suède, rebondissant contre les limites juridiques de l’Accord de Dublin. «C’est une vraie patate chaude!» dénonce Fernand Melgar. Après la Suède, Fahad était arrivé à Vallorbe alors que le réalisateur lausannois entamait son film La forteresse , sur la réalité de l’accueil des requérants. Fahad deviendra l’un des personnages principaux du film. Début mars, l’Office des migrations a refusé d’entrer en matière sur sa deuxième demande d’asile. Fahad devait quitter la Suisse le 2 mars. Le Tribunal administratif a désormais suspendu son renvoi.

Asile: famille ukrainienne de retour dans son pays


Asile: famille ukrainienne de retour dans son paysCe matin une famille ukrainienne a été renvoyée dans son pays depuis Cointrin. [Reuters] 

La famille ukrainienne qui avait été secourue sur le Monte-Lema, au Tessin, en janvier 2008 a quitté la Suisse ce matin. Elle est partie de Cointrin ce matin, à bord d'un vol spécial. Cette mère et ses 5 enfants ont accepté l’option d’un départ volontaire et d’un retour dans leur pays d’origine après le rejet de leur demande d’asile. Par notre correspondante à Bellinzone, Nicole Della Pietra.