La direction de l'établissement cherche des explications à la suite du départ forcé d'un de ses élèves. Le canton juge le cas «navrant» mais rejette toute responsabilité.
«C'est un vrai gâchis!» Les professeurs et élèves du collège Sismondi sont sous le choc. Mercredi 7 septembre, Pierre[1], jeune requérant d'asile scolarisé depuis quatre ans dans l'établissement, a été expulsé. Il ne lui restait que neuf mois d'études avant sa maturité.
Ce départ forcé, survenu une semaine à peine après la rentrée scolaire, a soulevé un véritable tollé au collège. «Il venait de commencer sa quatrième, c'était un excellent élève et un bon camarade», affirme un de ses professeurs.
Le jeune homme, âgé de 20ans, et sa mère s'étaient réfugiés en Suisse en 2001. Leur demande d'asile a été refusée en 2002, refus confirmé le 20 juin 2005. Leur dernier recours, une demande en réexamen, a été rejetée par l'Office fédéral des migrations (ODM) le 9 septembre, deux jours après leur départ forcé.
L'établissement dénonce «la précipitation» du Département de justice et de police et le caractère «expéditif» de l'opération.
A qui la faute?
La politique genevoise en matière de scolarisation des requérants d'asile est pourtant considérée comme plutôt permissive. «Le canton est en général tolérant et sursoit souvent à l'expulsion des jeunes scolarisés», confirme Pilar Ayuso, du Centre de contact Suisse-Immigrés. Pourquoi alors un tel cafouillage? Chacun se renvoie la balle.
Alain Droz, l'avocat de Pierre, met en cause les autorités. «Le canton et l'ODM n'ont pas tenu compte du fait que ce jeune était scolarisé», affirme-t-il. Ces renvois expéditifs sont d'après lui de plus en plus fréquents.
Autre son de cloche du côté de l'Office cantonal de la population (OCP). «La pratique veut que nous autorisions les élèves qui sont dans cette situation à terminer leur année scolaire, voire à en commencer une autre, si un diplôme important est en jeu», affirme Bernard Ducrest, responsable du domaine de l'asile à l'OCP.
Pas la bonne attitude
«Ce qui n'a pas fonctionné, c'est l'attitude de ce jeune homme, poursuit notre interlocuteur. A aucun moment il n'a fait état de sa volonté de prolonger son séjour pour achever ses études», ajoute-t-il. Pierre était majeur, parlait parfaitement français et bénéficiait des services d'un avocat. En clair, il était bien assez grand pour «faire valoir ses arguments».
Des explications qui ne satisfont pas la direction du collège Sismondi. «J'ai rédigé plusieurs lettres à la demande de Pierre, mentionnant qu'il serait souhaitable qu'il poursuive ses études jusqu'à la maturité, pourquoi n'en aurait-il pas fait usage?», s'interroge la doyenne. Une séance d'information interne est prévue la semaine prochaine à Sismondi. Le collège n'entend pas en rester là et continue de chercher des explications. I
Note : [1]Pour des raisons de sécurité, le jeune homme, originaire des pays de l'Est, n'a pas souhaité que son nom et sa nationalité soient mentionnés.
Lire l'article dans Le Courrier