Les vols spéciaux de requérants d'asile vers le Nigéria seront réintroduits dès le 1er janvier. D'ici là, la coopération entre les deux pays reprendra progressivement et des Nigérians seront rapatriés via des vols européens. Un partenariat migratoire a été conclu entre la Suisse et le Nigeria.
Depuis que les vols spéciaux ont cessé à la suite du décès d'un jeune Nigérian en mars, peu avant le décollage de Zurich, les deux pays cherchent un terrain d'entente. L'accord conclu vendredi à l'occasion de la visite en Suisse du secrétaire d'Etat nigérian aux affaires étrangères Martin Uhomoibhi s'inscrit dans le cadre plus large d'un mémorandum d'entente sur le partenariat migratoire. Celui-ci fait l'objet de discussions depuis la visite de la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey à Abuja en avril 2009.
Ce mémorandum, qui doit être signé formellement au niveau ministériel l'an prochain, couvre la coopération dans toute une série de domaines. Les renvois forcés n'en constituent qu'une partie. Leur reprise représente un pas important qui ne doit cependant pas être surestimé, a dit devant la presse le directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM) Alard du Bois-Reymond.
Le Nigeria satisfait
La coopération régulière basée sur l'accord bilatéral de réadmission de 2003 peut ainsi reprendre. Le gouvernement nigérian a donné son accord pour participer à l'ensemble du processus de rapatriement. Martin Uhomoibhi a exprimé sa satisfaction quant aux mesures décidées.
Les deux délégations ont dressé un état des lieux de la série de mesures pratiques mises au point conjointement au cours des derniers mois dans le but d'améliorer le processus de rapatriement et d'éviter qu'un tel événement se reproduise. La délégation suisse a réitéré ses regrets pour le décès à Zurich le 17 mars du jeune Nigérian, atteint d'une grave maladie cardiaque non diagnostiquée.
Accord pionnier
Le mémorandum joue un rôle pionnier, selon l'ODM. Il permettra d'intensifier de manière significative la coopération sur le long terme entre les deux pays. Premier accord de ce type entre la Suisse et un pays africain, il reflète une approche globale de la migration. La Suisse ne connaît pour l'heure que trois accords de ce genre, tous avec des pays des Balkans.
Les discussions menées vendredi entre le secrétaire d'Etat nigérian, l'ambassadeur Peter Maurer et Alard du Bois-Reymond ont porté sur la mise en oeuvre du partenariat et la réalisation d'éventuels projets et initiatives communs. Les deux délégations ont ainsi exploré les possibilités permettant de renforcer le programme suisse d'aide au retour volontaire et à la réintégration dont bénéficient les Nigérians depuis 2005.
Formations sur place
Des discussions préliminaires ont par exemple été menées avec des entreprises suisses opérant au Nigeria afin d'identifier les possibilités d'offrir une formation professionnelle à un certain nombre de jeunes Nigérians.
Dans le domaine de la migration et du développement, la Suisse va étendre au Nigeria un système régional déjà en place, qui vise à identifier, à protéger et à réintégrer les jeunes migrants échoués et les enfants vulnérables. Les deux parties ont accepté d'impliquer davantage dans le partenariat les membres de la diaspora nigériane en Suisse.
La réaction d'Amnesty International
La coopération prévue dans le mémorandum porte notamment aussi sur le renforcement des capacités des services de l'immigration nigérians. Elle touche aussi à la migration régulière, avec des échanges en matière de formation et de perfectionnement, notamment pour des ingénieurs agronomes et des diplomates nigérians.
La lutte contre le trafic des êtres humains et le trafic de drogue, ainsi que la prévention de la migration illégale ne sont pas oubliés. Amnesty International relève des aspects positifs dans ce partenariat, en particulier la collaboration avec des entreprises suisses pour l'aide au retour. La section helvétique de l'ONG réitère en revanche ses reproches vis-à-vis de la procédure de renvois forcés en général. Selon elle, la responsabilité des différentes phases de la procédure est trop diluée et il existe un gros manque au niveau de la transmission de l'information.
Un sujet du journal télévisé de la TSR